Selon Flavius Josèphe, Izatès II était l’un des fils de la reine Hélène d’Adiabène et de Monobaze 1er.
Durant sa jeunesse, le futur Izatès II fut envoyé par son père à la cour du roi Abennerigos ou Abinerglo dans la cité fortifiée de Spasinès ou Charax Spasinu, capitale du royaume de Characène [1] aussi connu comme Mésène.
Alors qu’il était à Spasinès, Izatès fit connaissance avec un riche marchand juif nommé Ananias, par ailleurs rabbi qui pratiquait un prosélytisme militant et efficace pour sa religion à destination des classes supérieures des pays de la région. Celui-ci le familiarisa avec les principes de la religion juive, ce qui l’intéressa vivement. Izatès se maria avec Symacho la fille du roi Abennerigos qui elle aussi avait été convertie au judaïsme par le prosélytisme d’Ananias.
Sans qu’il le sache, la mère d’Izatès, Hélène d’Adiabène, s’était à peu près au même moment convertie au judaïsme, mais de façon indépendante de lui, puisqu’ils habitaient alors dans 2 pays différents. En rentrant chez lui afin de monter sur le trône à la mort de son père, Izatès a découvert la conversion de sa mère et manifesta l’intention d’adopter le judaïsme. Il voulut même se soumettre à la circoncision. Il en a toutefois été dissuadé à la fois par son maître Ananias et par sa mère
Mais finalement, il s’est quand même fait circoncire, après en avoir été convaincu par Eléazar un autre rabbi juif, originaire de Galilée
Quand plusieurs parents du roi Izatès II, dont son frère Monobaze, ont ouvertement reconnu leur conversion au judaïsme, quelques nobles d’Adiabène [2] ont alors conspiré pour le destituer. Ils paient notamment Abia, un roi arabe, puis après son échec Vologèse 1er, roi des Parthes [3], pour que ceux-ci fassent la guerre au roi Izatès II. Mais celui-ci sort victorieux de chacune des confrontations.
Son père lui donne le pays de Carrhes [4] au sud d’Édesse, à la frontière turco-syrienne, probablement après la mort du roi Abennerigos, vers 21.
Ce don de la région de Carrhes par son père était semble-t-il la façon pour Monobaze 1er d’officialiser la désignation d’Izatès comme son successeur.
Ce don par Monobaze 1er montre aussi que ce territoire qui appartenait à l’Osroène [5] à l’époque de la bataille de Carrhes [6] en 153 av.jc était passé sous le contrôle du royaume d’Adiabène.
Quant à Ananias qui avait converti Izatès et sa femme au judaïsme, le futur roi l’emmena avec lui.
À la mort de son père Monobaze 1er, sa mère Hélène eut à gérer une transition difficile au cours de laquelle elle parvint à ce que son fils Izatès soit reconnu comme successeur légitime, tout en sauvant la vie de ses autres fils. La transmission dynastique se faisait par désignation de son successeur par le roi encore vivant. Monobaze 1er avait désigné Izatès pour lui succéder, bien que son fils aîné soit Monobaze qui d’ailleurs succède à Izatès sous le nom de Monobaze II. Pour justifier son choix Monobaze 1er invoquait une voix divine qui lui aurait parlé alors qu’Hélène était enceinte d’Izatès.
À la mort de son père, Izatès vivait toujours dans le pays de Carrhes. Les grands du royaume d’Adiabène acceptèrent qu’Izatès succède à son père, mais demandèrent que ses autres frères soient exécutés. C’était en effet une pratique courante dans la région pour éviter les guerres pouvant résulter de conflits dynastiques entre frères. Hélène parvint à sauver la vie de ses autres fils en temporisant, mais fut contrainte toutefois de mettre ses fils en prison comme ceux des autres épouses de Monobaze 1er. Elle obtint toutefois que la mise à mort ne puisse être décidée que par Izatès, lorsque celui-ci serait rentré. Elle obtint aussi de pouvoir « établir provisoirement comme régent du royaume » Monobaze, son fils aîné. Izatès revint, rapidement lorsqu’il eut appris la mort de son père et succéda à son frère Monobaze, qui lui céda le pouvoir
Assez curieusement, après les conversions d’Hélène et d’Izatès et son accession au pouvoir, tous ses autres frères et la totalité de ses parents semblent s’être aussi convertis au judaïsme simultanément. Cette appartenance au judaïsme est de plus révélée publiquement. Quand plusieurs parents d’Izatès ont ouvertement reconnu leur conversion au judaïsme, quelques nobles d’Adiabène ont secrètement écrit à Abia, un roi arabe, en lui promettant une grosse somme d’argent pour qu’il déclare la guerre à Izatès. Mais Izatès vainc son ennemi, qui se suicide de désespoir.
Vers la fin du règne d’Izatès, les nobles, mécontents de sa conversion, conspirent à nouveau avec Vologèse 1er, roi des Parthes, mais au dernier moment celui-ci est empêché de mettre son plan à exécution, car au moment où il se met en route pour envahir l’Adiabène, une armée de Daces [7] et de Scythes [8] entre en Parthie et il doit lui faire face.
Alors que plusieurs guerres se déclenchent dans les pays alentour, Izatès parvient à maintenir son royaume à l’écart de ces conflits. Bien qu’il soit théoriquement vassal de l’Empire parthe, il observe une stricte neutralité, lorsqu’en 34, à la mort de Artaxias III d’Arménie , le roi parthe Artaban III tente de mettre son fils Arsace sur le trône d’Arménie, qui était un protectorat romain depuis 65 av. jc.
Cette action déclencha deux années de guerre, pendant lesquelles les Romains suscitèrent l’invasion de l’Arménie par des forces sarmates [9], ibères [10] et albaniennes [11], et différents complots pour que les nobles parthes déposent Artaban III et le remplacent par un roi favorable aux Romains. Pendant toute cette période troublée, l’Adiabène ne fit aucun acte hostile envers les Romains et l’on peut supposer que des accords avaient été passés entre Izatès et Lucius Vitellius , le légat romain de Syrie.
Les Romains parviennent à installer Mithridate d’Arménie sur le trône et Artaban III faillit perdre le sien.
Au sortir de cette crise, l’Adiabène n’est plus vassale des Parthes mais du royaume d’Arménie. Elle a en fait gagné une plus large autonomie, surtout parce qu’à la mort de Tibère en mars 37, la folie de Caligula vient tout compromettre pour les Romains. Sans raison, l’empereur convoque Mithridate d’Arménie à Rome et le déchoit de sa royauté en 37.
Les Parthes ne manquent pas de profiter de cette faute pour réoccuper l’Arménie, et l’Adiabène en profite pour affirmer encore plus son autonomie en rejetant sa vassalité arménienne, qui de fait n’a guère duré plus d’un an.
Artaban III est alors en butte à une terrible fronde de ses nobles qui se sont choisis un roi, soutenu secrètement par les Romains. Il demande à Izatès d’accepter qu’il se réfugie chez lui.
Izatès s’empresse d’accepter en réservant à son invité tous les honneurs dus à un « roi des rois ». Cette attitude le propulse au niveau du roi des rois, car cette décision n’est due qu’à sa seule volonté, puisqu’il n’est plus le vassal des rois parthes.
Izatès est alors tellement respecté qu’il parvient à se poser comme arbitre entre le roi parthe Artaban III, ses nobles en rébellion et l’usurpateur appelé Cinname. Grâce à l’aide d’Izatès, Artaban retrouva son trône vers 36. En remerciement, il donna à Izatès quelques cadeaux, dont la ville de Nisibe [12] et sa région. Mais une première cause de friction naquit après la mort du monarque parthe
Vers 47-49, après la mort de Vardanès 1er , l’empereur Claude soutient le parti parthe qui tente de porter au pouvoir Meherdatès contre le roi Gotarzès . Cassius, le gouverneur de Syrie, et Carénès, le principal partisan parthe de Merherdatès, rallient à Méherdatès Izatès et l’Arabe Abgar V Ukomo Bar Ma’Nu , roi d’Édesse.
À partir de son accession au trône, Hélène et ses fils semblent avoir passé une bonne partie de leur vie en Judée.
Izatès mourut vers 57. Hélène, sa mère, semble avoir été profondément affectée par sa mort dont on ne connaît pas les circonstances, et ne lui survit d’ailleurs que peu de temps.
Monobaze II succède effectivement à son frère Izatès. Il envoie ses restes et ceux de la reine Hélène à Jérusalem pour qu’ils y soient enterrés.