Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 1er siècle de notre ère > Eléazar ben Yaïr ou Eleazar Ben Jaïr (Éléazar fils de Jaïr)

Eléazar ben Yaïr ou Eleazar Ben Jaïr (Éléazar fils de Jaïr)

vendredi 7 juin 2024, par lucien jallamion

Eléazar ben Yaïr ou Eleazar Ben Jaïr (Éléazar fils de Jaïr) (mort en 74)

La Judée au 1er siècle de notre èreRévolutionnaire juif s’opposant à la domination romaine sur la Judée au cours de la Grande révolte juive de 66 à 74 [1]. Il devient le chef des Sicaires [2] à partir de l’exécution à Jérusalem [3] de son oncle Menahem en automne 66.

Il se replie avec ses Sicaires dans la forteresse de Massada [4] qu’ils contrôleront pendant toute la durée de la révolte. Au printemps 74, la forteresse est assiégée par la Xème légion dirigée par le gouverneur de Judée Lucius Flavius Silva . Ils préfèrent se donner la mort par un suicide collectif de tous les insurgés, y compris les femmes et les enfants, plutôt que d’accepter la servitude.


Eléazar ben Yaïr est un petit-fils de Judas le Galiléen qui selon Flavius Josèphe fonde la Quatrième philosophie [5], indépendante des trois autres sectes juives qu’il cite : les Pharisiens [6], les Sadducéens [7] et les Esséniens [8]. Il appartient à ce qui a parfois été appelé une dynastie de révoltés opposés aux Hérodiens [9] et aux Romains, à l’instar des Hérodiens ou des Hasmonéens [10], bien que cela puisse paraître exagéré.

Son oncle Menahem joue un rôle décisif avec ses Sicaires lors du déclenchement de la Grande révolte juive. Deux de ses oncles, Simon et Jacob, avaient été crucifiés sur ordre du procurateur [11] de Judée Tiberius Alexander. Son grand-père Judas avait dirigé deux révoltes. La première se déclencha à la mort d’Hérode le Grand en 4 av.jc. Il était alors un des trois messies qui revendiquaient la succession royale.

C’est à l’occasion de sa seconde révolte contre le recensement fiscal de Publius Sulpicius Quirinius , qui marque l’entrée officielle de la Judée dans le système provincial romain que s’est formé le groupe de Judas le Galiléen, appelé IVème philosophie par Flavius Josèphe. L’arrière-grand-père d’Eléazar, Ézéchias, était un insurgé galiléen qui allait jusqu’à harceler la ville de Tyr [12]. Il a été tué par Hérode en 47/46 avant notre ère, alors que celui-ci n’était encore que stratège [13] de Galilée.

Après l’exécution de son oncle Menahem à l’automne 66, Éléazar lui succède à la tête des Sicaires. Il a donc probablement participé aux actions que ceux-ci viennent de mener au cours de l’année. Au printemps 66, les Sicaires se sont emparés de la forteresse de Massada, exterminant la garnison romaine qui l’occupait et donnant le signal du déclenchement de la révolte. Menahem vient alors renforcer les insurgés de Jérusalem avec un groupe de Sicaires, dont Eléazar fait partie. Ils contribuent à prendre le Palais d’Hérode. Alliés à Eleazar ben Hanania , commandant du Temple, un des chefs zélotes et fils de l’ancien grand-prêtre [14] Ananias ben Nébédaios dit Ananias de Zébédée , ils obtiennent la reddition de la garnison romaine assiégée dans la forteresse Antonia [15]. Les troupes romaines sont désarmées et autorisées à se replier vers le nord. Elles seront toutefois massacrées au cours de leur retraite. Menahem prend pendant une brève période la direction de tous les insurgés. Cela permet à ses partisans, aidés par certains Zélotes d’éliminer beaucoup de modérés, partisans d’un compromis avec les Romains. Il fait ainsi tuer plusieurs personnalités de Jérusalem dont l’ancien grand-prêtre Ananias en août 66, père de son allié.

Mais très vite, Eleazar ben Hanania fomente une conspiration pour se débarrasser de son ennemi et rival. Ses anciens alliés du parti zélote le soupçonnent d’avoir des prétentions à la royauté d’un type plus ou moins messianique et veulent aussi probablement venger la mort du père et de l’oncle de leur chef. Ils attaquent par surprise Menahem et ses partisans alors que celui-ci se rend en grande pompe au Temple. Il est exécuté ou lynché. Cet assassinat provoque l’émiettement de la révolte en plusieurs bandes rivales, ouvrant ainsi une guerre civile sans pitié entre les différentes sectes juives. Accompagné d’un petit nombre de sicaires, Eléazar parvient à se faufiler jusqu’à la forteresse de Massada dans laquelle ils se réfugient. Eleazar Ben Yair (Éléazar fils de Jaïr) devient alors le chef des Sicaires.

À partir de ce moment, le groupe semble moins offensif durant le reste de la révolte. Il donne toutefois refuge à Simon Bargiora et aide son groupe. La forteresse de Massada semble être une des dernières poches de résistance des révoltés. En 73 ou 74, le gouverneur de Judée Flavius Silva est chargé de reprendre Massada, dernier bastion tenu depuis le début de la guerre. Avec la Xème légion, il mène un siège et construit une rampe impressionnante permettant d’accéder à la forteresse. Les défenseurs, toujours dirigés par Éléazar préfèrent se donner la mort par un suicide collectif plutôt que d’accepter la servitude.

Selon Flavius Josèphe, peu avant la prise de la forteresse par les Romains, Éléazar tint un discours dans lequel il appelait au suicide. Quand les Romains atteignirent le plateau, ils trouvèrent alors les cadavres de tous les assiégés, y compris les femmes et les enfants. Selon Simon Claude Mimouni , cet épisode très célèbre en raison de ses aspects dramatiques et symboliques, n’a pourtant guère eu d’importance militaire si ce n’est qu’il a obligé Rome à immobiliser d’importantes forces en Judée jusqu’en avril 74.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Eléazar ben Yaïr/ Portail de l’Israël antique et Juifs dans l’Antiquité/ Catégories  : Personnalité du judaïsme au 1er siècle/ Personnalité juive de l’époque romaine/ Histoire de la Palestine

Notes

[1] La première guerre judéo-romaine, qui s’est déroulée entre 66 et 73., parfois appelée la Grande Révolte, fut la première des trois révoltes des juifs de la province de Judée contre l’Empire romain, telle que relatée principalement par Flavius Josèphe. Elle commença en 66, à la suite des tensions religieuses croissantes entre Grecs et Juifs. Elle s’acheva lorsque les légions romaines de Titus assiégèrent, pillèrent puis détruisirent Jérusalem et le temple d’Hérode en 70 (en 68 selon les sages du Talmud) puis les places fortes des Juifs (principalement Gamla en 67 et Massada en 73).

[2] Les Sicaires sont une faction de dissidents juifs extrémistes du 1er siècle qui tentèrent d’expulser les Romains et leurs partisans de la Judée. L’historien juif Flavius Josèphe utilise ce terme péjoratif, probablement d’origine romaine, pour désigner à partir des années 50 un groupe de révolutionnaires. Il existe un débat pour savoir si ce groupe est identique ou non au mouvement des Zélotes. Avant le déclenchement de la Grande révolte juive (66), ils se distinguent par la pratique d’assassinats contre les Juifs qui collaborent avec les Romains.

[3] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[4] Le siège et la prise de Massada, forteresse surplombant la Mer morte, fut le dernier engagement de grande ampleur de l’armée romaine en Judée. Cette victoire romaine mit fin à une guerre sanglante qui avait duré huit ans ( de 66 à 74) malgré l’écrasante supériorité romaine et qui avait requise pas moins de cinq généraux successifs.

[5] La Quatrième philosophie (aussi appelée Quatrième secte ou mouvement de Judas le Galiléen) est le nom que Flavius Josèphe donne au mouvement créé par Judas de Gamala lors du mouvement de révolte juif contre le recensement de Quirinius en 6 de notre ère, lorsque l’ancienne ethnarchie d’Hérode Archélaos est devenue la province de Judée directement administrée par des gouverneurs romains. Il distingue ce mouvement d’idée des trois autres « sectes » qui selon lui composent alors la société juive : les Sadducéens, les Pharisiens et les Esséniens. Le groupe de Judas insiste sur la notion de liberté et celle de la royauté absolue et exclusive du Dieu d’Israël et exalte un sentiment patriotique doublé d’une attente de libération eschatologique par Dieu. Le mouvement survit à la mort de son principal créateur et se prolonge dans l’action de ses fils et petit-fils qui jouent un grand rôle dans le déclenchement de la Grande révolte juive en 66, et sont alors les chefs du groupe des Sicaires

[6] Les pharisiens sont l’un des partis juifs en activité en Judée pendant la période du Second Temple (2ème siècle av.jc/1er siècle). Leur courant de pensée est appelé « pharisaïsme » ou « pharisianisme ». De nombreux enseignements des pharisiens sont incorporés à la tradition rabbinique. Ils se distinguent notamment par le recours à la Torah orale pour fixer la loi juive.

[7] On désigne généralement par sadducéens les membres d’un des quatre grands courants du judaïsme antique de l’ancienne Judée (avec les pharisiens, les esséniens et les zélotes), entre le 2ème siècle av. jc et le 1er siècle, mais cette définition n’est nullement exclusive. Elle fait également référence aux membres du clergé à l’époque du Premier Temple de Jérusalem (dont le Grand Prêtre était Sadoq) et à un courant théologique sans contextualisation historique dénommé sadocite. Les sadducéens se recrutent essentiellement dans l’aristocratie sacerdotale, sont en opposition totale avec les pharisiens et semblent en opposition avec les esséniens. Ils sont décimés par les zélotes et les sicaires lors de la Première Guerre judéo-romaine. Les sadducéens se distinguaient des pharisiens notamment sur la question de la résurrection des morts.

[8] Les esséniens sont un mouvement du judaïsme de la période du Second Temple qui a prospéré à partir du 2ème siècle av.jc et dont l’existence est attestée au 1er siècle en Judée. Ils sont mentionnés dans Apologia pro Judaeis (« Apologie en faveur des Juifs »)1 et Quod omnis probus liber sit (« Tout homme vertueux est libre ») de Philon d’Alexandrie, dans la Guerre des Juifs et les Antiquités judaïques de Flavius Josèphe, ainsi que dans une courte notice figurant dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien. Le philosophe et chroniqueur judéo-alexandrin Philon et l’historien judéo-romain Josèphe rapportent qu’il existait des esséniens en grand nombre, et que plusieurs milliers vivaient dans la Judée romaine. Pour Flavius Josèphe, les esséniens sont la troisième secte de la société juive de Palestine, avec les pharisiens et les sadducéens. Il décrit les esséniens comme des communautés d’ascètes, volontairement pauvres, pratiquant l’immersion quotidienne et l’abstinence des plaisirs du monde.

[9] La dynastie hérodienne est une dynastie de souverains qui a régné sur la Judée du 1er siècle av. jc au 1er siècle en tant que vassal de l’Empire romain. Le premier souverain hérodien est Hérode 1er le Grand, qui appartient à une famille d’origine iduméenne et qui succède à la dynastie hasmonéenne. Le dernier roi hérodien est Hérode Agrippa II.

[10] Les Hasmonéens sont une dynastie qui parvient au pouvoir en Judée au cours de la révolte des Maccabées que Mattathias un prêtre de la lignée sacerdotale de Yehoyarib initie en 168-167 av. jc et auxquels se joignent les hassidéens. Dans les livres qui n’ont été conservés que par la tradition chrétienne, cette dynastie est aussi appelée Maccabées.

[11] Dans la Rome antique le terme procurateur désigne au départ un personnage nommé par un autre pour s’occuper d’une tâche précise, mais l’usage le plus courant du terme, à partir d’Auguste désigne un fonctionnaire impérial choisi par l’empereur romain dans l’ordre équestre ou parmi ses anciens esclaves, on parle alors de procurateur affranchi.

[12] Tyr se situe dans la Phénicie méridionale, à un peu plus de 70 km au sud de Beyrouth et à 35 km au sud de Sidon, presque à mi-chemin entre Sidon au nord et Acre au sud, et à quelques kilomètres au sud du Litani.

[13] Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l’Empire Byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire. Dans la Grèce contemporaine (19ème siècle jusqu’à nos jours), le stratège est un général et a le rang d’officier le plus élevé.

[14] Le grand prêtre est le titre que portait le premier des prêtres dans la religion israélite ancienne et dans le judaïsme classique, depuis l’émergence de la nation israélite jusqu’à la destruction du Second Temple de Jérusalem. Les grands prêtres, comme d’ailleurs tous les prêtres, appartenaient à la lignée d’Aaron. Pendant la période du Second Temple, le grand prêtre exerça souvent la charge de président du Sanhédrin. Son rôle déclina avec l’occupation romaine (à partir de 63 av. jc) puis la fonction de grand Prêtre disparut avec la destruction du Second Temple.

[15] La forteresse Antonia était une vaste caserne militaire située à Jérusalem, construite entre 37 et 35 av. jc par Hérode le Grand sur le site d’une ancienne citadelle hasmonéenne. Située dans l’angle nord-ouest de l’esplanade du Temple, son emplacement exact est encore inconnu.