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Judas le Galiléen ou Judas de Gamala

dimanche 2 avril 2023, par lucien jallamion

Judas le Galiléen ou Judas de Gamala

Chef révolutionnaire

La Judée au 1er siècle de notre èreIl dirige une révolte en Judée au moment où celle-ci devient une province romaine, en 6. Associé à un pharisien [1] nommé Sadoq, il s’oppose alors par la violence au recensement fiscal effectué par Publius Sulpicius Quirinius .

Il serait le fondateur d’un mouvement que Flavius Josèphe désigne sous le nom de Quatrième philosophie et qu’il rend responsable de la destruction du Temple de Jérusalem [2]. Il est souvent identifié à Judas fils d’Ézéchias qui dirige une révolte en Galilée [3] au moment de la succession d’Hérode le Grand.

Il appartient à une dynastie d’opposants aux Hérodiens et aux Romains : 2 de ses fils, Simon et Jacob, sont crucifiés sur ordre du procurateur [4] de Judée Tiberius Alexander entre 45 et 48. Un troisième fils, Menahem (Sicaire) , est un des chefs les plus importants du début de la Grande révolte juive.

Après sa mort, en 66, les sicaires [5] de Massada [6] sont dirigés par un de ses parents, Éléazar fils de Jaïr dit Eleazar Ben Yair , qui va résister aux Romains jusqu’en 73-74.

Si la survie de son groupe après sa mort est admise, il est difficile de savoir si celui-ci donne naissance aux sicaires ou aux zélotes [7], ou si l’un de ces groupes existait déjà de son vivant.

Josèphe ne relate pas la mort de Judas, ce sont seulement les Actes des Apôtres [8] qui indiquent lapidairement qu’il aurait péri et que ses partisans furent dispersés. Cette information se trouve dans le discours de Gamaliel devant le Sanhédrin [9], afin de défendre certains apôtres qui viennent d’être arrêtés.

Judas y est présenté comme un exemple de chef messianique ayant échoué.

Comme le discours est prononcé par Gamaliel l’Ancien qui meurt vers 50, cela permet de savoir qu’il est mort avant cette date.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Simon Claude Mimouni, Le Judaïsme ancien du 6ème siècle avant notre ère au 3ème siècle de notre ère, Presses universitaires de France, 2012

Notes

[1] Les pharisiens sont l’un des partis juifs en activité en Judée pendant la période du Second Temple (2ème siècle av.jc/1er siècle). Leur courant de pensée est appelé « pharisaïsme » ou « pharisianisme ». De nombreux enseignements des pharisiens sont incorporés à la tradition rabbinique. Ils se distinguent notamment par le recours à la Torah orale pour fixer la loi juive.

[2] La première guerre judéo-romaine, qui s’est déroulée entre 66 et 73., parfois appelée la Grande Révolte, fut la première des trois révoltes des juifs de la province de Judée contre l’Empire romain, telle que relatée principalement par Flavius Josèphe. Elle commença en 66, à la suite des tensions religieuses croissantes entre Grecs et Juifs. Elle s’acheva lorsque les légions romaines de Titus assiégèrent, pillèrent puis détruisirent Jérusalem et le temple d’Hérode en 70 (en 68 selon les sages du Talmud) puis les places fortes des Juifs (principalement Gamla en 67 et Massada en 73).

[3] La Galilée est souvent citée dans l’Ancien Testament, et sa partie septentrionale évoquée comme "la Galilée des Gentils" dans le Nouveau Testament. Elle est décrite par Flavius Josèphe qui évoque son histoire, son peuplement sa géographie, et lui donne deux parties : la Galilée supérieure, en grande partie peuplée de Gentils, et la Galilée inférieure, en grande partie peuplée de Juifs. Son nom de Galilée pourrait venir d’un peuplement celte, comme plus au nord la Galatie. Elle recouvrait avant la Captivité les territoires des tribus d’Issacar, de Zabulon, de Nephthali et d’Asher. Comme les Galiléens étaient de bons cultivateurs, plantant des figuiers, des oliviers, des noyers, des palmiers, des habiles artisans et de bons pêcheurs, la Galilée était prospère avec 400 villes, certaines très peuplées.

[4] Dans la Rome antique le terme procurateur désigne au départ un personnage nommé par un autre pour s’occuper d’une tâche précise, mais l’usage le plus courant du terme, à partir d’Auguste désigne un fonctionnaire impérial choisi par l’empereur romain dans l’ordre équestre ou parmi ses anciens esclaves, on parle alors de procurateur affranchi.

[5] Les Sicaires sont une faction de dissidents juifs extrémistes du 1er siècle qui tentèrent d’expulser les Romains et leurs partisans de la Judée. L’historien juif Flavius Josèphe utilise ce terme péjoratif, probablement d’origine romaine, pour désigner à partir des années 50 un groupe de révolutionnaires. Il existe un débat pour savoir si ce groupe est identique ou non au mouvement des Zélotes. Avant le déclenchement de la Grande révolte juive (66), ils se distinguent par la pratique d’assassinats contre les Juifs qui collaborent avec les Romains.

[6] Massada est un site constitué de plusieurs palais et de fortifications antiques perchés sur un socle de granit, situé en Israël au sommet d’une montagne isolée sur la pente est du désert de Judée.

[7] Les Zélotes, sont les groupes qui combattent le pouvoir romain les armes à la main pendant la Première Guerre judéo romaine. Appelés aussi Galiléens, ils se révoltent initialement contre le recensement de Quirinius en 6 : le recensement viole d’une part un interdit biblique (seul Dieu est le comptable autorisé des âmes) mais d’autre part prépare l’institution de l’impôt « par tête ». En se radicalisant, ils finissent par s’attaquer aussi bien à leurs compatriotes jugés timorés ou soupçonnés de collaborer avec les Romains, qu’aux païens qui pensent-ils souillent la Terre promise par leur seule présence. Les Zélotes constituent un des courants actifs du judaïsme du premier siècle. Secte juive anti-romaine, ils sont les principaux instigateurs de la révolte contre Rome : ils se défendent contre Titus avec acharnement, pendant le siège et après la prise de Jérusalem, en 70. La répression romaine est sans appel : ceux qui sont faits prisonniers sont crucifiés. Beaucoup préfèrent mourir dans des suicides collectifs

[8] Le récit des Actes des Apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament, est la seconde partie de l’œuvre dédiée « à Théophile » et attribuée à Luc par la tradition chrétienne comme par les chercheurs modernes, la première partie étant l’Évangile selon Luc. Le récit rapporte les débuts de la communauté chrétienne, avec l’Ascension suivie de la Pentecôte, et relate essentiellement la prédication de Paul de Tarse. Il se termine avec la première venue de Paul à Rome au début des années 60.

[9] Le Sanhédrin est l’assemblée législative traditionnelle du peuple juif ainsi que son tribunal suprême qui siège normalement à Jérusalem. Son nom n’est pas d’origine hébraïque mais dérive du grec. Composé de 71 sages experts en Loi Juive, il doit comporter 23 membres pour décider en matière judiciaire ; il est alors nommé petit sanhédrin et siège dans les principales villes.