Né à Cividale del Friuli [1], chef-lieu du duché lombard du Frioul. Sa famille appartient à la vieille noblesse lombarde issue d’un certain Leupichis, qui arriva en Italie du Nord avec le roi Alboïn en 568. Ce Leupichis avait eu pour fils Lopichis, père d’Arichis, grand-père paternel de Paul Diacre.
Son père s’appelle Warnefried, nom que Paul attache souvent au sien, et sa mère Theudelinde. Lui-même se donne le nom de « diacre » sans que l’on sache rien de son ordination.
Probablement formé à la Cour de Ticinum [2], capitale lombarde, sous le règne du roi Ratchis, il reste dans la cour royale sous ses successeurs les rois Aistulf et Desiderius. Il est l’élève du grammairien Flavien. Précepteur des enfants de Didier, et surtout de sa fille Adalberge, il accompagne celle-ci après son mariage en 762 avec le duc lombard Arichis de Bénévent.
Après la conquête du royaume lombard par Charlemagne en 774, il entre comme moine à l’abbaye bénédictine du Mont Cassin [3]. En 776 une révolte éclate contre la souveraineté franque dans le Frioul, le frère de Paul, Arichis, impliqué, est expédié prisonnier en Franconie, et ses biens confisqués. Paul se rend à la cour franque et obtient de Charlemagne la libération de son frère. Charlemagne accueille avec satisfaction ce grand lettré. À partir de 782, il participe à la “Renaissance carolingienne” en séjournant 5 années à sa cour, aux côtés notamment de Paulin d’Aquilée , de Pierre de Pise et de Alcuin. Il compose des poèmes de circonstance, des œuvres grammaticales et historiques.
Vers 783, à la demande de l’évêque de Metz Angilram , archichapelain [4] de Charlemagne, il rédige les “Gesta episcoporum Mettensium” pour narrer l’histoire des évêques de Metz et de la dynastie carolingienne, en insistant sur le rôle de saint Arnoul dont le fils avait épousé une fille de Pépin et qui était ainsi le cofondateur de la lignée carolingienne.
Vers 786, il se retire au Mont Cassin, où il consacre ses dernières années à l’écriture. Il y compose notamment son “Historia Langobardorum”Histoire des Lombards, une histoire du peuple lombard allant des origines à l’an 744 à la mort du roi Liutprand et rédigée de 787 à 789. Il compile à la demande de Charlemagne un Homéliaire, recueil de 244 homélies patristiques destinées aux lectures liturgiques de l’office et peut-être aussi pour aider à la prédication. La collection originale a été amplifiée par la suite.
Charlemagne en prescrit l’usage dans un capitulaire rendu entre 786 et 800 et cet homéliaire supplanta les plus anciens, il fut utilisé comme lectionnaire patristique par l’Église latine jusqu’au concile de Vatican II.
On lui attribue la composition de l’hymne chrétienne “Ave Maris Stella” et de “l’hymne de saint Jean-Baptiste Ut queant laxis resonare fibris”. C’est à partir du premier mot du titre de cette œuvre que Guido d’Arezzo nomme la note Ut.
Il meurt à l’abbaye, sans doute entre 797 et 799, en tout cas avant le couronnement impérial de Charlemagne de Noël 800.