Fils cadet de Charles Martel. Bien que gouvernant en tant que maires du palais, Pépin et Carloman sont les maîtres du royaume. Mais, s’ils exercent un pouvoir de fait, ils n’en détiennent pas pour autant le titre royal. Le trône est vacant depuis la mort de Thierry IV en 737. Ils y installent Childéric III en 743.
Acte d’apaisement pour les partisans de la dynastie mérovingienne, mais également volonté de maintenir juridiquement l’unité de l’État. Unité vacillante qu’il faut sans cesse, sur tous les fronts, protéger. Ainsi, secondé par Carloman, Pépin doit faire face à de nombreuses révoltes. Elles sont réprimées en Alsace, en Saxe, chez les Alamans en 742 et en 746. Peu après, Carloman abdique en faveur de son frère pour se faire moine à l’abbaye italienne du mont Cassin [1] en 747. Pépin soumet la Bavière en 749. Depuis le retrait de Carloman, il reste unique maire du palais. De nouveau, l’Austrasie [2] et la Neustrie [3] se trouvent réunies entre les mains d’un seul homme. La fiction royale mérovingienne devient inutile et profitant d’une relative paix intérieure, Pépin pense que les conditions sont favorables pour prétendre au trône. Prudent, il demande conseil au pape Zacharie qui donne un avis favorable en déclarant, “Mieux vaut appeler roi celui qui possède le pouvoir.” Childéric III est déposé pour incapacité et relégué dans un monastère en 751. C’est en 751 que Pépin se fait alors élire roi des Francs par une assemblée des grands du royaume, au “champ de mai” de Soissons. C’est un véritable coup d’État, très habilement conçu. Le principe ancestral de la désignation du roi par son peuple en armes est respecté. Le lieu choisi pour la cérémonie est également significatif , en choisissant Soissons, Pépin s’inscrit dans la continuité franque et rassure les éléments conservateurs. Reste à justifier que la royauté change de famille.
Conciliante, l’Église vient à l’aide de Pépin, en puisant dans des références bibliques pour trouver un précédent. Ainsi le 5 mars 752 à lieu à Soisson son sacre à l’instigation de l’évêque de Mayence Saint Boniface qui n’était pas présent, il reçut l’onction sainte de la main de plusieurs évêques.
Ses fils Charles et Carloman sont également sacrés. Par cette action, la légitimité de Pépin est désormais établie, mais elle implique des obligations. Si le souverain est devenu un personnage sacré, envers qui l’obéissance est un devoir religieux, il est tenu, en contrepartie, de pourvoir à la protection de l’Église. L’occasion se présente lorsque le pape Etienne II, pressé par l’avance des Lombards sur Rome, vient lui-même trouver le nouveau roi en France pour le supplier d’intervenir. Après avoir obtenu la promesse écrite de son intervention, le pape procède personnellement, en l’église abbatiale de Saint-Denis, au renouvellement du sacre de Pépin puis au sacre de ses fils, Charles et Carloman le 28 juillet 754. Le même jour, le souverain pontife bénit la reine Bertrade, femme de Pépin, et fit défense à tous, sous peine d’interdit et d’excommunication, d’oser jamais choisir un roi issu d’un autre sang que celui de ces princes, que la divine piété avait daigné confirmer et consacrer de la main du bienheureux pontife, leur vicaire. ”La royauté de droit divin était née. Le roi, comme ses descendants, est montré comme l’élu du dieu des chrétiens.
Après cette confirmation solennelle, Pépin s’acquitte aussitôt de sa dette envers l’Église. Il prend la tête de 2 expéditions en Italie en 754 et en 756 contre les Lombards, auxquels il enlève l’exarchat [4] de Ravenne et la Pentapole [5] pour les remettre à la papauté. Ces territoires libérés consolident le pouvoir temporel du pape et constitueront l’embryon des États pontificaux. En serviteur zélé de l’Église, il patronne les missions évangélisatrices en Germanie de saint Boniface, qui réforme le clergé franc et devient le haut dignitaire ecclésiastique de l’Austrasie.
Si les relations entre Pépin et le Saint-siège se révèlent solides, l’autorité du roi demeure fragile à l’intérieur du royaume. L’esprit de révolte des populations et des familles aristocratiques n’est jamais complètement étouffé, les assises territoriales sont rarement définitives. Des menées subversives dans les régions périphériques obligent le roi à reprendre les armes. En 759, il guerroie contre les Sarrasins, s’empare de Narbonne et soumet la Septimanie [6]. De 760 à 768, il doit entreprendre 5 campagnes pour réduire des rébellions en Aquitaine et finir par annexer la totalité du duché. Cette dernière conquête terminée, Pépin tomba malade alors qu’il faisait une halte dans la ville de Saintes. Revenu à Saint-Denis, il y meurt quelques jours plus tard, le 24 septembre 768. Mais, avant de mourir, fidèle à la vieille conception franque selon laquelle le royaume est le patrimoine privé du roi, il avait partagé ses États entre ses 2 fils, Charles et Carloman. A Charles vont l’Austrasie, la Neustrie, la Gascogne, la Frise et la Thuringe. Carloman reçoit le Languedoc, la Provence, l’Alsace, l’Alémanie, l’Île-de-France et le centre de la France. A la mort de Carloman, son frère Charles prend possession de l’ensemble.