Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Pisistrate

jeudi 20 juillet 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 18 mars 2013).

Pisistrate (vers 600-527 av. jc)

Tyran d’Athènes

Relief des trois Grâces, ve siècle av. J.-C. Musée de l'Acropole d'Athènes.Fils de Hippocrate , Pisistrate s’empara du pouvoir par la ruse, en occupant l’Acropole en 561 av. jc et fut le premier tyran [1] d’Athènes [2], ainsi que le fondateur de la dynastie des Pisistratides [3], dynastie qui ne lui survivra que 17 ans.

Par son œuvre d’homme politique et d’homme d’État, il a arraché définitivement Athènes à la domination de l’antique oligarchie aristocratique et préparé, par une politique extérieure nouvelle et audacieuse, la domination militaire et commerciale d’Athènes en mer Égée [4], condition préalable à l’instauration de la démocratie et à l’apogée de la puissance athénienne au 5ème siècle, le « siècle de Périclès ».

La conquête du pouvoir par Pisistrate s’inscrit dans un mouvement général des cités grecques, où se généralise la tyrannie. À Corinthe [5], Milet [6], Sicyone [7], Samos [8], Mytilène [9], dans les colonies d’Asie Mineure [10], des tyrans et des dynasties de tyrans prestigieux liquident la domination oligarchique, enrichissent et renforcent leurs cités, mais aussi développent le commerce et son corollaire, les conquêtes.

Après les grandes réformes des 7ème et 6ème siècle av. jc, dues à Dracon et à Solon, la domination de l’aristocratie terrienne et son système politique, l’oligarchie, sont menacés à la fois par les nouveaux riches, aristocrates ou non, dont la fortune est mobilière, et par les petits propriétaires paysans, dont le mécontentement va croissant.

Pisistrate sait l’art d’exciter les passions populaires. Blessé accidentellement par son barbier, il montre son visage ensanglanté dans les rues affirmant qu’on vient de tenter de l’assassiner. Hérodote rapporte qu’il se serait affiché sur un char en compagnie d’une jeune femme portant le costume d’Athéna, et que les Athéniens y crurent.

La crise agraire est particulièrement sensible à Athènes. Trois factions de partisans se constituent, avec un chef à leur tête : Les Paraliens [11], faction soutenue par les Alcméonides [12]. Mégaclès est leur représentant. Les Pédiens [13], leur représentant est Lycurgue. Les Diacriens, qui représentent la paysannerie pauvre et particulièrement celle des montagnes du nord-est de l’Attique [14]. Pisistrate à leur tête, obtient la tyrannie. Aristocrate d’origine, issu d’une famille qui prétendait descendre de Nestor , il devient le chef des Diacriens grâce à son prestige militaire acquis lors d’une bataille d’Athènes contre Mégare [15].

Allié aux Alcméonides par son mariage, il monte un attentat simulé contre lui pour se faire attribuer des gardes du corps. On les lui accorde avec comme seule restriction d’être munis seulement de gourdins, d’où leur nom de ’porte-matraque’. Avec cette milice il prend le pouvoir et s’installe sur l’Acropole, ancienne demeure des rois légendaires en 561 av.jc. Chassé par l’opposition conjuguée de Lycurgue, chef des Pédiens, et de Mégaclès, chef des Alcméonides, Pisistrate revient 11 ans plus tard. Vers 554 Mégaclès s’allie à Pisistrate et manipule le démos athénien pour légitimer Pisistrate. Il déguise une femme en Athéna qui entre dans Athènes accompagnée de Pisistrate. Une fois au pouvoir, Pisistrate est de nouveau écarté car il rompt son alliance avec Mégaclès en 552.

De là il gagne la région du mont Pangée [16], riche en minerais précieux, comme d’autres aventuriers athéniens, il exploite les richesses naturelles du pays, s’y procurant assez d’or et d’argent pour pouvoir ensuite y rassembler une armée de mercenaires, qu’il fera en 542 débarquer en Attique. Vainqueur de ses adversaires dans une bataille qui se déroule près du temple d’Athéna Pallènis, il rentre à Athènes, définitivement cette fois.

La tradition unanime a gardé le souvenir de la bienveillance du tyran, de sa modération dans l’exercice du pouvoir et de ses bienfaits. Les auteurs anciens affirment d’abord que Pisistrate gouverna en respectant les lois existantes. Cela suppose qu’il maintint la législation solonienne et que les magistrats furent élus comme par le passé. Tout au plus, le pouvoir de fait qu’il exerçait lui permettait de réserver les fonctions politiques à ses partisans et aux membres de sa famille. Comme il avait condamné à l’exil ses adversaires après son dernier retour, il n’avait pas à craindre une opposition venant de l’intérieur.

Homme d’État prudent, il est l’instigateur d’une vaste réforme politique et sociale qui prolongeait l’œuvre de Solon et s’attaque aux privilèges des riches, résout la question agraire en instaurant dans l’Attique une sorte de crédit agricole, favorise l’industrie et le commerce maritime.

Les finances sont assainies grâce aux mines d’or du Pangée et à la mise en valeur de celles d’argent du Laurion [17], de surcroît, un impôt de 5 % sur le revenu permet de financer les conquêtes en mer Égée.

Il commença par abroger toutes les lois de Dracon, excepté celles qui regardaient le meurtre, excessivement sévères dans les punitions, elles ne prononçaient qu’une même peine pour toutes les fautes, c’était la peine de mort. Ceux qui étaient convaincus d’oisiveté, ceux qui n’avaient volé que des légumes ou des fruits, étaient punis avec la même rigueur que les sacrilèges et les homicides.

Il tend à se concilier les paysans par des mesures destinées à porter remède à leur misère, distribution monétaire, vente de grains à bas prix, sans toutefois, procéder à ce partage des terres qu’avait, avant lui, rejeté Solon. En même temps, ses revenus augmentaient quand la campagne était cultivée.

En matière de politique extérieure, il fut le premier à orienter la politique d’Athènes vers la mer d’Egée et la région des Détroits. En cela, il permit l’établissement de colonies militaires sur l’Hellespont [18], entreprit la conquête des Cyclades [19], de Naxos [20], où Pisistrate établit la tyrannie de son ami Lygdamis, et de Délos [21], centre religieux et commercial. C’était ainsi s’assurer l’approvisionnement en blé qui, au 5ème et au 4ème siècle, alimente Athènes. Pour payer ce blé, il encouragea le développement de la céramique athénienne.

A la fin de son règne vers 530, il fit frapper les premières monnaies de l’Attique connues sous le nom de wappenmünzen [22]. Soucieux d’affirmer l’unité de l’Attique, il favorisa le développement des cultes autour desquels pouvaient se rassembler les Athéniens, celui d’Athéna, celui de Dionysos.

À sa mort, en 527, il lègue à ses deux fils, Hippias et Hipparque, une Athènes prospère et puissante, qui connaît un essor culturel sans précédent. L’époque des Pisistratides fut celle des premières grandes constructions sur l’Acropole, l’Olympiéion, le Lycée, le temple d’Apollon Pythien et de grands travaux d’adduction d’eau. Il ouvrit la première bibliothèque publique, fit rassembler et publier les rhapsodies homériques et les œuvres de plusieurs anciens poètes. Il contribua de toute manière à préparer la grandeur politique et artistique d’Athènes. Mais l’aristocratie marchande, les Alcméonides en particulier, qu’il a pourtant enrichie, va tenter de se débarrasser d’une tyrannie devenue particulièrement policière après l’assassinat d’Hipparque par les tyrannoctones [23].

Pour en finir avec la dictature d’Hippias, ils feront appel à l’intervention militaire de Sparte [24], qui met fin au règne des Pisistratides et ouvre la voie à la réforme démocratique dont Pisistrate avait jeté les bases économiques et militaires.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia/ Portail : Grèce antique-Tyran de la Grèce antique

Notes

[1] Dans la Grèce antique, un tyran était un homme qui disposait d’un pouvoir assuré par la force ; ce pouvait être un ancien magistrat, parfois même un esclave, arrivé au pouvoir après un coup d’État, par ruse plus que par violence. Les tyrans ne prirent jamais officiellement le titre de tyran, et il n’y eut pas de titre général et officiel pour les désigner, c’est pourquoi on leur donne le nom dont leurs ennemis les stigmatisaient.

[2] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[3] Les Pisistratides sont les descendants du tyran d’Athènes, Pisistrate (fin du 6ème siècle av. jc). Au sens restreint, le terme désigne les deux fils de celui-ci, Hippias et Hipparque, qui héritent conjointement le gouvernement d’Athènes à la mort de leur père en 527.

[4] La mer Égée est une mer intérieure du bassin méditerranéen, située entre l’Europe et la Grèce à l’ouest, et l’Asie et la Turquie à l’est. Elle s’étend de la côte thrace et du détroit des Dardanelles au nord jusqu’à la Crète au sud.

[5] Corinthe était l’une des plus importantes cités de la Grèce antique, située dans les terres au pied de son acropole, l’Acrocorinthe. Elle abritait autrefois un célèbre temple d’Aphrodite.

[6] ancienne cité grecque d’Ionie, aujourd’hui en Turquie

[7] Sicyone était une cité grecque du Péloponnèse, située sur un plateau, non loin du golfe de Corinthe. Sicyone devint rapidement un grand centre culturel, notamment dans le domaine de la sculpture. Ses ateliers de bronze et de céramique étaient très réputés. Son école de sculpture forma tout au long de l’Antiquité de grands artistes comme Lysippe, Polyclète, Scopas ou Diopoinos et Scyllis. C’est dans cette cité que, pensaient les Grecs, la peinture avait été inventée. Après la chute des tyrans, la prospérité continua jusqu’à la fin du 6ème siècle av. jc, lorsque Sicyone tomba alors dans l’orbite de Sparte. Sicyone participa à la ligue du Péloponnèse contre Athènes dans la guerre du Péloponnèse. Ceci fut cause de sa prise par les Thébains en 369 av. jc. Elle fut détruite pendant l’époque hellénistique par Démétrios Poliorcète en 303 av. jc, et rebâtie non loin de là.

[8] Samos est une île grecque de la mer Égée, proche de l’Asie Mineure et située à 70 kilomètres au Sud-ouest de Smyrne, aujourd’hui Izmir en Turquie. Elle forme un dème (municipalité) et un district régional de la périphérie d’Égée-Septentrionale. Son chef-lieu est la ville de Vathy ; les deux autres villes sont Chora et Pythagorion (Tigani).

[9] Mytilène est la principale ville de Lesbos, une île grecque de la mer Égée. Elle est bâtie sur la pointe sud de l’île, à proximité de la côte turque.

[10] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[11] riches modérés

[12] Les Alcméonides étaient l’une des familles eupatrides (nobles) d’Athènes. Les Alcméonides prétendaient descendre de Nélée, fils de Poséidon et roi mythique de Pylos, et avoir été chassés de leur royaume par l’invasion des Doriens.

[13] (oligarchie

[14] L’Attique est la région qui entoure Athènes. L’Attique s’est d’abord appelée Mopsopie L’Attique est découpée en 139 dèmes et parallèlement, en trois grands secteurs : la ville, la côte et l’intérieur. Les dèmes sont regroupés en trittyes qui elles-mêmes sont regroupées trois par trois, une de chaque secteur, pour constituer une tribu. Durant l’Antiquité, il s’agissait de l’une des plus importantes régions productrices d’huile d’olive ; huile qui était ensuite exportée par exemple vers l’Étrurie. La céramique d’Attique au 6ème siècle av. jc connaît également un certain succès.

[15] Mégare est une ville de la banlieue d’Athènes en Grèce. Située à l’extrémité est de l’isthme de Corinthe, à mi-chemin entre Corinthe et Athènes, elle était connue à l’origine sous le nom de Nisée, d’après le roi éponyme légendaire Nisos. Selon la tradition, la cité est peuplée par les Doriens après que ceux-ci ont été écartés d’Athènes par le sacrifice du roi Codros. Point de passage terrestre entre la Grèce centrale et le Péloponnèse, la cité acquiert rapidement de l’importance. Ses deux ports, l’un sur le golfe Saronique et l’autre sur le golfe de Corinthe, en font un centre commercial de première importance. Entre 730 et 550 av. jc, elle connaît une activité coloniale considérable : elle fonde Astacos, Chalcédoine et Byzance sur le Bosphore ; Héraclée du Pont en Bithynie ; Megara Hyblaea en Sicile. Vers 600 av. jc, elle tombe sous la domination du tyran Théagène ; la tyrannie fut suivie de luttes politiques dont l’écho se trouve peut-être dans les poèmes de Théognis. Elle perd ses territoires à l’ouest au profit de Corinthe, et Salamine au profit d’Athènes (570 av. jc). Peu avant 500 av. jc, elle rejoint la ligue du Péloponnèse et prend une part active aux guerres médiques.

[16] Le Pangée est un massif montagneux de Macédoine orientale (Grèce) séparant au sud la côte de l’Égée de la plaine de Philippes-Drama au nord. C’est sur cette montagne, d’après la mythologie grecque, que les Ménades mirent en pièce Orphée. Cette montagne était célèbre dans l’Antiquité pour ses mines d’or et d’argent : le tyran athénien Pisistrate, exilé au milieu du 6ème siècle av. jc, s’y était suffisamment enrichi pour lever des mercenaires en vue de son retour à Athènes.

[17] Le Laurion est un massif minier de Grèce, situé au sud de l’Attique, et formant grossièrement un triangle délimité au nord-ouest par le golfe d’Aghios Nikolaos, au nord-est par la baie de Daskalio, et au sud par le cap Sounion. D’une surface d’environ 210 km², la région de Laurion est reliée au reste de l’Attique, notamment les plaines de Keratea et d’Anaphlystos, par le col de Métropési. Elle a donné son nom à une commune grecque de l’Attique, près d’Athènes, cité côtière sur la mer Égée. Les mines d’argent du Laurion ont été exploitées essentiellement dans l’Antiquité, même si elles l’ont été à nouveau à la fin du 19ème siècle et au 20ème siècle par la Compagnie française des mines du Laurion. L’exploitation intense de ces mines a notablement contribué à la puissance d’Athènes à l’époque classique.

[18] Les anciens grecs désignaient le détroit sous le nom d’Hellēspontos qui fut latinisé en Hellespont. Le détroit des Dardanelles est un passage maritime reliant la mer Égée à la mer de Marmara. Originellement, le terme de Dardanelles et d’Hellespont désignait les régions situées de part et d’autre du détroit. Par extension, le mot désigne aujourd’hui le détroit lui-même. La possession de ce détroit, comme de celui du Bosphore, permet le contrôle des liaisons maritimes entre la mer Méditerranée et la mer Noire. Le détroit est long de 61 km, mais large de seulement 1,2 à 6 km, avec une profondeur maximale de 82 m pour une moyenne de 55 m.

[19] Les Cyclades sont un archipel de Grèce situées dans le Sud de la mer Égée, dans la périphérie de l’Égée-Méridionale. L’archipel comprend environ 250 îles, îlots et îlots-rochers. Seules 241 îles sont habitées. On les appelle Cyclades car elles forment un cercle autour de l’île sacrée de Délos.

[20] Naxos est une île grecque de la mer Égée appartenant aux Cyclades. C’est la plus grande et la plus haute île de l’archipel. Elle est située pratiquement au cœur de l’Égée, à approximativement 140 km de la Grèce continentale et de la Turquie continentale. La plus grande ville et port principal est Náxos, aussi appelée Chóra

[21] Délos est l’une des îles des Cyclades, en Grèce. 3,5 km², aride, inhabitée depuis longtemps, elle se situe en face de l’île de Rhénée et à proximité de Mykonos. Ses pentes sont douces et le mont Cynthe ne dépasse pas 113 m. Le port a toujours été exposé aux vents qui, dès qu’ils se lèvent, rendent l’île inaccessible. Dans la partie basse se trouvait jadis un lac sacré d’eau douce, aujourd’hui à sec. Elle a joué un rôle considérable en Grèce antique, lorsqu’elle avait de l’eau potable, tant sur le plan commercial que religieux, et son rayonnement a connu son apogée sur le plan religieux au 6ème siècle av. jc.

[22] monnaies à blasons

[23] assassins du Tyran athénien Hipparque

[24] Sparte était une ville-état de premier plan dans la Grèce antique . Dans l’Antiquité, la ville-état était connue sous le nom de Lacedaemon, tandis que le nom de Sparte désignait son établissement principal sur les rives de la rivière Eurotas en Laconie, dans le sud-est du Péloponnèse. Vers 650 av. jc, elle est devenu la puissance terrestre militaire dominante dans la Grèce antique. Compte tenu de sa prééminence militaire, Sparte fut reconnu comme le chef de file des forces grecques combinées pendant les guerres gréco-perses. Entre 431 et 404 av. jc, Sparte fut le principal ennemi d’ Athènes pendant la guerre du Péloponnèse