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L’histoire pour le plaisir

Solon

mercredi 23 mai 2018, par lucien jallamion

Solon (vers 640 av. jc - vers 558 av. jc)

Homme d’État, législateur et poète athénien

Né à Athènes dans une famille eupatride [1], souvent considéré comme ayant instauré la démocratie, il fait partie des Sept Sages de la Grèce. Solon a joué un rôle politique important, étant à l’origine d’une série de réformes qui accroissent considérablement le rôle de la classe populaire dans la politique athénienne.

Il se rend populaire lors d’une guerre contre la cité voisine de Mégare [2], gagnée sur ses conseils.

Il est d’abord négociant, commerçant, ce qui l’amène à beaucoup voyager. Sa fortune et son savoir le placent au rang des premiers citoyens de la ville. En son absence, Mégare reprend Salamine [3] aux Athéniens. À Athènes, on vote un décret qui interdit, sous peine de mort, que l’on en reparle.

Dans le milieu des années 590 av. jc, il milite pourtant pour une nouvelle guerre contre Mégare, au cours de laquelle il conseille de s’emparer de l’île de Salamine. Pisistrate le soutient, et ils obtiennent l’abrogation du décret, et le déclenchement de la guerre pour Salamine.

Solon est nommé chef de l’expédition, qui est un succès. Salamine est reprise. C’était sur ses conseils que la guerre avait été gagnée et il devint très populaire, si l’on en juge par les évènements ultérieurs. Pour les historiens grecs postérieurs, ses poèmes étaient la principale source d’informations sur la crise économique et sociale à laquelle il tenta de remédier.

Alors que l’écart entre les riches aristocrates et la classe populaire se creusait, Athènes sombrait dans une crise sociale. En effet, la ville était dominée par les eupatrides ou communément appelée les aristocrates qui détenaient alors les meilleures terres et contrôlaient le gouvernement. Les plus pauvres quant à eux, tombaient facilement dans l’endettement voire dans l’esclavage faute de moyens.

Toutes les classes sociales se tournèrent alors vers Solon pour remédier à la situation qui pouvait déboucher sur la tyrannie. Il est élu archonte [4] pour 594–593 av. jc et l’on attend de lui qu’il remédie aux conflits dans la cité d’Athènes. L’esclavage pour dettes réduisait fortement le nombre d’hommes libres, et alimentait les conflits.

Ainsi, il abolit l’esclavage pour dettes, et affranchit ceux qui étaient tombés en servitude pour cette raison. Il fit une réduction de dettes privées et publiques, et affranchit les terres des hectémores [5] de redevances. Cependant, il ne fit pas de réforme agraire, autrement dit, il ne redistribua pas la propriété des terres, bien que les pauvres l’aient attendu.

Concernant les réformes politiques, il mit en place le tribunal du peuple, l’Héliée. Tous les citoyens eurent accès aux jurys. Les jurys étaient constitués par tirage au sort. Le tribunal est principalement une cour d’appel. Aristote considère qu’il était déjà le lieu du contrôle des magistrats par le peuple. Solon fit une autre réforme d’importance. Il étendit le droit de défense et d’accusation à n’importe quel citoyen. Solon a aussi écrit un nouveau code de lois, qui concernent ce que les catégories modernes nomment droit privé, droit criminel et procédure légale. Les lois de Dracon sont abandonnées, à l’exception de celle sur le meurtre.

Les lois de Solon ont été gravées sur des kybris, qui auraient été placés au Portique royal.

Il modifia aussi le calendrier et le système des poids et mesures.

Après avoir fait ces réformes, Solon quitte Athènes. Selon les écrivains grecs postérieurs, il voyage dix ans à Chypre, où il vit à la cour du roi de l’endroit, Philocyre, en Égypte, en Lydie [6].

Âgé de plus de 80 ans, il revient à Athènes vers 560.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de la Constitution d’Athènes, traduction de M. Sève, Le Livre de Poche, 2006,

Notes

[1] Les Eupatrides sont un groupe de l’élite d’Athènes. Le sens exact de ce terme est incertain. L’hypothèse traditionnelle fait des eupatrides (« bien-nés » selon cette lecture) les aristocrates athéniens, détenteurs traditionnels du pouvoir pendant une partie de l’époque archaïque. Des recherches plus récentes mettent en avant une autre possibilité : il pourrait s’agir d’un groupe d’aristocrates s’étant opposé aux tyrans, eupatride signifiant dans ce cas « bienfaiteur de la patrie ».

[2] Mégare est une ville de la banlieue d’Athènes en Grèce. Située à l’extrémité est de l’isthme de Corinthe, à mi-chemin entre Corinthe et Athènes, elle était connue à l’origine sous le nom de Nisée, d’après le roi éponyme légendaire Nisos. Selon la tradition, la cité est peuplée par les Doriens après que ceux-ci ont été écartés d’Athènes par le sacrifice du roi Codros. Point de passage terrestre entre la Grèce centrale et le Péloponnèse, la cité acquiert rapidement de l’importance. Ses deux ports, l’un sur le golfe Saronique et l’autre sur le golfe de Corinthe, en font un centre commercial de première importance. Entre 730 et 550 av. jc, elle connaît une activité coloniale considérable : elle fonde Astacos, Chalcédoine et Byzance sur le Bosphore ; Héraclée du Pont en Bithynie ; Megara Hyblaea en Sicile. Vers 600 av. jc, elle tombe sous la domination du tyran Théagène ; la tyrannie fut suivie de luttes politiques dont l’écho se trouve peut-être dans les poèmes de Théognis. Elle perd ses territoires à l’ouest au profit de Corinthe, et Salamine au profit d’Athènes (570 av. jc). Peu avant 500 av. jc, elle rejoint la ligue du Péloponnèse et prend une part active aux guerres médiques.

[3] Salamine est une île grecque de l’Attique, fermant la baie d’Éleusis dans le golfe Saronique, dont elle est la plus grande île. Elle forme un dème du nome du Pirée, comme chacune des autres îles du golfe Saronique. Salamine est la patrie du roi homérique Ajax fils de Télamon et du poète tragique Euripide. L’île devient connue internationalement par la bataille qui s’y déroule en 480 av. jc entre la flotte grecque et celle de l’Empire perse. Les grecs emportent la victoire et mettent fin, définitivement, aux plans d’expansion des Perses en Europe.

[4] L’archonte éponyme est, dans l’Athènes antique, le magistrat suprême, et le magistrat principal dans de nombreuses cités de la Grèce antique. Athènes comportait toutefois un conseil d’archontes formant une sorte de gouvernement exécutif. L’archonte éponyme, ou tout simplement l’archonte sans autre précision, préside les réunions de la Boulè, de l’ecclésia, anciennes assemblées athéniennes ; l’instruction des procès de droit privé incombe également à l’archonte. Il reste le chef de l’État nominal même sous la démocratie, qui réduit cependant son importance politique.

[5] Un hectémore, ou hektémore, est un paysan de catégorie juridique particulière, en Grèce antique (notamment à Athènes). Les sources connues ne permettent pas, aujourd’hui, de connaître le réel statut des hectémores dans le cadre de la société et de l’agriculture grecque de l’Antiquité. Ni Aristote ni Plutarque ne précisent le terme dans leurs écrits et ce statut disparaît avec les réformes de Solon.

[6] La Lydie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé sur la mer Égée et dont la capitale était Sardes. Elle était connue par Homère sous le nom de Méonie. La Lydie est évoquée dans les légendes d’Héraclès et Omphale, ou de Tantale et Pélops. La Lydie était une région occidentale de l’Asie Mineure, bordée au nord par la Mysie, au sud par la Carie et à l’est par la Phrygie. Comprenant les vallées de l’Hermos et du Méandre, la Lydie était située sur le parcours des grandes routes commerciales, et disposait de nombreuses ressources minières propres.