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Philippe IV le Bel

lundi 3 février 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 9 juin 2012).

Philippe IV le Bel (1268-1314)

Roi de France de 1285 à 1314

Philippe IV le Bel Roi de France de 1285 à 1314

En 1284, Jeanne de Navarre apporte en dot à celui qui n’est encore que le fils de Philippe III le Hardi, la Champagne [1] et la Navarre [2]. A la mort de son père, Philippe IV, a 17 ans. Il est beau, mais si la beauté et la régularité de ses traits sont incontestables, nul ne sait qui est ce roi qui demeure énigmatique.

Le 6 juin 1286 Philippe est sacré à Reims avec la reine Jeanne. Il sait aussitôt s’imposer.

Il parvient, dès l’année qui suit son accession au trône, à obtenir que le roi d’Angleterre, Édouard 1er, reconnaisse être son vassal en ce qui concerne ses terres de Guyenne [3] et d’Aquitaine [4].

Mais, dès 1292, une rixe entre des marins français et anglais à Bayonne [5] devient le prétexte à une nouvelle guerre entre la France et l’Angleterre.

Philippe envahit la Guyenne. Et la guerre se rallume en Flandre [6]. Les Flamands, outrés par la déloyauté de Philippe qui retient prisonnier à Paris le comte de Flandre, Gui de Dampierre, déclenchent les mâtines brugeoises [7], les 17 et 18 mai 1302. Quelque trois mille Français sont massacrés à Bruges et l’armée, que le roi envoie pour mater la révolte, est défaite à Courtrai lors de “la bataille des éperons d’or” [8]. Si le traité de Paris [9] met fin en 1303 à la guerre avec l’Angleterre, le traité d’Athis [10] rétablit la paix dans les Flandres, en juin 1305, c’est au pape que doit s’affronter maintenant le roi de France. Philippe a fait arrêter, en 1302, l’évêque de Pamiers [11] qui n’a pas admis que, pour financer ses guerres, Philippe saisit les revenus de l’Eglise.

Pour marquer son autorité, Philippe fait encore emprisonner le légat du pape [12]. Une bulle Ausculta Filii [13] somme le roi de libérer les prélats emprisonnés. Philippe veut que le royaume soit juge. Pour la première fois, il convoque les Etats généraux à Paris. Ceux-ci donnent raison au roi. Ses envoyés insultent le souverain pontife à Anagni [14].

C’est la rupture. La mort de Boniface VIII, le 11 octobre 1303, met fin au conflit. Le roi de France provoque, après la mort de Benoît XI, qui meurt le 7 juillet 1304, l’élection d’un nouveau pape, l’évêque de Bordeaux, Bertrand de Got, qui devient Clément V. Il est le premier des papes qui fait le choix d’installer le siège de la papauté en Avignon [15] et, soumis au roi, il permet, en prononçant l’abolition de l’ordre des Templiers, de justifier la démarche du roi qui les a fait arrêter en octobre 1307.

Ni le recours que Philippe IV a pu avoir aux légistes dont il fait le relais de son pouvoir, ni les mutations monétaires qui font passer le roi pour un faux-monnayeur, ni l’expulsion des Juifs en 1306 ne permirent au roi de trouver toutes les ressources nécessaires. Lorsque Philippe IV le Bel meurt et que son fils Louis X lui succède, les grands, que le roi a écarté des affaires du royaume avec les légistes, les clercs qu’il a taxés et le peuple qu’il a imposé sont sur le point de se laisser emporter par la révolte.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Georges Minois, Philippe le Bel, Paris, Perrin, 2014, 797 p. (ISBN 978-2-2620-3684-3).

Notes

[1] Le comté de Champagne et de Brie est issu de la réunion des terres de la dynastie des Thibaldiens, c’est-à-dire la branche issue de Thibaut « le Tricheur » (Thibaud 1er de Blois) : comté de Meaux, comté de Troyes. Le comté de Champagne est rattaché au domaine royal par le mariage de Jeanne de Navarre, comtesse de Champagne, et du dauphin Philippe le Bel en 1284. Le rattachement est rendu définitif par leur fils Louis X le Hutin.

[2] Le royaume de Navarre est un royaume médiéval fondé en 824 par les Vascons, dont le premier roi est Eneko Arista, premier d’une lignée de seize rois basques qui régneront sur le Royaume jusqu’en 1234. Attaquée depuis trois siècles au nord des Pyrénées, dans le duché de Vasconie par les Francs, et au sud par les Wisigoths, puis les Omeyyades (musulmans), la Vasconie est réduite au petit Royaume de Pampelune, terres ancestrales du Saltus Vasconum. La Haute-Navarre fut conquise en 1512 par le royaume d’Aragon et fut intégrée en 1516 dans l’actuel royaume d’Espagne et l’autre partie (Basse-Navarre), restée indépendante, fut unie à la couronne de France à partir de 1589 d’où le titre de « roi de France et de Navarre » que portait Henri IV

[3] La Guyenne est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France. Ses limites ont fluctué au cours de l’histoire sur une partie des territoires des régions françaises Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Portant le titre de duché, la Guyenne avait pour capitale Bordeaux. Son nom est apparu au 13ème siècle en remplacement du terme d’« Aquitaine ». Sous l’Ancien régime, la Guyenne était l’une des plus grandes provinces de France et regroupait divers pays et provinces plus petites comme le Périgord, l’Agenais, le Quercy et le Rouergue. Le terme de « Guyenne propre » correspondait à la région de Bordeaux, également appelée le Bordelais. La Guyenne était couramment associée avec la Gascogne dont la capitale était Auch et qui regroupait notamment l’Armagnac, le Bigorre, le Labourd, la Soule et le Comminges. Guyenne et Gascogne partageaient ainsi le même gouvernement général militaire.

[4] L’Aquitaine est le nom donné depuis au moins le 1er siècle av. jc à une région ancrée sur la façade Atlantique et le versant nord des Pyrénées. En 507, Clovis, appelé par les évêques de Novempopulanie, l’intègre au royaume des Francs, en battant Alaric II, roi des Wisigoths, à la bataille de Vouillé. 671 voit l’indépendance de l’Aquitaine, dirigée par le duc Loup 1er de Vasconie. Entre 719 et 732, les ducs Eudes et son fils Hunald 1er détiennent l’Albigeois où ils ont des biens. Eudes combat les Sarrasins en Albigeois. En 721, le duc Eudes bat le Califat omeyyade à la Bataille de Toulouse. 732 voit la défaite du duc d’Aquitaine et l’invasion de la Vasconie par l’émir Abd el Rahman, arrêté à la bataille de Poitiers par Charles Martel, qui commence la réunion de l’Aquitaine sous contrôle des Vascons au royaume franc. 742 et 743 voient les campagnes des fils de Charles Martel, Carloman et Pépin le Bref, contre l’Aquitaine et la Vasconie (et la Bavière). Entre 760 et 768, Pépin le Bref entreprend chaque printemps des expéditions sanglantes contre le duc Waïfre, fils d’Hunald 1er. Le 2 juin 768, ce dernier est finalement tué par un des siens, Waratton, sur ordre de Pépin. En 778, l’armée de Roland, piégée par le wali de Saragosse, a été défaite par les Vascons dans les montagnes basques de Roncevaux en revenant de Pampelune. Puis Charlemagne crée en 781 pour son fils Louis le Débonnaire alors âgé de 3 ans, le royaume d’Aquitaine englobant les territoires du Rhône à l’Atlantique.

[5] Bayonne est située au point de confluence de l’Adour et de la Nive, non loin de l’océan Atlantique, aux confins nord du Pays basque et sud de la Gascogne, là où le bassin aquitain rejoint les premiers contreforts du piémont pyrénéen. Elle est frontalière au nord avec le département des Landes, et la limite territoriale franco-espagnole se situe à une trentaine de kilomètres au sud.

[6] Le comté de Flandre a été un pagus carolingien, puis l’une des principautés du royaume de France, particulièrement impliquée dans les conflits franco-anglais, aux frontières et à l’influence durement disputées depuis sa création au 9ème siècle jusqu’en 1384, date de la mort du comte Louis de Male. Le comté, possédé par la Maison de Flandre de 863 jusqu’à la mort de la dernière comtesse, Marguerite de Constantinople, en 1280, puis par la Maison de Dampierre-Flandre, puis devenu l’une des possessions de la Maison capétienne de Bourgogne en 1385, devint alors l’un des principaux centres des États bourguignons. Après la Guerre de succession de Bourgogne il fut ensuite progressivement intégré aux Pays-Bas bourguignons et fut finalement détaché du royaume de France par le Traité de Madrid en 1526 en faveur des Habsbourg d’Espagne. Louis XIV en reconquit une partie sur les Espagnols. Le comté cessa d’exister en 1795 après la conquête des Pays-Bas autrichiens par les Français. Le territoire de ce comté correspond approximativement aux provinces belges actuelles de Flandre-Occidentale et de Flandre-Orientale, à l’ouest de la province de Hainaut (arrondissements de Tournai et Mouscron), plus la partie de la province d’Anvers située à l’ouest de l’Escaut, la Flandre zélandaise et la région historique de Flandre française (région de Lille, Dunkerque, Hazebrouck, Douai,…).

[7] Les matines de Bruges est un terme désignant le massacre, dans la nuit du 18 mai 1302, d’un millier de partisans du roi de France dont la garnison française logée chez l’habitant surpris dans leur sommeil par les milices communales flamandes. La dénomination matines a été donnée par analogie avec les Vêpres siciliennes. Cette révolte mena à une autre bataille célèbre, la bataille des Éperons d’or, qui opposa les milices flamandes aux troupes françaises le 11 juillet de la même année

[8] La bataille de Courtrai, connue sous le nom de bataille des éperons d’or, opposa l’armée du roi Philippe IV de France appuyée par les Brabançons de Godefroid de Brabant et les Hennuyers de Jean Sans-Merci, aux milices communales flamandes appuyées par des milices venues de Zélande et, peut-être, de Namur, le 11 juillet 1302 près de Courtrai

[9] Le traité de Paris de 1303 est conclu entre le roi de France Philippe IV le Bel et le roi d’Angleterre Édouard 1er. Il est signé à Paris le 20 mai 1303 et met un terme définitif à la Guerre de Guyenne, rallumée en 1294, à la suite des conflits persistants entre marins de Normandie ou de Bretagne et des marins de Bayonne et de Guyenne. Il confirme les dispositions arrêtées dans le traité de Montreuil, signé le 19 juin 1299, qui avait instauré une trêve entre les belligérants.

[10] Le traité d’Athis-sur-Orge (actuellement Athis-Mons) a été signé entre la France et la Flandre le 23 juin 1305 après la bataille de Mons-en-Pévèle. Dans ses termes, les châtellenies de Lille, de Douai et d’Orchies sont cédées à la France, en retour, la Flandre préserve son indépendance en tant que fief du royaume

[11] Le diocèse de Pamiers est une église particulière de l’Église catholique en France. Érigé en 1295, il est le diocèse historique du comté de Foix. Supprimé en 1801, il est rétabli dès 1822. Il couvre la majeure partie du département de l’Ariège. Il est suffragant de l’archidiocèse de Toulouse.

[12] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.

[13] Ausculta fili une bulle du pape Boniface VIII adressé au roi Philippe IV le Bel (5 décembre 1301). Ausculta fili rappelle la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel, et convoque pour le mois de novembre 1302 un concile à Rome, où le roi de France peut se présenter.

[14] Dans la nuit du 7 au 8 septembre 1303, ils investissent la petite ville d’Anagni dans le Latium, où réside le pape pendant l’été. Ils réussissent à s’emparer sans trop de mal du palais pontifical de la ville. Cependant, les buts de Nogaret et de Colonna divergent. Nogaret veut simplement lui notifier la citation à comparaître au concile ; Colonna veut s’emparer de la personne du pape et l’obliger à renoncer à sa charge. Nogaret parvient à calmer son complice et lit solennellement son acte d’accusation au pape.

[15] La Papauté d’Avignon désigne la résidence du pape en Avignon (France). Cette résidence, qui déroge à la résidence historique de Rome (Italie) depuis saint Pierre, se divise en deux grandes périodes consécutives : La première, de 1309 à 1378, celle de la papauté d’Avignon proprement dite, correspond à une époque où le pape, toujours reconnu unique chef de l’Église catholique, et sa cour se trouvent installés dans la ville d’Avignon au lieu de Rome. La seconde, de 1378 à 1418, coïncide avec le Grand schisme d’Occident où deux papes rivaux (et même trois si l’on considère l’éphémère pape de Pise) prétendent régner sur la chrétienté, l’un installé à Rome et l’autre en Avignon.