Religion du roi, le catholicisme doit être la religion de tous les habitants du royaume, et même devenir la religion universelle des hommes. C’est ainsi que Louis VII et Philippe Auguste, au 12ème siècle puis Saint Louis, au 13ème siècle, conduisent les croisades en Terre Sainte, contre indulgence promise par la Papauté. Les "hérétiques" sont partout pourchassés. Une véritable croisade des chevaliers du nord du royaume est lancée contre les paysans et bourgeois cathares du Languedoc, au début du 13ème siècle. Les Juifs sont désignés comme peuple déicide*, stigmatisés par le port de la rouelle, cantonnés en ville dans un ghetto. Dans la seconde moitié du 13ème siècle apparaissent les premières caricatures antisémites du juif au nez crochu et à la barbe. Les rois hésitent néanmoins entre le rejet absolu, l’expulsion de toute la communauté juive, ou bien la ponction financière des commerçants juifs. Au temps des malheurs, quand les chrétiens recherchent des boucs émissaires, les Juifs, sont désignés comme responsables de l’empoisonnement des puits.
Le 6 juin 1391, à Séville, 2 synagogues sont converties en églises. L’affaire s’accompagne de nombreux meurtres et de rapines contre la communauté juive de la ville. Les violences s’étendent au reste du pays malgré l’opposition des souverains.
L’Espagne catholique découvre l’intolérance alors même qu’elle triomphe des envahisseurs musulmans qui ont conquis la péninsule 700 ans plus tôt. Le peuple s’échauffe contre les juifs et, plus encore, contre les conversos, musulmans ou juifs convertis au catholicisme. Il les soupçonne, non sans raison, d’être restés fidèles à leur première croyance et de corrompre la foi chrétienne. Les convertis juifs sont surnommés marranes d’un mot arabe qui signifie impur et désigne les porcs, et ceux qui refusent de se rallier à la foi catholique sont condamnés au bûcher par l’Inquisition.
Les Espagnols veulent ainsi préserver la "limpieza de la sangre"*. Cet unanimisme religieux cultive l’intolérance, non seulement contre l’islam, contre les Juifs, mais également contre les chrétiens d’Orient orthodoxes. La lutte contre les cathare ferra encore des victimes. En 1328, 510 Cathares sont emmurés vivants dans la grotte de Lombrives sur ordre de l’inquisiteur Jacques Fournier . Mais l’idéal de Chrétienté, d’humanité unie dans la même croyance, reste hors d’atteinte, en raison des rivalités entre des États nationaux en pleine construction.
Fondation des dominicaine de Saint Louis à Poissy
C’est en 1304 que Philippe le Bel en souvenir de son grand père saint Louis, né et baptisé à Poissy, fonda ce prieuré dans cette ville. Il devint un des plus célèbres de la région. Le roi confia l’établissement à l’ordre de saint Dominique pour y installer 120 religieuses, toutes issues de la noblesse. Le prieuré obtint des droits sur des domaines de pâturage, de bois et de forêts, sur les pêcheries, les transports par eaux et de nombreux revenus en espèces.
Achèvement de la Cathédrale de Reims
L’ancienne basilique ayant été détruite par un incendie, les travaux de la nouvelle cathédrale Notre-Dame s’étalèrent jusqu’à la fin du 13ème siècle.
Les tours qui sont du 15ème et 16ème siècle ne furent achevées qu’en 1427, soit 200 avant que Jeanne d’Arc ne vienne assister au sacre de son roi Charles VII.
Reims demeure l’exemple type du style gothique, elle possède de superbes sculptures, et les feuillages sont taillés avec une précision telle qu’on a pu déterminer près d’une trentaine d’espèces de plantes !
la disparition de l’ordre des templiers
La chute de Saint-Jean-d’Acre avait ramené en France 2 000 templiers installés à Paris depuis 1140 dans le Marais voient leur Ordre dispersé en 1291. En 1303 les templiers échoue dans leur expédition sur l’Îlot de Ruad et en 1306 une autre expédition sera effectuée en Grèce.
Les caisses de l’État sont vides et les chevaliers des Templiers dont leur ordre fondé en 1119 par Hugues de Payns et Godefroi de Saint-Amour s’avère très riche et le roi n’admet pas que cet ordre du Temple, puisse ne dépendre que du pape. Il n’en faut pas plus pour que le roi Philippe le Bel souhaite mettre la main sur ce “trésor”.
Le 22 septembre 1307 Guillaume de Nogaret est nommé chancelier du royaume. Peu de temps après cette nomination des interrogatoires de templiers commence et sous prétexte d’hérésie, le vendredi 13 Octobre il donne l’ordre d’arrestation des templiers dans le royaume de France. Le 14 un manifeste royal, rendant publiques les accusations contenues dans l’ordre d’arrestation “les templiers ’coupables d’apostasies, d’outrages à la personne de Christ, de rites obscènes, de sodomie et enfin d’idolâtrie” est affiché sur les murs de la Capitale et aux portes des Églises. Le 15 des frères prêcheurs et des officiers royaux se répandent dans les jardins du Palais et dans la Cité parisienne pour exposer aux bonnes gens les motifs de l’arrestation et le 16 Octobre Philippe le Bel adresse aux Princes et Prélats de la chrétienté des lettres les invitant à l’imiter et à faire arrêter les templiers qui se trouvent dans leurs États.
Ces lettres n’obtiennent que 3 réponses favorables de Jean, duc de Basse Lorraine, Gérard, comte de Juliers et de l’archevêque de Cologne. L’évêque de Liège, le roi d’Aragon, le roi des Romains Albert répondent que cette affaire est de la compétence du Pape. Quant au roi d’Angleterre, Édouard II, loin de se laisser convaincre, il va lui-même écrire aux rois du Portugal, de Castille, d’Aragon et de Sicile pour leur demander de n’agir qu’après mûre réflexion, les accusations contre le Temple lui paraissant dictées par la calomnie et la cupidité. Du 19 Octobre au 24 Novembre, 138 prisonniers sont interrogés à Paris dans la salle basse du Temple par l’inquisiteur Guillaume de Nogaret.
36 devaient mourir des suites des tortures, 3 d’entre eux seulement nieront avoir commis les crimes qu’on leur reprochait, Jean de Château Villars, Henri de Hercigny et Jean de Paris). Le 27 Octobre, Le Pape Clément V adresse à Philippe le Bel une lettre de protestation.
En février 1308, la veille du jour où les Templiers allaient être remis au pouvoir pontifical, des tablettes circulèrent parmi les prisonniers. Le maître des templiers les invitait à révoquer leurs aveux comme il le faisait lui-même ainsi que les autres dignitaires. Cette rétractation décida-t-elle le pape à modifier sa conduite ? En effet, aussitôt après les pouvoirs des inquisiteurs sont cassés et le Pape proclame son intention de prendre lui-même l’affaire en mains. Par la bulle "Pastoralis Praeeminentiae" Clément V ordonne à tous les princes de la chrétienté d’arrêter les Templiers dans leurs États.
Le 24 mars 1308 une assemblée des 3 ordres est convoquée à Tours par le roi de France. Pour la première fois dans l’histoire de la monarchie, un roi de France convoque une assemblée formée de représentants des 3 ordres, le clergé, la noblesse et la bourgeoisie des villes. Philippe IV le Bel veut ainsi obtenir un soutien plus large que celui que peut lui accorder un conseil.
Cette assemblée annonce ce que deviendront les États généraux. La convocation est rédigée dans le même style que l’acte d’accusation. Un autre texte, qui, lui, portait la marque du légiste Pierre Dubois, allait circuler sous le titre de "Remontrances du Peuple de France" comme étant le résultat de la consultation populaire faite à Tours.
Le 26 Mai Le roi Philippe le Bel vient en personne à Poitiers trouver le pape Clément V. Celui-ci allait, le 29, réunir un consistoire en sa présence. Du 27 Juin au 1er Juillet, 72 templiers comparaissent devant le pape. Parmi les templiers livrés au pape par le roi ne se trouve aucun dignitaire. Ce sont surtout des sergents dont un certains nombre avaient quitté l’Ordre et avaient offert leur témoignage avant que l’arrestation n’ait été décidée et quelques commandeurs."Malades", les dignitaires de l’Ordre doivent demeurer à Chinon où ils sont détenus, Jacques de Molay grand maître, Hugues de Pairaud visiteur, Raimbaud de Caron précepteur, Geoffroy de Charnay et Geoffroy de Gonneville. Le pape déléguera à Chinon 3 cardinaux, Béranger Fredol, Etienne de Suisy et Landolphe Brancaccio.
Nogaret et Plaisans assistèrent à l’interrogatoire.
Le 8 Août 1309, la première commission ecclésiastique de France ouvre ses séances à Paris au monastère Sainte Geneviève, composée presque uniquement d’évêques dévoués à la cause du roi. Gilles Aycelin archevêque de Narbonne et garde des sceaux avant Nogaret, Guillaume Durand évêque de Mende, Guillaume Bonnet nommé sur intervention royale à l’archevêché de Bayeux et quatre autres prélats. Le rôle confié à ces commissions pontificales était essentiellement d’enquêter sur la culpabilité du Temple, donc d’entendre tous ceux qui voudraient témoigner pour ou contre l’Ordre, mais uniquement à titre de témoins, non d’accusés. Or les citations qu’elles envoient mettent plus de 2 mois à être transmises aux intéressés.
Ce n’est que le 22 Novembre que comparait le premier témoin, Jean Melot dont les propos désordonnés feront considérer comme simple d’esprit et le 26 Novembre à lieu la comparution du grand maître Jacques de Molay.
Lorsqu’on lui lit la déposition qu’il avait faite à Chinon le 30 Août 1308 devant les 3 cardinaux délégués par le pape, il manifeste le plus violent étonnement.
Une nouvelle comparution de Jacques de Molay aura lieu le 28 Novembre, en présence de Nogaret, puis la comparution du commandeur de Payns en Champagne, Ponsard de Gisy dont sa déposition sera accablante quant aux procédés utilisés à l’endroit des Templiers.
Le 6 Février 1310, la commission pontificale réunie à nouveau reprend ses interrogatoires. Le nombre de templiers qui déclarent vouloir comparaître et défendre d’Ordre s’accroît notablement, et au 28 Mars ce n’est pas moins de 546 templiers qui ont demandé à témoigner. Le 2 Mai c’est 573 templiers qui avaient demandé à témoigner.
Les templiers parviennent à organiser leur défense en dépit des obstacles et désignèrent 4 porte parole, Renaud de Provins, Pierre de Boulogne, Guillaume de Chambonnet et Bertrand de Sartigues. Le 10 Mai, ceux-ci demandent aux commissaires de se réunir sans délai pour les entendre, ayant appris qu’un concile provincial était convoqué pour le lendemain à Sens. Or Philippe le Bel venait de nommer à l’archevêché de Sens Philippe de Marigny, frère de son favori Enguerrand. Le 12 mai 1310 un bûcher fut dressé hors de Paris, près de la porte Saint Antoine, sur lequel 54 templiers moururent en proclamant leur innocence, comme "relaps". Le 13 Mai, la commission pontificale reprend ses séances. Le premier témoin, Aimery de Villiers le Duc, se jette aux genoux des commissaires ayant assisté la veille au départ de ses frères condamnés au feu. Le 17 juin 1310, les templiers sont reconnus innocents à Ravenne, puis le 1 juillet 1310 à Mayence et le 21 octobre 1310 à Salamanque.
Le 3 Novembre un ajournement de la commission pontificale à lieu pour cause de manque de témoignage. En effet, Philippe de Marigny refusa de laisser comparaître l’un de ses délégués à la défense détenu dans sa province. Un autre de ces délégués, Pierre de Boulogne, disparaîtra dans les mois suivants. Le 5 Juin 1311 l’enquête de la commission ecclésiastique est clôturée et le 16 Octobre le pape Clément V ouvre le concile de Vienne dans la cathédrale. Les perquisitions faites lors de l’arrestation des Templiers n’avaient amené aucune pièce à conviction. D’autre part 7 templiers puis 2 autres, se présentèrent, qui déclarèrent vouloir défendre l’ordre et le pape se contenta de les faire emprisonner.
Le 17 Février 1312, Une délégation des gens du roi fait son entrée à Vienne. Elle comprend Nogaret, Plaisians, Enguerrand de Marigny et quelques conseillers laïcs de Philippe le Bel. Ils eurent des rencontres quotidiennes avec les quatre cardinaux français (Arnaud de Pellegrue, Arnaud de Canteloup, Béranger Frédol, Nicolas Fréauville et un italien Arnaud Novelli favorable au roi de France. Le 2 Mars, Philippe le Bel fait parvenir une lettre au concile de Vienne exigeant l’abolition de l’Ordre du Temple et le transfert de ses biens à un autre ordre de chevalerie.
Le 18 Mars un échafaud est dressé sur le parvis de Notre Dame de Paris.
On fit comparaître les quatre dignitaires, Jacques de Molay, le maître de l’Ordre, Hugues de Pairaud, visiteur de France, Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, et Geoffroy de Gondeville, précepteur du Poitou et d’Aquitaine.
Les 3 cardinaux qui avaient à leur coté l’archevêque de Sens, énoncèrent la sentence définitive qui les condamnait à la prison perpétuelle. A l’énoncé de cette sentence, Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay se levèrent et solennellement devant la foule rassemblée ils protestèrent, déclarant que leur seul crime avait été de se prêter à des aveux faux pour sauver leur vie. L’ordre était saint, la règle du Temple était sainte, juste et catholique. Ils n’avaient pas commis les hérésies qu’on leur attribuait.
Le même jour, un bûcher était dressé près du jardin du Palais. Les deux condamnés montèrent le soir même à l’échafaud. Ils demandèrent à tourner leur visage vers Notre-dame, crièrent une fois de plus leur innocence et, devant la foule saisie de stupeur, moururent avec le plus tranquille courage en assignant le pape Clément V et Philippe le Bel à comparaître devant le tribunal de Dieu avant la fin de l’année.
Le 20 Mars, le roi Philippe le Bel se présente en grand cortège à Vienne. Le 22 en consistoire secret, Clément V fait approuver la suppression de l’Ordre du Temple par la Bulle "Vox in Excelso". Le texte de celle-ci ne condamne pas l’Ordre mais fait état du bien de l’Église pour prononcer sa suppression.
C’est en Avril que meurt Guillaume de Nogaret, et le 2 Mai, La Bulle "Ad Providam" attribue à l’Ordre de l’Hôpital les biens des Templiers. Philippe le Bel aurait voulu, semble-t-il, que ces biens fussent mis à la disposition de la Terre Sainte, en créant un nouvel ordre comme l’avait suggéré son conseiller le légiste Pierre Dubois. Le 6 Mai Philippe le Bel ordonne aux conciles provinciaux de continuer leur procès, se réservant à nouveau celui des dignitaires, et le 22 Décembre il délègue ses pouvoirs à 3 cardinaux, Nicolas de Fréauville, Arnaud d’Auch et Arnaud Novelli.
En 1318 plus de 3 000 chevaliers du Temple se réunirent à Spoletto en Italie du nord. 2 factions se dessinèrent entre ceux qui voulaient venger l’Ordre et ceux qui voulaient perpétuer les secrets de la chevalerie. Ce fut la 2ème qui décida de l’avenir.