Son surnom le Hutin signifie le querelleur. Fils aîné de Philippe le Bel et de Jeanne de Navarre, il hérite d’un domaine agrandi par la Champagne et le royaume de Navarre, d’une souveraineté renforcée, mais aussi des problèmes qui ont freiné l’action de son père à la fin de son règne. Il avait 24 ans lorsque son père mourut. Il épousa Marguerite, fille de Robert II duc de Bourgogne, en 1305. Son avènement favorise une recrudescence de l’agitation. Il lutta contre la révolte des seigneurs, les grands du royaume ayant signifié leur désaccord à la mise en place des légistes dans le royaume qui, peu à peu, les privaient de pouvoirs et même d’influence. Les caisses de l’État étaient vides, Charles de Valois obtient que l’un des plus fidèles conseillers de Philippe IV le Bel, Enguerrand de Marigny, soit exécuté. Louis X le fit juger, celui-ci se défendit en accusant les dépenses excessives de Philippe IV. Néanmoins Louis X le fit pendre avec une série de conseillers de l’ancien régime.
Le 11 juillet 1315, il se procura alors de l’argent en vendant des chartes d’affranchissement aux serfs du domaine royal et en autorisant la retour de familles lombardes et juives. Celles-ci avaient été chassées par Philippe le Bel de France en 1306, il leur fit miroiter non seulement le droit de faire commerce, mais leur proposa même d’acheter des terres, moyennant finances et conversion pour ceux qui souhaitaient s’installer définitivement.
A peine installés les biens des juifs furent à nouveau confisqués et les familles juives obligées de repasser au-delà des frontières du royaume. En 1315 il créa la gabelle [1].
L’expansion de la société féodale du 11ème au 13ème siècle atteint alors ses limites. La crise de subsistance de 1315 à 1317 marque le retournement de la conjoncture. Des milliers de personnes meurent de faim dans le nord du royaume. La hausse des prix, encore accélérée par la crise, provoque un mécontentement général. Les revendications sont surtout politiques. La petite noblesse en est le moteur. Des ligues, constituées dès 1314, pays par pays, présentent leurs doléances dans de longs rouleaux.
Les nobles ruinés par la hausse des prix, n’admettent pas que l’administration royale locale empiète sur leurs pouvoirs et réduise leurs finances. Plutôt que de briser la résistance, Louis X choisit de négocier.
Avec habileté, il met les abus sur le compte des officiers royaux et joue sur les particularismes locaux. Il octroie ainsi une série de chartes provinciales aux Picards, aux Bourguignons, aux Champenois dans lesquelles il prend soin de réserver ses droits de roi. Le mouvement, peu cohérent, est vite désamorcé. Ces concessions lui permettent d’obtenir l’appui dont il a besoin pour mâter le comte de Flandre qui refuse de rendre hommage au roi.
Mais, si ses troupes entrent en Flandre, c’est pour s’y embourber et n’y rien obtenir.
En 1314 Marguerite, épousée en 1305, est mêlée au scandale de la tour de Nesle, accusée d’adultère elle est emprisonnée à Château Gaillard, où elle y meurt, étouffée dans des conditions mystérieuses. Le roi épouse alors Clémence de Hongrie.
Louis X, aux yeux de l’opinion largement informée, apparaît plutôt comme un roi fragile et malchanceux. En fait, face à une situation économique et politique difficile, l’apparente résignation du roi le sert. Il n’a pas du tout la carrure de son père, n’a pas non plus le temps de l’acquérir, et ses 2 frères qui régneront après lui n’auront pas le temps de redresser la situation. La réaction est toute puissante et le trésor à sec.
Il meurt après 16 mois de règne d’une pneumonie le 5 juin 1316. Louis a 27 ans. Son épouse, Clémence de Hongrie, est enceinte de 5 mois. Elle accouchera le 15 novembre de la même année d’un fils, Jean 1er qui meurt 4 jours plus tard. Le frère cadet du roi défunt, Philippe de Poitiers, monte sur le trône et devient Philippe V le Long. Louis X est le premier Capétien à ne pas laisser d’héritier mâle.
Son règne marquera le pas dans les progrès de la monarchie même si le dialogue du roi et de la nation est devenu nécessaire. La fin de son règne aura été marqué par une période de réaction violente sur un arrière-plan de crise.