Née à Palencia [1], en Castille, elle est la fille d’Alphonse VIII de Castille et d’Aliénor d’Angleterre, elle-même descendante d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine. Le 23 mai 1200, pour sceller le traité du Goulet [2] qui a été signé la veille, Louis, fils de Philippe Auguste, l’épouse. Elle apporte Evreux en dot. Elle donne au roi plus de 10 enfants. Le 6 août 1223, elle est sacrée et couronnée à Reims avec son époux, le nouveau roi, Louis VIII. Après la mort subite de son époux, le 3 novembre1226, elle est nommée régente.
Elle s’empresse de faire sacrer à Reims son fils, âgé de 12 ans. La cérémonie, qui a lieu le 29 novembre 1226, ne réunit pas tous les grands du royaume et laisse présager des luttes à venir. Une tâche difficile pour la reine, la rébellion couve. Les grands seigneurs, vassaux du roi de France, sont certains qu’une femme ne peut leur tenir tête et qu’ils vont pouvoir reprendre tout ce qu’ils ont dû céder à la couronne.
Jouant le rôle de gardienne du royaume avec énergie et austérité, elle s’appuie pour régenter le royaume sur les administrateurs de Philippe II Auguste et sur le légat du Pape, Romano Frangipani, cardinal de Saint-Ange, qui deviendra son plus proche conseiller.
Blanche de Castille, qui n’a jamais porté officiellement le titre de régente, est de taille à affronter toutes les difficultés. Par la diplomatie, par les armes ou la séduction, elle exerce fermement l’essentiel du pouvoir jusqu’en 1242. Dès le début de sa régence elle doit faire face à l’hostilité des grands féodaux soutenue par Pierre Mauclerc, Duc de Bretagne, et Henri III d’Angleterre qui s’opposent à un gouvernement féminin. Elle parvient à remporter une première victoire qui se conclut par la signature du traité de Vendôme, puis elle affrontera de nouveau en 1228-1229 une 2ème coalition dont une conduite par le propre oncle du roi, le Comte de Boulogne ( futur Alphonse III du Portugal). Elle conclut avec le Comte de Toulouse le traité de Paris [3] en 1229, très avantageux pour la couronne. Elle mate vigoureusement une révolte des étudiants parisiens de 1229-1231. Elle réprime également la révolte des albigeois en Languedoc, et en 1229, le traité de Paris annexe au domaine royal plusieurs territoires du Languedoc et décide du mariage du frère du roi, Alphonse de Poitiers, avec Jeanne, la fille du Comte de Toulouse, Raymond VII.
Elle veille personnellement à l’éducation poussée de Louis IX pour le préparer à son métier de roi. Quand il prendra effectivement les affaires de l’État, la première régence féminine lui laissera une couronne fortifiée et un royaume agrandi.
Abandonnant progressivement le pouvoir à son fils, qui ne gouvernera effectivement qu’à partir de 1242. Mais elle reprendra le royaume que lui confiera son fils lors de son départ en Terre Sainte pour la 7ème Croisade en 1248. Pendant l’absence du roi, elle doit affronter sans cesse la menace que fait peser sur le royaume le roi d’Angleterre, et doit affronter encore les conséquences de la fièvre mystique que provoque un personnage que l’on appelle le Maître de Hongrie. Ses exhortations lancent, sur les routes du royaume, la croisade dite des Pastoureaux, horde de près de 100 000 hommes, gueux et ribauds, qui pillent, violent et massacrent sur leur passage.
Le 26 novembre 1252, la régente s’éteint, alors que le roi n’a toujours pas quitté la Terre sainte ce qui provoqua son retour, épuisée par les épreuves successives, la mort de son fils Robert d’Artois, la défaite de Mansourah [4] et la captivité de Louis IX.
C’est à l’abbaye de Maubuisson [5] qu’elle a fondée, qu’elle sera enterrée.