Jean de Habsbourg dit Jean Parricide (1290-1313)
Neveu et assassin du roi Albert 1er de Habsbourg.
Fils du duc Rodolphe II d’Autriche , frère cadet d’Albert 1er, et de son épouse Agnès, une fille du roi Ottokar II de Bohême.
À la Diète d’Empire à Augsbourg [1], le 17 décembre 1282, Rodolphe II et Albert sont tous deux élevés au rang de ducs d’Autriche [2] et de Styrie [3] par leur père, le roi Rodolphe 1er de Habsbourg.
Néanmoins, l’année suivante, Rodolphe II a dû renoncer aux duchés en faveur de son frère ; il doit être dédommagé par l’administration des possessions territoriales des Habsbourg [4] dans le duché de Souabe [5] et par le titre de duc de Souabe [6].
Son père meurt peu avant ou après sa naissance, sans obtenir aucun territoire en fief. Jean est éduqué par sa mère à Brugg sur l’Aar [7] et à la cour du roi Venceslas II de Bohême.
Après être devenu majeur, il insiste pour qu’on lui remette son patrimoine. Cependant, son oncle Albert le fait patienter et Jean doit souffrir les sarcasmes et les railleries. Ensuite, le jeune homme et plusieurs chevaliers souabes forment un complot pour tuer le roi.
Le 1er mai 1308, Albert, alors qu’il revient d’un banquet à Winterthour [8], est guetté et tué par Jean et ses complices.
Au soir précédent, à la fin du banquet, Albert a fait porter à chacun de ses hôtes une couronne de fleurs, Jean a jeté la sienne au visage de son oncle, criant qu’il est assez grand pour qu’on lui donne son dû, et non des fleurs. Jean et ses conspirateurs fuient le pays. Le comte Henri VII de Luxembourg est élu à la succession d’Albert 1er ; il bannit les régicides et s’empare de leurs possessions.
Selon certaines sources, Jean passe le reste de sa vie comme ermite dans le monastère bénédictin de San Nicola à Pise [9] en Italie. Il s’enhardit à solliciter une grâce du roi Henri VII qui lui est finalement accordée.
Notes
[1] Les Diètes d’Empire à Augsbourg sont des assemblées des divers chefs que comptait le Saint-Empire romain germanique qui se sont tenues régulièrement à Augsbourg, ville en Souabe bavaroise, entre 952 et 1582, et dont certaines furent d’une grande importance dans les guerres de religion des 15 et 16ème siècles.
[2] Le duché d’Autriche fut un État du Saint-Empire romain au Moyen Âge. À l’origine, le margraviat d’Autriche (Ostarrîchi), gouverné par la maison de Babenberg depuis 976, faisait partie du duché de Bavière. Il fut détaché sous la forme d’un duché autonome en 1156 par le Privilegium Minus de l’empereur Frédéric Barberousse. La résidence des ducs d’Autriche était à Vienne. Après l’extinction de la lignée des Babenberg et la défaite du roi Ottokar II de Bohême à la bataille de Marchfeld en 1278, le duché fut dirigé par les Habsbourg, qui au cours du 14ème siècle étaient également arrivés à la tête de plusieurs pays limitrophes au sud-est de l’Empire. En 1359, le duc Rodolphe IV d’Autriche, à l’aide d’un faux document, le Privilegium Maius, s’est élevé au rang d’archiduc (Erzherzog) ; ce titre fut reconnu par son descendant, l’empereur Frédéric III, en 1453, ce qui marque donc la naissance de l’archiduché d’Autriche, le socle de la monarchie de Habsbourg.
[3] En 1180, la Styrie, qui était jusqu’alors une partie du duché de Carinthie, devient elle-même un duché. En 1192, entre en application le traité de Georgenberg, conclu en 1186, selon lequel la Styrie était devenue une partie de l’Autriche. En raison des divisions des héritiers Habsbourg, la Styrie devient la partie centrale de l’Autriche Intérieure.
[4] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.
[5] la future Autriche antérieure
[6] Le titre de duc de Souabe est porté par différents dirigeants politiques à partir du 10ème siècle jusqu’à la fin de la dynastie des Hohenstaufen.
[7] Brugg est une commune suisse du canton d’Argovie et le chef-lieu du district de Brugg. Cette petite ville se trouve au cœur de la région du Wasserschloss, où se rejoignent l’Aar, la Reuss et la Limmat. Brugg, à vol d’oiseau, est située à 16 kilomètres d’Aarau, à 27 kilomètres de Zurich et à 45 kilomètres de Bâle. Brugg fut fondé par les Habsbourg à l’endroit où l’Aar est la plus étroite afin de se ménager le chemin à travers un massif rocheux faisant partie des montagnes du Jura. C’est dans le village d’Altenburg bei Brugg, désormais intégré à la commune, que se trouve la plus ancienne résidence attestée de la famille Habsbourg. Jusqu’au déplacement du centre de pouvoir vers l’Autriche, Brugg a d’ailleurs constitué le cœur de l’influence habsbourgeoise. De 1415 à 1798, la ville fut assujettie à Berne et appartient depuis lors au canton d’Argovie.
[8] Winterthour ou Winterthur est une ville de Suisse située à environ 25 km à l’est de Zurich. Sixième ville plus importante de Suisse, elle se situe dans le canton de Zurich. Vers 1170, le comte Hartmann III de Kybourg établit un marché au carrefour des routes de Bâle à Saint-Gall et de Zurich à Schaffhouse. Il en est fait mention pour la première fois dans un document de 1180. Jusqu’en 1204, la ville appartient aux comtes de Kybourg.
[9] L’église, ainsi que le couvent annexé, est mentionnée pour la première fois en 1097. De 1297 à 1313 les Augustins l’agrandissent, probablement sous la conduite de Giovanni Pisano (côté est). Au 17ème siècle, l’édifice est restauré avec l’ajout des autels et de la chapelle du sacrement réalisée par Matteo Nigetti en 1614.