Il s’intéressa à de nombreuses sciences, notamment l’astronomie. Il naquit à Afshéna, près de Boukhara [1] faisant partie de la province de Khorasan [2]. Ses disciples l’appelaient Cheikh el-Raïs, prince des savants, le plus grand des médecins.
Aux 7ème et 8ème siècle, les intellectuels orientaux traduisent, compilent et commentent les écrits des antiques, grecs surtout. Une compétition commence entre la culture arabe et la culture persane. De 750 à 850, période des califes Abbassides [3], la science dite "arabo-musulmane" atteint son sommet. Les souverains payaient, parfois son poids en or, tout livre récemment traduit, et c’est ainsi que, dès le 9ème siècle, une majeure partie des écrits de la Grèce était disponible en langue arabe. Le philosophe Al-Farabi, tient une place prépondérante dans cette dynamique.
Son père était musulman chiite ismaélien [4]. Il se serait plus tard converti au chiisme duodécimain [5].
Il semble qu’il fut précoce dans son intérêt pour les sciences naturelles et la médecine, qu’à 14 ans, il étudie seul. Il fut envoyé durant sa petite enfance étudier le calcul chez un marchand, al-Natili. Ayant une bonne mémoire, le jeune garçon finit par surpasser son maître en calcul et en mathématiques. Il retient de mémoire l’intégralité du Coran. Il étudia à Boukhara, s’intéressant à toutes les sciences, et surtout à la médecine. Il est influencé par un traité d’Al-Farabi, qui lui permet de surmonter les difficultés qu’il rencontre dans l’étude de la Métaphysique d’Aristote. Cette précocité dans les études se double d’une précocité dans la carrière, à 16 ans déjà, il dirigeait des médecins célèbres.
Tout alors s’enchaîne, ayant guéri le prince samanide [6] de Boukhara, Nuh ibn Mansûr, d’une grave maladie, il est autorisé à consulter la vaste bibliothèque du palais. Son appétit de connaissance aidant, il aurait possédé à 18 ans toutes les sciences connues.
Après la mort du prince et celle de son père, qui le contraint à gagner sa vie, il commence sa vie itinérante. Il voyage d’abord dans le Khârezm [7] au sud de la mer d’Aral [8], sur les 2 rives du Djihoun, entre Boukhara et la mer Caspienne. À Djouzdjan [9], un puissant protecteur, Abu Muhammed Chirâzi, lui permet de donner des cours publics. Il commence à composer son œuvre majeure, le Qanûn [10] de médecine.
Il passe ensuite par le Khorassan [11], puis Rayy [12], enfin à Hamadan [13] où l’émir bouyide [14] Chams ad-Dawla le choisit comme vizir [15]. Il s’impose alors un programme de travail harassant. Le jour, il se consacre à la chose publique, la nuit à la science. En plus de vivre 2 carrières, il travaille doublement, il mène de front la composition du Shifa et celle du Canon médical ; la tâche est alors si écrasante qu’il doit se faire aider : 2 disciples se partagent la relecture des feuillets des 2 ouvrages, dont le fidèle Al-Juzjani, secrétaire et biographe.
En 1021, la mort du prince Shams o-dowleh, et le début du règne de son fils Sama o-dowleh, cristallisent les ambitions et les rancœurs.
Victime d’intrigues politiques, il connaît la prison. Déguisé en derviche [16], il réussit à s’évader, et s’enfuit à Ispahan [17], auprès de l’émir kakouyide [18] `Ala o-dowleh. Ces bouleversements n’entament pas sa boulimie de travail.
Il jouissait d’une telle réputation que plusieurs princes de l’Asie l’appelèrent à leur cour. Le roi de Perse l’employa à la fois comme vizir et comme médecin. Il cultiva aussi avec succès la philosophie, et fut l’un des premiers à étudier et à faire connaître Aristote. Il composa d’après ce philosophe des traités de logique et de métaphysique, où il se montre souvent penseur original.
Lors d’une expédition, dont il faisait partie, de l’émir `Ala o-dowleh contre Hamadan [19], il fut frappé par une crise intestinale grave, dont il souffrait depuis longtemps. Avicenne tenta de se soigner de lui-même, mais son remède lui fut fatal. Il mourut à l’âge, de 57 ans au mois d’août 1037.
L’œuvre d’Avicenne est nombreuse et variée. Avicenne a écrit principalement dans la langue savante de son temps, l’arabe classique, mais parfois aussi dans la langue vernaculaire, le persan. Il est l’auteur de monuments, d’ouvrages plus modestes, mais aussi de textes courts. Son œuvre couvre toute l’étendue du savoir de son époque
Le dessein personnel du philosophe trouve son achèvement dans la philosophie orientale, qui prit la forme de la compilation de 28 000 questions. Cette œuvre disparut lors du sac d’Ispahan en 1034, et il n’en subsiste que quelques fragments.
Fin lettré, il fut le traducteur des œuvres d’Hippocrate et de Galien, et porta un soin particulier à l’étude d’Aristote. Il s’inscrit dans un mouvement général qui vit les philosophes de culture islamique découvrir la culture grecque et la faire redécouvrir ultérieurement à l’occident.