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Tancrède de Hauteville ou d’Antioche Régent d’Antioche

mardi 23 juillet 2024, par lucien jallamion

Tancrède de Hauteville ou d’Antioche (1072/1075-1112)

Régent d’Antioche

Fils du seigneur normand Odon le Bon et d ’Emma de Hauteville , fille de Robert Guiscard, duc d’Apulie [1], de Calabre [2] et de Sicile [3]. Par sa mère, il est le neveu de Bohémond, prince de Tarente [4].

Au début de l’année 1096 il participe avec ses oncles Roger 1er de Sicile et Bohémond de Tarente au siège de la ville révoltée d’Amalfi [5], lorsque parvient la nouvelle de l’appel à la croisade lancé par le pape Urbain II à Clermont [6]. Bohémond et Tancrède décident d’y participer et débarquent en novembre 1096 à Avlona [7] sur la côte albanaise [8], dans le territoire de l’Empire byzantin [9].

Les croisés normands doivent faire face à la méfiance et à la rancœur des habitants, et, s’ils sont ravitaillés, ils trouvent devant eux des villes fermées. Mais des fonctionnaires un peu zélés les font attaquer par des auxiliaires petchénègues [10] et turcs au bord du Vardar [11].

Bohémond, dont l’objectif est d’obtenir un fief en Orient et de le faire reconnaître par l’empereur Alexis Comnène, ne répond pas aux provocations et calme la colère de ses officiers comme Tancrède et Richard de Salerne.

L’armée croisée arrive en Thrace [12] le 1er avril 1097 et Bohémond se rend à la cour, où il se réconcilie avec Alexis, tandis que Tancrède et Richard et l’armée se hâtent de traverser le Bosphore [13] pour ne pas prêter le serment d’allégeance à l’empereur. Ils rejoignent Nicomédie [14] où campe déjà l’armée lotharingienne [15], menée par Godefroy de Bouillon.

Il mène le siège de Nicée [16], en 1097, mais la ville est prise par l’armée d’Alexis après des négociations secrètes avec les Turcs Seldjoukides [17]. Cela provoque une défiance de Tancrède à l’égard des Byzantins. Il est d’ailleurs, avec Raymond de Saint-Gilles l’un des chefs à clamer la trahison des Grecs, alors que les autres chefs renouvellent leur serment d’allégeance à Alexis.

Après Nicée, l’armée croisée se sépare en 2 colonnes et Bohémond et Tancrède commandent l’avant-garde de l’une d’entre elles. Ils sont attaqués par les Turcs à Dorylée [18] où son frère aîné Guillaume trouve la mort, mais réussissent à tenir en attendant l’arrivée des autres corps d’armée. L’armée arrive et se repose quelques jours à Héraclée [19], puis Baudouin de Boulogne et Tancrède se séparent le 14 septembre 1097 du gros des croisés et descendent vers la Cilicie [20].

Le 22 septembre, ils prennent Tarse [21], mais les 2 chefs, projetant tous 2 de se tailler un fief en Cilicie se brouillent.

Tandis que Baudouin se rend à Édesse [22] sur l’appel de son gouverneur Thoros d’Édesse , Tancrède prend d’autres villes comme Adana [23] et Mamistra. Mais le litige avec Bohémond ne lui permet pas de créer un fief durable, et il doit rejoindre finalement l’armée des croisés devant Antioche [24] tandis que la Cilicie sera conquise par l’Empire byzantin en 1100.

Tancrède participe au siège d’Antioche [25]. De nombreux croisés perdent espoir, dont Pierre l’Ermite, l’un des chefs de la croisade populaire qui déserte l’armée, mais est poursuivi et rattrapé par Tancrède. Il garde le Sud de la ville, où il fait construire une forteresse qui achève d’encercler la ville et empêche tout ravitaillement.

La ville est prise le 3 juin 1098 et assiégée dès le lendemain par une armée turque de secours, qui est définitivement vaincue le 28 juin. Les croisés ne repartent qu’au mois de décembre 1098. Certains croisés proposent de se rendre maîtres de tous les ports le long de leur chemin, mais Tancrède estime que cela va leur prendre trop de temps, risquant de donner le temps à des armées musulmanes de venir et considère qu’il faut marcher le plus vite possible vers Jérusalem [26], s’en emparer, puis conquérir le pays à partir de la ville.

Le 6 juin 1099, il effectue une reconnaissance à Bethléem [27] et aux abords de Jérusalem avant l’arrivée du gros des troupes. Le siège débute le 7 juin et Godefroy de Bouillon et Tancrède surveillent la partie ouest des abords de Jérusalem. Devant l’échec d’un premier assaut lancé le 13 juin, les croisés comprennent qu’il leur faut construire des machines de siège et Tancrède fait l’importante découverte de poutres dans un souterrain des faubourgs de Jérusalem. L’attaque finale commence dans la nuit du 13 au 14 juillet, mais l’assaut final n’est donné que le 15. Tancrède prend rapidement possession du Qubbat al-Sakhra [28], où sont entreposées les richesses de l’émir de Jérusalem. Il fait également prisonniers des centaines d’Arabes qui se rendent à Tancrède, voyant les massacres causés par les croisés. Mais le lendemain, des croisés trop zélés les massacrent et essuient la colère de Tancrède, dont ils avaient bravé les ordres.

La ville prise, un nouvel État se crée et est confié à Godefroy de Bouillon, qui refuse cependant le titre royal. La plupart des croisés rentrent chez eux, leur devoir accompli, et Tancrède est le seul des principaux chefs à rester auprès de Godefroy de Bouillon.

Vers le 25 juillet, il prend possession de Naplouse [29] sans avoir à combattre, mais Godefroy le rappelle peu après car les Fatimides [30] d’Égypte attaquent le pays, mais sont repoussés à Ascalon [31]. Avec seulement 80 chevaliers, il s’empare de la Galilée [32] et fonde la principauté de Galilée et de Tibériade [33] dont il devient le premier seigneur.

Le 20 août 1100, une escadre vénitienne [34] permet la prise du port de Caïffa [35], qui est disputé entre Geldemar Cardenel, à qui Godefroy de Bouillon l’a promis, et Tancrède, qui a grandement contribué à l’assaut. Pour se le concilier, le patriarche Daimbert tranche en faveur de Tancrède, qui donne ainsi à sa principauté un débouché maritime.

Godefroy de Bouillon meurt le 18 juillet 1100 et fort des dispositions prises par ce dernier, le patriarche Daimbert entendait abolir l’Avouerie du Saint-Sépulcre [36] et faire du nouvel État une théocratie. Mais des barons fidèles à Godefroy de Bouillon ne l’entendaient pas ainsi, refusèrent de livrer à Daimbert la Tour de David qui permettait de contrôler Jérusalem, et appelèrent Baudouin de Boulogne, frère de Godefroy, qui se trouvait alors à Édesse, ville dont il était le comte. Tancrède brouillé avec Baudouin depuis l’affaire de Tarse, soutient Daimbert, qui vient de lui accorder Caïffa.

Daimbert et Tancrède envoient un messager à Bohémond de Tarente, prince d’Antioche, pour lui demander d’empêcher la venue de Baudouin, lequel doit obligatoirement traverser la principauté pour venir. Malheureusement, le messager est intercepté par leur ennemi Raymond de Saint-Gilles, en train de conquérir le comté de Tripoli [37]. De toute manière, Bohémond n’aurait rien pu faire, car il est capturé par les Danishmendites [38] en cherchant à secourir Gabriel, prince arménien de Malatya [39]. Malgré quelques tentatives de Tancrède de barrer la route de Baudouin, déjouée par les partisans de ce dernier, Baudouin arrive sans encombre à Jérusalem et se fait couronner roi sans difficulté.

Tancrède se retire en Galilée, mais se retrouve sous le coup de la haine de Baudouin. Le premier conflit vient à propos de Caïffa, que Geldemar Cardenel revendique devant la Haute Cour du royaume, et que Tancrède ne veut pas céder.

Mais sur ces entrefaites, Tancrède reçoit en mars 1101 une délégation de la principauté d’Antioche [40] où les barons ne pouvaient s’accommoder, du gouvernement d’un enfant, le jeune Bohémond II et lui demande de prendre la régence de la principauté pendant la captivité de Bohémond. Tancrède accepte, cède la Galilée à Baudouin qui en inféode Hugues de Fauquembergues ou Hugues de Saint-Omer et se rend à Antioche.

Au début du siège, Saint-Gilles, allié des Byzantins, accompagne une croisade lombarde qui tente de traverser l’Anatolie [41], mais est massacré. Saint-Gilles s’en échappe, et débarque en janvier 1102 à Saint-Siméon, et est immédiatement capturé par Bernard l’Etranger, un chevalier de Tancrède.

Le roi de Jérusalem et le patriarche d’Antioche [42] ordonnent aussitôt à Tancrède de relâcher Raymond, mais il ne le fait qu’après avoir exigé et obtenu de son prisonnier un serment par lequel il renonce à toutes ses prétentions sur Antioche, à s’installer dans le Nord de la Syrie [43] franque et à secourir Laodicée [44]. Libre, Raymond part assiéger Tripoli [45] et conquérir le comté de même nom [46].

En 1103, Bohémond de Tarente est libéré contre rançon et reprend la direction de la principauté d’Antioche. En 1104, Bohémond et Tancrède prêtent main-forte au comte Baudouin II d’Édesse qui décide de profiter de la guerre civile qui ravage les États seldjoukides pour assiéger Harrân [47]. L’entreprise, si elle avait réussi, aurait constitué une avancée notable des croisés en direction de Bagdad [48], où siège le calife [49] abbasside [50], mais les croisés sont vaincus par une armée de secours turc. Baudouin et Josselin de Courtenay sont capturés, mais Bohémond et Tancrède parviennent à arriver saufs à Edesse.

Encerclé par les Turcs et les Byzantins, Bohémond décide de partir en Europe pour ramener des renforts. Il rappelle Tancrède qui confie la régence d’Édesse à Richard de Salerne et prend celle d’Antioche. Bohémond se rend en Italie, où il lève une armée, puis à la cour du roiPhilippe 1er, afin de lui demander une aide financière et militaire. Ce faisant, il négocie le mariage des deux filles du roi Constance et Cécile avec lui-même et son neveu Tancrède. Estimant que l’Empire byzantin a trahi à plusieurs reprises les croisés, il prêche la croisade contre Byzance et débarque à Durazzo [51], qu’il assiège. Mais il est vaincu par Alexis Comnène en octobre 1107 et doit signer en 1108 le traité de Déabolis [52] par lequel il reconnaît que la principauté d’Antioche est vassale de Byzance. Bohémond meurt peu après en Apulée, le 6 mars 1111, brisé par cette défaite.

Tancrède de son côté doit gouverner la principauté, sérieusement amoindrie par les conséquences de Harrân.

Tancrède peut être considéré comme le véritable fondateur de la principauté d’Antioche, où il restaura l’autorité, compromise par les maladresses militaires et politiques de Bohémond 1er. Il commence par accorder des avantages commerciaux aux Génois [53] en échange de l’appui de leurs escadres. Tancrède a en effet le projet de faire la conquête de la Cilicie [54] sur les Byzantins et du Moyen Oronte sur l’émir d’Alep [55]. Il assiège rapidement Laodicée et règle le problème des revendications de Raymond de Saint-Gilles sur Antioche.

Il assura aussi la sécurité de la ville et de ses relations économiques en prenant définitivement le port de Lattaquié en 1108 après plusieurs passes d’armes avec les Byzantins. Enfin, en 1110, il occupa, entre Tortose et Homs [56], une forteresse musulmane sur laquelle fut établi l’énorme ouvrage fortifié que l’on appela le krak des Chevaliers [57].

En 1111, secrètement soutenu par Byzance [58], les Seldjoukides de Perse organisent une contre croisade. La désunion dans le camp musulman permet à une coalition de toutes les forces franques de repousser aisément leurs ennemis. Tancrède meurt peu après, le 12 décembre 1112, en confiant la régence d’Antioche à Roger de Salerne, en lui faisant promettre de donner la principauté au fils de Bohémond à sa majorité, et en lui demandant de marier sa veuve avec le comte Pons de Tripoli , afin de sceller l’alliance entre les deux États.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Edward Peters, The First Crusade : The Chronicle of Fulcher of Chartres and Other Source Materials, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1998/ Encyclopédie universalis / tancrede-de-hauteville-d-antioche

Notes

[1] Ancien nom de la région des Pouilles, en Italie.

[2] La région de Calabre, plus couramment appelée la Calabre, est une région d’Italie située à l’extrême sud de la péninsule. La capitale régionale est Catanzaro et la plus grande ville Reggio de Calabre. À partir de la fin de l’Antiquité, elle n’échappe pas aux invasions barbares : elle est pillée et saccagée par les Wisigoths des rois Alaric et Athaulf (410/411). Alaric meurt sous les murailles de Cosenza et est enterré avec un important trésor dans le lit du Busento, qui arrose la ville. Le « trésor d’Alaric », qui a toujours échappé aux pillards et aux chercheurs de trésor, est toujours autant recherché. Elle est également pillée par les Vandales installés en Afrique romaine, puis passe partiellement sous la domination des Ostrogoths. Lors des guerres gothiques opposant les Ostrogoths aux Byzantins, elle est ravagée par les guerriers de Totila avant de passer sous domination byzantine, puis par des bandes de Francs et d’Alamans venus aider les Goths du nouveau roi Teias. Les Lombards pénètrent eux aussi en Calabre peu de temps après leur invasion de l’Italie et la région subit régulièrement les attaques du duché lombard de Bénévent. Le roi lombard Liutprand est peut-être à l’origine de l’actuelle ville calabraise de Longobardi, fondée vers 735, qui tire son nom du peuple lombard. À partir du 9ème siècle, elle commence à subir les incessants raids de pirates Sarrasins puis au 10ème siècle, elle est peut-être atteinte et pillée par des bandes magyares qui se sont aventurées en Italie jusqu’à Bénévent.

[3] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[4] La principauté de Tarente était un fief dépendant du royaume de Sicile, puis du royaume de Naples. Il a souvent été attribué à des membres de la famille royale. La principauté a été créée à la mort de Robert Guiscard de Hauteville, duc de Pouilles, en 1085. Ce dernier avait d’un premier mariage avec une normande, un fils, Bohémond, et d’un second mariage avec une princesse lombarde un autre fils, Roger Borsa. C’est ce dernier qu’il avait choisi pour lui succéder dans le duché de Pouilles. En compensation, Bohémond reçut de nombreuses terres dans la Capitanate, autour de Tarente, terres qui formèrent la principauté de Tarente. Bohémond partit pour la première croisade en 1096 et conquit la principauté d’Antioche. Il ne revint plus en Italie jusqu’à sa mort en 1111. Son fils Bohémond II lui succéda, mais mourut en Terre Sainte en 1131 en ne laissant qu’une fille. Le titre de prince ou de princesse de Tarente fut par la suite attribué à plusieurs membres de la famille royale, notamment à Charlotte de Naples, petite-fille de Ferdinand 1er et d’Isabelle de Chiaramonte. Le titre fut repris par la famille de La Trémoille, descendants de sa fille Anne de Laval ; le fils aîné des ducs de Thouars et de la Trémoïlle porta le titre de prince de Tarente jusque dans les années 1930.

[5] Amalfi puissance maritime était comme Capoue intéressée à limiter le pouvoir de sa rivale Salerne

[6] Clermont ou Clairmonta est une ville en Auvergne, dont la fusion avec la cité voisine et rivale de Montferrand décidée par Louis XIII lors de l’Édit de Troyes du 15 avril 1630 et confirmée un siècle plus tard sous Louis XV en 1731, par Daniel-Charles Trudaine, (second Édit d’union) donne naissance à la capitale auvergnate de Clermont-Ferrand, titre auparavant réservé à Clermont. En 1120, à la suite des crises successives qui opposent les comtes d’Auvergne aux évêques, qui règnent sans partage sur la ville de Clermont, et pour contrecarrer leur pouvoir, le comte d’Auvergne Guillaume VI décide de construire, sur une butte voisine propice aux fortifications, une ville rivale. C’est ainsi que la cité de Montferrand voit le jour, sur le modèle des bastides du Sud-Ouest, ces villes nouvelles du Midi, construites entre le 12ème et le 13ème siècles. Pendant tout le Moyen Âge et jusqu’à l’époque moderne, Clermont et l’actuel quartier de Montferrand restent deux villes distinctes : Clermont est la cité épiscopale, Montferrand la cité comtale.

[7] Vlora ou Vlorë anciennement Valone en français est une municipalité portuaire et une station balnéaire d’Albanie. Elle est située dans la baie de Valona, sur la mer Adriatique, à 100 km (135 km par la route) au sud de Tirana.

[8] L’Albanie : Elle possède une façade maritime à l’ouest, donnant sur la mer Adriatique et la mer Ionienne. L’Albanie partage également des frontières communes avec le Monténégro au nord et nord-ouest, le Kosovo au nord et nord-est, la Macédoine du Nord à l’est et nord-est et la Grèce au sud-est. Constitutionnellement, le pays a un régime politique de type démocratie parlementaire, sa capitale, Tirana, est aussi sa plus grande ville

[9] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[10] Les Petchénègues ou Petchenègues sont un peuple nomade d’origine turque qui apparaissent à la frontière sud-est de l’empire khazar au 8ème siècle. Ils s’installent au 10ème siècle au nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des Oghouzes, issue de Dağ Han (« prince montagne »).

[11] Le Vardar ou Axios est le plus long fleuve de la Macédoine géographique. Avec ses 388 km il traverse la République de Macédoine et le nord de la Grèce. Le Vardar prend sa source à Vroutok, à quelques kilomètres au sud de Gostivar, en République de Macédoine. Il traverse notamment les villes de Skopje et Vélès puis traverse la frontière grecque après Guevgueliya. Il se jette ensuite dans le golfe Thermaïque de la mer Égée, à l’ouest de Thessalonique, en Macédoine grecque. La partie grecque du fleuve est longue de 87 km. Le Vardar sépare en deux la République de Macédoine et sa vallée est le principal axe de communication du pays, puisqu’elle permet de rejoindre la Serbie au nord et la Grèce au sud.

[12] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[13] Le Bosphore est le détroit qui relie la mer Noire à la mer de Marmara et marque, avec les Dardanelles, la limite méridionale entre les continents asiatique et européen. Long de 32 kilomètres pour une largeur allant de 698 à 3 000 mètres, il sépare les deux parties anatolienne (Asie) et rouméliote (Europe) de la province d’Istanbul.

[14] Nicomédie est une ville d’Asie mineure, capitale du royaume de Bithynie. Elle est appelée Izmit aujourd’hui. Hannibal s’y donna la mort en 183 av. jc et l’historien Arrien y naquit vers 90.

[15] La Lotharingie désigne le royaume de Lothaire II du latin Lotharii Regnum, arrière-petit-fils de Charlemagne. Il fut constitué en 855. Après sa mort, elle fut l’enjeu de luttes entre les royaumes de Francie occidentale et de Francie orientale, avant d’être rattachée au Saint Empire romain germanique en 880. Il devint un duché au début du 10ème siècle. Dans la deuxième moitié du 10ème siècle, le duché fut scindé en un duché de Basse Lotharingie et un duché de Haute Lotharingie, qui deviendra la Lorraine.

[16] Nicée est une cité fondée vers 300 av. jc, tour à tour hellénistique, byzantine et ottomane du Nord-Ouest de l’Anatolie. Elle est surtout connue comme ayant été le siège des premier et deuxième conciles de Nicée en, respectivement, 325 et 787, le lieu où fut rédigé le symbole de Nicée (datant du premier concile) et la capitale de l’empire de Nicée après la conquête de Constantinople par les croisés en 1204 jusqu’à ce que cette dernière soit reprise par les Byzantins en 1261. La ville ancienne est située dans le périmètre de la nouvelle ville turque d’Iznik (dont le nom dérive de Nicée) à l’extrémité est du lac Ascanion (aujourd’hui lac d’İznik), entouré de collines au nord et au sud.

[17] Les Seldjoukides, sont les membres d’une tribu turcique qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran, puis sur un vaste domaine comprenant l’Irak actuel, et l’Asie Mineure, entre le milieu du 11ème siècle et la fin du 12ème siècle.

[18] Dorylée ou Dorylaion est une ancienne cité d’Anatolie, en Turquie. Ses ruines sont aujourd’hui situées à proximité de la ville d’Eskişehir. La ville existe déjà sous les Phrygiens, mais pourrait être plus ancienne. Après la conquête d’Alexandre le Grand, les terres restées au nord du ruisseau Porsuk sont donnés au royaume de Bithynie, celles restées au sud passant aux rois galates. Sous l’empire romain, la ville est un important centre commercial ; base militaire, elle devient également le siège d’un évêché.

[19] Héraclée du Pont ou Héraclée Pontique était une ville grecque de Bithynie située sur le Pont-Euxin. Elle a fait place à l’actuelle ville de Karadeniz Ereğli (Ereğli de la Mer Noire) dans la province de Zonguldak en Turquie. Située à environ 200 km à l’est du Bosphore, la ville fut fondée vers le 6ème siècle av. jc (-560/-558) par des colons de Mégare et de Béotie et fut nommée d’après Héraclès, dont les Grecs pensaient qu’il pénétra dans les Enfers via une grotte par laquelle l’Achéron les rejoignait. La ville devint rapidement prospère et établit ses propres colonies, dont Callatis, Chersonèse et Cidros - suscitant la convoitise de la Bithynie et de la Galatie voisines. Alliée de Rome en 185 av.jc, elle souffrit grandement des guerres de Mithridate. Prise et détruite par le proconsul Marcus Aurelius Cotta en 73av.jc, puis reconstruite, elle ne recouvra jamais sa prospérité d’antan.

[20] La Cilicie est une ancienne province romaine située dans la moitié orientale du sud de l’Asie Mineure en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’est par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province d’Adana : région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée. Vers 27, sous l’empereur Tibère, la Cilicie est rattachée à la province de Syrie. Certaines parties de la région restent néanmoins dirigée par des souverains locaux jusqu’à l’annexion complète par Vespasien en 74. La province est suffisamment importante pour qu’un proconsul y soit nommé.

[21] Tarse est située sur la rivière Tarsus. À l’origine, Tarse était un port maritime important. Aujourd’hui, ce port se trouve à une quinzaine de kilomètres à l’intérieur des terres, à cause d’un envasement important. D’origine hittite, comme la plupart des villes de Cilicie, Tarsus fut tour à tour assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine, arabe, arménienne et, pour terminer, ottomane et turque. Tarse est la ville natale de saint Paul, dit de Tarse, un juif et citoyen romain du nom de Saül.

[22] Édesse était la capitale de l’Osroène, un petit État d’abord indépendant de 132 av. jc à 216 ap. jc, devenu province romaine en 214, puis incorporé au diocèse d’Orient. Vers 204, Abgar IX se convertit au christianisme. C’est, dans l’histoire du christianisme, le premier roi chrétien. À la suite de cette conversion, le christianisme syriaque se développa autour d’Édesse et de nombreux monastères furent construits, en particulier celui de la colline, le Torâ d-Ourhoï. En 216, l’empereur Romain Caracalla s’empara définitivement du petit royaume, qui devint une province romaine. En 262, le roi des Perses sassanides Chahpuhr Ier occupa brièvement Édesse puis l’abandonna du fait de l’arrivée du roi de Palmyre Odenath II venu défendre la ville. Celui-ci, allié de l’empereur romain Gallien, avait en charge la défense de ses territoires en Orient. À partir de 250, Édesse, où le christianisme avait bien progressé, accueillit les chrétiens chaldéens, chassés de Perse par les Sassanides.

[23] Adana est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située à 30 kilomètres de la côte méditerranéenne. La ville comprend quatre districts, Yüreğir, Çukurova, Sarıçam et Seyhan. Adana est la cinquième ville de Turquie après Istanbul, Ankara, Izmir et Bursa. Pour les Turcs, la ville est associée à la gastronomie, notamment le kebab, le şalgam suyu (jus de navet) et les oranges, un climat chaud et la culture du coton.

[24] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[25] Le premier siège d’Antioche eut lieu du 21 octobre 1097 au 2 juin 1098. Le second siège lui succède lorsque les musulmans tentèrent de reprendre la ville aux croisés et dura du 7 juin au 28 juin 1098.

[26] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[27] Bethléem est une ville située en Cisjordanie, une région de Palestine, à environ 10 km au sud de Jérusalem, qui compte essentiellement des Palestiniens musulmans. La ville compte une petite communauté de chrétiens palestiniens, une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde. Son agglomération s’étend aux villes de Beit Jala et Beit Sahour. La ville est un important centre religieux. La tradition juive, qui l’appelle aussi Éphrata, en fait le lieu de naissance et de couronnement du roi d’Israël David. Elle est considérée par les chrétiens comme le lieu de naissance de Jésus de Nazareth. C’est un lieu de pèlerinage qui génère une activité économique importante à la période de Noël. La ville est également le siège d’un lieu saint du judaïsme, le tombeau de Rachel, situé à l’entrée de la ville.

[28] Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher ou Qubbat Aṣ-Ṣakhrah est un sanctuaire érigé à la fin du 7ème siècle sur ordre du calife Abd al-Malik ibn Marwan sur le mont du Temple. Il fait partie du Haram al-Sharif (le noble sanctuaire, connu en français sous le nom d’esplanade des Mosquées et partout ailleurs sous celui de mont du Temple), le site qui comprend aussi la mosquée al-Aqsa à Jérusalem-Est. Achevé en l’an 691 ou dans la seconde partie de l’année 692, son dôme est reconstruit en 1022 et rénové en 1089, 1318, 1448, 1830, 1874, 1962 puis complètement en 1994. Lors de cette dernière restauration, on pose des plaques de cuivre recouvertes d’une fine couche de nickel et d’or.

[29] Naplouse est une importante cité de Cisjordanie. Elle se situe à environ soixante-trois kilomètres au nord de Jérusalem. Ses habitants sont principalement des Palestiniens, dont environ 300 Samaritains. Le principal lieu saint de ceux-ci, le mont Garizim, surplombe en effet la ville. La ville abrite des lieux saints musulmans, chrétiens, samaritains et juifs. La cité fut fondée en l’an 72 par les Romains et fut initialement nommée Flavia Neapolis (« nouvelle cité de l’empereur Flavius »), à environ deux kilomètres à l’est de la cité biblique de Sichem, première capitale du royaume d’Israël. Vespasien la fait construire à la place d’un ancien village samaritain dénommé Mabartha.

[30] Les Fatimides (également appelés Obeydides ou Banu Ubayd depuis le manifeste de Bagdad ont formé une dynastie califale arabe chiite ismaélienne d’ascendance alide qui régna, depuis l’Ifriqiya (entre 909 et 969) puis depuis l’Égypte (entre 969 et 1171), sur un empire qui englobait une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient. Issus de la branche religieuse chiite des ismaéliens pour laquelle le calife doit être choisi parmi les descendants d’Ali, cousin et gendre du prophète de l’islam Mahomet, les Fatimides considèrent les Abbassides sunnites comme des usurpateurs de ce titre. L’établissement de leur califat débute au Maghreb, grâce à l’appui des Berbères Kutama, grande tribu qui était établie à l’est de l’actuelle Algérie qui vont renverser le pouvoir local aghlabide. Après un intermède en Ifriqiya, ils finiront par s’établir dans la ville du Caire qui pendant leur règne prendra un essor considérable.

[31] aujourd’hui Ashkelon, en Israël

[32] La Galilée est souvent citée dans l’Ancien Testament, et sa partie septentrionale évoquée comme "la Galilée des Gentils" dans le Nouveau Testament. Elle est décrite par Flavius Josèphe qui évoque son histoire, son peuplement sa géographie, et lui donne deux parties : la Galilée supérieure, en grande partie peuplée de Gentils, et la Galilée inférieure, en grande partie peuplée de Juifs. Son nom de Galilée pourrait venir d’un peuplement celte, comme plus au nord la Galatie. Elle recouvrait avant la Captivité les territoires des tribus d’Issacar, de Zabulon, de Nephthali et d’Asher. Comme les Galiléens étaient de bons cultivateurs, plantant des figuiers, des oliviers, des noyers, des palmiers, des habiles artisans et de bons pêcheurs, la Galilée était prospère avec 400 villes, certaines très peuplées.

[33] La principauté de Galilée, aussi appelée principauté (ou seigneurie) de Tibériade ou de Tibérias est le plus ancien fief du royaume de Jérusalem. Tancrède de Hauteville fonde la principauté au lendemain de la prise de Jérusalem. Vassal du roi de Jérusalem, il abandonne ses droits sur la principauté lors de son installation à Antioche, siège d’une principauté souveraine. Le roi confia le fief à plusieurs seigneurs. Le fief fut conquis par Saladin après la bataille de Hattin en 1187. Elle fut momentanément rendue aux croisés de 1240 à 1247.

[34] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[35] Caïffa ou Caifa ou Cayphas est le nom d’une ville qui se trouvait en bord de mer et qui faisait partie du royaume de Jérusalem. Aujourd’hui elle porte de nom de Haïfa et se trouve en Israël. En 1100, les Croisés font le siège de la ville et l’enlèvent avant de l’intégrer dans la principauté de Galilée. Ce sont les Mamelouks qui reprennent les lieux en 1265 avant qu’elle ne soit progressivement désertée et abandonnée jusqu’au 17ème siècle.

[36] Le titre d’avoué du Saint-Sépulcre est le seul accepté par le duc de Basse-Lotharingie Godefroy de Bouillon, lorsqu’on lui offre le trône de Jérusalem au lendemain de la prise de la ville, en 1099 par les croisés. Il refuse d’être couronné d’or là où le Christ a porté une couronne d’épines. Dès sa mort, son frère et successeur, Baudouin 1er refuse de se contenter du titre d’avoué du Saint Sépulcre et s’intitule roi de Jérusalem.

[37] Le comté de Tripoli (comté de Tortose jusqu’en 1109) était l’un des États latins d’Orient fondés à la faveur de la première croisade. Il était situé sur le territoire de l’actuel Liban et subsista de 1102 à 1289.

[38] Les Danichmendides ou Danishmendites forment une dynastie turque convertie à l’islam, qui a régné aux 11ème et 12ème siècles, sur une partie de l’Anatolie, au moment des premières invasions turques par les Grands Seldjoukides après la défaite des Byzantins à la Bataille de Manzikert contre le Seldjoukide Kılıç Arslan. Cette dynastie laisse ensuite la place aux Seldjoukides de Roum.

[39] Malatya est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom. La population de Malatya est principalement turque, mais la ville accueille aussi une minorité arménienne et kurde. Il s’agit de l’ancien emplacement de Mélitène, fort et chef lieu de la province romaine de l’Arménie. Mélitène fut un grand centre du christianisme monophysite. Byzantine, la ville tombe aux mains des Arabes au 7ème siècle. Basile 1er l’isole mais ne réussit pas à la prendre. Reprise par les Byzantins en 934, la cité est ensuite intégrée aux possessions de Philaretos Brakhamios, serviteur arménien de l’empire qui prend son autonomie à la mort de Romain IV Diogène, en 1071. Après sa chute en 1085, Mélitène est défendue par son lieutenant Gabriel contre les Seldjoukides, qui assiègent la cité en 1097. L’arrivée des Croisés les oblige cependant à lever le siège et à quitter la région. Malgré l’alliance avec Baudouin du Bourg, comte d’Édesse, Mélitène est prise en 1103 par les Danichmendides. Militène fut le siège du patriarcat jacobite de 1094 à 1293.

[40] La principauté d’Antioche, dont le territoire est en Turquie et en Syrie, était l’un des États latins d’Orient constitué lors des croisades (1098-1268).

[41] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[42] Le titre de « patriarche d’Antioche » est traditionnellement porté par l’évêque d’Antioche (dans l’actuelle Turquie). L’Église d’Antioche est l’une des plus anciennes de la chrétienté, son institution remontant à l’apôtre Pierre. Aujourd’hui, pas moins de cinq chefs d’Église, dont trois catholiques, portent le titre de « patriarche d’Antioche ». Aucun d’entre eux ne réside à Antioche / Antakya depuis la présence musulmane majoritaire en Turquie.

[43] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[44] Lattaquié est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat homonyme. Cette ville est établie sur un site très anciennement occupé, proche de l’ancienne Ougarit. La cité qui fut un chef-lieu de satrapie sous le royaume séleucide portait alors le nom de Laodicée-de-Syrie ou Laodicée-sur-Mer parce qu’elle a été refondée par Séleucos I1er qui a donné à la ville le nom de sa mère Laodicé et de sa fille. Après la domination romaine et byzantine, elle fit partie, à l’époque des croisades, de la principauté d’Antioche, avant de retomber aux mains des Mamelouks puis des Turcs (Empire ottoman). Pendant l’entre-deux-guerres, elle est la capitale d’un éphémère État des Alaouites sous mandat français. Elle doit son importance ancienne et actuelle, d’une part au fait qu’elle possède le seul port bien protégé de la côte syrienne et, d’autre part, à la proximité de la vallée fertile de l’Oronte, ce qui a entraîné la création d’une industrie alimentaire et textile.

[45] Le nom de la cité proviendrait du grec Tripolis. Elle aurait été nommée ainsi du fait de sa séparation en trois parties distinctes par les commerçants venant de Tyr, Sidon et Aradis. À partir de 1070, Tripoli est sous la domination de la famille Banû ’Ammâr, qui s’est rendue indépendante des califes fatimides d’Égypte. En 1102, lors de la première croisade, la ville est assiégée par Raymond IV de Saint Gilles et défendue par le cadi Fakhr al-Mulk ibn-Ammar. Le siège dure près de 10 ans, infligeant de lourds dégâts à la ville, qui tombe aux mains des croisés en 1109. Elle est ensuite, durant le temps des croisades, la capitale du comté de Tripoli, l’un des principaux États francs du Levant.

[46] Le comté de Tripoli (comté de Tortose jusqu’en 1109) était l’un des États latins d’Orient fondés à la faveur de la première croisade. Il était situé sur le territoire de l’actuel Liban et subsista de 1102 à 1289.

[47] La bataille de Harran est une bataille qui a opposé les musulmans aux Francs le 7 mai 1104. Si les Francs avaient remporté cette bataille, la route de Mossoul et éventuellement celle de Bagdad leur aurait été ouverte, mais cette défaite marque l’arrêt de leur expansion en Orient.

[48] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[49] Le terme calife, est une romanisation de l’arabe khalîfa, littéralement « successeur » (sous-entendu du prophète), titre porté par les successeurs de Mahomet après sa mort en 632 et, pour les sunnites, jusqu’à l’abolition de cette fonction par Mustafa Kemal Atatürk en 1924. Les ibadites ne reconnaissent plus aucun calife depuis 657. L’autorité d’un calife s’étend sur un califat. Il porte aussi le titre de commandeur des croyants, titre aboli chez les chiites après la mort d’Ali. Les critères de choix sont différents entre les chiites et les sunnites mais le porteur du titre a pour rôle de garder l’unité de l’islam et tout musulman lui doit obéissance : c’est le dirigeant de l’oumma, la communauté des musulmans.

[50] Les Abbassides sont une dynastie arabe musulmane qui règne sur le califat abbasside de 750 à 1258. Le fondateur de la dynastie, Abû al-Abbâs As-Saffah, est un descendant d’un oncle de Mahomet, Al-Abbas ibn Abd al-Muttalib. Proclamé calife en 749, il met un terme au règne des Omeyyades en remportant une victoire décisive sur Marwan II à la bataille du Grand Zab, le 25 janvier 750. Après avoir atteint son apogée sous Hâroun ar-Rachîd, la puissance politique des Abbassides diminue, et ils finissent par n’exercer qu’un rôle purement religieux sous la tutelle des Bouyides au 10ème siècle, puis des Seldjoukides au 11ème siècle. Après la prise de Bagdad par les Mongols en 1258, une branche de la famille s’installe au Caire, où elle conserve le titre de calife sous la tutelle des sultans mamelouks jusqu’à la conquête de l’Égypte par l’Empire ottoman, en 1517.

[51] Durrës est la deuxième plus grande ville d’Albanie après Tirana. Elle est le principal port du pays. Dans l’Antiquité, elle fut la capitale de la province d’Épire, sous les noms d’Épidamne ou Dyrrhachium

[52] Le traité de Déabolis aussi appelé traité de Devol (ou Dévol) est un accord signé en 1108 entre Bohémond 1er d’Antioche et l’empereur byzantin Alexis 1er Comnène, à la suite de la Première croisade. Le traité tire son nom de la forteresse byzantine de Devol située en Albanie. Le traité, non appliqué, a pour but de faire de la principauté d’Antioche un État vassal de l’Empire byzantin.

[53] La République de Gênes est l’une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de 8 siècles, du milieu du 11ème siècle à 1797, après l’abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole.

[54] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[55] En 637, le général arabe Khalid ibn al-Walid conquit la Syrie face aux Byzantins. D’abord partie intégrante du califat omeyyade, puis abbasside, la ville d’Alep est confiée à partir du 10ème siècle à des émirs qui se la transmettent héréditairement.

[56] Homs, anciennement Émèse est une ville de Syrie, située sur l’Oronte à la sortie d’un lac artificiel, au centre d’une plaine vaste et fertile qui s’étend, à environ 500 mètres d’altitude, au débouché septentrional de la vallée de la Bekaa. Ce site constitue un carrefour des axes qui relient Damas à Alep (à environ 140 et 170 km de Homs respectivement) et d’est en ouest, via une trouée naturelle dans la double barrière montagneuse qui longe le littoral levantin l’oasis de Palmyre (à 150 km) à la mer Méditerranée (les ports de Tartous et de Lattaquié sont à 80 et 120 km)

[57] Le krak des Chevaliers est un château fort, emblématique de la Renaissance du 12ème siècle. Datant de l’époque des croisades, il est situé dans l’ouest de la Syrie, sur les derniers contreforts du jabal Ansariya. Les Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem gèrent le fort de 1142 à 1271, date de sa conquête par Baybars, sultan des Mamelouks. Cette conquête met fin à 129 ans d’invincibilité du fort.

[58] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.