Oldéric-Manfred II d’Oriate (mort vers 1034/1035)
Seigneur de la marche de Turin-Marquis de Suse
Apparenté à la famille Ardouin [1], Oldéric-Manfred II est le fils d’Oldéric-Manfred 1er et de Prangarda fille d’Attone de Canossa [2], comte de Modène [3] et Reggio [4].
Oldéric-Manfred hérite de la marche de Turin [5]. Selon la charte de fondation de l’Abbaye de Saint-Just de Suse [6] de 1029, la généalogie de la famille du marquis révèle qu’il aurait eu 5 frères.
Devenu marquis au 11ème siècle, Oldéric-Manfred II sait consolider le pouvoir des Arduin s’entremettant dans la lutte entre Arduin d’Ivrée et l’Empire.
Dans un diplôme impérial daté 31 juillet 1001, en récompense de ses loyaux services, l’empereur Othon III confirme les possessions d’Oldéric-Manfred.
Oldéric-Manfred, immédiatement après avoir assumé la succession de son père, consolide son pouvoir vis-à-vis d’Arduin, marquis d’Ivrée, et de l’empereur Henri II. Lors de leur conflit pour le contrôle du royaume d’Italie, il obtient vers 1015, de vastes territoires aux dépens de la marche d’Ivrée [7].
Ses domaines deviennent très vastes. Dans deux chartes, cosignées avec son épouse Bertha reine d’Italie , relatives à une vente à un prêtre nommé Sigifried, fils d’Adalgis vers 1021 et à une donation au monastère de Saint-Soluture de Turin en 1031, on peut lire la liste des territoires qu’il contrôle [8]. Pour éviter les conflits avec l’Empire, il ne se préoccupe pas trop d’étendre ses territoires par les armes, mais il gère plutôt au mieux ses terres afin d’accroître son contrôle et sa puissance.
La capitale de la marche se trouve à Turin [9], bien qu’elle soit un bourg et ceci en raison de sa position stratégique au centre de ses territoires. Oldéric-Manfred ne réside pas souvent dans la ville et il se déplace régulièrement pour gérer au mieux ses domaines.
Oldéric-Manfred fait restaurer l’antique église de Santa Maria Maggiore de Suse* et l’abbaye de la Novalaise [10], il fait fortifier les bourgs d’Exilles [11] et de Bardonèche [12]. Il fait construire un important monastère à Suse en 1027, qui, au cours de années suivantes, atteint une certaine importance ainsi que celle de Caramagna [13].
Notes
[1] Les Ardouin dits aussi Arduinides, constituent un lignage d’origine franque. Roger et son frère Ardouin étaient fils d’un seigneur de Normandie aussi nommé Ardouin. Ces deux frères, cités dans la Chronique Novalaise, ainsi qu’un certain Alineus, émigrent en Italie vers 888 et deviennent vassaux du comte d’Auriate. Ils accompagnent le duc Guy III de Spolète qui, après la destitution de l’empereur Charles III le Gros en 887 et une tentative sans succès de se faire élire roi de Francie (face à Eudes de Paris), entre en lice avec Bérenger de Frioul pour le titre de roi d’Italie. Le fils de Roger, Ardouin le Glabre était l’un des trois nobles à qui le roi Bérenger II donna des margravats nouvellement formés : il eut le margravat de Turin avec les territoires d’Auriate, Turin, Asti, Albenga, Bredulo, Alba et Vintimille. Adélaïde de Suse, fille et héritière d’Oldéric-Manfred II, épouse Othon, fils du comte Humbert, à l’origine de la maison de Savoie.
[2] Canossa est une commune italienne dans la province de Reggio d’Émilie en Émilie-Romagne. Le nom provient du château de la comtesse Mathilde de Toscane, le château de Canossa.
[3] Modène est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom située en Emilie Romagne. La ville se situe sur la Via Emilia, route romaine qui relie Piacenza jusqu’à Rimini sur la côte Adriatique. Au cœur de la vallée du Pô, la ville est entourée de deux rivières, la Secchia et le Panaro qui sont deux affluents du Pô, le plus important fleuve du territoire italien. La ville s’élève à 34 mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer, dans une zone complètement plate. Au sud de la province de Modène se trouve le parc régional de l’Appennino modenese, au cœur de la chaîne de montagne des Appennini.
[4] Reggio d’Émilie est une ville italienne, chef-lieu de la province de Reggio d’Émilie, en Émilie-Romagne (Italie). Au moment de sa fondation par le général romain Lépide, Rhegium Lepidi appartenait à la Gaule cisalpine, dans le territoire des Boïens. Par la suite, après l’intégration de la Gaule cisalpine à l’Italie romaine, elle fit partie de la région VIII, Aemilia. Lors des invasions barbares, en 409 elle fut détruite par les Goths, quelques siècles plus tard elle fut relevée par Charlemagne. Devenue l’une des républiques lombardes au Moyen Âge, elle finit par tomber sous la domination de la maison d’Este en 1290.
[5] La marche ou marquisat de Turin est un territoire de l’Italie médiévale du milieu du 10ème siècle, alors établi comme Marche d’Ardouin. Le territorie comprenait plusieurs comtés du Piémont, dont celui de Turin, d’Auriate, d’Albenga et probablement de Vintimille. Les confins de la marche s’étiraient à travers la plaine du Pô, des Alpes occidentales au nord jusqu’à la Ligurie. Dans la seconde moitié du 11ème siècle, la dynastie humbertienne, future maison de Savoie, acquiert, à la suite du mariage, d’Othon, fils du comte Humbert, avec Adélaïde de Suse, l’héritière des Arduinides, Suse, Turin, Ivrée, Pignerol, Albenga
[6] L’abbaye Saint-Just est une ancienne abbaye fondée en 1027, située sur le territoire communal de Suse dans le Piémont. Aujourd’hui, l’abbaye correspond au siège de l’évêché et à la cathédrale.
[7] La marche d’Ivrée, ou le marquisat d’Ivrée, était une marche, principauté territoriale située au Nord-ouest du royaume d’Italie, correspondant à la région naturelle du Canavais, dont la capitale était Ivrée.
[8] Parme, Plaisance, Pavie, Tortone, Vercelli , Acqui Terme, Asti, Ivrée, Turin, Alba, Albenga et Vintimille
[9] Turin est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom et de la région du Piémont. Turin fut la capitale des États de Savoie de 1563 à 1720, du royaume de Piémont Sardaigne de 1720 à 1861 et du royaume d’Italie de 1861 à 1865.
[10] L’abbaye de la Novalaise, également écrit Novalèze et Novalesa est une abbaye bénédictine située dans la commune italienne de Novalaise (Novalesa) en val de Suse, dans la région du Piémont, au pied du col du Mont Cenis.
[11] Exilles est une commune italienne de la ville métropolitaine de Turin dans la région du Piémont. La commune compte sur son territoire le fort d’Exilles.
[12] Bardonnèche est une commune italienne, située dans la ville métropolitaine de Turin dans la région Piémont. La « cuvette de Bardonnèche » (la « conca di Bardonecchia »c en italien) appartient à la zone traditionnellement provençale de la vallée de Suse.
[13] Caramagna-Piemonte est un village italien dans la province de Coni, en Piémont.