Né dans une famille noble, il serait le neveu du patriarche Taraise, dont la famille, est connue depuis la fin du 7ème siècle ; sa mère, Irène, est la sœur du patriarche iconoclaste Jean VII le Grammairien.
Il acquit une culture encyclopédique et enseigna la philosophie, les mathématiques, la logique, la dialectique et la théologie, avant d’occuper la position importante de prôtasèkrètis [1] dans l’administration, c’est-à-dire chef de la chancellerie impériale. Il participa à une ambassade auprès des musulmans en 838, 845 ou 855. Bien qu’étant encore simple laïc, il fut élu à la succession du patriarche Ignace lorsque celui-ci fut déposé en 858. Il jouissait du soutien de l’empereur Michel III et du césar Bardas. L’abdication d’Ignace ouvrit une lutte d’influence à l’intérieur de l’Église, le parti d’Ignace réussissant à obtenir le soutien du pape Nicolas 1er. En 863 ce dernier le dépose, il riposte en décrétant la rupture avec Rome et exhorte dans une encyclique le roi Louis II à déposer le pape. Mais c’est Photius qui est condamné et exilé en 867, tandis qu’Ignace retrouve le trône du patriarcat constantinopolitain grâce au soutien de l’empereur Basile 1er qui a besoin de l’aide des Italiens contre les armées musulmanes.
Néanmoins, en 876, il est rappelé à Constantinople pour s’occuper de l’éducation des enfants de l’empereur. Et lorsque Ignace meurt en 878, c’est Photius qui est élu patriarche. L’année suivante, en novembre 879, un concile est réuni dans la capitale byzantine, auquel assiste le pape Jean VIII qui reconnaît formellement Photius comme patriarche, mais ne cède pas sur la question de la juridiction ecclésiastique sur la Bulgarie.
La période d’hostilité qui s’ouvre après l’assassinat de Jean VIII à Rome est parfois considérée comme les prémisses du schisme de 1054.
Dans le conflit qui oppose Basile à son fils Léon VI, il prend le parti du père et se retrouve donc de nouveau déposé et exilé à la mort de celui-ci en 886.
Grand érudit, excellent connaisseur de la littérature antique, il est à l’origine d’un renouveau des études classiques dans la capitale byzantine. Il explique et commente des auteurs antiques, tel Aristote, et réunit le fruit de ces recherches dans son œuvre majeure la Bibliothèque, encore appelée “Myriobiblon”, dédiée à son frère.
Il est également l’auteur d’un Lexikon, une compilation des termes et expressions remarquables qu’il notait au cours de ses lectures. Tout comme le Myriobiblon, cette œuvre est antérieure au patriarcat.
En tant que patriarche, son ouvrage le plus connu est la “Mystagogie du Saint Esprit”, dans lequel il développe l’argumentation orthodoxe contre la doctrine du filioque [2].
Il est aussi l’auteur d’un traité contre les Pauliciens [3] ; “de Nomocanon [4]” et d’un recueil de 300 réponses exégétiques adressées à l’archevêque de Cyzique [5], Amphilochus, “les Amphilochia”.