Naissance et évolution de 2 empires
L’émergence aux extrémités de la Terre de 2 empires autrement plus durables que celui d’Alexandre.
Le premier est l’empire chinois :
Il doit sa naissance à un homme d’exception, Zhen Ying, qui est connu dans l’Histoire sous le nom de Qin Shi Huangdi (Premier empereur Ts’in). Zhen Ying monte sur le trône d’un petit royaume à l’âge de 13 ans en 247 av. jc.
À 21 ans, il entreprend de réduire tous les royaumes rivaux qui se partagent la Chine du nord. Il y réussit en une dizaine d’années.
Pour prévenir de nouvelles scissions, l’empereur unifie l’administration, la monnaie, les systèmes de mesure et surtout l’écriture. Il fait aussi brûler les livres anciens et persécute les disciples de Confucius, Lao Tseu et Mencius , qui cultivent la nostalgie du régime antérieur. Il fait creuser des canaux d’irrigation pour prévenir sécheresses et famines. Beaucoup sont encore en service.
Pour protéger le pays contre les Mongols [1], Zhen Ying réunit en une ligne continue les fortifications éparses des confins septentrionaux. C’est ainsi qu’au prix d’efforts immenses, la Chine se dote de la Grande Muraille [2], le plus long monument créé de main d’homme.
Zhen Ying envoie également une armée au sud du fleuve Yang Tseu Kiang [3] et procède à des échanges massifs de populations pour introduire la culture chinoise dans la région. La Chine, auparavant limitée au bassin céréalier du fleuve Jaune [4], va étendre son emprise dans les régions méridionales au climat tropical, aux collines boisées et aux vallées rizicoles.
Obnubilé à la fin de sa vie par la quête de l’immortalité, l’empereur se fait construire un fabuleux tombeau où il est inhumé en compagnie de 7000 soldats en terre cuite et en grandeur nature. Ce tombeau fut découvert en 1974, près de la ville de Xian [5].
La mort du Premier empereur Ts’in est suivie de graves troubles et il faut attendre 8 ans avant qu’un aventurier du nom de Lieou Pang ne rétablisse l’ordre. Le nouvel empereur consolide l’œuvre de son prédécesseur. Sa dynastie, les Han [6], va régner sur la Chine pendant 4 siècles et les Chinois lui en gardent une telle reconnaissance qu’aujourd’hui encore, ils se dénomment officiellement fils des Han ou Han tout court.
Le deuxième : l’empire perse
Durant la Période séleucide [7] de 331 av. jc à 140 av.jc : l’empire Perse achéménide [8] tombe sous les coups d’Alexandre le Grand, et après la mort de ce dernier et les luttes qui s’ensuivent, la Mésopotamie est dominée par les Séleucides. La culture mésopotamienne entre dans l’orbite culturelle hellénistique et connaît à cette période un déclin qui s’accélère au 2ème siècle av. jc.
Durant la Période parthe de 140 av. jc à 224 apr. jc les Parthes [9] chassent finalement les Séleucides de Mésopotamie dans le courant du 2ème siècle apr. jc.
C’est sous leur règne que disparaît définitivement l’antique culture mésopotamienne, qui subsistait jusqu’alors dans le milieu des temples de Babylonie [10].
À noter un intermède romain avec les conquêtes de Trajan en 116 qui prit la capitale parthe Ctésiphon [11] et descendit jusqu’au Golfe Persique [12], avec l’ambition de reconquérir l’empire d’Alexandre. Son successeur, Hadrien, abandonne ces territoires dès son avènement en 117.
Plus tard, l’empereur Septime Sévère arrachera définitivement la Mésopotamie du Nord aux Parthes lors de ses campagnes de 195 à 198.
Notes
[1] Pendant toute l’Antiquité, les Turco-Mongols vécurent en guerriers nomades, faisant régulièrement des raids en Chine, et établissant de temps en temps des empires éphémères, dirigés par des hommes de guerre forts mais s’effondrant dès la mort de ceux-ci. Les hommes se divisaient alors en multiples tribus, ce qui les rendait beaucoup plus vulnérables. À l’instar des Romains, les Chinois se servaient parfois d’une de ces tribus pour se protéger d’une autre. Les Turcs comme les Mongols ont conquis de nombreuses terres en occident. Certains peuples de ces deux cultures se retrouvent en Europe (Huns, Horde d’or…), où à l’Ouest de l’Asie, d’autres sont restés attachés à leur terres comme les Kazakhs et Kirghizes (Turcs) ou certains Mongols.
[2] La Grande Muraille est un ensemble de fortifications militaires chinoises construites, détruites et reconstruites en plusieurs fois et à plusieurs endroits entre le 3ème siècle av. jc et le 17ème siècle pour marquer et défendre la frontière nord de la Chine. C’est la structure architecturale la plus importante jamais construite par l’Homme à la fois en longueur, en surface et en masse. Populairement, on désigne sous le nom de « Grande Muraille » la partie construite durant la dynastie Ming qui part de Shanhaiguan sur le territoire de la ville de Qinhuangdao dans la province du Hebei à l’Est pour arriver à Jiayuguan dans la province du Gansu à l’Ouest. Sa longueur varie selon les sources. Selon un rapport de 1990, la longueur totale des murs serait de 6 259,6 km.
[3] Le Yangtsé, Yang-Tsé-Kiang ou Yangzi Jiang également en français fleuve Bleu (par opposition au fleuve Jaune, l’autre grand fleuve chinois, plus au nord), est le plus important des fleuves de Chine et d’Asie avec un débit moyen de 30 000 m3/s et une longueur de 6 380 km. C’est le troisième fleuve du monde par sa longueur après l’Amazone et le Nil, ainsi que par son débit après l’Amazone et le Congo. Ce n’est que le dixième fleuve pour la superficie de son bassin versant, mais celui-ci est le plus peuplé. Il est le plus important au monde à couler entièrement dans un seul pays. Le Yangtsé prend sa source dans l’Ouest du pays sur le plateau tibétain, dans une région aride et dépourvue d’habitants à plus de 5 300 m d’altitude. Son cours prend d’abord une orientation sud-est et il descend du plateau de manière torrentielle en circulant dans des gorges profondes creusées dans les monts Hengduan. À près de 2 000 km de sa source, le Yangtsé arrive aux abords du plateau Yunnan-Guizhou et prend une direction générale ouest-est qu’il va conserver jusqu’à son débouché dans la mer de Chine orientale.
[4] Le fleuve Jaune est le deuxième plus long fleuve de Chine après le Yangzi Jiang. Long de 5 464 kilomètres, il prend sa source dans le plateau tibétain et après avoir traversé les provinces de Gansu, Ningxia, Mongolie-Intérieure, Shaanxi, Shanxi, Henan et Shandong il se jette dans la mer de Bohai, dans la mer Jaune. Le bassin versant du fleuve d’une superficie de 752 443 km² est caractérisé par un climat en grande partie semi-aride qui explique le débit modéré du fleuve à son embouchure (2 571 m3/s). Le fleuve Jaune a joué un rôle crucial dans l’histoire de la Chine car la civilisation chinoise est née au confluent du fleuve et de son affluent le Wei He puis s’est développée le long de son cours.
[5] Chang’an était une ancienne capitale de plus de 10 dynasties de l’histoire chinoise , aujourd’hui connue sous le nom de Xi’an. Chang’an signifie "Paix perpétuelle" en chinois classique car c’était une capitale qui était utilisée à plusieurs reprises par les nouveaux dirigeants chinois. Pendant la courte dynastie Xin , la ville fut rebaptisée "paix constante" ; l’ancien nom a ensuite été restauré. Au moment de la dynastie Ming, une nouvelle ville fortifiée nommée Xi’an, signifiant "paix occidentale", a été construite sur le site de la ville de la dynastie Sui et Tang, qui est restée son nom jusqu’à nos jours.
[6] La dynastie Han régna sur la Chine de 206 av. jc à 220 apr. jc. Deuxième des dynasties impériales, elle succéda à la dynastie Qin (221 - 206 av. jc) et fut suivie de la période des Trois Royaumes (220/265). Fondée par Liu Bang, chef de guerre d’origine paysanne révolté contre la dynastie Qin, elle compta 28 empereurs.
[7] Les Séleucides sont une dynastie hellénistique issue de Séleucos 1er, l’un des diadoques d’Alexandre le Grand, qui a constitué un empire formé de la majeure partie des territoires orientaux conquis par Alexandre, allant de l’Anatolie à l’Indus. Le cœur politique du royaume se situe en Syrie, d’où l’appellation courante de « rois de Syrie ». Les Séleucides règnent jusqu’au 2ème siècle av. jc sur la Babylonie et la Mésopotamie dans la continuité des Perses achéménides.
[8] L’Empire achéménide est le premier des Empires perses à régner sur une grande partie du Moyen-Orient. Il s’étend alors au nord et à l’ouest en Asie Mineure, en Thrace et sur la plupart des régions côtières de la mer Noire ; à l’est jusqu’en Afghanistan et sur une partie du Pakistan actuels, et au sud et au sud-ouest sur l’actuel Iraq, sur la Syrie, l’Égypte, le nord de l’Arabie saoudite, la Jordanie, Israël et la Palestine, le Liban et jusqu’au nord de la Libye. Le nom « Achéménides se rapporte au clan fondateur qui se libère vers 556 av. jc de la domination des Mèdes, auparavant leurs suzerains, ainsi qu’au grand empire qui résulte ensuite de leur fusion. L’empire fondé par les Achéménides s’empare de l’Anatolie en défaisant la Lydie, puis conquiert l’Empire babylonien et l’Égypte, unissant les plus anciennes civilisations du Moyen-Orient dans une seule entité politique de façon durable. L’Empire achéménide menace par 2 fois la Grèce antique et prend fin, vaincu par Alexandre le Grand, en 330 av. jc.
[9] La Parthie est une région historique située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides et berceau de l’Empire parthe qui domine le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av. jc. et 224 ap. jc. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord (aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan) et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.
[10] La civilisation babylonienne s’épanouit en Mésopotamie du Sud du début du 2ème millénaire av. jc jusqu’au début de notre ère. Elle prit corps à partir de l’héritage des civilisations du Sud mésopotamien plus anciennes (Sumer et Akkad) dont elle est historiquement la prolongation. Elle prend corps avec l’affirmation politique de Babylone, État qui fut à partir du 18ème siècle av. jc l’entité politique dominant le Sud mésopotamien, et ce pendant plus d’un millénaire.
[11] Ctésiphon est une ancienne ville parthe, située face à Séleucie du Tigre, sur la rive gauche du Tigre, à 30 km au sud-est de la ville actuelle de Bagdad, en Irak. La ville s’étendait sur 30 km².
[12] Le golfe Persique est un golfe de l’océan Indien qui s’étend sur une superficie de 251 000 km². Il sépare l’Iran (l’ancienne Perse) de la péninsule arabique. À l’est, il communique avec le golfe d’Oman et la mer d’Arabie en passant par le détroit d’Ormuz. La profondeur du golfe Persique ne dépasse pas les 100 m et la salinité y est très forte.