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Appius Claudius Caecus

lundi 29 avril 2024, par lucien jallamion

Appius Claudius Caecus

Politicien et auteur romain-Censeur en 312 av.jc-Consul en 307 et 296 av. jc

Issu de la gens Claudia [1], fils de Caius Claudius Crassus , il est le premier écrivain latin connu, important à Rome certains des principes pythagoriciens.

Son activité de réforme des institutions, de l’armée, et sa politique édilitaire, frappèrent en effet durablement l’esprit de ses contemporains et la mémoire collective des Romains de l’époque médio-républicaine.

Plusieurs constructions réalisées à son initiative portent ainsi son nom : la Via Appia [2], allant de Rome à Brindes [3], mais aussi l’Aqua Appia [4], premier aqueduc de Rome.


Les sources littéraires anciennes qui évoquent la personnalité et l’activité d’Appius Claudius Caecus sont relativement nombreuses [5], mais dans l’ensemble souvent postérieures de plusieurs siècles à la vie du personnage. Le premier élément de sa carrière que l’on connaisse nous est donné parVarron, il s’agit de sa censure de 312 av. jc ; le dernier élément de sa vie connu est quant à lui son discours au sujet de la guerre contre Pyrrhus, en 280 av. jc.

La source la plus ancienne au sujet d’Appius Claudius Caecus est l’auteur latin Ennius, conservé par fragments de ses Annales uniquement, notamment un passage rapporté par Cicéron. On peut ensuite mentionner Lucius Calpurnius Piso Frugi, puis Caius Licinius Macer , qui composèrent des Annales entre la période des Gracques [6] et la dictature de Sylla.

Cicéron nous livre quelques allusions, mais c’est surtout à 2 auteurs que l’on doit le plus d’informations : Diodore de Sicile, probablement sur la base de sources plus anciennes et Tite-Live, qu’on a souvent jugé plus fiable que Diodore au sujet d’Appius, qui constitue de fait la source majeure sur la question, même si la perte de la Deuxième Décade de l’Ab Urbe Condita nous prive du récit après 293 av. jc. Les sources de Tite-Live sont assez bien connues, puisqu’elles relèvent de l’annalistique récente, antérieure à la fin de la République.

L’essentiel des éléments rapportés de la vie d’Appius Claudius Caecus dans ces sources semble assez fiable, notamment du fait de la proximité chronologique entre la vie d’Appius et les premiers annalistes. Une partie des informations sur sa vie a aussi pu parvenir aux auteurs postérieurs par le biais des archives familiales des Claudii [7], et ses privata monumenta. Par ailleurs, son masque funéraire servit de modèle à différentes reproductions qui furent potentiellement exposées dans le temple de Bellone [8] qu’il fit construire, sous forme d’imagines clipeata. Ces portraits de l’homme auraient servi de base à la statue en son honneur érigée par Auguste au sein de la galerie des summi viri du forum [9] que le premier empereur fit bâtir à Rome. La statue était accompagnée d’une inscription en deux parties dont une copie a été découverte à Arezzo [10].


Ses œuvres littéraires ne sont connues que par fragments. Appius Claudius Caecus a en outre contribué à la publication de formules judiciaires [11] qui jusque-là étaient secrètes, connues du seul collège des pontifes [12]. Ce recueil est connu sous le nom de Ius Flavianum.

C’est l’un des premiers hommes d’Etat romain sur qui l’on ait des renseignements biographiques autres que légendaires. Sa cécité, considérée comme certaine par les anciens annalistes, est, en fait, improbable ; cette méprise des anciens résulte du surnom qu’Appius Claudius avait hérité d’un ancêtre.

On sait qu’il fut censeur en 312 av. jc, 2 fois préteur [13], et 2 fois consul en 307 et en 296 av. jc. Il fut également dictateur [14], et mena des campagnes contre les Samnites [15] et les Etrusques [16].

Mais son nom brille surtout dans les activités civiles. C’est lui qui convertit le cens foncier en cens monétaire, pour l’obtention du droit de cité

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Michel Humm, « Appius Claudius Caecus et la construction de la Via Appia », Mélanges de l’École française de Rome (Antiquité), 1996

Notes

[1] la gens Claudia, l’une des plus anciennes et plus importantes familles romaines.

[2] La voie Appienne (Via Appia) est une voie romaine de près de 500 km de longueur, partant de Rome, longeant la côte tyrrhénienne, traversant les terres de la Campanie et de la Basilicate pour terminer dans les Pouilles. Elle fut construite en 312 av. jc. Elle joignait à l’origine Rome à Capoue, puis fut prolongée jusqu’à Brindes (Brundisium). À l’issue de la Troisième Guerre servile en 71 av. jc, les esclaves sous le commandement de Spartacus furent écrasés par Crassus, les 6 000 survivants furent crucifiés le long de la voie Appienne. La voie Appienne est certainement la voie romaine la mieux conservée, et de nos jours de nombreux vestiges sont encore visibles. Son importance est confirmée par le surnom de « Reine des voies » (Regina Viarum) que lui donnaient les Romains, à l’origine de l’expression prendre « la voie royale ».

[3] Brindisi est une ville de la province de Brindisi dans les Pouilles en Italie, située sur la côte adriatique dans le sud de la péninsule, sur le saillant externe du talon de la « botte ».

[4] L’aqueduc de l’Aqua Appia, aqueduc d’Appius ou aqueduc Appien est le plus ancien aqueducs desservant Rome en eau potable, construit en 312 av. jc par Caius Plautius Venox et Appius Claudius Caecus alors qu’ils occupent la censure.

[5] plus d’une trentaine d’auteurs différents, aussi bien grecs que latins, sans compter quelques fragments d’Appius lui-même

[6] Les frères Tiberius Sempronius Gracchus et Caius Sempronius Gracchus, surnommés les Gracques, sont deux hommes d’État romains. Issus de la nobilitas plébéienne, fils du consul Tiberius Sempronius et de Cornelia Africana, petits-fils de Scipion l’Africain, ils sont renommés pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain.

[7] Les Claudii sont les membres de la gens Claudia, l’une des plus anciennes et plus importantes familles romaines. Selon la tradition, les Claudii sont les descendants d’un Attus Clausus, un Sabin qui est en faveur de la paix avec Rome, une position alors impopulaire parmi son peuple qui le contraint à quitter Inregillumn avec ses clients environ 5 ans après l’expulsion des rois, soit vers 504 av. jc. Ils sont accueillis à Rome, fait citoyens romains, admis parmi les familles patriciennes et des terres leur sont accordées

[8] Le temple de Bellone est un temple romain dédié à la déesse guerrière italique Bellone à Rome durant la République romaine. Il se situe juste à l’est du temple d’Apollon Sosianus, tout près du théâtre de Marcellus. Étant donné la nature guerrière de la divinité à laquelle est dédié le temple, ce dernier a été édifié à l’extérieur des limites de l’antique pomerium (extra pomerium), près de la porte Carmentale

[9] Le forum d’Auguste est l’un des forums impériaux de Rome. Il a été construit à la fin du 1er siècle av. jc, sous le règne de l’empereur Auguste. Il est situé actuellement dans le rione de Monti.

[10] Arezzo est une ville italienne, chef-lieu de la province d’Arezzo, dans la région Toscane.

[11] legis actiones

[12] Dans la Rome antique, pontifex maximus (grand pontife) est le titre donné au grand prêtre à la tête du collège des pontifes. Ce titre est le plus élevé de la religion romaine. Les pontifes sont chargés de l’entretien du pont sacré (pont Sublicius) et de surveiller la bonne observance des pratiques religieuses. Ils s’occupent aussi des temples ne disposant pas de clergé propre. Le recrutement des pontifes se fait par cooptation et la charge de pontife est exercée à vie. Cette fonction a varié selon les époques. Dans la plupart des cas, le grand pontife n’a d’autre insigne qu’un simpulum ; cependant, quelquefois une securis ou une secespita s’y ajoute, c’est-à-dire les instruments pour le sacrifice rituel.

[13] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.

[14] Le dictateur est, durant la République romaine, un magistrat extraordinaire qui détient les pleins pouvoirs (imperium) pour un mandat qui ne peut, à l’origine, excéder six mois. Selon la tradition, le titre a été institué en 501 av. jc pour répondre à une situation d’urgence militaire, mais un magister populi (littéralement « maître du peuple ») existe déjà sous la Royauté romaine.

[15] Les Samnites sont des tribus sabelliennes établies dans le Samnium (région montagneuse d’Italie centrale) du 7ème à la fin du 3ème siècle av. jc. La première mention écrite des Samnites remonte à 354 av. jc dans un traité conclu avec les Romains.

[16] L’Étrurie était le territoire des Étrusques. Il correspond à l’actuelle Toscane, s’étendant durant la période de son expansion maximum, au-delà de l’Apennin tosco-émilien jusqu’à la plaine du Pô et son embouchure, à Hadria, port antique qui donna son nom à la Mer Adriatique. Au sud, le territoire étrusque s’étendait au-delà de Rome (comprise), jusqu’à Capoue.