Porpora naquit à Naples [1]. Son père, libraire, chargé d’une famille nombreuse, prit la résolution de lui faire étudier la musique et obtint en 1696 son admission au Conservatoire "dei Poveri di Gesù Cristo" de Naples [2].
Élève de Gaetano Greco , de Matteo Giordano et d’Ottavio Campanile du père Gaetan de Pérouse et Francesco Manna et vraisemblablement Alessandro Scarlatti.
Maître de chapelle [3] du landgrave [4] Philippe de Hesse-Darmstadt à Naples.
Auteur de nombreuses sérénades, d’oratorios [5], de cantates [6] et d’œuvres religieuses, il écrivit également près de 50 opéras, dont quelques-uns sur des livrets de Métastase . En 1708, création de son opéra “Agrippina” au château de Naples. En 1713, “Basilio re d’oriente”. Puis maître de chapelle de l’ambassadeur du Portugal.
En 1710 il fut appelé à Rome pour écrire “Berenice”, opéra en trois actes qui reçut du public un accueil favorable. Haendel, qui se trouvait à Rome lorsque cet opéra fut représenté, rendit justice au mérite de la musique de Porpora, et, chose qui arrivait rarement, complimenta l’artiste napolitain pour son succès. Ces deux hommes, considérables chacun dans son genre, ne prévoyaient pas alors que plus tard ils deviendraient des ennemis irréconciliables.
De retour à Naples, Porpora composa, pour l’antique théâtre San Bartolomeo*, l’opéra en trois actes “Flavio Anicio Olibrio”, représenté au mois de décembre 1711. Après cette œuvre, le compositeur écrivit un grand nombre de messes, de psaumes et de motets pour la plupart des églises de la ville.
Parmi ses talents, il possédait particulièrement celui d’enseigner le chant, si bien qu’il ouvrit en 1712 une école qui devait devenir célèbre et où se formèrent Carlo Broschi dit il Farinelli , Gaetano Majorana connu sous le nom de Caffarelli , Antonio Uberti dit il Porporino, du nom de son maître, Felice Salimbeni, Regina Mingotti, la Molteni et beaucoup d’autres qui furent les plus grands chanteurs du 18ème siècle. Farinelli était incomparable surtout dans “le canto di bravura” et dans la vocalisation brillante. Porpora fut considéré comme le plus grand professeur de castrats [7] du siècle.
De 1715 à 1722, remarquable professeur de chant, il enseigne au Conservatoire " di S. Onofrio" (Naples) [8] ou il a comme élèves Carlo Broschi, dit Farinelli, Uberti (il Porporino), Caffarelli,Senesimo, Regina Mingotti, la Molteni, J. A. Hasse et Métastase qui devient son premier librettiste.
Dès 1718 ses œuvres sont jouées dans toute l’Italie, mais aussi à Vienne [9], Munich [10] et Dresde [11].
En 1719 Porpora donna au théâtre San Bartolomeo l’opéra “Faramondo”, qui fut très apprécié. La même année il fut nommé maître du conservatoire des Pauvres de Jésus-Christ. Rappelé à Rome, il y composa en 1721 l’opéra “Eumene”, représenté au théâtre Aliberti [12] avec un très grand succès.
De nouveau à Naples en 1722, il écrivit un oratorio, [13], qui fut considéré comme une de ses plus belles productions. Depuis le début des années 1720, son principal librettiste était Métastase.
L’année 1723 se caractérisa par une activité fébrile, puisqu’il écrivit, pour les noces du prince de Montemiletto [14], une cantate qui avait pour titre “L’Imeneo” et dans laquelle chanta son élève Farinelli, ensuite “Amare per regnare”, opéra représenté au théâtre San Bartolomeo, “L’Adelaide” interprétée à Rome, et une messe à 5 voix.
Sa réputation comme professeur de composition égalait celle qu’il avait acquise en qualité de maître de chant. Ce fut à lui que en 1724, à son arrivée à Naples, Johann Adolf Hasse s’adressa pour qu’il le dirigeât dans ses études mais, comme il se présenta par la suite à Alessandro Scarlatti, il en résulta entre eux une mésentente qui ne fit qu’augmenter avec le temps. Porpora assura également la formation de Handel à Vienne, qui était son assistant, Handel qui aimait composer des opéras. Il assura aussi à Naples celle de Métastase, Pietro Trapassi, le plus grand librettiste de tous les temps, 50 livrets repris dans plus de 1 000 opéras. C’est à son cours que Métastase fit la connaissance de Farinelli, avec qui il entretint une correspondance quotidienne, chacun appelant l’autre cher gémeau.
En 1725 Porpora se rendit à Vienne, où il fit écouter à la cour impériale quelques morceaux de ses opéras, qui cependant ne furent pas appréciés. L’empereur Charles VI, qui n’aimait pas les ornements du chant italien et qui avait particulièrement en aversion les trilles et les mordants, que Porpora utilisait largement dans ses compositions, ne lui confia le soin d’écrire aucun opéra.
Il entretenait cependant l’espoir de persuader l’empereur de la qualité de sa musique et de recevoir quelque récompense dont il avait bien besoin, mais longtemps il chercha en vain l’occasion de faire exécuter quelque chose de lui dans la chapelle impériale, et il se serait même trouvé dans l’impossibilité de se procurer de quoi vivre si l’ambassadeur de Venise [15] ne l’avait reçu et ne lui avait fait obtenir la faveur de pouvoir écrire un oratorio pour le service de l’empereur.
Porpora se mit donc à cette composition pour laquelle on lui avait recommandé de se modérer dans l’usage des fioritures. L’empereur, assistant à une des répétitions, fut fasciné de trouver un style simple où n’apparaissait pas une seule de ces fioritures qui ne lui plaisaient pas, mais le compositeur avait préparé pour la fin une surprise inattendue, et qui eut le succès prévu. Le thème de la fugue finale commençait par 4 notes ascendantes sur lesquelles il avait placé un trille ; cette série de trilles, répétée à toutes les entrées par les diverses voix, devenait une bouffonnerie des plus agréables lorsque, dans le “stretto”, toutes les voix faisaient entendre une longue série de trilles qui se reprenaient de façon interchangeable. Malgré son caractère très sérieux, l’empereur fut pris d’un rire irrésistible et il récompensa généreusement l’auteur.
Au retour de ce voyage, il s’arrêta à Venise, où il fut engagé pour composer “l’opéra Siface” en 1726 au théâtre de San Giovanni Crisostomo. Le succès qu’il obtint lui valut le poste de maître du conservatoire des Incurables.
Toujours à Venise, il fit représenter la même année “Imeneo in Atene” et, en 1727,“ Arianna e Teseo”, considéré comme un de ses meilleurs opéras. C’est à la même époque qu’il écrivit pour les élèves de ce conservatoire 12 cantates dont la première édition parut à Londres en 1735.
En 1729 le maître italien se vit invité dans la capitale anglaise par les ennemis de Haendel, mais avant de s’y rendre il fit représenter à Venise, avec un grand succès, “la Semiramide riconosciuta” et les opéras “Annibale et Mitridate”.
Arrivé à Londres, il prit possession de sa nouvelle charge. Le chanteur Senesino, brouillé avec Haendel, avait fondé à Lincoln’s Inn Fields [16] une compagnie du nom d’Opera of the Nobility, en rivalité avec la Royal Academy of Music [17] de Haendel.
Compositeur attitré de l’Opera of the Nobility, Porpora tenta de triompher sur Haendel, qui devait supporter lui-même les frais de ses spectacles. Des pertes considérables furent enregistrées des deux côtés, et Porpora comprit alors que, pour s’assurer un avantage sur l’adversaire, il devrait appeler Farinelli à Londres ; aussi négocia-t-il l’affaire. La première saison, celle de 1733-1734, n’obtint que peu de succès. Toutefois, grâce à Farinelli et Senesino, il remporta pendant un moment la victoire sur Haendel, ce qui n’empêcha pas les deux compagnies rivales de péricliter.
Il resta jusqu’en 1736 à Londres, où il publia sous le titre de “Sinfonie” un recueil de ses meilleures cantates et de ses sonates pour violon et basson [18]. Habituée à la musique nerveuse et pleine d’invention de Haendel, la nation anglaise ne goûtait pas les œuvres dramatiques de Porpora, dont le style, pourtant plein de mélodie, manquait de chaleur et de nouveauté.
Il suivit l’ambassadeur de Venise à Vienne, où le jeune Haydn se mit à son service. La même année il crée “Arianna in Nasso”, en 1734, “Enea nel Lazio” ; “Davide e Bersebea” (oratorio) ; 1735, P“odifemo et I figenia in Aulide” 1736, “Mitridate” ; “Festa d’Imenio” (serenata). Il quitta l’Angleterre pour s’établir à Venise, où, la même année, il donna son opéra “Rosdale”. Après quoi on perd sa trace jusqu’en 1744, où on le retrouve à l’occasion de la représentation de l’opéra “Le nozze di Ercole ed Ebe” et d’un “Stabat Mater” pour deux sopranos et deux contraltos [19] en 1745. En 1737 il est de retour à Venise puis en 1738 à Naples.
De 1739 à 1742, il est premier maître du conservatoire di Loreto [20] puis en 1742, chef des chœurs de l’Ospedale della Pietà puis de l’Ospedaletto à Venise. Création de son opéra “Statira”.
En 1744, il renonce au concours pour la succession de Leo au poste de maître de chapelle du roi de Naples.
En 1748, Porpora fut nommé maître de chapelle du prince-électeur de Saxe. Arrivé à Dresde, il y fut bien accueilli et très vite il jouit d’une faveur sans limites auprès de la princesse Marie Antonia Walpurga dite Marie-Antoinette de Bavière , épouse de Frédéric IV de Saxe . Elle apprit auprès de lui non seulement l’art du chant mais aussi celui de la composition. Cependant il retrouva aussi à Dresde son rival de toujours, Hasse, et finit par quitter la Saxe en 1752.
À cette époque, l’ambassadeur de Venise à Vienne, Pietro Correr, rappela le vieux maître en Autriche. Porpora y passa plusieurs années et, pendant ce séjour, Haydn devint son élève. Haydn habitait chez Porpora et, en échange de ses leçons de musique, il lui servait de valet et d’accompagnateur au clavier. Haydn devait déclarer plus tard que Porpora lui avait enseigné les véritables fondements de la composition.
En 1752, il retourne à Vienne puis en 1754, il publie“ les Sonate XII di violino e basso” dédiées à la princesse Marie Antonia Walpurga.
Il quitta Vienne pour retourner à Naples. Peu après, il fit représenter son dernier opéra, “Il trionfo di Camilla”. Il assure encore pour quelque mois son enseignement de premier maître au conservatoire di S. Onofrio.
De 1758 à 1761, il enseigna au Conservatoire de Santa Maria di Loreto, de 1760 à 1761 au Conservatoire de Sant’Onofrio a Porta Capuana [21], et succéda à Girolamo Abos comme maître de chapelle de la cathédrale
Il laisse un cinquantaine d’opéras sérias, des sérénades, oratorios, des messes, psaumes, motets [22], leçons, airs, cantates, dont 12 dédiées au prince-électeur de Hannovre. Nicola Porpora, Salve Regina en fa majeur, I. Salve regina (Adagio), II. Ad te clamamus (Allegretto), III. Ad te suspiramus (Adagio), IV. Eia ergo (Allegro), V. Illos tuos misericordes (Adagio), VI. O clemens (Affettuoso), Accademia Bizantina.