Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 7ème siècle > Lambert de Maastricht ou Saint Lambert

Lambert de Maastricht ou Saint Lambert

lundi 29 mai 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 13 septembre 2011).

Lambert de Maastricht ou Saint Lambert (mort vers 705)

Le martyre de saint Lambert représenté sur un panneau peint du 15ème siècle (Musée d'art religieux et d'art mosan, Lìege)

Il naît vers le milieu du 7ème siècle dans une famille aristocratique établie à Maastricht [1]. Adolescent, il est recommandé par son père à Théodard, évêque de Tongres Maastricht [2]. Sous sa tutelle, il recevra une éducation à la cour royale mérovingienne.

Lorsque Théodard est assassiné, il est proposé à Childéric II pour occuper le siège épiscopal vacant. Il devient alors à la cour un personnage influent, peut-être même comme l’un des conseillers les plus écoutés de Childéric II.

Mais en 675, le roi est assassiné. Un ancien maire du palais [3], Ébroïn, que Childéric II avait un jour fait tondre avant de l’interner dans un monastère, profite de la circonstance pour s’échapper et, avec l’aide des Austrasiens [4], s’empare de la mairie du palais de Neustrie [5] et de Bourgogne [6] qu’il gouverne sous l’autorité apparente de Thierry III. L’Austrasie se choisit comme roi Dagobert II, que l’on rappelle d’Irlande. Il règne avec l’aide de Wulfoald qui avait été tout puissant à la cour de Childéric II. En 679 ou 680 Pépin II dit Pépin de Herstal, s’empare du pouvoir en Austrasie.

Au cours de cette période troublée, il fut déposé au profit d’un certain Pharamond ou Faramond, qui dirigea l’église de Tongres Maastricht pendant 7 ans. En 682 Pharamond est déposé à son tour et Pépin II ordonna que Lambert soit replacé sur son siège épiscopal.

Il est connu comme étant l’un des évangélisateurs du diocèse de Tongres Maastricht, région qui n’avait connu qu’une christianisation superficielle dans les villes et pour les élites. Le peuple qui vivait dans les forêts et campagne adorait encore les dieux celtes principalement Cernunnos et Arduinna.

En poursuivant la christianisation de cette région frontière du royaume des Francs, il avait servi les intérêts de Pépin II, notamment dans sa guerre contre les Frisons [7]. Il soutient la création de nouveaux monastères, dont celui de sainte Landrada à Munsterbilzen [8].

Il est assassiné dans le village de Liège [9] par les troupes de Dodon, le domesticus [10] de Pépin II. Les causes de son assassinat ne sont pas connues avec certitude mais furent probablement liées au contexte politique de l’époque marqué par une passation de pouvoir entre dynastie mérovingienne et carolingienne. Il fut lié personnellement au roi Childéric II et à son successeur effectif mais non officiel le maire du palais Pépin de Herstal.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Claude Lopez-Ginisty Version française d’après OODE/ orthodoxologie

Notes

[1] Maastricht est une ville des Pays-Bas, située dans le sud de la province du Limbourg dont elle est le chef-lieu. Anciennement, en français, la ville était appelée Maëstricht ou Maestricht. Au 16ème siècle Maastricht est une des plus grandes villes des Pays-Bas. En 1521, Charles Quint, qui entend défendre la religion catholique contre le Protestantisme, interdit la diffusion de la nouvelle doctrine dans tous les Pays-Bas, et en 1535 15 anabaptistes sont brûlés sur un bûcher place du Vrijthof. Lors de la Furie iconoclaste de 1566, les icônes et mobiliers des églises et chapelles de Maastricht furent en partie détruits. Dans ces années l’économie de la ville se ralentit, et la pauvreté s’étendit. En 1579, l’armée espagnole, commandée par Alexandre Farnese, duc de Parme, assiégea la ville et la prit le 1er juillet de cette année, après quoi la re-catholisation de la ville commença. En 1632, Frédéric-Henri d’Orange-Nassau conquit la ville après l’avoir assiégée durant 74 jours. Le gouverneur de la ville, Frédéric-Henri, permit alors à Maastricht de s’intégrer aux Provinces-Unies protestantes. Le condominium entre le duc de Brabant et Liège fut rétabli. Les conditions de la paix furent de donner aux protestants et aux catholiques les mêmes droits et la liberté religieuse. En 1673, la ville est prise par Vauban sur l’ordre de Louis XIV. Lors de ce siège mourut d’Artagnan, tué d’une balle de mousquet reçue dans la gorge, le 25 juin. La ville reste sous domination française jusqu’en 1678

[2] Le siège de ce diocèse était Tongres mais il fut de fait assez rapidement déplacé vers Maastricht avant d’être fixé à Liège au 8ème siècle sur les lieux de l’assassinat de saint Lambert. D’autres villes servirent de siège épiscopal temporaire en fonction des nécessités Huy, Dinant, Givet, Mouzon. Au 8ème siècle, l’évêque Hubert a transféré le siège de l’évêché de Maastricht à Liège. En 980, l’empereur germanique Otton II accordera des pouvoirs séculiers à l’évêque Notger qui deviendra ainsi le premier prince évêque

[3] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[4] L’Austrasie désignait durant la période mérovingienne un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieur du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims, puis Metz. Les habitants de l’Austrasie étaient les Austrasiens. Ce royaume est apparu à la mort de Clovis en 511, lorsque le territoire de celui-ci est partagé entre ses fils. Berceau de la dynastie carolingienne, l’Austrasie disparaît en 751 avec le dernier roi mérovingien pour être intégrée dans le grand royaume franc que réunirent Pépin le Bref et Charlemagne.

[5] Royaume franc qui couvrait le nord-ouest de la France actuelle, et avait pour capitale Soissons. Néanmoins, il semble que le terme de Neustrie ne soit apparu qu’un siècle après la création du royaume. La Neustrie avait été créée lors du partage qui suivit la mort de Clovis 1er, en 511, et revint à Clotaire 1er, qui, au terme de son long règne de 50 ans, avait réussi à reconstituer le royaume de son père. Elle fut le 2ème grand royaume franc né lors des partages successoraux mérovingiens à partir des territoires conquis sur Syagrius. Son aire géographique était limitée par la Loire au sud, l’océan Atlantique et la Basse-Bretagne à l’ouest, et la Champagne à l’est. Elle s’étendait jusqu’en Flandre au nord.

[6] Le royaume des Burgondes, ou Burgondie (en allemand Burgund), est un royaume barbare créé par le peuple burgonde après son installation sur les bords du lac Léman, en Sapaudie, au ve siècle. Son souverain le plus glorieux, Gondebaud, gouverna alors un territoire qui s’étend de Langres à Marseille et du Rhin à la Loire. Pendant les 6 siècles qui suivent l’installation de ce peuple, les remous de l’histoire font naître successivement différentes entités géopolitiques aux limites territoriales toujours changeantes qui prennent le nom de Bourgogne.

[7] Les Frisons sont un peuple germanique appartenant sur le plan ethnolinguistique au rameau westique. Ce peuple s’est sans doute formé tardivement, au 2ème siècle de notre ère, et a pu être confondu, à l’origine, avec ses plus proches voisins : les Angles, les Jutes et les Saxons. Ils peuplaient à l’époque romaine la plaine du Nord de l’Allemagne (actuels länder de Schleswig-Holstein et de Basse-Saxe), une partie des Pays-Bas et de la péninsule du Jutland au Danemark.

[8] Munsterbilzen est une section de la ville belge de Bilzen située en Région flamande dans la province de Limbourg. Elle abritait un monastère fondé par Sainte Landrada. Le village est situé à 14 kilomètres au nord-est de Tongres.

[9] Liège aussi surnommée « La Cité ardente », est une ville francophone de l’est de la Belgique. Elle est le chef-lieu de la province de Liège et la capitale économique de la Wallonie. De 972 à 1795, elle fut la capitale de la principauté de Liège. Du 8ème au 16ème siècle, elle fut le siège du vaste évêché de Liège, héritier de la Civitas Tungrorum.

[10] haut fonctionnaire chargé de la gestion des domaines de l’état