Eugène III de Tolède (mort en 657)
Évêque, écrivain et poète espagnol de époque wisigothique
Il est l’un des Pères de l’Église d’origine hispanique [1] ; Ses poèmes et les témoignages de saint Ildefonse, en plus d’un récit martyrologique du 9ème siècle, sont les principales sources connues de sa biographie.
Il a été élevé à San Eladio, et plus tard, attiré par la renommée culturelle de Saragosse [2], il y rejoignit le monastère de Sainte-Engrâce [3]. Il y fut un disciple de Braulio de Saragosse, l’un des hommes les plus instruits de son temps. Il a réussi à fusionner les enseignements de son maître avec celui de saint Isidore de Séville.
Eugène fut nommé archidiacre [4] par Braulio, après que celui-ci eut été nommé évêque de Saragosse [5] en 626. En 649, il devint archevêque de Tolède [6], nommé par le roi wisigoth [7] Chindaswinth. Pendant sa charge épiscopale il célébra la culture, fut un promoteur de la musique sacrée et assura la présidence des 8ème, 9ème et 10ème Conciles de Tolède [8].
Son activité littéraire consiste en des ouvrages sur la théologie, des lettres et des poèmes. Parmi ses poésies figurent “le Libellus diversi carminis mètres”, ainsi que le ““Lamentum de adventu propriae senectutis””, réflexion sur la vieillesse, le passage du temps et la cruauté de la mort.
Eugène enseigna la grammaire et les Saintes Écritures et fut le conseiller des rois Chindaswinth et Recceswinth.
Il composera l’épitaphe de la reine Réciberge .
Eugène mourut en 657 à Tolède et fut enterré dans la basilique Sainte-Léocadie. Un récit martyrologique relatif à sa vie a été composé au milieu du 9ème siècle par un auteur anonyme.
Notes
[1] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.
[2] Saragosse est une ville espagnole, capitale de la province du même nom et de l’Aragon.
[3] Le monastère royal hiéronymite Sainte-Engrâce (Real Monasterio Jerónimo de Santa Engracia) fut un monastère important de la ville de Saragosse, en Espagne. Aujourd’hui ne subsistent que quelques restes de ce puissant monastère, conservés dans la basilique du même nom. Construit aux 15 et 16ème siècles dans les styles gothiques et Renaissance plateresques, le monastère fut presque complètement ruiné lors de la guerre d’Indépendance.
[4] Un archidiacre est un vicaire épiscopal à qui l’évêque confie certaines fonctions administratives pour un groupe de paroisses.
[5] L’archidiocèse de Saragosse (en latin : Archidioecesis Caesaraugustana ; en aragonais : archidiocesi de Zaragoza ; en espagnol : archidiócesis de Zaragoza) est une Église particulière de l’Église catholique en Espagne. L’archidiocèse de Saragosse a été établi au 5ème siècle en tant que diocèse de Saragosse et a été placé sous l’autorité de l’archidiocèse de Tarragone en tant que diocèse suffragant. Le diocèse de Saragosse a été érigé en archidiocèse le 14 juillet 1318 par le pape Jean XXII avec la constitution apostolique Romanus Pontifex. Le 31 juillet 1577, l’archidiocèse de Saragosse céda une partie de son territoire pour la création du diocèse de Teruel.
[6] L’archidiocèse de Tolède est une église particulière de l’Église catholique en Espagne. Son siège est la cathédrale Santa María de Tolède.
[7] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.
[8] Les conciles de Tolède sont une série de 18 assemblées politico-religieuses tenues à Tolède entre les années 400 et 702, toutes, excepté la première, datant de l’époque de la domination des Wisigoths. Ces assemblées de la monarchie wisigothique sont convoquées par le roi et présidées d’abord par l’archevêque le plus ancien, puis, plus tard, par l’archevêque de Tolède. La représentation est réduite aux hautes hiérarchies ecclésiastiques et à la noblesse. Pendant ces conseils, des décisions ont parfois été prises en ce qui concerne les limites du pouvoir royal ; mais beaucoup ont été utilisés pour légaliser des coups de force et des usurpations.