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Jaspert V de Castelnou

mercredi 25 novembre 2020, par lucien jallamion

Jaspert V de Castelnou (mort en 1321)

Vicomte de Castelnou

Fils du vicomte Guillaume VI de Castelnou et d’Ève du Vernet, dame de Céret [1].

En cette fin du 13ème siècle, le lignage de Castelnou [2] est le plus important des comtés de Roussillon [3] et de Cerdagne [4], mais sa position est fragile. En effet le Roussillon et la Cerdagne sont devenus en 1276 possession du roi Jacques II de Majorque, second fils du roi Jacques 1er le Conquérant, au grand déplaisir de son frère aîné Pierre III d’Aragon. Le vicomte Guillaume VI est très proche de ce dernier, ce qui l’expose à l’hostilité de son souverain légitime Jacques de Majorque.

En 1285 les hostilités entre les deux frères sont précipitées par la croisade d’Aragon [5] que mène le roi de France Philippe III le Hardi. Il semble que Guillaume VI meure au moment de l’ouverture du conflit.

Dans le droit fil de la politique de son père, le nouveau vicomte, Jaspert V, se range auprès du roi Pierre d’Aragon. Le roi Jacques de Majorque confisque alors ses domaines et capture son château de Castelnou.

Jaspert V combat contre les armées françaises à Gérone [6] et au col de Panissars [7]. Malgré la mort du roi Pierre d’Aragon en 1286, il n’est pas oublié par le nouveau souverain : le roi d’Aragon Alphonse III le Libéral lui remet en 1288 un ensemble très important de seigneuries destiné à compenser la perte de sa vicomté de Castelnou.

Depuis sa ville de Camprodon [8] Jaspert de Castelnou mène pendant quelques années une guerre contre les possessions pyrénéennes de Jacques de Majorque, mais n’arrive pas à reprendre ses anciens domaines au roi.

En 1295, le roi Jacques II d’Aragon, qui a succédé à son frère Alphonse III en 1291, conclut avec son oncle Jacques de Majorque le traité d’Anagni [9], qui sanctionne la restitution des Baléares [10] à Jacques de Majorque et celle des domaines confisqués aux nobles de Roussillon et de Cerdagne qui ont pris le parti de l’Aragon en 1285, mais le traité n’est pas appliqué.

En 1296 Jacques d’Aragon remet à Jaspert V la très haute charge de procurateur général du royaume de Valence [11], preuve de la confiance qu’a le souverain en le vicomte.

En 1298 le traité d’Argelès [12] met en application les clauses du traité d’Agnani, et en 1299, Jaspert rentre en possession de Castelnou.

Toutefois le vicomte, après avoir fait renouveler les serments de fidélité de ses vassaux, repart à Valence [13] exercer sa charge de procurateur général, qu’il ne quitte qu’en 1303.

Dès sa sortie de charge, le roi Jacques II d’Aragon lui confie une ambassade auprès de son frère Frédéric II de Sicile, qui vient de conclure avec le roi de Naples [14] la paix de Caltabellotta [15] selon laquelle à la mort de Frédéric, la Sicile [16] reviendrait aux Napolitains. Jaspert doit donc conclure avec le roi de Sicile un traité secret maintenant la succession sicilienne dans la dynastie de Barcelone. Il semble que cette ambassade soit couronnée de succès puisqu’en 1313 Frédéric II proclame son fils comme héritier de Sicile.

Au retour de Sicile, Jaspert se fixe à Castelnou pour quelques années, tentant de réorganiser ses possessions après ses quasi 20 ans d’absence. Il doit également faire face à l’hostilité des lignages nobles de Roussillon restés fidèles à Jacques de Majorque. Toutefois dès 1308, il reprend du service auprès du roi Jacques d’Aragon qui lui confie le commandement de la flotte attaquant la Sardaigne [17].

Le vicomte semble être un commandant maritime réputé puisque dès l’année suivante il exerce le commandement de la flotte qui prend Almeria [18]. De plus il reçoit le titre de grand amiral de la Couronne de Castille [19] de la part du roi Ferdinand IV de Castille. À ce titre il commande l’expédition de conquête de Ceuta [20].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Jaspert V de Castelnou/ Portail des Pyrénées-Orientales/ Vicomte de Castelnou

Notes

[1] Céret est une commune française située dans le Sud de la France. C’est une des sous-préfectures du département des Pyrénées-Orientales. En 1172, Alphonse II, comte de Barcelone et roi d’Aragon hérite du Roussillon et ses pagus dont le Vallespir. Jacques 1er d’Aragon partage en 1262 ses possessions entre ses fils. Jacques II de Majorque hérite du royaume de Majorque, du Roussillon et de Céret. Cette époque voit la protection de la ville par des remparts et des douves et la construction de l’abbaye bénédictine de Saint-Ferréol. La rupture politique entre les héritiers de Jacques 1er entraîne la prise des possessions du royaume de Majorque par la couronne d’Aragon. Pierre IV d’Aragon envahit et annexe le Roussillon en 1344. En 1268, Guillaume V, vicomte de Castelnou, obtient Céret en dot lors de son mariage avec Ava. Sa fille en hérite en 1312.

[2] La vicomté de Castelnou ou de Vallespir est une institution politique mise en place à la fin du 10ème siècle. La juridiction de la vicomté était l’ancien pagus de Vallespir, sous la suzeraineté des comtes de Besalú. Le nom de Castelnou vient du château neuf (castellus novus en latin, castell nou en catalan), construit sur le vicus de Camélas, qui devint le siège des vicomtes. Les vicomtes de Castelnou jouèrent un rôle important dans le Roussillon et le Vallespir des 11 et 12ème siècles, notamment par l’importance de leur réseau féodal et la mainmise qu’ils assurèrent sur les terres de l’évêché d’Elne.

[3] Le comté de Roussillon est une ancienne principauté féodale située dans les Pyrénées orientales. Le comté de Roussillon serait né à l’époque wisigothique comme une subdivision administrative du royaume wisigoth. Ses limites correspondaient à la civitas Ruscinonensis antique (d’où il tient son nom), c’est-à-dire l’actuel département des Pyrénées-Orientales sans la Cerdagne ni le Capcir. Probablement détruit par l’invasion arabe de 721, le comté renaquit au moment de la reconquête carolingienne, et fut intégré à la Marche d’Espagne, puis au marquisat de Gothie. Le Roussillon est alors aux mains de comtes nommés ou reconnus par le pouvoir impérial, mais cette tutelle se fait moins forte au cours du 9ème siècle, et après la fin de la dynastie carolingienne, il est considéré comme un bien patrimonial qui passe au tout début du 10ème siècle aux mains de la dynastie d’Empuries. À ce moment, son territoire se réduit à la partie orientale de l’actuel département des Pyrénées-Orientales. La capitale de ce comté est d’abord Château-Roussillon, puis la ville de Perpignan. Le comté reste dans les mains de cette dynastie jusqu’en 1172, à la mort du comte Girard II de Roussillon, qui lègue son comté à son parent et suzerain le roi Alphonse II d’Aragon.

[4] Le comté de Cerdagne est un ancien fief féodal situé dans la partie orientale des Pyrénées. Le comté de Cerdagne fut constitué au début du 9ème siècle. À l’origine charge temporaire, la fonction de comte devint héréditaire à la fin du même siècle. Guifred le Velu fut le premier comte héréditaire de Cerdagne ; de lui sont issus les comtes de Barcelone, futurs rois d’Aragon.

[5] La Croisade d’Aragon est un conflit opposant entre 1284 et 1285 les armées du roi de France Philippe III le Hardi à celles du roi d’Aragon Pierre III.

[6] Gérone est une ville située dans le nord-est de l’Espagne en Catalogne. Elle est la capitale de la province de Gérone ainsi que de la comarque du Gironès.

[7] Les 30 septembre et 1er octobre 1285, la bataille du col de Panissars achève la croisade d’Aragon, par une sévère défaite de l’armée française en retraite battue par les Aragonais. Elle se déroule au col de Panissars, alors lieu principal de passage des Pyrénées orientales.

[8] Camprodon est une commune d’Espagne dans la communauté autonome de Catalogne, province de Gérone, de la comarque du Ripollès.

[9] Le traité d’Anagni est un accord de paix conclu le 12 juin 1295 entre le roi d’Aragon et la maison d’Anjou-Sicile concernant la souveraineté de la Sicile.

[10] Les îles Baléares sont l’une des communautés autonomes d’Espagne. Il s’agit d’un archipel situé en mer des Baléares qui comprend cinq îles principales, dont quatre habitées, ainsi que de nombreux îlots

[11] Le royaume de Valence a été fondé en 1238 par le roi Jacques 1er d’Aragon surnommé « le Conquérant », dans le cadre de la Reconquista, après avoir conquis l’ancienne taïfa de Balansiya. Il fut augmenté par des annexions postérieures d’autres territoires. Intégré à la Couronne d’Aragon, le royaume de Valence suivit le destin politique du royaume du même nom. Son territoire est environ celui de l’actuelle communauté valencienne.

[12] Argelès-sur-Mer est une commune française située dans le département des Pyrénées-Orientales. Déjà citée en 879, puis plus tard en 981 comme étant une des limites des possessions de l’abbaye de Saint-Génis-des-Fontaines, la ville d’Argelès est tout d’abord sous la dépendance directe des comtes du Roussillon, puis passe ensuite entre les mains des rois catalans puis aragonais. Elle est au centre des affrontements entre les rois de Majorque et ceux d’Aragon, aux 13 et 14ème siècles. Le 29 juin 1298, un traité de paix y est signé entre Jacques II de Majorque et Jacques II d’Aragon. Le traité ne dure guère, puisque le 21 mai 1344 la cité est assiégée par Pierre IV d’Aragon, et finit par capituler le 6 juin

[13] Valence ou Valencia en espagnol est une ville d’Espagne, située dans l’est du pays sur la côte méditerranéenne. Fondée en 138 av. jc par le consul romain Decimus Junius Brutus Callaicus sous le nom de Valentia Edetanorum, Valence devient, au Moyen Âge, la capitale du royaume de Valence.

[14] Le royaume naquit de la scission de fait du royaume de Sicile, provoquée par les Vêpres siciliennes de 1282. Le roi Charles d’Anjou, chassé de l’île de Sicile par les troupes de Pierre III d’Aragon, ne se maintint que sur la partie continentale du royaume. Naples devint la capitale de ce nouveau royaume, ce qui provoqua une forte croissance de la ville qui était auparavant supplantée par Palerme. Sous le règne de Robert 1er, le royaume connaît une période de paix et de prospérité. Le roi fit de Naples l’un des centres culturels de l’Italie, invitant à sa cour Giotto, Pétrarque et Boccace. La seconde partie du 14ème siècle vit cependant s’amorcer une période de déclin due à la lutte fratricide entre deux branches adverses de la dynastie angevine pour régler la succession de Robert 1er puis celle de sa fille, la reine Jeanne 1ère. La maison d’Anjou-Duras finit par triompher, avec Charles III, duc de Duras, qui fit assassiner la reine Jeanne en 1382. Son fils, Ladislas 1er, étendit provisoirement le royaume sur une bonne partie de l’Italie centrale, caressant le rêve d’unifier la péninsule. À sa mort sans héritier en 1414 c’est sa sœur, Jeanne II, qui monta sur le trône.

[15] La Paix de Caltabellotta, qui fut signée le 31 août 1302, mit fin à la longue lutte opposant la Couronne d’Aragón à la Maison d’Anjou, appuyée par la papauté, pour la possession de la Sicile, après la mort héroïque de Manfred, fils naturel de Frédéric II, dans la bataille de Bénévent en 1266, et dont l’insurrection des Vêpres de Palerme du 31 mars 1282 fut l’un des épisodes les plus fameux. Les bonnes relations entre la France et Boniface VIII étant rompues, les Angevins décidèrent de se réconcilier avec leurs ennemis et reconnurent à Frédéric II de Sicile la souveraineté sur la Sicile, avec le titre de roi de Trinacrie, la Sicile devant passer après sa mort à Charles d’Anjou, lequel s’engageait à payer à Frédéric cent mille onces d’or, ou à faire en sorte que le pape lui permît de conquérir la Sardaigne ou Chypre. On décida également du mariage du roi de Trinacrie avec Éléonore, fille de Charles le Boiteux. Frédéric, quant à lui, laissait au roi Charles tout ce qu’il possédait en Calabre et dans le royaume de Naples. Ce fut l’occasion de libérer Philippe, prince de Tarente et fils de Charles le Boiteux, qui était prisonnier à Cefalù. À la suite de cette paix, Roger de Flor et les Almogavres, qui avaient combattu avec le roi Frédéric, se retrouvèrent sans emploi et offrirent leurs services à Andronic II Paléologue. Bernat de Rocafort, l’un des chefs des Almogavres, se fit remarquer en ne voulant pas rendre au roi Charles deux châteaux qu’il occupait en Calabre avant d’être payé de la solde qu’on lui devait. Cela lui attira la haine du roi Robert, fils et successeur du roi Charles II d’Anjou, qui le laissa mourir de faim dans ses oubliettes, lorsque Thibaud de Cepoy le lui remit, en 1309.

[16] Le royaume de Sicile, également appelé royaume normand de Sicile, est créé en 1130 par Roger II sur l’île de Sicile, la Calabre, les Pouilles, et Naples. Ce royaume traverse plusieurs phases marquées par les dominations successives des Normands, des Souabes (autre nom pour la dynastie des Hohenstaufen, descendants de Frédéric de Souabe), des Angevins et des Aragonais. Le royaume de Sicile a dans le passé recouvert plusieurs zones géographiques différentes au fil du temps. Le royaume de Sicile ne s’est pas limité à la seule île de Sicile. Il a été l’objet de convoitises de la part des plus grandes familles européennes, qui se sont battues pour s’en assurer la possession. L’histoire du royaume a été particulièrement mouvementée, marquée par des assassinats, des guerres de succession, des séparations. Les rois de Sicile n’ont donc pas tous régné sur un territoire identique. On a même pu parler, lors des périodes au cours desquelles les royaume de Sicile et de Naples ont été réunis, de Royaume des Deux-Siciles

[17] La Sardaigne est une île de la mer Méditerranée et une région italienne, qui se trouve à l’ouest de l’Italie continentale, au sud de la Corse. Son chef-lieu est la ville de Cagliari. Lorsque l’affaiblissement de l’Empire romain se propage jusqu’à l’île, cela a pour conséquence l’abandon progressif des terres agricoles et des côtes, ainsi qu’une perte de dynamisme notable de la démographie. Abandonnée à elle-même et sans défense, la Sardaigne est occupée et subit les razzias durant quelque 80 ans (vers 460-530) par les Vandales d’Afrique qui, défaits sous Justinien, laissent l’île sous la domination de Byzance.

[18] Almería (est une ville d’Espagne, capitale de la province d’Almería en Andalousie. Port sur la mer Méditerranée. Ville côtière et portuaire, entre Grenade et Murcie. Elle est délimitée par le mont Gádor (Sierra de Gádor) à l’ouest, au nord par la montagne Alhamilla (Sierra Alhamilla), à l’est par une grande plaine qui culmine au pic de Cabo de Gata, situé dans le parc naturel de Cabo de Gata-Níjar, et au sud par l’ouverture sur une grande baie. Après la chute des Omeyyades d’Al-Andalus (Omeyyades de Cordoue), la cité devint le siège d’un royaume taifa, qui fut ensuite conquis par le royaume taïfa de Murcia, puis par les Almoravides. La ville fut conquise en 1147 par Alphonse VII, roi de Castille. Cette période marquée par deux guerres et une occupation impliqua le déclin économique de la ville. Reconquise une dizaine d’années plus tard par les Almohades, elle fut intégrée dans le royaume de Grenade un siècle plus tard. Les Rois Catholiques la conquirent en 1489, et de port commercial avec l’Afrique, elle devint une ville côtière menacée par les pirates barbaresques. Elle fut délaissée par le commerce avec les Amériques dont Séville et son port Cadix avaient le monopole. Le 16ème siècle fut marqué par le tremblement de terre de 1522, et par plusieurs révoltes morisques, durement réprimées.

[19] La couronne de Castille rassemblait les territoires qui étaient au Moyen Âge sous l’autorité des rois de Castille. On peut dater sa naissance du règne du roi Ferdinand 1er de Castille, qui le premier rassembla sous son autorité en 1037 les royaumes de Castille et de León, ce dernier rassemblant déjà les royaumes des Asturies et de Galice. Après des partages dynastiques, la couronne de Castille fut reformée en 1230 sous le règne du roi Ferdinand III de Castille. De plus, la couronne s’agrandit grâce à la Reconquista, intégrant de nombreux royaumes pris aux musulmans. Par le mariage des Rois catholiques, elle forme une union dynastique avec la couronne d’Aragon, mais conserve son indépendance nominale. Après deux siècles d’union, elle est dissoute et fondue en 1715 dans un royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta. Pendant cette période d’union des couronnes, elle est le centre économique, culturel et politique de la monarchie espagnole. Le titre d’usage du souverain de la couronne de Castille est « roi de Castille et de León », quoique l’on trouve aussi le plus simple « roi de Castille ».

[20] Ceuta est une ville autonome espagnole formant une encoche sur la côte nord du Maroc en Afrique. Située sur le côté méditerranéen du détroit de Gibraltar, en face de la péninsule Ibérique, à environ quinze kilomètres des côtes de la province espagnole de Cadix, elle est revendiquée par le Royaume du Maroc depuis 1956.