Né le 2 février 1208 à Montpellier, fils et successeur de Pierre II. L’année de ses 5 ans, son père meurt à la bataille de Muret [1], le laissant seul héritier des territoires de la couronne d’Aragon. L’enfant est déjà depuis quelques temps aux mains de Simon IV de Montfort, le vainqueur de Muret. En 1214, Simon de Montfort accepte sous la pression du pape de le rendre aux Catalans. Durant toute son enfance, la régence de la couronne d’Aragon est assurée par son grand-oncle le comte Sanche de Majorque, puis par le fils de ce dernier, Nuno Sanche.
Il chassa les Maures des îles Baléares, conquit les royaumes de Valence [2] et de Murcie [3]. Par le traité de Corbeil [4] en 1258 il obtint de Saint Louis la renonciation aux comtés de Barcelone [5] et du Roussillon et renonça lui-même à ses prétentions en Languedoc, hormis Montpellier.
En 1262, il partage ses possessions en 2 ensembles, destinés à chacun de ses fils. L’aîné, l’infant Pierre, reçoit les royaumes d’Aragon et de Valence, ainsi que le comté de Barcelone. Le cadet, l’infant Jacques II de Majorque, reçoit le royaume de Majorque, les comtés de Roussillon et de Cerdagne et la seigneurie de Montpellier. La même année, il marie l’infant Pierre avec Constance de Hohenstaufen, la fille de Manfred de Hohenstaufen, roi de Sicile, lui assurant des droits sur l’île.
Il renforce le pouvoir royal en menant avec fermeté la normalisation du droit dans chacun des territoires de la couronne d’Aragon. Il charge ainsi l’évêque d’Osca, Vidal de Canyelles, de codifier le droit coutumier du royaume d’Aragon, entreprise qui aboutit lors des cortes d’Osca de 1247, qui imposent un droit unique au royaume au-dessus des droits particuliers. En Catalogne, ce sont les Usages de Barcelone qui s’imposent peu à peu à tout le pays. Enfin dans le royaume de Valence, le roi accorde une ordonnance de gouvernement en 1251, révisée en 1271, les “Foris et consuetudines Valentiae”. D’autre part, il développe le système des cortes, des sortes de parlements généraux, réunissant des délégués nobles, ecclésiastiques et citadins autour du roi.
Chacun des royaumes de la couronne a ses propres cortes, excepté le royaume de Majorque, qui envoie des délégués aux cortes de Catalogne.
Il meurt en 1276 lors d’une campagne contre les musulmans révoltés de Valence. Il est enterré à l’abbaye de Poblet [6].