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Téodegonde Amalasunta des Amales dite Téodegonde Amalasunta

lundi 7 septembre 2020, par ljallamion

Téodegonde Amalasunta des Amales dite Téodegonde Amalasunta (vers 476-vers 503)

Reine des Wisigoths

Fille aînée de Théodoric le Grand. Au 4ème siècle, les Goths [1] sont aux frontières de l’Empire romain et tentent de s’y installer régulièrement. Ce groupe s’est séparé en deux groupes principaux, les Ostrogoths [2] qui se lancent à la conquête des régions entre la Volga, l’Oural et le Caucase sous la direction de leur roi amale Hermanaric ; les Wisigoths [3] combattent en Europe centrale et méridionale.

Un siècle plus tard, les Ostrogoths sont établis comme fédérés dans l’Empire romain en Pannonie [4] depuis le règne de l’empereur Marcien.

Selon Jordanès, Théodoric le Grand, futur roi des Ostrogoths, a eu 2 enfants d’une concubine dont on ne connait pas le nom alors qu’il était en Mésie [5]. Théodegonde est l’aînée de Théodoric. Elle a une sœur Ostrogotho et de nombreux demi-frères et sœurs des différents unions de son père. Elle est donc née hors d’Italie.

Téodegonde est une princesse issue de la lignée sacrée des Amales [6] et par là même, elle est un parti de choix pour les rois ou princes qui cherchent une légitimité politique. Dès l’arrivée de Théodoric en Italie, il offre sa fille en mariage à Alaric II, roi des Wisigoths, de la lignée des Balthes [7], vers 494 en remerciement des services rendus par les Wisigoths aux Ostrogoths et pour renforcer les royaumes goths face aux Francs de Clovis en Gaule.

Par cette alliance politique, Téodegonde devient reine des Wisigoths. Son époux est déjà père d’un fils Geisalic mais issu d’une union illégitime. Elle a un fils Amalaric futur roi des Wisigoths. L’absence de références à Téodegonde dans les écrits des historiens après la naissance d’Amalaric font supposer qu’elle meurt peu après.

Lorsqu’Alaric II décède lors de la bataille de Vouillé en 507 [8], son fils illégitime devient roi jusqu’en 511, Amalaric est placé sous la tutelle de son grand-père Théodoric car ses parents sont morts tous les deux. La date de décès de Téodegonde est encore discutée par les historiens.

À la cour ostrogoth, la religion arienne [9] est majoritaire ; on sait que son père Théodoric ou sa demi-sœur Amalasonte sont ariens ; mais rien ne permet de connaître la religion de Téodegonde avec certitude.

Cependant, par son mariage avec Alaric II, elle rejoint la cour wisigoth qui a persécuté les Chrétiens sous le règne de son beau-père Euric même si son époux cherche à réunir les différentes confessions de son royaume

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Herwig Wolfram, The Roman Empire and its Germanic peoples, University of California Press, 1997

Notes

[1] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.

[2] Les Ostrogoths étaient une des deux fractions des Goths, peuple germanique

[3] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[4] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc. Vers 105 apr. jc, Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l’ouest et Pannonie inférieure à l’est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l’éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d’Italie rencontre d’abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense : la Pannonie inférieure est divisée en deux : au nord la Valeria, du nom de famille de Dioclétien, avec pour capitale Aquincum ; au sud, la Pannonia Secunda, avec pour capitale Sirmium

[5] La Mésie est une ancienne région géographique et historique située au sud du cours inférieur du Danube, dans les actuelles Serbie, Bulgarie (nord) et Roumanie (extrémité sud-est).

[6] La dynastie des Amales descend, selon leur tradition orale, du dieu suprême des Goths, Gaut traduit par le « verseur de semence », un des noms d’Odin à l’origine probable du nom de ce peuple. Jordanès, dans la Getica, parle des héros légendaires à l’origine des Amales : Gapt/ Gaut, engendre Humal, qui à son tour engendre Augis. Ce dernier est le père de Amal, qui donne son nom à la dynastie. « Cet Amal engendra Hisarnis. Hisarnis pour sa part engendra Ostrogotha. Ostrogotha pour sa part engendra Hunuil. Hunuil engendra de même Athal. Athal engendra Achiulf et Odulf. Achiulf pour sa part engendra Ansila et Ediulf, Vultulf et Hermanaric. Vultulf quant à lui engendra Valaravans. Valaravans pour sa part engendra Vinitharius. Vinitharius à son tour engendra Vandalarius. Vandalarius engendra Theudimir et Valamir et Vidimir. Theudimir engendra Théodoric...

[7] Les Balthes sont, avec les Amales, les deux grands lignages gothiques se disant issus du Dieu Gaut.

[8] La bataille de Vouillé, qui s’est déroulée au printemps 507, est une bataille qui opposa les Wisigoths, au sud, aux Francs, au nord. Cette bataille vit la victoire des Francs, les Wisigoths perdant leur roi Alaric II au combat, et étant contraint de laisser un vaste territoire (midi de la France) aux vainqueurs.

[9] L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du 4ème siècle, et dont le point central concerne les positions respectives des concepts de « Dieu le père » et « son fils Jésus ». La pensée de l’arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d’abord humain, mais un humain disposant d’une part de divinité. Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l’arianisme. Il fut dès lors qualifié d’hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d’un demi-siècle. Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l’arianisme et c’est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l’empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d’Hispanie restèrent ariens jusqu’à la fin du 6ème siècle et les Lombards jusqu’à la moitié du 7ème siècle.