Jordanès ou Jornandès
Historien de langue latine du 6ème siècle
Connu principalement comme l’auteur d’une Histoire des Goths [1] composée en 551, résumé d’une œuvre perdue de Cassiodore, lui-même historien des Goths [2] au début du 6ème siècle.
Il s’agit non seulement du seul ouvrage ethnographique contemporain de l’épopée des Goths, mais aussi de la source historique la plus ancienne sur l’histoire et les mœurs des premiers Slaves.
D’origine ostrogothique [3] mais romanisé et converti au christianisme, on ne sait de Jordanès que ce qu’il dit de lui-même dans ses livres. Il fut un temps notaire du général Gunthigis dit Baza en Italie, puis, plus tard, devint évêque de Crotone [4] en Calabre [5]. Il séjourna à Constantinople [6] en 551, accompagna l’évêque de Rome Vigile à Ravenne [7].
Témoin des guerres gothiques qui se soldèrent par la défaite décisive des Ostrogoths, ses compatriotes d’origine, et par leur extermination dans les années 550, Jordanès retraça l’histoire des Goths, leurs tentatives de sédentarisation dans les divers territoires traversés depuis leur migration de la Baltique [8] ; ses écrits permettent de connaître mieux la période de l’empire hunnique [9] et les guerres de succession qui s’ensuivirent.
Notes
[1] Getica
[2] Les Goths faisaient partie des peuples germaniques. Selon leurs propres traditions, ils seraient originaires de la Scandinavie. Ils provenaient peut-être de l’île de Gotland. Mais ils pourraient également être issus du Götaland en Suède méridionale ou bien du Nord de la Pologne actuelle. Au début de notre ère, ils s’installèrent dans la région de l’estuaire de la Vistule. Dans la seconde partie du 2ème siècle, une partie des Goths migrèrent vers le sud-est en direction de la mer Noire. Dès le 3ème siècle les Goths étaient fixés dans la région de l’Ukraine moderne et de la Biélorussie où ils furent probablement rejoints par d’autres groupes qui ont été plus ou moins intégrés dans la tribu. Les Goths formaient un seul peuple jusqu’à la fin du 3ème siècle. Après un premier affrontement avec l’Empire romain dans le sud-est de l’Europe au début du siècle, ils se séparèrent en deux groupes : les Greuthunges à l’Est et les Tervinges à l’Ouest qui deviendront par la suite les Ostrogoths ou « Goths brillants », à l’Est, et les Wisigoths ou « Goths sages » à l’Ouest.
[3] Les Ostrogoths sont une confédération à dominante germanique qui apparaît dans l’Antiquité et poursuit son évolution jusqu’à l’Antiquité tardive. Ils font partie des Goths et apparaissent dans les bassins de la Vistule, puis du Dniepr et du Boug méridional d’où ils sont évincés par les Huns, avant de ravager les Balkans pour finalement conquérir l’Italie sous le règne de Théodoric le Grand. Une petite minorité reste en Crimée.
[4] Crotone est une ville de la province de Crotone, dans la région de Calabre, en Italie. Vers 540 av. jc, Pythagore s’y installe et y crée son école de sagesse, nommée "École italique", qui s’adonne surtout à la spéculation et à l’abstraction, de tout expliquer par les nombres et les rapports numériques, de professer une morale austère. Il donne des lois aristocratiques à la cité. Cependant, vers 450 av. jc le parti démocratique s’impose. En 510 av. jc, Crotone s’empare de Sybaris qui est détruite de fond en comble. Plus tard, à une date incertaine, elle est ravagée par Pyrrhus 1er roi d’Épire, et est prise par les Romains en 277 av. jc. En 194 av. jc, Crotone devient une colonie romaine.
[5] La région de Calabre, plus couramment appelée la Calabre, est une région d’Italie située à l’extrême sud de la péninsule. La capitale régionale est Catanzaro et la plus grande ville Reggio de Calabre. À partir de la fin de l’Antiquité, elle n’échappe pas aux invasions barbares : elle est pillée et saccagée par les Wisigoths des rois Alaric et Athaulf (410/411). Alaric meurt sous les murailles de Cosenza et est enterré avec un important trésor dans le lit du Busento, qui arrose la ville. Le « trésor d’Alaric », qui a toujours échappé aux pillards et aux chercheurs de trésor, est toujours autant recherché. Elle est également pillée par les Vandales installés en Afrique romaine, puis passe partiellement sous la domination des Ostrogoths. Lors des guerres gothiques opposant les Ostrogoths aux Byzantins, elle est ravagée par les guerriers de Totila avant de passer sous domination byzantine, puis par des bandes de Francs et d’Alamans venus aider les Goths du nouveau roi Teias. Les Lombards pénètrent eux aussi en Calabre peu de temps après leur invasion de l’Italie et la région subit régulièrement les attaques du duché lombard de Bénévent. Le roi lombard Liutprand est peut-être à l’origine de l’actuelle ville calabraise de Longobardi, fondée vers 735, qui tire son nom du peuple lombard. À partir du 9ème siècle, elle commence à subir les incessants raids de pirates Sarrasins puis au 10ème siècle, elle est peut-être atteinte et pillée par des bandes magyares qui se sont aventurées en Italie jusqu’à Bénévent.
[6] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, « Byzance », n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.
[7] capitale de l’Italie ostrogothique puis capitale de l’Exarchat de Ravenne à l’époque byzantine
[8] terres de Gothie en Europe orientale
[9] Les Huns sont un ancien peuple nomade originaire de l’Asie centrale, dont la présence en Europe est attestée à partir du 4ème siècle et qui y établirent le vaste empire hunnique. L’origine des Huns est disputée. Les Huns ont joué un rôle important dans le cadre des grandes invasions qui contribuèrent à l’écroulement de l’Empire romain d’Occident. Sous le règne d’Attila, l’empire est unifié mais ne lui survit pas plus d’un an. Les descendants et successeurs des Huns occupent encore diverses parties de l’Europe de l’Est et d’Asie centrale entre les 4ème et 6ème siècles, et laissent encore quelques traces dans le Caucase jusqu’au début du 8ème siècle.