Né à Peñafiel [1], fils du roi Jean II d’Aragon et de la reine Blanche 1ère de Navarre. Petit-fils du roi Charles III de Navarre, neveu du roi Alphonse V d’Aragon, Charles, héritier en second des trônes de Navarre [2] et d’Aragon [3], reçut une éducation soignée à Olite [4] en Navarre.
Ce prince joignait à de brillantes qualités le goût des lettres. Il a laissé, entre autres écrits, “une traduction de la Morale d’Aristote”, et en manuscrit une “Chronique des rois de Navarre”.
En 1425, à la mort de son grand-père le roi Charles III de Navarre, sa mère devint reine de Navarre et Charles devint l’héritier du trône tandis que son père restait prince d’Aragon et roi-consort de Navarre.
En 1438, il épousa Agnès de Clèves qui mourut en 1448 sans lui laisser d’enfants. Il fut plus tard fiancé à Isabelle de Castille.
Sa mère mourut en 1441 et Charles devait en principe monter sur le trône sous le nom de Charles IV. Cependant une clause du testament maternel l’empêchait de prendre ce titre tant que son père vivait. Charles IV, par déférence envers son père accepta cette clause.
Jean d’Aragon ne possédait pas une âme si droite. Orgueilleux, ambitieux et intrigant notoire, il n’admettait pas devoir s’effacer devant son fils ni ne plus tenir le premier rang à la cour. Il continua donc de porter le titre de roi de Navarre. Mais il était aussi lieutenant général de son frère aîné Alphonse V pour les royaumes d’Aragon, de Valence [5] et de Majorque [6] depuis 1436 et toujours impliqué dans les affaires du royaume de Castille [7] en tant que duc de Peñafiel. Constamment absent de Navarre il laissa son fils "gouverner" avec le titre de lieutenant général de 1441 à 1449.
Ses intrigues en Castille l’amenèrent à se remarier en 1447 avec Jeanne Enriquez . En 1449 il s’installa durablement en Navarre avec sa nouvelle épouse et y reprit le pouvoir, ce qui envenima les relations entre père et fils jusqu’à déclencher une guerre civile.
Charles IV dut prendre les armes contre son père pour défendre ses droits. Il fut vaincu à Aibar [8] en 1451, fait prisonnier, et ne sortit de prison qu’au prix d’une renonciation à ses droits en faveur de son père en 1453. Entre-temps était né un compétiteur de Charles : Ferdinand d’Aragon, fils de Jeanne Enriquez, et donc demi-frère de Charles.
La guerre se ralluma néanmoins en 1455. Charles de Viane, de nouveau vaincu, déshérité par son père, s’enfuit à Naples [9] auprès de son oncle Alphonse V d’Aragon. Mais à la mort de ce dernier en 1458, Jean II monta sur le trône et Charles de Viane se trouva sans appui.
Il dut partir en Sicile, où il trouva un soutien populaire dû au souvenir de sa mère, qui avait été reine de Sicile entre 1403 et 1410 par son premier mariage avec le roi Martin le Jeune, puis à Majorque et enfin tenta de se réconcilier avec son père à Barcelone en 1460.
La famille de la seconde femme de Jean II, les Enríquez, montèrent le père contre le fils pour assurer l’héritage à un fils du second lit, le futur Ferdinand le Catholique. En 1460, Charles de Viane fut perfidement arrêté sur l’ordre de son père Jean II.
L’emprisonnement de son fils par le roi déclencha une levée de boucliers de la part des élites catalanes réunies dans les Cortes [10] qui obtinrent la libération du prince et le rétablissement de ses droits d’héritier.
Jean fut contraint de reconnaître Charles comme son héritier, et de consentir au mariage de ce prince avec Isabelle de Castille, que la reine Jeanne destinait à son propre fils Ferdinand. Cette marâtre prévint l’union par un crime : Charles fut certainement empoisonné en 1461. Isabelle épousa Ferdinand qui devint Ferdinand II d’Aragon.