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Antiquité : D’une écriture à l’autre

jeudi 19 mars 2020, par ljallamion

Antiquité : D’une écriture à l’autre

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Ecriture chinoise datant de 1350 av. jc (source : BNF- Paris)

L’écriture - Histoire de quelques signes devenus vitaux

Certaines sociétés se sont développées en s’appuyant sur un système primitif de communication (les signaux de fumée par exemple), mais d’autres ont cherché à maîtriser au mieux l’échange des informations. En faisant confiance à quelques traits tracés à la hâte, elles sont entrées dans une nouvelle dimension à l’histoire riche et mouvementée : celle de l’écriture.

Le problème se complique lorsque la communication ne peut être directe ou que l’on veut conserver ce message. Est-ce dans ce but que les artistes préhistoriques ont orné leurs grottes de scènes de chasses et de cavalcades ? Il est certain que l’intention était bien de transmettre une information, comme semblent tenter de le faire ces empreintes de mains, pour certaines avec les doigts mutilés ou simplement repliés, comme dans la grotte Chauvet [1], peinte il y a 35.000 ans. Il s’agirait ici d’un système de code, souvent associé à des séries de points, qui montre la volonté de partager une information, avec d’autres hommes ou avec des divinités.

Si la dimension religieuse, a toujours été liée à l’écriture, ce n’est pas elle qui a poussé nos ancêtres à s’approprier le langage écrit. Il fallait plus prosaïquement connaître le nombre de sacs de grains disponibles !

Les marchands mésopotamiens [2] ont d’abord employé des cailloux [3] pour faire leurs comptes, puis, à Uruk ou Ourouk [4], il y a près de 6000 ans, ils les ont remplacés par des boules en terre cuite.

Couvertes d’encoches plus ou moins importantes, ces boules devenues trop réductrices sont enfin remplacées par des tablettes servant d’aide-mémoire.

Des signes sur une tablette d’argile

Ourouk, l’une des cités de la région de Sumer [5], au sud de la Mésopotamie, est à l’origine de la première écriture de l’histoire humaine.

Argile en Mésopotamie, papyrus en Égypte, bambou en Chine : les hommes ont emprunté à leur environnement le matériau de leur écriture. S’ils sont parfois contraints d’utiliser ce qu’ils trouvent à leur portée. Un caillou à Thèbes [6], un tesson de poterie, c’est l’usage qui dicte le choix du support.

Dans la pierre, nos ancêtres ont gravé, pour l’éternité, leurs codes administratifs et religieux. Les tablettes de bois ont été employées depuis le 3ème millénaire avant notre ère jusqu’à aujourd’hui, où on les retrouve dans les kouttab [7]. Quant aux matières précieuses, elles sont réservées aux dieux et aux princes.

Bien avant qu’apparaisse, il y a 35 siècles environ, chez les Phéniciens [8], le premier alphabet, seules quelques rares civilisations, particulièrement abouties, avaient su mettre en place un système codifié permettant aux hommes, non seulement de communiquer autrement que par la parole, mais aussi de consigner, de transmettre, de diffuser.

Quand l’écriture devient art

Écrire, c’est d’abord dessiner, créer des formes et si possible, des formes élégantes. C’est le cas dans pratiquement toutes les civilisations ayant développé l’écriture

Les Sumériens utilisèrent pour leur écriture les matériaux qu’ils avaient à profusion dans cette région marécageuse, c’est-à-dire l’argile et le calame [9].

Cette écriture est apparue vers 3300 av. jc. Il s’agit de signes gravés avec la pointe d’un roseau sur des tablettes d’argile humides. Après séchage au soleil ou cuisson au four, ces tablettes deviennent très résistantes.

Au début, les signes sont de simples dessins ou pictogrammes [10] qui représentent les êtres et les biens [11]. Au fil du temps, les scribes simplifient ces signes et les réduisent à des symboles afin d’écrire plus vite. Ils ajoutent aussi des signes qui représentent des sons pour élargir leur vocabulaire.

Ils perfectionnent leur système numérique et ajoutent des symboles pour savoir s’il est question d’ânes, de poules ou d’épis...

Le commerçant veut-il faire savoir qu’il a des bœufs à vendre ? Il lui suffit de dessiner quelque chose qui y ressemble. Ainsi apparaissent les premiers pictogrammes, d’abord assez ressemblants, puis de plus en plus simplifiés.

Aux dessins maladroits de poissons, soleils et charrues s’associent ensuite des idéogrammes [12] comme le pied, pour désigner le déplacement. Petit à petit, ces dessins se simplifient à l’extrême au point de rendre difficilement reconnaissable la figure d’origine.

Du dessin à l’écriture

L’aventure de l’écriture débute, fort modestement, dans un pays appelé Mésopotamie. Baigné par deux grands fleuves, le Tigre [13] et l’Euphrate [14], l’espace géographique qui s’étend du golfe Persique [15] à Bagdad [16], l’actuelle capitale irakienne, abritait, entre le 6ème et le 1er millénaire av. jc, deux peuples rivaux : au sud, les Sumériens et, au nord, les Akkadiens [17], ancêtres communs aux Arabes et aux Hébreux.

Vers 3000 av. jc, en Mésopotamie, les traits deviennent anguleux, ce qui vaut à cette écriture le nom de cunéiforme [18]. Facilement identifiable, elle reproduit le bout triangulaire du calame utilisé par le scribe, qui ensuite trace un trait droit, gagnant un temps considérable. Mais du coup, les dessins perdent leur valeur figurative. Et pour aller plus vite, on passe de la lecture verticale à la lecture horizontale.

Les vestiges laissés par ces peuples hautement civilisés révèlent l’existence d’une société pastorale et agricole, particulièrement bien organisée. Les inscriptions gravées sur les quelques tablettes d’argile découvertes à Sumer, sur le site de l’antique cité d’Uruk, contiennent, effectivement, des listes méticuleuses de denrées et de têtes de bétail. Quoique primitives dans leur forme, ces tablettes n’en constituent pas moins de véritables registres de comptabilité, première tentative d’un peuple pour organiser son économie.

Les inscriptions sumériennes mises au jour ne sont rien d’autre que des dessins stylisés, qui représentent ou symbolisent l’objet, l’animal ou l’être humain que l’on veut désigner.

Par la simple combinaison de plusieurs de ces symboles, leur auteur peut aussi traduire une idée : il en est ainsi de l’oiseau qui, accompagné du dessin de l’œuf, évoque la natalité.

Tout au long des siècles, ces croquis connaissent de notables transformations, en liaison directe avec l’usage des instruments de tracés.

De cette combinaison de plus en plus savante de pictogrammes et de symboles phonétique est issue l’écriture des Sumériens.

Ce système que l’on peut dater de 3300 environ avant jc n’a, toutefois, qu’une unique fonction de mémorisation. Il ne permet pas, en tout cas, de restituer un langage, faute de contenir l’articulation nécessaire à la composition d’une phrase.

Notons que l’écriture cunéiforme, sur tablettes d’argile, a été utilisée dans les relations diplomatiques au Moyen-Orient jusque vers l’an 1000 av. jc. Elle est demeurée en usage jusqu’au 1er siècle de notre ère dans les temples de Babylonie [19].

L’idée surgit, simple et révolutionnaire : il suffit d’attribuer au signe représentant un chat, le son « cha ». Et le tour est joué ! La naissance de l’écriture phonétique permet d’élargir considérablement la famille des mots transposables à l’écrit, en particulier en ouvrant la voie aux notions abstraites.

Une étape importante va être franchie, à Sumer, 3 siècles après, par l’introduction de la phonétique : les caractères ne renvoient plus, désormais, aux objets ou aux êtres vivants mais aux sons de la langue parlée, selon le principe du rébus.

Les archives commerciales peuvent désormais cohabiter avec les hymnes religieux, les annales historiques et les récits légendaires, en un mot avec la littérature.

La phonétique va connaître, à son tour, au sein du système cunéiforme, une évolution complexe que l’état actuel des découvertes archéologiques ne permet pas d’appréhender totalement. Mais il n’en demeure pas moins que l’écriture, en tant que mode de transmission de la pensée et des idées, a pris forme en Mésopotamie et y a connu, grâce à la grande flexibilité du cunéiforme, un large rayonnement, au point de transcrire des langages radicalement différents de celui des Sumériens.

Le premier héros connu s’appelle Gilgamesh  : son épopée, retranscrite 2.600 ans av. jc par des scribes sumériens, compose le premier récit imaginaire connu, célèbre notamment pour son épisode du déluge, bien plus ancien que celui de la Bible. Plus récent, le code d’Hammourabi [20] datant de 1700 av. jc est le premier recueil de lois.

Les Akkadiens, qui ont finalement étendu leur domination à l’ensemble de la Mésopotamie à partir de l’an 2000 avant jc, l’adoptèrent. Il fut aussi, à partir de 1760 av. jc, l’écriture du royaume de Babylone puis, plus tard, de celui de l’Assyrie [21].

La civilisation élamite [22], qui s’édifia à l’est de la Mésopotamie, autour de la cité de Suse [23], sur le territoire de l’actuel Iran, emprunta, à son tour, les signes cunéiformes qui y connurent une évolution propre.

Jusqu’aux Hittites [24], habitants du vaste plateau anatolien dont la langue indo-européenne, pourtant fort éloignée des langues sémitiques de la région mésopotamienne, surent également utiliser le système cunéiforme. Ils en firent une écriture officielle que les scribes utilisèrent afin de transcrire toutes les langues de l’Empire.

Tandis que l’écriture sumérienne va gagner la majeure partie de l’Asie occidentale, simultanément, l’Égypte développe un système original.

A cette époque, dans la vallée du Nil, d’autres scribes [25] s’activent également à retranscrire lois et contrats depuis le 3ème millénaire av. jc. Cette pratique de l’écriture est devenue un art non seulement à cause de la beauté des textes, mais aussi de sa complexité.

Le hiéroglyphe [26] est en effet sacré puisqu’il a été offert par le dieu Thot , aux hommes pour les aider à s’approprier le monde.

Nous sommes ainsi en présence d’un système parfaitement élaboré, d’une véritable écriture qui, contrairement au cunéiforme, fut capable, dès son apparition, de transcrire aussi bien des précis de médecine ou de droit, que des prières, des légendes, des faits historiques et toutes formes de littérature. Certains reliefs et peintures ornant les tombes contiennent aussi des textes relatant les propos tenus par les personnages.

Par leur profusion, la grande précision des informations qu’ils contiennent et leur valeur artistique indiscutable, les hiéroglyphes sont un témoignage sur la brillante civilisation de l’Égypte pharaonique. Malgré sa remarquable inventivité, l’écriture des Égyptiens n’est, cependant, qu’une esquisse de ce qui deviendra l’écriture moderne. Le passage décisif va s’opérer par la naissance de l’alphabet.

Pendant que le Moyen Empire égyptien s’installe à l’ombre des pyramides, les Chinois ne chôment pas et mettent au point l’écriture qui est encore la leur aujourd’hui.

D’après la tradition, ce serait le ministre Cang Jie qui, vers 2700 av. jc, aurait fait trembler les dieux de rage lorsque, avec ses quatre yeux, il observa les traces des pattes des oiseaux pour faire les caractères d’écriture. Les premiers caractères s’inspirent en effet de la forme des réalités à décrire avant de se styliser ou de former des idéogrammes. Ainsi, il suffit d’associer le signe de l’eau à celui des cheveux pour faire naître l’idée de se laver les cheveux. On part également du son lui-même auquel on ajoute une « clé » pour éviter les confusions entre homophones. On arrive ainsi à former près de 55.000 signes ! Heureusement, « seulement » 3000 sont nécessaires dans la vie courante.

Fait remarquable, l’écriture chinoise, à la différence des écritures occidentales, a très peu varié depuis ses origines. Mais la transcription d’une pensée de plus en plus élaborée a nécessité au fil des siècles un nombre croissant de caractères distincts.

Malgré les efforts de Li Si , ministre du Premier Empereur Shi Huangdi, pour codifier et stabiliser l’écriture, le nombre de caractères est passé d’environ 3000 à plus de 50.000 aujourd’hui. Toutefois, il suffit d’en connaître 2.000 à 6.000 pour arriver à un très bon niveau de lecture.

C’est la maîtrise même de ces traits qui a permis le développement de l’art de la calligraphie, facilité par l’invention du papier au début de notre ère. Notons que le Japon et la Corée s’inspirèrent de leur grand voisin pour mettre au point leur propre écriture.

L’écriture maya [27] aurait été créée à partir de celle des Olmèques [28] vers 300 av. jc. Victime de la fureur des conquistadors [29] puis des missionnaires, seuls quatre codex mayas ont échappé aux flammes et nous sont parvenus. On y découvre toute la complexité de cette écriture basée sur l’utilisation de près d’un millier de glyphes [30] représentant soit le mot lui-même, soit une syllabe. Devant loger dans des carrés, ces glyphes sont plus ou moins élaborés, passant de la stylisation à la figure entière d’un personnage, représentant lui-même une idée. Le scribe peut également choisir de ne reproduire qu’un détail, par exemple une patte pour représenter la sauterelle entière. Ou encore de mettre le lecteur face à une sorte de rébus pour l’obliger à relier les sons. A moins qu’il ne préfère se baser simplement sur les syllabes.

P.-S.

*Source : Herodote.net : Isabelle Grégor, L’Art d’écrire, Encyclopédie de Diderot et d’Alembert- Karen Brookfield, L’Écriture et le livre, Gallimard (« Les Yeux de la découverte »), 1993
- Georges Jean, L’Écriture, mémoire des hommes, Gallimard (« Découvertes » n°24), 1987
- Michel Renouard, Naissance des écritures, éd. Ouest-France (« Histoire »), 2011
- « L’écriture depuis 5000 ans », L’Histoire (« Les collections ») n°29, octobre-décembre 2005.

Notes

[1] Initialement nommée grotte ornée de la Combe d’Arc, du nom du lieu-dit, la grotte ornée du Pont d’Arc ou grotte Chauvet-Pont d’Arc, dite plus simplement grotte Chauvet, est une grotte ornée paléolithique découverte en 1994 située en France dans la commune de Vallon-Pont-d’Arc, dans le département de l’Ardèche. Le site comporte un millier de peintures et de gravures, dont 447 représentations d’animaux de 14 espèces différentes. De nombreuses datations directes par la méthode du carbone 14 sur les charbons de bois, de la datation U-Th sur les planchers de calcite, de thermoluminescence de traces de feu sur les parois ou de la datation cosmogénique par le 36Cl au niveau du porche ont donné des résultats cohérents qui indiquent que la grotte a connu deux phases d’occupation, l’une à l’Aurignacien (37 à 33 500 ans), l’autre au Gravettien (31 à 28 000 ans). Les peintures et les gravures, réalisées pendant la première phase, comptent parmi les plus anciennes au monde.

[2] La Mésopotamie est une région historique du Moyen-Orient située dans le Croissant fertile, entre le Tigre et l’Euphrate. Elle correspond pour sa plus grande part à l’Irak actuel.

[3] « calculi » en latin, qui a donné calcul

[4] Uruk ou Ourouk est une ville de l’ancienne Mésopotamie, dans le sud de l’Irak. Le site est aujourd’hui appelé Warka, terme dérivé de son nom antique, qui vient de l’akkadien, et qui a aussi donné l’hébreu Erekh dans la Bible. Le site d’Uruk fut occupé à partir de la période d’Obeïd (vers 5000 av. jc), et ce jusqu’au 3ème siècle de notre ère. Cette ville joua un rôle très important sur les plans religieux et politiques pendant quatre millénaires. Uruk est l’une des agglomérations majeures de la civilisation mésopotamienne. Elle passe pour être la plus ancienne agglomération à avoir atteint le stade urbain dans la seconde moitié du 4ème millénaire av. jc, pendant la période à laquelle elle a donné son nom (période d’Uruk), et c’est vraisemblablement là que l’écriture a été mise au point au même moment.

[5] Sumer est une région située à l’extrême sud de la Mésopotamie antique (actuel Irak), couvrant une vaste plaine parcourue par le Tigre et l’Euphrate, bordée, au sud-est, par le golfe Persique. Il s’y est développé une importante civilisation à compter de la fin du 4ème millénaire av. jc et durant le 3ème millénaire av. jc.

[6] Thèbes (aujourd’hui Louxor) est le nom grec (Thebai) de la ville d’Égypte antique Ouaset (« Le sceptre » ou « La Puissante »), appartenant au quatrième nome de Haute Égypte. D’abord obscure capitale de province, elle prend une importance nationale à partir de la XIème dynastie. Elle est en effet la ville d’origine des dynastes de la famille des Antef, qui fondent la XIème dynastie avec Montouhotep 1er et Montouhotep II, liquidateurs de la Première Période intermédiaire et rassembleurs des Deux Terres, c’est-à-dire de la Haute Égypte et de la Basse Égypte.

[7] les écoles islamiques où les élèves apprennent le Coran

[8] Le territoire de la Phénicie correspond au Liban actuel auquel il faudrait ajouter certaines portions de la Syrie et de la Palestine. Les Phéniciens étaient un peuple antique d’habiles navigateurs et commerçants. Partis de leurs cités États en Phénicie, ils fondèrent dès 3000 av jc de nombreux comptoirs en bordure de la Méditerranée orientale, notamment Carthage en 814. Rivaux des Mycéniens pour la navigation en Méditerranée au 2ème millénaire av jc, ils furent d’après ce qu’on en sait les meilleurs navigateurs de l’Antiquité. L’invasion des Peuples de la Mer va ravager les cités phéniciennes, de même que Mycènes et les autres territoires qu’ils traversent, mais c’est ce qui va permettre aux Phéniciens de trouver leur indépendance vis-à-vis des puissances voisines qui les avaient assujettis puisque celles-ci seront elles aussi détruites par ces invasions. La chute de Mycènes en particulier va leur permettre de dominer les mers. Après avoir supporté les assauts des Athéniens, des Assyriens, de Nabuchodonosor puis de Darius III, la Phénicie disparut finalement avec la conquête par Alexandre le Grand en 332 av jc.

[9] roseau

[10] représentations schématiques

[11] troupeaux, esclaves, maisons, outils...

[12] signes représentant une idée

[13] Le Tigre est un fleuve de Mésopotamie long de 1 900 km. Ce fleuve prend sa source en Turquie comme l’autre grand fleuve de la région l’Euphrate.

[14] L’Euphrate est un fleuve d’Asie de 2 780 km de long. Il forme avec le Tigre dans sa partie basse la Mésopotamie. Son débit est particulièrement irrégulier puisque plus de la moitié de son flux s’écoule de mars à mai et que le débit peut tomber à 300 m3/s contre un débit moyen de 830 m3/s à l’entrée en Syrie. En période de crue, il peut atteindre 5 200 m3/s pouvant provoquer de graves inondations. Les deux branches mères de l’Euphrate naissent sur le haut-plateau anatolien : celle de l’ouest, ou Karasu, naît près d’Erzurum, dont elle traverse la plaine ; celle de l’est, le Murat, se forme au Nord du lac de Van, sur les flancs d’un contrefort occidental de l’Ararat. Il traverse ensuite la zone de piémont, zone aride partagée entre la Syrie et l’Irak. Arrivé aux environs de Ramadi en Irak, il entre dans la plaine fertile de Mésopotamie, passant par Fallujah à proximité de Bagdad, et puis à environ 1 km à l’ouest des ruines de Babylone. Il rejoint le Tigre dans le sud-est du pays à Qurna à environ 100 km au nord-ouest de Bassorah pour former le Chatt-el-Arab et se jeter dans le golfe Persique.

[15] Le golfe Persique est un golfe de l’océan Indien qui s’étend sur une superficie de 251 000 km². Il sépare l’Iran (l’ancienne Perse) de la péninsule arabique. À l’est, il communique avec le golfe d’Oman et la mer d’Arabie en passant par le détroit d’Ormuz. La profondeur du golfe Persique ne dépasse pas les 100 m et la salinité y est très forte.

[16] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[17] L’empire d’Akkad (ou empire d’Agadé, ou encore empire akkadien) est un État fondé par Sargon d’Akkad qui domina la Mésopotamie de la fin du 24ème siècle av. jc au début du 22ème siècle av. jc selon la chronologie la plus couramment retenue, même s’il est possible qu’il se soit épanoui environ un siècle plus tard, les datations étant incertaines pour une période aussi lointaine.

[18] expression latin qui signifie : en forme de clou

[19] Le royaume de Babylone s’est épanoui en Mésopotamie du sud du début du 2ème millénaire avant jc jusqu’en 539 av. jc, date de la prise de sa capitale par le roi Cyrus II de Perse. Cet État s’affirme à partir de la cité de Babylone dans le courant du 18ème siècle av. jc, sous l’impulsion du plus grand roi de sa première dynastie, Hammurabi. Après son pillage par les Hittites en 1595 av jc, Babylone passe sous l’autorité d’une dynastie d’origine kassite qui stabilise ce royaume pendant plus de quatre siècles. Cette période marque le début de la rivalité avec le royaume voisin situé au nord, l’Assyrie, qui marque les siècles suivants. Après plusieurs siècles d’instabilité entre 1100 et 800 av. jc, la Babylonie passe sous la coupe de l’Assyrie pendant plus un siècle (728-626 av. jc), avant d’initier une réaction qui aboutit à la destruction de l’Assyrie et à la formation de l’empire néo-babylonien (626-539 av. jc) par Nabopolassar et Nabuchodonosor II. Cette dernière phase de l’histoire du royaume de Babylone est brève, s’achevant en 539 av. jc par sa conquête par le roi perse Cyrus II. Dès lors, Babylone n’est plus dominée par une dynastie d’origine autochtone : aux Perses Achéménides (539-331 av. jc) succèdent les Grecs Séleucides (311-141 av. jc), puis les Parthes Arsacides (141 av. jc-224 ap. jc). La Babylonie conserve néanmoins sa prospérité jusqu’aux débuts de notre ère, tandis que sa culture millénaire s’éteint lentement.

[20] Le Code de Hammurabi est un texte juridique babylonien daté d’environ 1750 av. jc, à ce jour le plus complet des codes de lois connus de la Mésopotamie antique. Il a été redécouvert en 1901-1902 à Suse en Iran, gravé sur une stèle de 2,25 mètres de haut comportant la quasi-totalité du texte en écriture cunéiforme et en langue akkadienne, exposée de nos jours au musée du Louvre à Paris. Il s’agit en fait d’une longue inscription royale, comportant un prologue et un épilogue glorifiant le souverain Hammurabi, qui a régné sur Babylone d’environ 1792 à 1750 av. jc, dont la majeure partie est constituée de décisions de justice.

[21] L’Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d’Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s’est formé au 2ème millénaire av. jc un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux 8ème et 7ème siècles av. jc, l’Assyrie contrôle des territoires s’étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l’Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l’Iran.

[22] L’Élam est un ancien pays occupant la partie sud-ouest du plateau Iranien, autour des actuelles provinces du Khouzistan et du Fars, qui correspondent à ses deux principales régions, celle de Suse et celle d’Anshan/Anzan. Le pays élamite, attesté par des textes allant de la fin du 4ème millénaire av. jc au 1er millénaire ap. jc, recouvrit des réalités géographiques et politiques différentes pendant sa longue histoire. Il fut parfois divisé en plusieurs entités politiques, surtout jusqu’au 3ème millénaire av. jc, mais aussi plusieurs fois par la suite, et il connut par contre des phases d’unification, sous l’impulsion de puissantes dynasties (notamment les Sukkalmah, Igehalkides, Shutrukides), surtout au 2ème millénaire av. jc. À partir du 1er millénaire av. jc, l’Élam se réduit à sa partie occidentale, autour de la Susiane, la partie orientale étant occupée par les Perses, qui lui donnèrent le nom qu’elle a gardé depuis (Perse/Fars). Le pays élamite perdit son autonomie politique après son combat contre l’Assyrie et sa conquête par les Perses, même s’il semble avoir revécu plusieurs siècles plus tard, à travers le royaume d’Élymaïde.

[23] Suse ou Shushan dans la Bible est une ancienne cité de la civilisation élamite, devenue au 5ème siècle av. jc la capitale de l’Empire perse achéménide, située dans le sud de l’actuel Iran à environ 140 km à l’est du fleuve Tigre. Elle ne présente plus aujourd’hui qu’un champ de ruines.

[24] Les Hittites sont un peuple ayant vécu en Anatolie au 2ème millénaire av. jc. Ils doivent leur nom à la région dans laquelle ils ont établi leur royaume principal, le Hatti, situé en Anatolie centrale autour de leur capitale, Hattusan. À partir de la seconde moitié du 17ème siècle avant notre ère, les rois du Hatti construisent un des plus puissants royaumes du Moyen-Orient, dominant l’Anatolie jusqu’aux alentours de 1200 av. jc. À partir du 14ème siècle avant notre ère, ils réussissent à faire passer la majeure partie de la Syrie sous leur coupe, ce qui les met en rivalité avec d’autres puissants royaumes du Moyen-Orient : l’Égypte, le Mitanni et l’Assyrie.

[25] Le scribe désigne dans l’Égypte antique un fonctionnaire lettré, éduqué dans l’art de l’écriture et de l’arithmétique. Omniprésent comme administrateur, comptable, littérateur ou écrivain public, il fait fonctionner l’État de Pharaon au sein de sa bureaucratie, de son armée ou de ses temples. Le scribe royal domine l’administration centrale. Les scribes supérieurs font partie de la cour de pharaon, ils ne paient pas d’impôts et n’ont pas d’obligations militaires.

[26] du grec hieron, sacré et gluphein, graver

[27] La civilisation maya est une ancienne civilisation de Mésoamérique principalement connue pour ses avancées dans les domaines de l’écriture, de l’art, de l’architecture, de l’agriculture, des mathématiques et de l’astronomie. C’est une des civilisations précolombiennes les plus étudiées avec celles des Aztèques et des Incas. Elle occupait à l’époque précolombienne un territoire centré sur la péninsule du Yucatán, correspondant actuellement à une partie du sud du Mexique, au Belize, au Guatemala, au Honduras et au Salvador. C’est une des plus anciennes civilisations d’Amérique : ses origines remontent à la préhistoire. La sédentarisation de populations est attestée, dans l’aire maya, à l’époque archaïque, entre le 7ème et le 3ème millénaire av. jc, les villages les plus anciens ayant été retrouvés sur les côtes de la mer des Caraïbes et de l’océan Pacifique. Les premiers indices de stratification sociale remontent à l’époque préclassique ancienne, au 2ème millénaire av. jc, et se multiplient à l’époque préclassique moyenne, entre 1000 et 400 av. jc, avant l’émergence progressive d’États au préclassique récent. D’importantes cités-États mayas des Basses-Terres du sud, telles que Copán, Tikal ou Palenque, connurent leur niveau de développement le plus élevé à la période classique, entre le 6ème et le 9ème siècle de notre ère, avant d’être rapidement abandonnées entre la fin du 8ème et du 9ème siècle.

[28] Les Olmèques sont un ancien peuple précolombien de Mésoamérique s’étant épanoui de 2500 av. jc jusqu’à 500 av. jc sur la côte du golfe du Mexique, dans le bassin de Mexico, et le long de la côte Pacifique (États du Guerrero, Oaxaca et Chiapas). C’est la plus ancienne civilisation connue de Mésoamérique, dont elle est souvent considérée comme la « culture-mère » parce que la première ville olmèque, San Lorenzo, est la plus ancienne ville mésoaméricaine connue et parce que les cultures suivantes partagent plusieurs caractéristiques communes qui semblent héritées des Olmèques.)

[29] Les conquistadors (terme qui signifie conquérants en castillan et en portugais) sont des explorateurs, et plus généralement les chefs d’expédition et leurs soldats qui ont exploré puis conquis le Nouveau Monde du 15ème au 16ème siècles pour la couronne de Castille, participant directement à la conquête de l’Amérique. Cet épisode de l’histoire est désigné sous le terme colonisation espagnole des Amériques.

[30] Un glyphe est une représentation graphique (parmi une infinité possible) d’un signe typographique, autrement dit d’un caractère (glyphe de caractère) ou d’un accent (glyphe d’accent), ou bien d’une ligature de ces caractères