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Révolte des esclaves à Saint-Domingue

mardi 3 septembre 2019, par ljallamion

Révolte des esclaves à Saint-Domingue

Le 22 août 1791 débute une révolte des esclaves dans la colonie française de Saint-Domingue, dans les Antilles. Au terme d’une affreuse guerre de libération, elle mènera à l’indépendance du pays sous le nom d’Haïti. La colonie de Saint-Domingue se situe dans les Grandes Antilles, dans la partie occidentale de l’île d’Hispanolia*, du nom Isla espanola que lui avait donné son découvreur Christophe Colomb le 6 décembre 1492. Ses premiers habitants étaient de pacifiques Indiens Taïnos*, du groupe des Arawaks*. Ces Indiens ont disparu tragiquement suite à la colonisation européenne, victimes du travail forcé, des persécutions et des maladies. Les esclaves africains débarquèrent dès 1502 pour remplacer les Indiens dans les maisons et les mines d’or.

Indiens et Noirs ne manquent pas de se révolter. C’est ainsi qu’un cacique* (chef indien) du nom d’Henri se réfugie dans les montagnes avec des compagnons indiens et noirs et parvient à maintenir son indépendance pendant 13 ans. C’est le début du marronnage*, (nom donné aux fuites d’esclaves dans la forêt).

En 1535, le gouverneur Nicolas Ovando fait venir des plants de canne à sucre des îles Canaries* et encourage leur plantation pour compenser l’épuisement des mines d’or.

Au 17ème siècle des boucaniers* français commencent de s’installer sur l’île voisine de la Tortue*. Eux-mêmes se dénomment pompeusement les “Frères de la côte”. Ce sont des chasseurs qui doivent leur nom au fait qu’ils consomment du boucan*(c’est-à-dire de la viande séchée à la fumée). Ce sont aussi des pirates et des corsaires qui s’en prennent aux métaux précieux que les riches galions espagnols convoient du Mexique vers l’Espagne.

Leur présence, ils sont près de 3000 attire l’attention du gouvernement français. En 1641, Le Vasseur enlève l’île de la Tortue et l’année suivante, le chevalier de Fontenay prend possession d’Hispanolia au nom du roi Louis XIII. En 1697, le roi Louis XIV se fait céder la partie occidentale d’Hispanolia par le traité de Ryswick* qui met fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg*.

De son nom officiel “côtes et îles de Saint Domingue en l’Amérique sous le vent”, la colonie devient très vite la plus prospère des possessions françaises d’outre-mer grâce à ses plantations de café et de canne à sucre et à ses nombreux esclaves noirs.

À la veille de la Révolution française, Saint-Domingue assure près des 3/4 du commerce mondial de sucre ! En 1788, son commerce extérieur, évalué à 214 millions de francs, est supérieur à celui des États-Unis.

La colonie compte près de 600.000 habitants, dont 40.000 affranchis, essentiellement des mulâtres, et 500.000 esclaves noirs. Les affranchis n’ont pas les mêmes droits que les colons mais bénéficient d’une certaine aisance et sont parfois même propriétaires d’esclaves.

La majorité des esclaves sont nés en Afrique. Ils ont été introduits dans l’île dans le cadre de la traite* (nom donné au trafic d’esclaves) pratiqué par les Européens, au rythme effarant de 30.000 par an dans les années précédant la Révolution.

Dans le même temps, la partie espagnole de l’île, Santo Domingo, dépérit et compte à peine quelques dizaines de milliers d’habitants. Le sort de l’île est bouleversé par la Révolution française. Le 15 mai 1791, à Paris, l’Assemblée nationale accorde timidement le droit de vote à certains hommes de couleur libres. Cette demi-mesure inquiète les colons blancs de Saint-Domingue qui songent à proclamer leur indépendance pour préserver leur île des idées séditieuses venues de Paris. Elle ne satisfait pas davantage les affranchis, qui attendent une véritable égalité de droit avec les colons, ni les esclaves, qui attendent une libération complète.

Dans la nuit du 22 au 23 août 1791, les nègres marrons ainsi appelait-on les esclaves qui avaient fui les plantations et s’étaient réfugiés dans les forêts s’insurgent après une cérémonie vaudou* au Bois-Caïman*, près de Morne-Rouge*, sous la direction d’un prêtre vaudou, le fameux Boukman entouré de ses lieutenants.

Des centaines de sucreries et de caférières* (plantations de café) sont détruites. Les Blancs eux-mêmes sont massacrés par centaines. C’est le début d’une longue et meurtrière guerre qui mènera à l’indépendance de la prospère colonie. Les insurgés ne tardent pas à recevoir le soutien inespéré des affranchis, irrités que les révolutionnaires aient fait exécuter plusieurs d’entre eux, dont le célèbre François Ogé, coupables d’avoir réclamé l’égalité des droits.

La révolte est prise en main par un cocher de 48 ans nommé François Toussaint qui a été affranchi 15 ans plus tôt.

Il entre au service de François Biassou et ne tarde pas à faire la preuve de son courage et de ses talents de stratège. Le surnom de L’ouverture ou Louverture s’ajoute à son nom en raison de la bravoure avec laquelle il enfonce les brèches ! Le 28 mars 1792, l’Assemblée législative établit une égalité de droit entre tous les hommes libres à l’exception des esclaves mais cette nouvelle demi-mesure intervient trop tard pour arrêter l’insurrection.

En 1793, l’Espagne entre en guerre contre la France. Madrid, qui occupe la partie orientale de l’île, Santo Domingo, offre à Biassou et Toussaint Louverture de combattre les Français à ses côtés en échange d’une promesse de liberté générale. Les insurgés acceptent et Toussaint Louverture reçoit le grade de lieutenant général dans les armées espagnoles. Il commande 4000 hommes et bientôt vole de succès en succès.

Face à la révolte des esclaves et aux menaces d’invasion anglaise et espagnole, les commissaires de la République française, Sonthonax et Polverel, se résignent à proclamer la liberté générale des esclaves.

C’est chose faite le 29 août 1793 dans la province du Nord et le 4 septembre dans les parties ouest et sud.

La Convention généralise ces décisions par le décret du 6 pluviôse An II* (4 février 1794) en abolissant l’esclavage dans l’ensemble des colonies françaises.

Voyant cela, certains planteurs n’hésitent pas à appeler les Anglais à leur secours. 3 mois plus tard, en mai 1794, 7.500 soldats anglais venus de la Jamaïque voisine débarquent à Haïti et s’emparent de la capitale, Port-au-Prince.

Heureusement pour la France, Toussaint Louverture prend conscience de la fragilité du soutien espagnol : Madrid tarde à concrétiser sa promesse de libération des esclaves. En définitive, le héros noir décide de faire front commun avec les révolutionnaires français, leur sachant gré d’avoir libéré les esclaves.

Il intervient avec ses troupes aux côtés du général Laveaux et la Convention le nomme général de division le 17 août 1794.

Les Anglais sont bientôt battus et décimés par une épidémie de fièvre jaune à laquelle les Noirs sont, eux, presque insensibles. En octobre 1798, Toussaint Louverture reçoit leur reddition au nom de la République française. Il prend dès lors en main le gouvernement de l’île et s’applique à rassurer les planteurs. La prospérité ne tarde pas à revenir.

Toussaint Louverture réoccupe le 27 janvier 1801 la partie orientale de l’île, que l’Espagne avait cédé à la France en 1795 par le traité de Bâle*. Cette initiative déplaît à Napoléon Bonaparte, qui gouverne à ce moment-là la France avec le titre de Premier Consul.

Le libérateur de Saint-Domingue n’en a cure et le 8 juillet 1801, il proclame l’autonomie de l’île et se nomme Gouverneur général à vie de la nouvelle République.

P.-S.

Source L’Histoire du 18ème siècle Source : Imago mundi Texte de Léonardon/ article de Fabienne Manière/herodote/ evenement/17720428/dossier 414