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Les Afghans écrasent les Indiens à Panipat

mercredi 18 juin 2025, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 22 juin 2020).

Les Afghans écrasent les Indiens à Panipat

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Les Afghans écrasent les Indiens à la 3ème bataille de Panipat en 1761

Le 14 janvier 1761, une grande bataille a lieu à Panipat [1], près de Delhi [2] en Inde, en un lieu célèbre où s’affrontent régulièrement les peuples de l’Asie du Sud.

Le vainqueur est Ahmed chah Abdali . C’est un guerrier pashtoun [3] de confession sunnite [4], originaire des montagnes afghanes. Il écrase ce jour-là les Marathes [5] et les Moghols [6] de l’Inde.

Les premiers forment une puissante confédération de principautés hindouistes [7] au centre du sous-continent. Mais ils sont divisés et haïs de leurs voisins et alliés, qu’ils accablent d’impôts.

Les seconds conservent autour de Delhi les débris d’un puissant empire musulman fondé par le conquérant Babur chah après une bataille victorieuse au même endroit, à Panipat, en 1526 [8].

Le vainqueur, Ahmed chah, a d’abord guerroyé pour le compte du chah de Perse. Ayant réuni les tribus afghanes sous son autorité, il s’en est désigné roi en 1747 et a fondé la dynastie Durrani [9], du nom de sa tribu, que l’on connaît aussi sous un nom plus ancien, Abdali.

Se détournant de l’Inde, Ahmed chah utilise la victoire de Panipat pour affermir l’indépendance des tribus afghanes, tant sunnites que chiites [10], afin qu’elles ne soient plus comme autrefois sujettes aux attaques de la Perse ou des potentats indiens. À sa mort, en 1773, le royaume d’Afghanistan va atteindre sa plus grande expansion, du Tibet [11] aux rives de l’océan Indien.

Sur le long terme, la victoire de Ahmed chah profite surtout à la Compagnie anglaise des Indes orientales [12] en affaiblissant les principaux États de l’Inde qui auraient pu s’opposer à son expansion.

La Compagnie poursuit la colonisation du sous-continent pour le compte des négociants britanniques.

Plus tard, l’Afghanistan va subir à son tour la pression des Britanniques, mais leur donnera beaucoup de fil à retordre. Après beaucoup de vicissitudes, son indépendance sera reconnue en 1921 par la Grande-Bretagne.

P.-S.

Source : L’Histoire du 18ème siècle Source : Imago mundi Texte de Léonardon/ article de Fabienne Manière/herodote/ evenement/17720428/dossier 414

Notes

[1] La troisième bataille de Panipat a eu lieu le 14 janvier 1761 à Panipat (État d’Haryana, Inde), située 98 km au nord de Delhi. La bataille opposa les forces expéditionnaires des Marathes, soutenues par les Français, à la cavalerie légère des Afghans, dirigée par l’empereur Ahmad Shâh Durrani, et se termina par la défaite de l’armée marathe.

[2] Delhi est une ville et un territoire du nord de l’Inde, contenant en son sein New Delhi, la capitale du pays. Delhi est située sur les bords de la rivière Yamuna, et est depuis longtemps une ville importante, placée sur les routes de commerce du nord-ouest aux plaines du Gange. Elle a été la capitale historique de plusieurs empires indiens. Delhi est notamment rattachée à l’Empire moghol en 1526 après la victoire du prince Babur face au dernier sultan de Delhi. Les Moghols établissent leur capitale dans la partie de la ville maintenant connue comme le Old Delhi (vieux Delhi). Elle reste capitale jusqu’en 1707 et la défaite des Moghols face aux Marathas. Au début du 20ème siècle, pendant la colonisation britannique, le gouvernement britannique décide de déplacer la capitale de Calcutta, jugée trop excentrée, vers la ville de Delhi : New Delhi est ainsi construite au sud de la vieille ville et devient la capitale de l’Empire britannique des Indes en 1911.

[3] Les Pachtounes sont un peuple iranien divisé en plusieurs grandes tribus et parlant surtout le pachto. Peuple fondateur de l’Afghanistan moderne avec Ahmad Shah Durrani au 18ème siècle, les Pachtounes ont par ailleurs donné leur nom au pays, « afghan » étant un synonyme de « pachtoune ». La population pachtoune la plus importante se trouve toutefois au Pakistan, surtout dans la province de Khyber Pakhtunkhwa qui a pris leur nom. Il représenterait selon les sources entre 42 % et 40 % de la population totale de l’Afghanistan, et 10 % de celle du Pakistan. La ligne Durand établie en 1893 répartit les territoires pachtounes entre Afghanistan et Raj britannique, dont une partie est devenue le Pakistan en 1947, divisant le peuple pachtoune entre ces deux États.

[4] Le sunnisme est un courant religieux majoritaire de l’islam. 90 % des musulmans sont sunnites. Il est souvent apparenté à une vision orthodoxe de l’islam. Constituant l’une des trois grandes divisions de l’islam, les sunnites sont désignés en arabe comme les gens de la « sunna » et de la majorité religieuse (ahl al-sunna wa’l-djama‘a). Par opposition aux chiites et aux kharidjites, on les appelle parfois « musulmans orthodoxes ». Ce qui distingue les courants de l’islam est principalement l’interprétation de la religion.

[5] L’Empire marathe, ou Confédération marathe, est un État qui a dominé une grande partie de l’Inde de la fin du 17ème siècle où il prend le pas sur la domination moghole au début du 19ème siècle où il est conquis par la Compagnie britannique des Indes orientales et subséquemment intégré à l’empire colonial britannique.

[6] L’Empire moghol ou mogol est fondé en 1526 dans l’actuelle Inde par Babur, descendant de Tamerlan et de Gengis Khan, lorsqu’il défait Ibrahim Lodi, dernier sultan de Delhi, à la première bataille de Pânipat. Le nom Moghol est dérivé du nom de la zone d’origine des Timourides, ces steppes d’Asie centrale autrefois conquises par Genghis Khan et connues par la suite sous le nom de Moghulistan (terre des Mongols). Bien que les premiers Moghols aient parlé la langue tchaghataï et conservé des coutumes turco-mongoles, ils avaient pour l’essentiel été persanisés. Ils introduisirent donc la littérature et la culture persanes en Inde, jetant les bases d’une culture indo-persane. L’Empire moghol marque l’apogée de l’expansion musulmane en Inde. En grande partie reconquis par Sher Shâh Sûrî, puis à nouveau perdu pendant le règne de Humâyûn, il se développe considérablement sous Akbar, et son essor se poursuit jusqu’à la fin du règne d’Aurangzeb. Après la disparition de ce dernier, en 1707, l’Empire entame un lent et continu déclin, tout en conservant un certain pouvoir pendant encore 150 ans. En 1739, il est défait par une armée venue de Perse sous la conduite de Nâdir Shâh. En 1756, une armée menée par Ahmad Shâh pille à nouveau Delhi, tandis que l’empire devient un espace d’affrontements entre les Européens (les Britanniques agrandissent leurs possessions et envahissent le Bengale à l’issue de la guerre de Sept Ans). Après la révolte des cipayes (1857-1858), les Britanniques s’emparent du Raj et exilent le dernier empereur moghol, resté jusqu’à cette date le souverain en titre de l’Inde

[7] L’hindouisme, ou indouisme, ou sanatana dharma, est l’une des plus anciennes religions du monde encore pratiquées qui n’a ni fondateur, ni dogme imposé, ni institution cléricale organisée uniformément (les brahmanes peuvent être de différentes écoles). C’est actuellement la troisième religion la plus pratiquée dans le monde après le christianisme et l’islam. Elle est issue du sous-continent indienn qui reste son principal foyer de peuplement. Le terme persan hindu désignait au départ, pour les musulmans qui pénétrèrent en Inde, les habitants du bassin de l’Indus

[8] La première bataille de Panipat a lieu le 21 avril 1526 en Inde du Nord, et marque la fin du sultanat de Delhi et le début de l’Empire moghol. Les troupes de Bâbur, le roi de Kaboul descendant de Tamerlan, défont l’armée beaucoup plus nombreuse du sultan Ibrâhîm Lodî. La bataille se tient près du petit village de Panipat, qui se trouve dans l’État indien actuel de l’Haryana, siège de nombreuses batailles décisives pour le contrôle du nord de l’Inde depuis le 12ème siècle. C’est une des premières batailles sur le sous-continent indien qui voit l’utilisation d’armes à feu et d’artillerie.

[9] Les Durrani sont une tribu afghane de l’ethnie pachtoune. Connue avant 1747 sous le nom des Abdâlî, la tribu change de nom en 1747 lors du couronnement d’Ahmad Shâh Durrani comme padishah d’Afghanistan et donne son nom à un empire jusqu’en 1826. Durrani est un dérivé de dur-é-duran qui signifie la perle des perles en langue pachtoun. À tort, ils sont souvent évoqués ainsi du fait de la ligne Durand, imposé durant la colonisation britannique, qui divise les Pachtounes d’Afghanistan et du Pakistan, mais il n’y a aucun lien avec ce nom.

[10] Le chiisme constitue l’une des deux principales branches de l’islam, l’autre étant le sunnisme. Il regroupe environ 10 à 15 % des musulmans, dont 90 % de la population iranienne]. Il pensait que les Perses étaient favorables aux Hachémites[[La dynastie des Hachémites désigne les descendants de Hachim ibn Abd Manaf, de la tribu des Quraychites. Les Hachémites ont longtemps été les gardiens de la ville sainte de La Mecque, ils sont aujourd’hui la famille royale régnant en Jordanie, et ont régné sur le Royaume d’Irak jusqu’à la révolution républicaine de 1958.

[11] Le Tibet est une région de plateau située au nord de l’Himalaya en Asie, habitée traditionnellement par les Tibétains et d’autres groupes ethniques (Monbas, Qiang et Lhobas) et comportant également une population importante de Hans et de Huis. Le Tibet est le plateau habité le plus élevé de la planète, avec une altitude moyenne de 4 900 m. Au 7ème siècle, le Tibet unifié est fondé par Songtsen Gampo, qui crée par la guerre un vaste et puissant empire, qui, à son apogée, s’étend sur une bonne partie de l’Asie y compris certaines parties de la Chine

[12] La Compagnie des Indes orientales, appelée dans un second temps Compagnie britannique des Indes orientales a été créée le 31 décembre 1600 par une charte royale de la reine Élisabeth 1ère d’Angleterre lui conférant pour 20 ans le monopole du commerce dans l’océan Indien. Première des compagnies européennes fondées au 17ème siècle pour conquérir les Indes et dominer les flux commerciaux avec l’Asie, elle trouve sa place face à la compagnie néerlandaise des Indes orientales, la célèbre VOC, et prend l’avantage sur la Compagnie française des Indes orientales qu’elle conduit à la ruine en conquérant toutes ses possessions en Inde, tout en survivant à une grave crise financière. Elle marque profondément la création du futur Empire britannique. Elle devient l’entreprise commerciale la plus puissante de son époque et acquiert des fonctions militaires et administratives régaliennes dans l’administration de l’immense territoire indien. Heurtée de plein fouet par l’évolution économique et politique du 19ème siècle, elle décline progressivement, puis disparaît en 1858 après la révolte des cipayes. Depuis ses quartiers généraux de Londres, son influence s’est étendue à tous les continents : elle a, entre autres, présidé à la création des Indes britanniques et du Raj, fondé Hong Kong et Singapour, répandu la culture du thé en Inde et l’usage de l’opium en Chine, retenu Napoléon captif à Sainte-Hélène, et s’est trouvée directement impliquée dans la Boston Tea Party qui servit de déclenchement à la guerre d’indépendance des États-Unis.