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L’histoire pour le plaisir

Jean Malalas

mardi 30 juillet 2019

Jean Malalas (vers 491-vers 578)

Fonctionnaire dans l’administration impériale

Il est l’auteur de la plus ancienne chronique byzantine qui nous soit parvenue : la Chronographia [1].

Malalas fit carrière alternativement à Antioche [2], ville qui occupe une place importante dans son œuvre, et à Constantinople. Écrite en grec populaire, mélangeant faits historiques, fables et légendes, sa chronique ne semble pas avoir obtenu le succès qu’il escomptait pour promouvoir sa carrière, en dépit de ses rééditions successives. Assez peu fiable dans les premiers livres, celle-ci devient plus exacte pour les règnes de Justin et de Justinien dont il fut le contemporain. Toutefois, la chronique a exercé une grande influence non seulement sur les chroniques byzantines subséquentes mais aussi, par le biais de traductions, sur les chroniques slaves.

Comme Jean le Lydien , Pierre le Patrice et Hésychios de Milet , Jean Malalas fut le contemporain de Procope de Césarée et l’un des nombreux historiens qui écrivirent pendant le règne de Justinien 1er.

On sait très peu de choses sur sa vie. Toutefois, sa chronique donne de nombreux indices qui permettent d’en déduire les grandes lignes ; il ne s’agit toutefois que d’hypothèses, et non de faits attestés.

Jean naquit à Antioche d’une famille syrienne. Son éducation semble s’être arrêtée au niveau secondaire si l’on en juge par l’absence des conventions traditionnelles dont se servaient les auteurs ayant une éducation universitaire et à la piètre qualité de son grec vernaculaire.

Comme la plupart des gens d’Antioche, Malalas était probablement monophysiteLe monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans l’Empire byzantin en réaction au nestorianisme, et ardemment défendue par Eutychès et Dioscore d’Alexandrie.. Il semble toutefois peu intéressé par les problèmes doctrinaux. Il se réfère aux patriarches de Constantinople [3] et d’Antioche comme à des nestoriens [4], adjectif qu’il applique également au Concile de Chalcédoine [5].

Sa carrière se partagea entre Antioche et Constantinople, et les textes de sa chronique décrivant des événements ayant lieu à son époque prennent place alternativement dans l’une et l’autre ville. De l’intérêt qu’il porte à la fonction de Comes Orientis [6], on peut supposer qu’il fit carrière dans la bureaucratie d’Antioche de 507 à 512 ; de 512 à 519, il servit sous Marinus, haut fonctionnaire syrien et monophysite, à Constantinople. Après un bref retour à Antioche, il retourna à Constantinople en 522 et 523 pour servir sous les ordres de Théodotus, comte d’Orient, qui fut pour un court laps de temps préfet de la Ville.

Après la disgrâce de Théodotus en 523, Malalas serait retourné à Antioche où il décrivit le tremblement de terre suivi de terribles incendies qui ravagèrent la ville en 526.

L’année suivante ou en 528, nouveau départ vers Constantinople où il aurait obtenu un poste dans l’administration du service diplomatique, comme le montre l’intérêt qu’il accorde pendant cette période à la politique étrangère de Justinien, particulièrement à l’endroit des Perses. Cet intérêt s’estompe cependant en 533, année à partir de laquelle Malalas se concentre à nouveau sur Constantinople. Bien que le manuscrit se termine abruptement au milieu de l’année 563, il devait se poursuivre jusqu’à la mort de Justinien en novembre 565 puisque Malalas mentionne la durée exacte du règne de Justinien. On ignore la date de sa mort, mais étant alors âgé de plus de 70 ans, il est peu probable qu’il ait survécu de nombreuses années.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de histoire de Jean Malalas/ Encyclopédie Imago Mundi/ Malalas (Jean)

Notes

[1] La chronique de Malalas est la plus ancienne chronique byzantine que l’on ait conservée. Elle s’étend sur 18 livres dont certaines pages ont été perdues dans le manuscrit original ; on peut toutefois les reconstruire grâce notamment à la traduction qui en fut faite en slavon, ainsi qu’à divers auteurs qui s’en sont inspirés presque textuellement, comme celui de la Chronicon Paschale et Théophane le Confesseur

[2] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.

[3] Le titre de patriarche est donné dans certaines Églises chrétiennes, dont l’Église catholique, les Églises orthodoxes et les Églises orientales. L’autorité suprême d’une Église autonome est souvent désignée sous le titre de patriarche. Certaines Églises orientales utilisent aussi le titre de catholicos. Dans l’Église catholique, les patriarcats couvraient l’Empire romain, alors que les catholicos désignaient leur équivalent dans des territoires hors de l’empire, tels par exemple l’Arménie ou la Chaldée (située à l’intérieur de l’actuel Irak) notamment. On parle aussi de « patriarche mineur ».

[4] Doctrine hérétique de Nestorius qui reconnaissait les deux natures du Christ, humaine et divine, mais en niait la consubstantialité ; de ce fait même, l’hérésie niait que la Vierge puisse être appelée « Mère de Dieu ». Malgré sa condamnation par le concile d’Éphèse (431), le nestorianisme gagna la Perse, puis l’Asie, jusqu’à l’Inde et la Chine. Au 12ème siècle époque de son apogée, l’Église nestorienne comptait quelque 10 millions de fidèles. Aujourd’hui, seuls subsistent quelques dizaines de milliers de fidèles, principalement en Iraq et aux États-Unis, la majorité des nestoriens ayant rallié l’Église catholique à partir du 18ème siècle

[5] Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique et a eu lieu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie de la ville éponyme, aujourd’hui Kadıköy, un quartier chic de la rive asiatique d’Istanbul. Convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, à partir du 8 octobre 451, le concile réunit 343 évêques dont quatre seulement viennent d’Occident. Dans la continuité des conciles précédents, il s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès sur la base de la lettre du pape Léon 1er intitulée Tome à Flavien (nom du patriarche de Constantinople, destinataire de la lettre du pape).

[6] comte d’Orient