Après avoir étudié le droit, il embrassa la carrière de juriste à Constantinople où il fut remarqué par l’empereur Justinien, et par l’impératrice Théodora qui, comme lui, était monophysite [1].
Assistant du magister officiorum [2] Hermogenes, il fit ses premières armes en diplomatie durant les négociations de paix avec les Perses de 529 à 532. Sur la recommandation de Théodora, il fut envoyé en 534 à la cour ostrogothe* de Ravenne.
À l’époque un conflit se développait entre la reine Amalasuntha->938 qui agissait en tant que régente pour le jeune roi Athalaric et son cousin, Théodahat. À la mort d’Athalaric, Théodohad s’empara du trône, mit Amalasuntha en prison et envoya un message à l’empereur Justinien, espérant être reconnu dans ses fonctions par lui. Pierre rencontra les envoyés à Aulon [3] alors qu’il était en Épire [4], en route pour l’Italie ; il en notifia Constantinople, demandant de nouvelles instructions. L’empereur demanda de transmettre à Théodohad le message qu’Amalasuntha était sous sa protection et qu’aucun mal ne devait lui être fait. Toutefois, au moment où Pierre arriva en Italie, Amalasuntha avait déjà été assassinée.
En dépit de ses talents de plaideur sa mission fut un échec et il fut emprisonné par les Goths [5] à Ravenne pendant trois ans.
Il fut libéré à l’été 539 par le nouveau roi Vitigès en échange d’ambassadeurs envoyés par les Ostrogoths aux Perses mais capturés par les Byzantins. De retour à Constantinople, il fut nommé magister officiorum [6], l’une des plus hautes charges de l’État, lui donnant le contrôle du secrétariat impérial, de la garde impériale [7] et de la Poste d’État à laquelle appartenaient les redoutables agentes in rebus. Il devait rester en fonction quelque 26 années consécutives, une période de loin plus longue que n’importe lequel de ses prédécesseurs ou successeurs.
À peu près au même moment, ou peu après, il reçut le titre très convoité de patrice et l’appellation de gloriosissimus [8], la plus élevée dans la hiérarchie. On le fit également consul honoraire.
Pierre retourna donc à Constantinople porteur de lettres de Théodahat et du Sénat romain à l’intention du couple impérial, plaidant pour une solution pacifique. Lorsqu’il atteignit la capitale, la décision de Justinien en faveur de la guerre était déjà prise et l’empereur était à monter une armée. En conséquence, Pierre dut retourner en Italie à l’automne de 535, porteur d’un ultimatum, ou bien Théodahat abdiquait et retournait l’Italie à l’autorité impériale ou la guerre serait déclarée.
Une offensive byzantine sur deux fronts s’ensuivit visant les possessions extérieures du royaume ostrogoth. Bélisaire conquit la Sicile, pendant que Mundus envahissait la Dalmatie [9]. Ces nouvelles découragèrent Théodahat ; de la sorte Pierre put obtenir que la Sicile soit rétrocédée à l’Empire byzantin, que l’autorité du roi en Italie soit sévèrement restreinte, qu’une couronne d’or soit envoyée à titre de tribut annuel et que 3000 hommes de troupes soient fournis à l’armée impériale, faisant ainsi de Théodahat le sujet de Byzance.
À titre de magister, il prit part aux discussions des évêques occidentaux de 548 sur les Trois Chapitres et fut à plusieurs reprises envoyé entre 551 et 553 auprès du pape Vigile qui s’opposait à l’empereur sur cette question. Il figure également parmi les délégués au concile de Constantinople de mai 553 [10].
En 553-554, il fut envoyé par Justinien négocier un traité de paix avec les Perses, un rôle qu’il reprit en 561, lorsqu’il rencontra l’envoyé perse Izedh Gushnap à Dara [11] pour mettre un terme à la guerre lazique [12] qui durait depuis 20 ans.
Étant parvenu à un accord sur l’évacuation de la Lazique [13] par les Perses et sur le tracé de la frontière en Arménie, les deux ambassadeurs conclurent un accord de paix d’une durée de 50 ans entre les deux empires et leurs alliés respectifs. Le tribut annuel de Byzance à la Perse fut réduit de 500 à 420 livres d’or. D’autres articles règlementaient le commerce transfrontalier, lequel devait se limiter aux deux villes de Dara et de Nisibis [14], le retour des fugitifs et la protection des minorités religieuses de chaque empire [15].
Pierre retourna donc en Perse en 562 pour négocier, cette fois directement avec le shah, Chosroès 1er, sans cependant parvenir à une entente. Il retourna alors à Constantinople où il mourut en 565.
Contemporain de Procope de Césarée, ses écrits historiques n’existent plus que sous forme de fragments, mais sont une source unique d’information sur les cérémonies dans l’Empire byzantin de l’époque et sur les relations entre l’Empire byzantin et l’Empire sassanide.