Pierre Lombard naquit dans le Piémont, à Lumellogno, un hameau de Novare [1].
La famille Lombard était probablement pauvre, mais on ne sait rien de certain concernant ses origines sociales, ou l’éducation qu’il reçut dans sa jeunesse. Les 30 premières années de sa vie restent des pages blanches pour les historiens.
Son éducation commença fort probablement en Italie dans les écoles des cathédrales de Novare et de Lucques [2]. Le patronage d’Otto, évêque de Lucques [3] et de saint Bernard lui permit de quitter l’Italie et de continuer ses études à Reims et Paris.
Pierre Lombard arriva à Paris en 1136. Il n’y a aucun fait bien établi se rapportant à ce qu’il y fit jusqu’en 1142 quand on le retrouve comme auteur et enseignant reconnu.
À Paris, il entra en contact avec Pierre Abélard et Hugues de Saint-Victor , qui étaient parmi les principaux théologiens de ce temps.
Vers 1145, il devint magister [4], à l’école de la cathédrale Notre-dame de Paris.
Comment il réussit à gagner sa vie, avant de commencer à percevoir un revenu comme enseignant et la prébende de son canonicat, reste un mystère.
L’enseignement de Lombard lui apporta rapidement la reconnaissance. On peut supposer que sa renommée est ce qui incita les chanoines de Notre-dame à lui demander de rejoindre leur chapitre. Il était considéré comme théologien célèbre vers 1144. L’école parisienne des chanoines n’avait pas compté dans ses rangs de théologien éminent depuis plusieurs années.
Les chanoines de Notre-dame appartenaient à la famille des Capétiens, ou à des familles qui leur étaient apparentées de près par le sang ou par le mariage, à des rejetons de la noblesse d’Île-de-France ou de la Vallée orientale de la Loire, ou à des parents de fonctionnaires royaux. Au contraire, Pierre ne pouvait s’appuyer sur aucun parent, sur aucun lien avec des ecclésiastiques ni sur aucun patronage politique en France. Il semble donc qu’il ait été accueilli par les chanoines de Notre-dame uniquement pour ses mérites et ses connaissances.
On ne sait pas exactement quand il fut ordonné prêtre. Il devint sous-diacre [5] en 1147. Il prit part, comme expert théologique, au Concile de Reims et peut-être au consistoire de Paris l’année précédente.
Quelque temps après 1150 il devint diacre [6], puis archidiacre [7] vers 1156, ou peut-être dès 1152. En 1159, il fut appelé au siège épiscopal de Paris et consacré approximativement à la date de la fête de saints Pierre et Paul, le 29 juin 1159.
Son règne comme évêque fut bref. Il mourut le 21 ou le 22 juillet 1160. On ne peut guère connaître sa façon d’administrer ni ses objectifs parce qu’il a laissé bien peu d’actes épiscopaux.
Son épitaphe et tombeau se trouvaient dans la collégiale Saint Marcel à Paris avant qu’elle fût détruite sous la Révolution.
Pierre Lombard, fut, croit-on, le premier docteur nommé par l’Université de Paris [8].
Dans le cadre de son enseignement, il élabora, grâce à une méthode originale basée sur les Questions / Discussions, une méthode scolastique aux fins de l’enseignement des Maîtres de l’Université, le Livre des Sentences en 1152, où pour la première fois, dans l’enseignement universitaire, on faisait la distinction entre l’Écriture et la théologie. Ce livre, servit entre autres de modèle à Thomas d’Aquin.
Son œuvre la plus connue était “Libri quatuor sententiarum” [9]. Il servit de manuel théologique de base dans les universités médiévales, des années 1220 au 16ème siècle et était encore commenté un siècle plus tard.
Tous les grands penseurs médiévaux, d’Albert le Grand et Thomas d’Aquin à Guillaume d’Ockham et Gabriel Biel , étaient sous son influence. Même le jeune Martin Luther écrivit encore des commentaires sur les Sentences.
Pierre Lombard s’était proposé, par la composition de ce livre, de mettre un terme aux incertitudes et aux disputes des théologiens, en expliquant les dogmes par l’Écriture, la tradition et les Pères ; en les fixant par l’opinion des auteurs dont l’Église révérait depuis longtemps l’autorité. Mais il n’est pas facile d’arrêter l’activité des esprits, et Pierre Lombard vit sortir de son œuvre un résultat contraire à celui qu’il avait espéré.
Les livres des Sentences devinrent, par leur forme même, un texte parfaitement disposé pour fournir des occasions de discussions et de recherches.