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Jean de Courcy ou Coucey

lundi 4 décembre 2017

Jean de Courcy ou Coucey (1160-1219)

Chevalier normand-conquérant de l’Ulster

Il fait partie des nobles normands qui passent en Irlande dans le courant du 12ème siècle, où le roi de Leinster [1] Dermot MacMurrough les avait appelés pour l’aider à recouvrer son royaume.

Jean est issu d’une famille originaire de Courcy [2], installée en Angleterre à Stogursey [3] dans le Somerset [4].

On ne connait rien de son enfance. Il est probable que, jeune homme belliqueux et cruel, il se résout à tenter sa chance en voyant les progrès fait par ses compatriotes par les armes en Irlande.

Jean de Courcy arrive à Dublin en 1176 avec le king deputy [5] William FitzAldelm dit William FitzAudelin . Impatient d’en découdre, il quitte la ville fin janvier 1177 avec 22 chevaliers et 300 piétons, marche vers le Nord et quatre jours après vers le 1er février, il s’empare de Down [6], forçant le roi Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe à fuir. Il met la ville à sac et massacre une partie des habitants malgré les remontrances du cardinal Vivien, légat du pape [7], qui se trouvait alors dans cette ville. Il construit un château.

Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe, prince de la contrée de Down, nommée à cette époque Ulaid [8], ayant recruté en huit jours 10 000 hommes, s’avance pour délivrer la capitale, mais Courcy lui livre bataille dans la plaine et met son armée eu déroute après un rude combat. À peine 200 Irlandais échappent au carnage, tandis que Courcy aurait perdu seulement 2 hommes.

Le 24 juin suivant Jean de Courcy remporte encore une victoire sur les Ultoniens à Down. Il fait la même année des incursions dans les pays de Tyrone [9] et de Dalriada [10] qu’il met à feu et à sang.

En 1178 il marche avec son armée du côté de l’Airgíalla [11] où il est vigoureusement attaqué dans son camp de Gliuri par Murchadh Ua Cearbhaill, prince de ce pays conjointement avec Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe, prince d’Ulaid. Courcy est mis en déroute. Il est défait une seconde fois sur les frontières de Dalaradie, près de Fernia. Il se sauve avec peine lui-même, et se voit obligé de faire 30 milles à pied sans prendre de nourriture et toujours menacé, avant d’atteindre le château de Down.

En 1179, Jean initie un vaste programme de patronage ecclésiastique. Il fonde des abbayes, des prieurés, réforme des monastères en choisissant des maisons-mères majoritairement en Cumbria [12].

Jean de Courcy est créé comte d’Ultonie [13] et lord de Connacht [14] par le roi Henri II d’Angleterre en 1181 avant d’en avoir achevé la conquête.

Il épouse, en 1180, Affreca , fille de Godfred, roi de l’île de Man [15], afin de se concilier l’alliance de ce prince voisin. Au commencement de l’été de 1182, Courcy pénètre avec ses troupes dans le comté d’Antrim [16], et défait Domnall mac Aeda Mac Loughlainn roi de Tir Éogain [17] qui voulait s’opposer à ses progrès. Il pille ensuite le pays, et avant de rentrer à Down où il fait plusieurs fondations pieuses.

Par des expéditions répétées et laborieuses, de Courcy conserve les conquêtes anglaises en Irlande sans pouvoir les étendre : elles comprenaient à cette époque les districts maritimes de Down, de Dublin, de Wexford [18], de Waterford [19] et de Cork [20], liés les uns aux autres par une longue suite de forteresses.

Voyant le peu de succès de Jean, son fils, dans la conduite des affaires en Irlande où il l’avait envoyé comme vice-roi en 1185, Henri II le rappelle l’année suivante et nomme à sa place Jean de Courcy. Habile capitaine il rétablit la situation, il entreprend des expéditions dans les royaumes de Cork et de Connacht.

Son succès est inégal, notamment en 1188 dans le Connacht, mais sa réputation le fait redouter. Il venait de prendre la ville d’Armagh [21], lorsqu’à la mort de Henri II en 1189, il est rappelé et remplacé par un autre gouverneur.

À la nouvelle de sa destitution, il se retire en Ulster où il s’établit comme baron indépendant, sans reconnaître l’autorité de son successeur. Il reste loyal à Richard Cœur de Lion pendant la révolte de Jean sans Terre en 1193/1194. En 1197 il défait les Cenél Conaill [22] et s’empare du Donegal [23]. Deux ans plus tard il y retourne pour ravager l’Inishowen [24]. En chemin il détruit des églises à Ardstraw [25] et Raphoe [26].

La rivalité secrète qui existait entre les Lacy [27] et Jean de Courcy éclate au grand jour au commencement du règne du roi Jean en 1199. Homme violent et emporté, Jean de Courcy méprise ce souverain qui a fait mettre à mort le jeune Arthur en 1203, et ne s’en cache pas. Hugues de Lacy, nommé récemment justicier d’Irlande, reçoit l’ordre de le faire arrêter et de l’envoyer chargé de fers en Angleterre.

Averti du danger, de Courcy se retire en Ultonie [28] et se met sur la défensive ; il défait même près de Down un corps de troupes que le vice-roi avait fait marcher contre lui. Lacy voyant l’impossibilité de réduire son ennemi par la force des armes le fait déclarer criminel de lèse-majesté et met sa tête à prix.

De Courcy est trahi par des hommes de sa maison, qui le font prisonnier alors qu’il est désarmé le jour du vendredi saint 1203 et le conduisirent au vice-roi qui, après leur avoir fait donner la récompense promise, les fait pendre.

Conduit en Angleterre, Courcy est enfermé dans la tour de Londres [29]. Hugues de Lacy reçoit l’Ulster et le Connaught confisqués à Courcy donation confirmée le 29 mai 1205.

Peu de temps après, Courcy rentre en grâce auprès du roi Jean qui lui rend la liberté et ses biens.

Après la perte de ses domaines Irlandais, Courcy entre en rébellion. Avec l’aide de son beau-frère Ragnald IV de Man, il débarque à Strangford. en Ulster et met le siège devant le château de Rath [30], mais est repoussé par les Lacy. En novembre 1207, il retourne en Angleterre et se réconcilie avec le roi Jean. Il l’accompagne en 1210 dans son expédition en Irlande contre Hugues de Lacy, tombé en disgrâce.

Il participe au siège et à la prise du château de Carrickfergus [31], qu’il a fait construire, et Lacy est chassé d’Irlande.

Une charte garantissant la possession de terres à sa veuve Affreca, datée du 22 septembre 1219, laisse penser qu’il est mort récemment. Il ne laisse pas d’héritier.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Medieval Ireland, par Seán Duffy, Ailbhe MacShamhráin, James Moynes Publié par CRC Press, 2005

Notes

[1] La dignité de roi de Laigin fut revendiquée par deux familles descendantes du roi mythique Labradh fils de Bressal Belach les Uí Dúnlainge qui contrôlaient le Leinster du nord et les Uí Cheinnselaigh qui étaient implantés dans la partie sud-est du royaume. À partir de Diarmait mac Mail na mBo, les Uí Cheinnselaigh monopolisèrent la fonction royale. Bien que les Mac Murrough-Kavanagh aient réussi à maintenir leur autorité, souvent avec succès contre les anglais jusqu’à la fin du 16ème siècle, tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre on peut considérer Diarmait MacMurrough, comme le dernier roi de Leinster dans la mesure où par son mariage avec sa fille Aoife Richard FitzGilbert de Clare Comte de Pembroke devint roi du pays après sa mort en 1171.

[2] Calvados

[3] Stoke Courcy

[4] Le comté du Somerset en Angleterre du Sud-ouest est limité au nord par la ville de Bristol et le Gloucestershire, le Wiltshire à l’est, le Dorset au sud-est et le Devon au sud-ouest. Il est en partie délimité au nord et à l’ouest par le canal de Bristol et l’estuaire du Severn. Sa frontière traditionnelle du nord est constituée par la rivière Avon mais la limite administrative a glissé vers le sud avec la création et l’expansion de la ville de Bristol et, plus tard, le comté d’Avon.

[5] Député du Roi

[6] capitale du royaume d’Ulaid en Ulster

[7] représentant du pape

[8] Les Ulaid étaient un peuple du nord-est de l’Irlande primitive, qui donna son nom à la province moderne d’Ulster

[9] Le comté de Tyrone est le deuxième plus grand des neuf comtés d’Ulster et le plus grand des six comtés d’Irlande du Nord. Historiquement Tyrone s’étirait au nord jusqu’au Lough Foyle, et à l’est jusqu’au fleuve Foyle situé maintenant dans le comté moderne de Londonderry. Tyrone était le bastion traditionnel des différents clans O’Neill, qui font partie des plus importantes familles irlandaises gaéliques.

[10] Le Dal Riada était un royaume scot situé sur la côte nord-est de l’Irlande et la côte ouest de l’Écosse.

[11] Le royaume d’Airgíalla ou Airgialla est le nom d’une fédération de royaume irlandais qui s’est formée vers le 7ème siècle. Leur implantation historique s’étend sur les actuels provinces de Leinster et d’Ulster et correspondant aux modernes Comté de Louth, et Comté de Monaghan. L’« Airgíalla » était dirigé par un groupe de dynasties sans liens familiaux directs qui se sont implantées dans ce qui est désormais le centre et le sud de l’Ulster, où elles formaient une fédération militaires vers la fin du 7ème siècle. Le royaume d’Airgíalla était lui-même constitué de neuf sous-royaumes, portant le nom de leur dynastie régnante

[12] Le comté de Cumbria est un comté non-métropolitain essentiellement rural du nord-ouest de l’Angleterre. Son nom est parfois francisé en Cumbrie. Le comté est bordé à l’ouest par la mer d’Irlande, au sud par le Lancashire, au sud-est par le North Yorkshire et à l’est par les comtés de Durham et du Northumberland (chaîne des Pennines). L’Écosse est située juste au nord.

[13] earl of Ulster

[14] Connacht ou Connaught est une province de la République d’Irlande située à l’ouest sur la côte atlantique. La province comprend les cinq comtés de Galway, Leitrim, Mayo, Roscommon et Sligo. Après la première intervention des barons anglo-normands en Irlande Guillaume du Bourg reçoit vraisemblablement le titre de « seigneur de Connaught » mais il ne peut pas prendre possession de son domaine qui demeure entre les mains des Uí Conchobair jusqu’en 1224/1235. À cette date Richard Mor de Burgh se prévalant des droits de son père réclame l’investiture sur le Connacht. Il reçoit l’appui de son parent Hubert de Burgh qui est « Justicier d’Irlande » et qui l’autorise à effectuer une levée féodale parmi les barons normands pour conquérir le Connacht à partir de 1227. Après avoir vaincu Felim mac Cathal Crobderg Ua Conchobair roi de Connacht issu des Uí Conchobair qui ne conserve plus comme vassal du roi d’Angleterre que cinq cantons de son ancien royaume Richard de Burgh se proclama seigneur de Connaught en 1235.

[15] L’île de Man, est un territoire formé d’une île principale et de quelques îlots situés en mer d’Irlande, au centre des îles Britanniques. L’île de Man forme une dépendance de la Couronne britannique, c’est-à-dire que l’île n’appartient ni au Royaume-Uni ni à l’Union européenne mais relève directement de la propriété du souverain britannique, actuellement la reine Élisabeth II, qui agit en qualité de « seigneur de Man ». Ce statut n’en fait pas un État reconnu indépendant, mais l’île dispose d’une large autonomie politique et économique. L’île de Man est une terre celte depuis la protohistoire, puis devient un royaume viking au Moyen Âge, soumis à l’influence anglo-saxonne. Les dominateurs scandinaves y ont fondé un système politique basé sur le principe des « citoyens libres » et s’organisant autour du Tynwald qui serait le plus ancien parlement en fonctionnement continu du monde.

[16] Le Comté d’Antrim est un des six comtés qui forment l’Irlande du Nord. Il est le neuvième plus grand comté traditionnel irlandais en termes de superficie et le deuxième comté le plus peuplé après le comté de Dublin. C’est le comté le plus septentrional de la province d’Ulster. Les villes principales sont Antrim, Ballymena, Ballymoney, Carrickfergus, Larne, Lisburn et Portrush. Belfast, et Ballyclare se situe à cheval sur deux comtés (le Comté d’Antrim et le Comté de Down).

[17] Avant 1185, la dynastie régnante, les Cenél nEógain, étaient rois d’Ailech. Durant le 10ème et 11ème siècles, deux importants sous-clans apparurent : les Mac Loughlainn et les Ó Néill. Cette dernière famille repoussa les Loughlainn, et, à partir de 1241, le royaume fut régi exclusivement par des membres de la famille O’Neill.

[18] Le Comté de Wexford est une circonscription administrative de la République d’Irlande. C’est un comté maritime situé à la pointe sud-est de l’Irlande. Wexford a été un des points les plus importants de la colonisation anglaise au Moyen Âge, à tel point qu’un vieux dialecte anglais, le yola, y a été parlé jusqu’à la fin du 19ème siècle

[19] Le comté de Waterford est un comté situé dans la province Munster en Irlande. La ville de Waterford est la capitale de ce comté.

[20] Le Comté de Cork est une circonscription administrative de la République d’Irlande. Il est situé au sud-ouest de l’île d’Irlande, dans la province du Munster. C’est le plus grand comté d’Irlande (7 459 km²) et le plus peuplé après celui de Dublin. Il est caractérisé par une interface atlantique fort découpée. Les 640 kilomètres de côtes le long desquelles alternent de nombreuses criques, des plages propres, des falaises escarpées, font de ce comté une région maritime avant tout.

[21] Armagh est une ville en Irlande du Nord, le chef-lieu de l’ancien Comté d’Armagh et du District d’Armagh, qui ne recouvre que le tiers central du comté. Les ruines du fort de Navan, adjacentes à la ville, étaient autrefois la capitale de l’Ulster, connue sous le nom irlandais de Eamhain Mhacha.

[22] Les Cenél Conaill est le nom des descendants de Conall Gulban, fils de Niall Noigiallach, reconnu par l’histoire orale et écrite comme le co-fondateur avec son frère Eógan mac Néill dont est issu le Cenél nEógain de la puissance des Uí Néill du Nord en Ulster. Le Cenél Conaill était également connus en Écosse comme le famille de saint Columba.

[23] Le Comté de Donegal est le comté d’Irlande situé le plus au nord. C’est un des trois comtés de l’Ulster qui ne fait pas partie des six comtés d’Irlande du Nord sous souveraineté britannique.

[24] Inishowen est une péninsule située au nord du comté de Donegal. Il s’agit de la plus grande péninsule de l’île d’Irlande. Historiquement les quartiers Derry situés à l’ouest de la Foyle font partie d’Inishowen. La quasi-totalité des habitants de la péninsule se trouvent sur les côtes. Le centre, presque inhabité, est constitué de montagnes peu élevées, de tourbières. Le sommet le plus élevé est le Slieve Snaght (691 mètres d’altitude) dont le nom irlandais signifie la montagne enneigée.

[25] Comté de Tyrone

[26] Comté de Donegal

[27] La famille de Lacy, qui tient son toponyme de la commune de Lassy dans le Calvados, est une famille du baronnage anglo-normand qui s’établit en Angleterre après la conquête normande de l’Angleterre.

[28] L’Ulster

[29] La tour de Londres est une forteresse historique située sur la rive nord de la Tamise à Londres en Angleterre à côté de Tower bridge. La tour se trouve dans le district londonien de Tower Hamlets situé à l’est de la Cité de Londres dans un espace appelé Tower Hill. Sa construction commença vers la fin de l’année 1066 dans le cadre de la conquête normande de l’Angleterre. La tour Blanche qui donna son nom à l’ensemble du château, fut construite sur l’ordre de Guillaume le Conquérant en 1078 et fut considérée comme un symbole de l’oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès 1100. Il servait également de grand palais et de résidence royale.

[30] identifié comme le château de Dundrum

[31] Carrickfergus est la plus vieille ville du Comté d’Antrim, en Irlande du Nord. Son nom lui vient de Fergus 1er de Dal Riada, 6ème roi de Dal Riada, son nom irlandais, Carraig Fhearghais, signifiant « le rocher de Fergus ».