Protagoniste de la Renaissance carolingienne [1], Théodulf avait des origines wisigothiques [2]. Il naquit probablement dans le nord-est de l’Espagne en Catalogne. Sa famille s’établit aux alentours de 778 dans la région du Languedoc appelée Septimanie ou Gothie.
Fort cultivé, il devint enseignant, où il fut repéré par Charlemagne. Il fut accueilli à sa cour aux côtés d’autres lettrés comme l’Anglo-saxon Alcuin ou le Lombard Paul Diacre. Il fit partie aussi du groupe de lettrés faisant partie de la trustion [3] de Charlemagne.
La plus importante mission d’État que nous lui connaissions est celle de missus dominicus [4]. En 797, Charlemagne le nomma évêque d’Orléans. Théodulf exerça cette charge jusqu’en 818.
Il fut en même temps, pendant 19 ans et demi, abbé de Fleury [5], abbaye devenue Saint-Benoît-sur-Loire entre août 798 et mai 818.
Il assista au couronnement impérial de Charlemagne en 800, y reçut du pape le pallium [6] et succéda à Alcuin comme conseiller théologique de l’empereur en 804.
Théodulf organisa l’enseignement essentiellement dans l’Orléanais, créant des écoles paroissiales gratuites, des écoles épiscopales pour le niveau secondaire et des écoles monastiques. Il réforma le système d’hospitalisation et établit dans les couvents la règle bénédictine, qui astreignait les moines à la prière et au travail.
Comme Alcuin, il travailla pour Charlemagne à la révision du texte de la version latine alors autorisée de l’Écriture sainte [7]. Il collationna ainsi des manuscrits de la Bible, et, anticipant les méthodes de Loup de Ferrières, utilisa des annotations précises pour distinguer l’origine des différentes leçons. Nous avons conservé au moins six Bibles exécutées sous sa direction.
À Germigny-des-Prés [8], près d’Orléans, Théodulf fit édifier en 806 un oratoire qu’il orna d’une mosaïque absidale d’inspiration byzantine [9] cette chapelle est un des peu nombreux monuments d’époque carolingienne subsistant en France.
Pendant le règne de Charlemagne, la crise iconoclaste ou Querelle des Images, née à Constantinople, connut une longue trêve avant de se rallumer en 813 pour se prolonger jusqu’en 843. C’est Théodulf qui rédigea, vers 793, le long manifeste intitulé “Opus Caroli regis contra synodum” mais souvent appelé “Libri Carolini”, ainsi nommé parce qu’il fut écrit au nom de Charlemagne comme une réponse officielle de la monarchie franque au document venu de l’Empire byzantin à la suite du deuxième concile de Nicée 787 [10].
Dans ce texte, Théodulf, prenant appui sur Aristote et sur sa méthode logique, fustige la pratique de l’adoration des images, considérée comme idolâtre.
Il prend également position dans la controverse du Filioque. il participe en novembre 809 à l’assemblée générale ou plaid ; parfois appelé concile ou synode d’Aix-la-Chapelle, qui affirme la doctrine de la double procession, et il écrit à la demande de Charlemagne, à la même époque, un traité sur le Saint Esprit [11].
Lorsque le roi Bernard d’Italie se révolta contre Louis le Pieux à l’automne 817, Théodulf fut accusé d’intelligence avec le rebelle. La même accusation fut portée contre Adalhard, Wala et Leidrade, mais Théodulf fut traité plus durement que ceux-ci. Il fut déposé de son siège épiscopal et emprisonné en 818 à Angers, probablement à l’abbaye Saint-Aubin [12]. Refusant de recouvrer sa liberté au prix d’un compromis, il demeura dans sa prison monastique, où il mourut.