Né en Scythie [1], c’est un moine et homme d’Église méditerranéen qui a marqué profondément les débuts de l’Église en Provence au 5ème siècle. Il est le fondateur de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille [2].
Il a laissé une œuvre doctrinale importante, dont les Institutions cénobitiques “De Institutis coenobiorum” et “de octo principalium vitiorum remediis”, écrit vers 420 et les Conférences Conlationes ou Collationes, ouvrages consacrés à la vie monastique, qui ont profondément influencé le monachisme occidental du 5ème siècle à nos jours, notamment en raison de leur reprise dans la règle de saint Benoît, mais aussi parce qu’ils s’appuyaient sur l’expérience que fit Cassien du grand monachisme oriental, celui des déserts de Palestine et d’Égypte. Cassien établit un pont entre le monachisme d’Orient et celui d’Occident.
Il part très jeune avec son ami Germain pour se rendre dans un monastère dans la Province de Syrie. Ce premier contact avec le monachisme cénobitique, qui dure seulement 2 ans, lui permet de s’enrichir de la tradition du monachisme palestinien, dépourvu de tradition mystique dont il ne gardera pas un grand souvenir.
Vers 390, il obtient la permission de quitter le monastère pour aller avec Germain en Égypte à la rencontre des anachorètes [3] de la Thébaïde [4]. Lorsque les moines adeptes d’ Évagre le Pontique , disciple d’Origène sont dispersés en 400 par l’évêque Théophile d’Alexandrie, Jean Cassien quitte l’Égypte et retourne brièvement à Bethléem avant de rejoindre Constantinople.
Les moines « origénistes » se rendent à Constantinople, et Jean Cassien reçoit les enseignements deSaint Jean Chrysostome qui l’ordonne diacre et lui donne la charge des trésors de sa cathédrale. Après l’exil de son maître spirituel en 404, il se rend à Rome ou il est chargé de solliciter l’intercession du pape Innocent 1er en faveur de l’évêque.
Vers 415, il revient de Palestine avec l’ancien évêque d’Aix-en-Provence Lazare .
Il se fixe par la suite en Occident et fonde, en 414 ou 415, 2 monastères à Marseille, Saint-Victor pour les hommes et Saint-Sauveur pour les femmes.
Selon la tradition, il aurait demandé à l’évêque de Marseille, Proculus , un ami de Lazare rencontré en Palestine, l’autorisation de fonder un monastère près de la grotte où reposaient les reliques de saint Lazare et de saint Victor. Il aurait même fait construire près de cette grotte, deux églises, l’une dédiée à saint Pierre et saint Paul, l’autre à saint Jean-Baptiste. On assure que 5000 moines y vivaient sous sa discipline.
Il a longtemps été considéré à l’origine du semi pélagianisme, doctrine condamnée lors du Concile d’Orange [5], en 529. Mais cela n’empêcha pas l’Église catholique et les Églises orthodoxes de l’en disculper du fait même de sa reconnaissance comme saint et Père de l’Église.
Jean Cassien s’est fortement inspiré de l’œuvre d’Evagre le Pontique, qu’il a probablement rencontré à Nitrie [6], notamment en ce qui concerne la prière et la théorie des huit principaux vices. Il est également influencé par Origène, dont il a lu le Traité des principes et dont il développe la doctrine des quatre sens de l’Écriture par saint Jean Chrysostome, saint Augustin, saint Basile et saint Jérôme.