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Proculus dit Procule de Marseille

lundi 30 septembre 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 22 juillet 2014).

Proculus dit Procule de Marseille

Évêque de Marseille de 380 à 430

Nœud de Salomon, mosaïque du 4ème siècle dans la basilique d'AquiléeAu début de son ministère, il participe en 381 au concile d’Aquilée [1] où il s’agit de régler des questions relatives à l’arianisme [2].

Avec l’évêque d’Orange [3], il représente dans cette assemblée ses collègues des trois provinces de la Viennoise et des deux Narbonnaises. La grande province de la Narbonnaise avait été divisée une première fois en 284 en deux, la Narbonnaise sur la rive droite du Rhône et la Viennoise. Cette dernière province sera également divisée en deux en 381, la Viennoise et la Narbonnaise seconde.

Les villes de Marseille [4] et d’Arles [5] se trouvaient dans la Viennoise [6] tandis qu’Aix-en-Provence [7] se situait dans la Narbonnaise seconde.

Conformément au concile de Nicée de 325 [8], il devait y avoir dans chaque cité un évêque et dans chaque province un évêque métropolitain avec juridiction sur les autres évêques. Il devait donc y avoir un métropolitain à Vienne [9] et un à Aix-en-Provence.

Proculus ne reconnaît pas l’autorité de Vienne, chef lieu de la province, pas plus que celle d’Arles. En 398 le concile de Turin [10] rappelle le principe décidé à celui de Nicée, mais fait une exception pour Proculus en le reconnaissant comme métropolitain pour la Narbonnaise seconde bien que l’évêché de Marseille ne fasse pas partie de cette province. Aix-en-Provence, Apt, Gap, Fréjus et Antibes sont ainsi ses suffragants. Cette dérogation devait s’éteindre avec sa mort.

Il s’affronte avec le nouvel évêque d’Arles [11], Patrocle qui réclame la restitution des 2 paroisses, Saint-Jean-de-Garguier [12] près de Gémenos [13] et Ceyreste [14] près de La Ciotat [15]. Ces paroisses faisaient partie de celles d’Arles mais la proximité géographique les avait fait considérer comme les dépendances de Marseille. Le pape Zosime intervient en faveur de Patrocle par lettre du 22 mars 417, mais Proculus ne se soumet pas. La mort du pape Zosime le 26 décembre 418 met fin au conflit.

Il vivra encore une dizaine d’années puisque le pape Célestin se plaint en 428 aux évêques de la Viennoise et de la Narbonnaise que l’évêque Proculus se soit réjoui du meurtre de son frère Patrocle.

C’est durant le pontificat de Proculus, prélat énergique et entreprenant, qu’il faut faire remonter les 2 grandes fondations de cette époque, l’abbaye Saint-Victor de Marseille [16] et la première cathédrale de la ville.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Raoul Busquet, Histoire de Provence, Imprimerie nationale de Monaco, 1954, p. 83

Notes

[1] Le concile d’Aquilée s’est réuni en septembre 381 dans la ville d’Aquilée. Le pape Damase Ier étant en lutte contre l’antipape Ursin, ne pu s’y faire représenter. Ce concile condamna les évêques ariens Pallade et Sécondien et demanda à l’empereur Gratien de ne pas croire aux calomnies propagées par Ursinus contre Damase.

[2] Hérésie chrétienne qui a cours du 4ème au 6ème siècle sur l’instigation d’Arius, condamné par l’Eglise en 325 et en 381. Cette doctrine niant la consubstantialité du Fils avec le Père , c’est-à-dire niant l’essence divine de Jésus, se scinde ensuite en plusieurs tendances qui rencontrent un vaste écho dans l’Empire et hors de celui-ci.

[3] Orange, surnommée la « Cité des Princes », est une commune française située au nord-ouest du département de Vaucluse. La position d’Orange en a fait un emplacement de choix pour les Romains : nichée au cœur d’une région agricole, elle se trouve à un carrefour de passages pour le nord, l’Espagne ou l’Italie. On y trouve d’ailleurs de nombreux vestiges romains, principalement autour de la colline Saint-Eutrope et de l’ancien théâtre. Au Moyen Âge, la ville devient la capitale de la principauté d’Orange et le reste jusqu’à son annexion par la France, officialisée dans les traités d’Utrecht de 1713.

[4] Marseille est une commune du Sud-Est de la France, chef-lieu du département des Bouches-du-Rhône. Plus ancienne ville de France fondée vers 600 av. jc par des marins et des marchands grecs originaires de Phocée, Marseille est depuis l’Antiquité un important port de commerce et de passage. Marseille se développe à nouveau à partir du 5ème siècle de notre ère. À l’intérieur de la ville, la construction d’une première grande cathédrale marque la puissance de l’évêque, probablement Proculus, qui tient à rivaliser avec Arles. Marseille est pillée par les Sarrasins en 838, des razzias faisant suite à la conquête musulmane de la péninsule Ibérique. D’autres pillages ont eu lieu, par des pirates grecs en 848. En 904, l’abbaye Saint-Victor se voit dotée de la rive sud du port par le roi de Provence Louis l’Aveugle.

[5] Arles est une commune provençale, sous-préfecture du département des Bouches-du-Rhône. La ville, chef-lieu de l’arrondissement d’Arles, est la commune de France métropolitaine la plus étendue avec quelque 75 893 hectares (malgré plusieurs déductions successives), et la plus peuplée de la Camargue. La ville est traversée par le Rhône.

[6] Le Viennois est une région historique de l’ancienne province du Dauphiné, située à l’est du département du Rhône et de la métropole de Lyon ainsi qu’au nord du département de l’Isère et de la Drôme. Historiquement défini comme un des quatre pays du Bas-Dauphiné ou de l’avant-pays dauphinois avec le Valentinois, le Diois et le Tricastin. Aujourd’hui, ce que l’on appelle Bas-Dauphiné n’est composé que du Viennois historique, ainsi actuellement on entendra parler plus du Bas-Dauphiné que du Viennois (sauf autour de Vienne). Le Viennois est délimité par la rive gauche du Rhône (de Pont-de-l’Isère à Aoste, en passant par Lyon), par la rive droite de l’Isère (de Pont-de-l’Isère à Moirans), par la rive gauche du Guiers puis du Guiers mort (d’Aoste jusqu’à Entre-deux-Guiers) et par le plateau du Grand-Ratz dans l’avant-pays cartusien

[7] Aix-en-Provence est une commune française du Sud-est de la France, dans le département des Bouches-du-Rhône, dont elle est sous-préfecture. Fondée en 122 av. jc sous le nom d’Aquae Sextiae par la garnison romaine de Gaius Sextius Calvinus, Aix devient par la suite la capitale du comté de Provence.

[8] Le Ier concile œcuménique se réunit à Nicée en 325 pour statuer au sujet de l’arianisme. Les principales personnalités engagées dans ce débat étaient présentes, dont Arius, Eusèbe de Nicomédie qui lui était favorable, Eusèbe de Césarée, modéré, Alexandre d’Alexandrie (accompagné d’Athanase d’Alexandrie comme secrétaire) qui s’opposait à lui, de même que, de façon intransigeante, Eustathe d’Antioche et Marcel d’Ancyre. Une quasi unanimité s’est prononcée pour condamner les thèses ariennes et rédiger un symbole affirmant que le Fils est consubstantiel (homoousios) au Père, c’est-à-dire de même nature que lui.

[9] L’archidiocèse de Vienne est un ancien archidiocèse de l’Église catholique en France. Le diocèse de Vienne est le plus ancien de Gaule crée par Saint-Crescent au milieu du 1er siècle. Il est érigé en archidiocèse au milieu du 3ème siècle. Son premier évêque attesté est saint Avit, élu vers 475, mort vers 525. Cet archidiocèse est supprimé par la Constitution civile du clergé et n’est pas rétabli à la suite du Concordat de 1801.

[10] Le concile de Turin est un concile qui se tint à Turin, à la fin du 4ème siècle ou au début du 5ème siècle, sur la convocation de l’évêque de Milan, Simplicien, à la demande d’évêques de Gaule, afin de régler certains différends frontaliers.

[11] L’archevêché d’Arles est un ancien archidiocèse catholique, il est une des Églises les plus anciennes des Gaules. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.

[12] Le village de Saint-Jean-de-Garguier fut le siège d’un évêché au 5ème siècle

[13] Gémenos est une commune française située dans l’est du département des Bouches-du-Rhône.

[14] Ceyreste est une commune française dans le département des Bouches-du-Rhône à la limite du département du Var. Elle est limitrophe de la ville de La Ciotat

[15] La Ciotat est une commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, à 31 kilomètres à l’est de Marseille. La Ciotat est l’une des deux seules communes, avec Ceyreste, à être située dans le département des Bouches-du-Rhône tout en appartenant à l’unité urbaine de Toulon.

[16] L’abbaye Saint-Victor de Marseille a été fondée au ve siècle par Jean Cassien, à proximité des tombes de martyrs de Marseille, parmi lesquels saint Victor de Marseille, qui lui donna son nom. L’abbaye prit une importance considérable au tournant du premier millénaire par son rayonnement dans toute la Provence.