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L’histoire pour le plaisir

Pierre Guérin de Tencin

lundi 1er mars 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 4 janvier 2014).

Pierre Guérin de Tencin (1679-1758)

Ambassadeur vers le Saint-siège de 1721 à 17 24 et de 1739 à 1742-Archevêque d’Embrun de 1724 à 1740-Cardinal en 1739-Archevêque de Lyon en 1740-Ministre d’état en septembre 1742

Pierre Guérin de Tencin Ambassadeur vers le Saint-siège de 1721 à 17 24 et de 1739 à 1742-Archevêque d'Embrun de 1724 à 1740-Cardinal en 1739-Archevêque de Lyon en 1740-Ministre d'état en septembre 1742

Né à Grenoble [1]. Petit fils de François Guerin qui acheta la charge anoblissante de conseiller au parlement de Grenoble [2]. Son épouse, Justine du Faure, lui apporta la petite terre de peu d’importance appelée Tencin, qui faisait partie du domaine de Monteynard. François remplaça son patronyme par celui de cette terre et, juste avant sa mort en 1672, acheta pour faire bonne figure, en bordure des vignes de son domaine, un vieux castel sarrasin à demi ruiné appelé simplement le château de la Tour.

Son père Antoine Guérin devint conseiller au parlement de Grenoble puis premier président à Chambéry [3] lors de l’occupation française. Il épousa Louise de Buffévent qui lui donna 2 fils et 3 filles.

Après avoir étudié chez les Oratoriens [4] à Grenoble puis, étant le fils cadet, Pierre-Paul dut suivre à Paris le séminaire oratorien de Saint-Magloire [5]. Si ses connaissances générales n’étaient pas extraordinaires, ce fut néanmoins un bon latiniste et un excellent théologien.

En 1700, il suit le cardinal Étienne Le Camus , évêque de Grenoble [6], pour l’assister pendant la durée du conclave. Le Pape choisi, le cardinal Albani, se jugeant indigne de la charge, refuse. Ce sera le jeune de Tencin qui sera chargé de le faire changer d’avis. Il y réussira fort bien et le cardinal est finalement élu sous le nom de Clément XI . Louis XIV lui attribue l’abbaye de Vézelay [7], qui lui vaut 12’000 livres de revenus le 15 avril 1702.

L’archevêque de Sens [8], Hardouin Fortin de La Hoguette , qui l’a pris en amitié, le nomme peu après archidiacre [9] de sa cathédrale. Finalement il reçoit la prêtrise puis obtient un canonicat.

Il entra à la Sorbonne [10] en 1702 et remplit les fonctions de prieur et passe sa licence et obtint le doctorat en 1705. La même année, il devint député du clergé pour la province de Vienne [11], en qualité de chanoine prébendier du prieuré de La Mure [12], dans le diocèse de Grenoble.

En 1710, le diocèse de Sens le désigne pour siéger à l’assemblée du clergé, chargée de verser des sommes d’argent au roi qui en manquait cruellement. En effet la fin du règne de Louis XIV fut très sombre pour la France. Le pays ne connaissait que défaites et famines. Le vieux roi sollicita ainsi son clergé pour soulager les finances royales et ce dernier répondit favorablement.

Protégé de Guillaume Dubois dit l’abbé Dubois depuis 1714 et secondé par sa sœur qui ne déplaisait pas au cardinal, l’abbé de Tencin fut à l’origine de la conversion de Law au catholicisme le 17 septembre 1719. Il ne se contenta pas toutefois de ce rôle de convertisseur : il prit une part active au Système. Officiellement il ne fut chargé que de la gestion des aumônes gouvernementales. Ce qu’il fit avec compétence et autorité. Cependant, comme d’immenses fonds passaient par ses mains, le public de l’époque n’eut aucun doute sur les profits qu’il avait pu réaliser dès les débuts du système. Il passait également pour l’un des principaux conseillers de Law

En 1721, à un moment où l’opinion publique était très remontée contre lui, l’abbé de Tencin perdit définitivement un procès contre l’abbé Étienne de Veissières, au sujet d’une dépendance de l’abbaye de Vézelay, et acheva ainsi de se perdre aux yeux du monde qui ne vit plus en lui "qu’un abbé habile et fripon, capable de tout pour s’enrichir ".

Ce fut à nouveau le cardinal Dubois qui le remit en selle. Il l’envoie à Rome pour accompagner le Cardinal de Rohan en tant que son conclaviste, pour soutenir la candidature du cardinal Conti [13], contre l’octroi de la pourpre pour le ministre français Dubois. Il dû son avance rapide à sa soeur, Claudine Alexandrine Guérin de Tencin, maîtresse influente d’un salon célèbre.

La récompense ne tarde pas, il est nommé chargé des affaires du roi Louis XV à Rome le 6 novembre 1721.

Il est resté à Rome en tant que chargé d’affaires française jusqu’à Benoît XIII, avec qui il fut très influent et qui l’a consacré archevêque d’Embrun [14] le 26 juin 1724.

Mais il est rappelé en France et envoyé dans son diocèse où il reste en disgrâce quelque 15 ans.

Il présida le concile d’Embrun contre les jansénistes [15] du 16 août au 28 septembre 1727 qui vit la condamnation de l’archevêque Jean Soanen .

Créé cardinal au titre cardinalice Santi Nereo e Achilleo [16] le 23 février 1739 grâce à l’aide du Prétendant Jacques François Stuart , il est reçu primat de Lyon le 24 septembre 1740, avec une pension de 366 000 livres par an. Le bordereau de ses aumônes quant à lui était d’environ 200 000 livres l’année.

Il est resté à Rome en tant qu’ambassadeur français jusqu’en 1742, quand il a pris la possession de l’archiépiscopal de Lyon, qu’il il avait hérité le 19 novembre 1740.

Le Roi Louis XV l’a nommé ministre d’état sans portefeuille en septembre 1742, siégeant au Conseil du Roi. Après la mort du premier ministre, à qui il a dû beaucoup de son avancement politique, son influence a commencé à diminuer. La mort de sa sœur, Madame Tencin, le 4 décembre 1749, lui enleva toute possibilité d’ambition politique, et en 1752 il se retira à Lyon.

Installé dans son diocèse, il résolut de s’y consacrer exclusivement, multipliant ses visites pastorales, s’occupant avec zèle des moindres détails de son administration, indifférent désormais aux querelles religieuses, aux événements politiques, laissant même tomber sa correspondance avec Benoît XIV qui ne devait guère lui survivre.

Il décède à Lyon en 1758.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Pierre-Paul Guérin de Tencin/ Portail du catholicisme/ Primat des Gaules

Notes

[1] Grenoble est le chef-lieu du département de l’Isère, ancienne capitale du Dauphiné. Durant l’époque gallo-romaine, le bourg gaulois porte le nom de Cularo, puis celui de Gratianopolis. Son importance s’accroît durant le 11ème siècle lorsque les comtes d’Albon choisissent la cité comme capitale de leur province, le Dauphiné.

[2] Le Parlement du Dauphiné ou Parlement de Grenoble, est une cour souveraine de justice sous l’Ancien Régime français. Il est créé le 29 juillet 1453par le dauphin Louis II, futur roi Louis XI, lors de son séjour en Dauphiné de 1447 à 1456. Approuvé le 4 août 1455 par un édit de Charles VII, père du dauphin, ce troisième parlement de France prend le relais du Conseil delphinal créé par Humbert II le 22 février 1337. C’est donc la principale institution issue de la principauté delphinale qui devient une cour souveraine de justice, dans la mesure où elle juge en dernier ressort sur le fond. Elle va siéger à ses débuts dans le palais delphinal dont il ne reste rien, puis du début du 16ème siècle jusqu’en septembre 1790 dans un bâtiment spécifique, maintes fois agrandi, le palais du Parlement du Dauphiné, situé à Grenoble. Au 18ème siècle, le ressort du Parlement recoupe les limites de la Province du Dauphiné et de l’enclave du pays d’Orange, bien qu’amputé par l’établissement de cours présidiales mises en place à Valence en 1639 et à Gap en 1641.

[3] Chambéry est une commune française située dans le département de la Savoie. Surnommée la « Cité des ducs » car acquise par la maison de Savoie en 1232, elle devient la capitale politique des comtes de Savoie en 1295 lors de l’achat du château et de l’établissement officiel du Conseil résident, puis du duché de Savoie de 1416 jusqu’à son transfert à Turin en 1562. Chambéry demeure toutefois la capitale historique des États de Savoie. Le 13ème siècle représente une période décisive, lorsque le comte Thomas 1er de Savoie l’achète, le 15 mars 1232, moyennant 32 000 sous forts de Suse, au vicomte Berlion, et la dote de franchises. À la même époque, une catastrophe donne de l’importance à Chambéry dans la hiérarchie ecclésiastique. L’effondrement du mont Granier sur la capitale du décanat de Savoie d’Apremont entraîne le déplacement du siège du décanat à Chambéry. L’avènement d’Amédée VIII, premier duc de Savoie en 1416, fait de Chambéry la capitale d’un État souverain, libéré de la domination du Saint Empire romain germanique. Une nouvelle noblesse chambérienne apparaît, liée aux institutions prestigieuses que compte la ville, et forme une cour autour de la famille ducale. Cette noblesse fait construire de remarquables hôtels particuliers. Après l’occupation française de François 1er, le duc Emmanuel-Philibert lui préfère cependant Turin comme capitale à partir de 1563.

[4] La société de l’Oratoire de Jésus et de Marie, également appelée Oratoire de France, forme une société de vie apostolique de droit pontifical. Elle constitue une société fille, distincte et indépendante de la Congrégation de l’Oratoire. Il est fondé le 11 novembre 1611 par le cardinal Pierre de Bérulle, afin d’élever le niveau religieux, spirituel et moral du clergé français, et voué en particulier à l’enseignement. La congrégation est fondée à Paris, rue Saint-Jacques. En 1616, la maison mère s’établit dans l’hôtel du Bouchage, face au palais du Louvre. Les Pères de l’Oratoire y font élever à partir de 1621 une église donnant sur la rue Saint-Honoré qui deviendra en 1811 le temple protestant de l’Oratoire du Louvre. En 1618, le séminaire Saint-Magloire et la paroisse de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas leur est confié. Elle connaît un succès fulgurant, et vingt ans après sa fondation elle comptait déjà 71 établissements en France. Supprimée en 1792, la congrégation fut rétablie en 1852

[5] Le séminaire Saint-Magloire est un séminaire parisien fondé en 1618 par les Oratoriens à l’initiative de l’évêque de Paris Henri de Gondi. Seul séminaire de Paris au 17ème siècle, il a formé des générations de prêtres et de laïcs et a été considéré comme une pépinière de futurs évêques. Au 18ème siècle, il est connu comme un foyer actif de jansénisme. Le séminaire de Saint-Magloire devient pendant la Révolution française le séminaire constitutionnel de Paris. Le séminaire a été installé dans l’ancienne abbaye Saint-Magloire, près de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas dans le quartier du Faubourg Saint-Jacques à Paris (aujourd’hui 5e arrondissement).

[6] Le diocèse de Grenoble-Vienne-les-Allobroges (diocesis Gratianopolitana-Viennensis Allobrogum) est un diocèse français suffragant de Lyon. Le diocèse de Grenoble a été fondé vers 380, par la décision de l’empereur Gratien. Son premier évêque connu est saint Domnin. Les évêques étaient princes de Grenoble. Le territoire du diocèse s’étendait sur une grande partie du Haut Dauphiné, mais une partie de la Combe de Savoie (70 paroisses autour de Chambéry) en relevait également jusqu’au début du 18ème siècle.

[7] Vézelay est une commune française, située dans le département de l’Yonne. La cité de Vézelay doit son origine à une abbaye bénédictine ayant abrité les reliques de sainte Marie-Madeleine. Vers 858, un monastère de femmes est fondé par Girart de Roussillon, à l’emplacement actuel de Saint-Père. Il possède une villa, entourée de grands domaines. Le finage dans lequel les habitations se trouvent porte le nom de Vezeliacus qui deviendra Vizeliac puis Vézelay. Élu en 1037, l’abbé Geoffroy réforme l’abbaye et convainc ses contemporains que l’abbaye possède les restes de Marie-Madeleine : d’où pèlerinages, donc offrandes et donations. Ceci profita naturellement aux habitants et le village devint une petite ville. Il faudra attendre une bulle pontificale pour que Madeleine devienne officiellement la patronne de l’abbaye (1050). Une telle prospérité attira Cluny : celle-ci soumit Vézelay et lui imposa l’abbé clunisien Artaud. En 1096, Urbain II prêche la première croisade ; la construction de l’abbatiale est décidée. Elle est consacrée en 1104. L’impôt établi pour réaliser cette entreprise avait exaspéré les habitants qui se révoltèrent : l’abbé Artaud fut assassiné en 1106. Après bien des vicissitudes (révoltes, conflits seigneuriaux, incendie de 1120), le narthex ou église des Pèlerins pénitents fut construit : il ne sera dédicacé qu’en 1132). En 1137 l’abbé Albéric signa avec les habitants une charte qui définissait les droits de l’abbaye et des bourgeois : acte de sagesse qui fut loué en termes élogieux par Saint Bernard.

[8] L’archidiocèse de Sens est une église particulière de l’Église catholique en France. Son siège est la cathédrale Saint-Étienne de Sens. Érigé dès le 1er siècle, le diocèse de Sens est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain au 3ème siècle. Supprimé en 1801, il est rétabli dès 1822 pour le département de l’Yonne.

[9] Dans l’Église catholique, un archidiaconé est une circonscription religieuse, subdivision d’un diocèse. Placée sous l’autorité d’un archidiacre nommé par l’évêque pour le représenter. Dans l’ancien diocèse de Paris, on disait archidiaconat. C’est dans ce ressort que l’archidiacre effectuait ses visites archidiaconales dans les paroisses, accomplissant ainsi sa fonction de contrôle des curés par délégation de l’évêque.

[10] La Sorbonne est un bâtiment du Quartier latin dans le 5e arrondissement, c’est une propriété de la ville de Paris. Il tire son nom du théologien et chapelain de Saint Louis, du 13ème siècle, Robert de Sorbon, le fondateur du collège de Sorbonne de l’Université de Paris, collège consacré à la théologie dont il définit ainsi le projet : « Vivre en bonne société, collégialement, moralement et studieusement ». Ce terme de Sorbonne est aussi utilisé par métonymie pour désigner l’ancienne Université de Paris, sous l’Ancien Régime de 1200 à 1793, puis de 1896 à 1971, ainsi que les anciennes facultés des sciences (1811) et des lettres de Paris (1808) au cours du 19ème siècle.

[11] Vienne est une commune située au sud-est de la France, au confluent du Rhône et de la Gère dans le département de l’Isère. Elle est avec La Tour-du-Pin, l’une des deux sous-préfectures du département. Occupant une place privilégiée à la croisée de plusieurs routes : le Rhône, les Alpes et le Massif central, le site de Vienne sur le Rhône, choisi par les gaulois allobroges, est fermé par cinq collines, qui offrent un intérêt défensif. Le cours irrégulier du Rhône menace des terrasses inondables jusqu’à la fin du 2ème siècle av. jc. Durant le Haut-Empire, Vienne connaît une urbanisation spectaculaire, avec une parure monumentale qui rend compte de son rang. Forte d’une économie diversifiée, la ville se développe à l’extérieur de l’enceinte, sur la rive gauche du Rhône, au sud, et sur la rive droite. À la fin du 3ème siècle et au 4ème siècle, la ville, repliée dans son centre, n’occupe plus qu’une vingtaine d’hectares au maximum. Les évêques, puis les archevêques prennent le relais des institutions civiles défaillantes. Vienne, « cité sainte », voit le clergé affirmer son emprise, avec au premier rang les archevêques ; les couvents des ordres mendiants s’ajoutent aux abbayes bénédictines. Un nouveau réseau de voies étroites est mis en place. Aux 12ème et 14ème siècles, le quartier d’Outre-Gère est protégé par des remparts, comme plus au sud aussi. Grâce à l’essor industriel amorcé au 18ème siècle, l’économie viennoise prospère.

[12] La Mure est une commune française située dans le département de l’Isère. Son territoire est situé au sud de ce département, au niveau d’un plateau entouré de montagnes, la Matheysine.

[13] innocent XIII

[14] L’archidiocèse d’Embrun est un ancien archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en France. Le diocèse d’Embrun est érigé au 4ème siècle. Selon la tradition, la province des Alpes-Maritimes, dont Embrun, ancienne capitale des Caturiges, est la métropole, est évangélisée par Marcellin, Domnin et Vincent. Marcellin devient le premier évêque d’Embrun. Vers 420, le pape a regroupé sous la direction d’Arles les métropoles d’Aix et d’Embrun.

[15] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine

[16] Le titre cardinalice de Santi Nereo e Achilleo aurait été suivant la tradition originellement érigé par l’évêque de Rome Évariste dès 112 sous le titre de Fasciolae puis confirmé lors du synode du 1er mars 499. Lors du synode de 595, il prend son appellation actuelle en référence aux martyrs romains Nérée et Achillée. La diaconie cardinalice est rattaché à l’église Santi Nereo e Achilleo qui se trouve dans le rione de San Saba au sud de Rome.