Né à Hermanville [1], fils d’un trésorier de France de Caen [2] Roger Sarrasin, il fut éduqué dans sa ville natale et alla de bonne heure à Paris où il rivalisa comme auteur de vers de société avec Voiture, mais ne fut jamais admis au petit cercle de l’hôtel de Rambouillet [3]. Homme de plaisirs, ses travaux littéraires sont entre autres , “Histoire du siège de Dunkerque”, “Conspiration de Wallenstein” en prose, “Pompe funèbre de Voiture”, “Orbilius Musca, sive Bellum parasiticum”, “Dulot vaincu”, en vers. Il meurt le 5 décembre 1654 à Pézenas [4].
Surnommé Amilcar par les Précieuses [5], il était intime avec Ménage, Pellisson, Madeleine de Scudéry et Scarron avec qui il a échangé des vers. Il a soutenu Georges de Scudéry en 1639 dans son attaque contre Corneille avec “un Discours de la tragédie”.
Présenté au comte de Chavigny Léon Bouthillier, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, celui-ci l’honora bientôt d’une faveur toute spéciale. Il l’accompagna dans divers voyages diplomatiques. Ce ministre, qui avait reconnu le parti qu’on pouvait tirer des connaissances acquises et de l’esprit naturel de son protégé, le chargea d’une mission à Rome auprès du pape Urbain VIII, amateur éclairé des belles-lettres.
Il reçut 4 000 livres pour ses premiers frais de voyage, mais au lieu de leur donner cette destination, il n’eut rien de plus pressé que de les dissiper en parties de plaisir avec une maîtresse qu’il avait rue Quincampoix [6].
M. de Chavigny voulut bien fermer les yeux sur cette escapade, en attribuant à la fougue de l’âge, et son intervention sauva le poète des rigueurs de la cour, mais ceci eut pour conséquence d’affaiblir sa position avec Chavigny qui se sépara de lui à l’hiver 1643.
Peu de temps après, Sarrasin entreprit un voyage en Allemagne, où il sut gagner les bonnes grâces de la princesse Sophie, fille du roi de Bohême et amie de Descartes. Cette excursion n’eut pour lui d’autre résultat.
De retour en France, il reconstitua alors les accrocs de sa fortune qui en résultèrent en épousant la riche veuve d’un maître des comptes, mais cette union, cimentée d’un côté par l’amour et de l’autre par l’intérêt, ne pouvait être et ne fut pas heureuse.
De guerre lasse, il rompit, et, par l’entremise du cardinal de Retz et de la duchesse de Longueville Anne-Geneviève de Bourbon, entra comme secrétaire de ses commandements, en 1648, dans la maison du prince de Conti Armand de Bourbon, dont il avait aidé à négocier le mariage avec la nièce de Mazarin. Il sut, en peu de temps se rendre indispensable, et le prince, tout en le maltraitant, en vint à ne pouvoir se passer de lui. Il le mettait de tous ses voyages.
Il se joignit à l’avocat Charles Feramus et à Ménage dans la guerre des pamphlets contre Pierre de Montmaur en 1644 avec sa satire du “Bellum parasiticum”. Accusé d’avoir écrit des mazarinades [7], il renonça, pendant une courte période, à la pratique de la poésie.
Les plus considérables de ses poésies sont les fragments épiques de “Rollon conquérant”, “la guerre espagnole”, “l’épopée burlesque contre l’inventeur du genre des bouts-rimés Dulot vaincu”, ou “la Défaite des bouts-rimés” et “la Pompe funèbre en l’honneur de Voiture”. Il a également écrit en latin sous le pseudonyme d’Atticus [8]. Ses œuvres ont été publiées après sa mort par Ménage.