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Jean François Sarrasin

jeudi 18 janvier 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 14 novembre 2012).

Jean François Sarrasin (1604-1654)

Poète et écrivain

Jean François Sarrasin Poète et écrivain

Né à Hermanville [1], fils d’un trésorier de France de Caen [2] Roger Sarrasin, il fut éduqué dans sa ville natale et alla de bonne heure à Paris où il rivalisa comme auteur de vers de société avec Voiture, mais ne fut jamais admis au petit cercle de l’hôtel de Rambouillet [3]. Homme de plaisirs, ses travaux littéraires sont entre autres , “Histoire du siège de Dunkerque”, “Conspiration de Wallenstein” en prose, “Pompe funèbre de Voiture”, “Orbilius Musca, sive Bellum parasiticum”, “Dulot vaincu”, en vers. Il meurt le 5 décembre 1654 à Pézenas [4].

Surnommé Amilcar par les Précieuses [5], il était intime avec Ménage, Pellisson, Madeleine de Scudéry et Scarron avec qui il a échangé des vers. Il a soutenu Georges de Scudéry en 1639 dans son attaque contre Corneille avec “un Discours de la tragédie”.

Présenté au comte de Chavigny Léon Bouthillier, secrétaire d’État aux Affaires étrangères, celui-ci l’honora bientôt d’une faveur toute spéciale. Il l’accompagna dans divers voyages diplomatiques. Ce ministre, qui avait reconnu le parti qu’on pouvait tirer des connaissances acquises et de l’esprit naturel de son protégé, le chargea d’une mission à Rome auprès du pape Urbain VIII, amateur éclairé des belles-lettres.

Il reçut 4 000 livres pour ses premiers frais de voyage, mais au lieu de leur donner cette destination, il n’eut rien de plus pressé que de les dissiper en parties de plaisir avec une maîtresse qu’il avait rue Quincampoix [6].

M. de Chavigny voulut bien fermer les yeux sur cette escapade, en attribuant à la fougue de l’âge, et son intervention sauva le poète des rigueurs de la cour, mais ceci eut pour conséquence d’affaiblir sa position avec Chavigny qui se sépara de lui à l’hiver 1643.

Peu de temps après, Sarrasin entreprit un voyage en Allemagne, où il sut gagner les bonnes grâces de la princesse Sophie, fille du roi de Bohême et amie de Descartes. Cette excursion n’eut pour lui d’autre résultat.

De retour en France, il reconstitua alors les accrocs de sa fortune qui en résultèrent en épousant la riche veuve d’un maître des comptes, mais cette union, cimentée d’un côté par l’amour et de l’autre par l’intérêt, ne pouvait être et ne fut pas heureuse.

De guerre lasse, il rompit, et, par l’entremise du cardinal de Retz et de la duchesse de Longueville Anne-Geneviève de Bourbon, entra comme secrétaire de ses commandements, en 1648, dans la maison du prince de Conti Armand de Bourbon, dont il avait aidé à négocier le mariage avec la nièce de Mazarin. Il sut, en peu de temps se rendre indispensable, et le prince, tout en le maltraitant, en vint à ne pouvoir se passer de lui. Il le mettait de tous ses voyages.

Il se joignit à l’avocat Charles Feramus et à Ménage dans la guerre des pamphlets contre Pierre de Montmaur en 1644 avec sa satire du “Bellum parasiticum”. Accusé d’avoir écrit des mazarinades [7], il renonça, pendant une courte période, à la pratique de la poésie.

Les plus considérables de ses poésies sont les fragments épiques de “Rollon conquérant”, “la guerre espagnole”, “l’épopée burlesque contre l’inventeur du genre des bouts-rimés Dulot vaincu”, ou “la Défaite des bouts-rimés” et “la Pompe funèbre en l’honneur de Voiture”. Il a également écrit en latin sous le pseudonyme d’Atticus  [8]. Ses œuvres ont été publiées après sa mort par Ménage.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Niderst, Alain, « Culture antique et galanterie moderne chez Sarasin », in : XVIIe Siècle (1995)

Notes

[1] Hermanville-sur-Mer est une commune française, située dans le département du Calvados

[2] Caen est une commune française du Nord-Ouest4 de la France en Normandie. Préfecture du département du Calvados. En 1417, la ville de Caen oppose à nouveau une résistance héroïque à l’envahisseur anglais qui massacre 2 000 bourgeois, pille et traite les survivants en rebelles à « leur » roi. La région de Caen sera le lieu d’une très vive résistance à l’occupant anglais qui y procédera à un grand nombre d’exécutions de résistants entre 1418 et 1450. La fondation, en 1432, de l’université de Caen fait partie des mesures du duc de Bedford, régent de Normandie, afin de tenter de se concilier la population caennaise. La fin de l’année 1434 voit un soulèvement commandé par Jean de Chantepie. Caen est reprise par les Français le 1er juillet 1450. La Normandie redevenue française, Charles VII la récompensera de sa « fidélité et loyauté » en confirmant tous ses privilèges et libertés en 1458 (confirmation de la Charte aux Normands).

[3] L’hôtel de Rambouillet est un hôtel parisien connu pour le salon littéraire que Catherine de Vivonne, épouse d’Angennes, marquise de Rambouillet tient de 1608 jusqu’à sa mort en 1665. Il était situé rue Saint-Thomas-du-Louvre (rue perpendiculaire à la rue Saint-Honoré, au sud de celle-ci), approximativement à l’emplacement de l’actuel pavillon Turgot du Louvre.

[4] Pézenas est une commune française située dans le département de l’Hérault. Avec l’arrivée et la présence des Montmorency comme gouverneurs du Languedoc pendant un siècle, l’influence de Pézenas continue de croître. Anne de Montmorency, puissant connétable de France, est promu gouverneur en 1526 pour avoir soutenu militairement et politiquement le roi François 1er, particulièrement lors de la négociation du traité de Madrid qui permet la libération du roi, fait prisonnier lors de la bataille de Pavie en 1525. 37 ans après, en 1563, son fils Henri 1er de Montmorency lui succède. Il fait construire le château de la Grange des Prés, aux portes de Pézenas, nouveau lieu de pouvoir militaire et diplomatique. Le château comporte un magnifique jardin à l’italienne. Il se rallie à Henri de Navarre qui le promeut connétable de France après être devenu le roi Henri IV. Il se retire en 1612 dans son château de la Grange des Prés avant de décéder 2 ans après à 80 ans après être resté 51 ans gouverneur du Languedoc.

[5] La préciosité serait un mode de vie avant d’être un mouvement et une mode littéraire française du 17ème siècle. Cette mode va du début de ce siècle jusqu’à 1660. Ce phénomène à ses débuts est européen. Élégance et raffinement sont les maîtres mots de ces mondains et mondaines qui font entendre et reconnaître leur singularité au milieu du monde.

[6] la rue Quincampoix est une voie, ancienne, des 3e et 4e arrondissements de Paris

[7] Une mazarinade est une pièce de vers satiriques ou burlesques, un pamphlet ou un libelle en prose, publié du temps de la Fronde, au sujet du cardinal Mazarin. Bien que la plupart des mazarinades aient été dirigées contre ce ministre, le même nom a aussi été donné aux écrits composés pour le défendre et répondre aux attaques des frondeurs. Hubert Carrier, qui les a étudiées, en dénombre 5 000. La plupart des mazarinades sont imprimées, de sorte que leur circulation a contribué aux différentes phases de la Fronde.

[8] secundus