Il était d’une famille noble, son aïeul et son père avaient suivi la carrière des armes, et celui-ci avait rempli la charge de lieutenant du roi [1] au Havre [2]. Resté orphelin et presque sans fortune, vers l’âge de 12 ans, il fut recueilli avec sa sœur Madeleine par un oncle riche.
Après avoir achevé ses études, il servit d’abord dans le régiment des gardes-françaises et fit partie de l’armée d’Italie, vers 1630. Il quitta l’état militaire pour se livrer aux lettres. Il travailla pour le théâtre et donna 16 pièces de 1631 à 1644.
Adversaire de Corneille, il fait paraître sous son nom des romans qui sont presque entièrement dus à sa sœur. Ce fut lui qui donna le signal de la levée de boucliers contre Corneille après la représentation du Cid [3]. Bien que lié d’amitié avec le poète, il publia, sous le voile de l’anonyme, “des Observations” en 1637, auxquelles Corneille répondit par “l’Examen à Ariste”, puis par une Lettre “apologétique”.
Il bénéficiera longtemps de la protection du cardinal de Richelieu et, après la disparition du ministre, il adopte une prudente neutralité à l’égard du cardinal Mazarin, qui le nomme gouverneur du fort de Notre Dame de la Garde [4] de 1644 à 1647 et lui confère un brevet de capitaine des galères, charge purement honorifique quoique lucrative. Il partit pour son poste avec sa sœur cadette Madeleine. Mais il la quitta quelques années plus tard, faute de ressources suffisantes pour entretenir et payer ses soldats.
Revenu à Paris, au moment de la Fronde, il s’attacha au parti du Grand Condé et fut exilé en Normandie. Il publia des Poésies diverses, puis à la mort de Vaugelas, il parvint, grâce à ses protecteurs, à se faire élire à l’Académie [5], en 1650.
Fixé à Rouen, il épousa, en 1654, la riche Marie-Madeleine ou Marie-Françoise de Martinvast , belle personne et d’esprit distingué, qui entretiendra une longue correspondance avec Roger de Bussy-Rabutin. Ce fut alors qu’il publia le poème d’Alaric.
Sa pauvreté le força d’aller passer plusieurs années en Normandie. Il finit par obtenir du roi une pension de 400 écus, par l’intermédiaire du duc de Saint-Aignan François Honorat de Beauvillier, qui voulut, avec Mlle de Montpensier, présenter son premier enfant au baptême, en 1662.
Sur la fin de sa vie, Scudery devint dévot et mourut d’apoplexie, à l’âge de 66 ans, et fut enterré à Saint-Nicolas des Champs [6].