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Georges de Scudéry

lundi 21 février 2022, par ljallamion (Date de rédaction antérieure : 11 novembre 2012).

Georges de Scudéry (1601-1667)

Poète-romancier et dramaturge

Georges de Scudéry Poète-romancier et dramaturge

Il était d’une famille noble, son aïeul et son père avaient suivi la carrière des armes, et celui-ci avait rempli la charge de lieutenant du roi [1] au Havre [2]. Resté orphelin et presque sans fortune, vers l’âge de 12 ans, il fut recueilli avec sa sœur Madeleine par un oncle riche.

Après avoir achevé ses études, il servit d’abord dans le régiment des gardes-françaises et fit partie de l’armée d’Italie, vers 1630. Il quitta l’état militaire pour se livrer aux lettres. Il travailla pour le théâtre et donna 16 pièces de 1631 à 1644.

Adversaire de Corneille, il fait paraître sous son nom des romans qui sont presque entièrement dus à sa sœur. Ce fut lui qui donna le signal de la levée de boucliers contre Corneille après la représentation du Cid [3]. Bien que lié d’amitié avec le poète, il publia, sous le voile de l’anonyme, “des Observations” en 1637, auxquelles Corneille répondit par “l’Examen à Ariste”, puis par une Lettre “apologétique”.

Il bénéficiera longtemps de la protection du cardinal de Richelieu et, après la disparition du ministre, il adopte une prudente neutralité à l’égard du cardinal Mazarin, qui le nomme gouverneur du fort de Notre Dame de la Garde [4] de 1644 à 1647 et lui confère un brevet de capitaine des galères, charge purement honorifique quoique lucrative. Il partit pour son poste avec sa sœur cadette Madeleine. Mais il la quitta quelques années plus tard, faute de ressources suffisantes pour entretenir et payer ses soldats.

Revenu à Paris, au moment de la Fronde, il s’attacha au parti du Grand Condé et fut exilé en Normandie. Il publia des Poésies diverses, puis à la mort de Vaugelas, il parvint, grâce à ses protecteurs, à se faire élire à l’Académie [5], en 1650.

Fixé à Rouen, il épousa, en 1654, la riche Marie-Madeleine ou Marie-Françoise de Martinvast , belle personne et d’esprit distingué, qui entretiendra une longue correspondance avec Roger de Bussy-Rabutin. Ce fut alors qu’il publia le poème d’Alaric.

Sa pauvreté le força d’aller passer plusieurs années en Normandie. Il finit par obtenir du roi une pension de 400 écus, par l’intermédiaire du duc de Saint-Aignan François Honorat de Beauvillier, qui voulut, avec Mlle de Montpensier, présenter son premier enfant au baptême, en 1662.

Sur la fin de sa vie, Scudery devint dévot et mourut d’apoplexie, à l’âge de 66 ans, et fut enterré à Saint-Nicolas des Champs [6].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Eveline Dutertre, Scudéry dramaturge, Genève, Droz, 1988

Notes

[1] Le lieutenant du roi est un représentant d’un monarque à l’échelon local. Dans la France de l’Ancien Régime, à partir de Louis XIV, le "lieutenant de roi" (et non lieutenant du roi) désigne le représentant du souverain dans une région ou dans une ville. Les lieutenants de roi étaient subordonnés aux gouverneurs et aux lieutenants généraux, véritables représentants du roi dans les gouvernements militaires. Le nombre de lieutenants de roi pouvait varier selon la taille de la province : il y en avait neuf en Languedoc, pour trois lieutenants généraux et un gouverneur

[2] Le Havre est une commune française du Nord-Ouest de la France située dans le département de la Seine-Maritime, située sur la rive droite de l’estuaire de la Seine, au bord de la Manche. Son port est le deuxième de France après celui de Marseille pour le trafic total et le premier port français pour les conteneurs. Le 8 octobre 1517, François 1er signe la charte de fondation du port dont les plans sont confiés d’abord au vice-amiral Guyon le Roy. La Tour François 1er, dite la « grosse tour », en défend l’entrée. Malgré les difficultés liées au terrain marécageux et aux tempêtes, le port du Havre accueille ses premiers navires en octobre 1518. Le roi se déplace lui-même en 1520, rend perpétuels les privilèges des Havrais et leur donne ses propres armoiries constituées d’une salamandre. La fonction militaire est aussi encouragée : Le Havre est un des points de rassemblement de la flotte française pendant les guerres. Des navires partent également pêcher la morue à Terre-Neuve.

[3] Le Cid est une pièce de théâtre tragi-comique en vers (alexandrins essentiellement) de Pierre Corneille dont la première représentation eut lieu le 7 janvier 1637 au théâtre du Marais

[4] forteresse située près de Marseille

[5] L’Académie française, fondée en 1634 et officialisée le 29 janvier 1635, sous le règne de Louis XIII par le cardinal de Richelieu, est une institution française dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs. Intégrée à l’Institut de France lors de la création de celui-ci le 25 octobre 1795, elle est la première de ses cinq académies. La mission qui lui est assignée dès l’origine, et qui sera précisée le 29 janvier 1635 par lettres patentes de Louis XIII, est de fixer la langue française, de lui donner des règles, de la rendre pure et compréhensible par tous, donc d’uniformiser cette dernière. Elle doit dans cet esprit commencer par composer un dictionnaire : la première édition du Dictionnaire de l’Académie française est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d’élaboration. L’Académie française rassemble des personnalités marquantes de la vie culturelle : poètes, romanciers, dramaturges, critiques littéraires, philosophes, historiens et des scientifiques qui ont illustré la langue française, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.

[6] L’église Saint-Nicolas-des-Champs, de culte catholique, est située rue Saint-Martin dans le 3ème arrondissement de Paris. Elle est essentiellement de style gothique flamboyant, mais sa construction s’est déroulée en cinq étapes, pendant deux cents ans, de 1420 à 1620.