Né à Noël Saint Martin dans l’Oise désormais commune de Villeneuve sur Verberie [1] près de Senlis [2] dans un milieu très modeste. Fils de Pierre Personne et de Jeanne Le Dru, petits paysans. Il est le seul de ses frères et sœurs à recevoir une instruction, dès l’âge de 14 ans, grâce au curé de la paroisse voisine de Rhuis [3], également aumônier de la reine Marie de Médicis, qui avait remarqué sa vive intelligence. Il reçoit ainsi un solide bagage en mathématiques, en latin et en grec.
Il quitte ensuite son village et entreprend un tour de France pour parfaire son instruction. Il vit en donnant des leçons particulières. Il passe à Bordeaux [4], où il fait la connaissance du mathématicien Pierre de Fermat, qui a le même âge que lui. Il se trouve en 1627 à La Rochelle [5], où il assiste au siège de la ville, ce qui lui permet de faire diverses remarques sur l’art des fortifications et la balistique.
En arrivant à Paris en 1628, il s’introduisit dans le cercle de scientifiques autour de Mersenne. Il obtient en 1631 une chaire de philosophie au collège de maître Gervais [6] où il élit domicile. En 1634, il gagna le concours pour la chaire Ramus au Collège de France [7] et la garda toute sa vie. Ses cours ont beaucoup de succès, les élèves qui y assistent sont souvent plus de cent.
En 1655, il succéda à Gassendi dans la chaire de mathématiques, ce qui l’oblige à une activité débordante. Il y enseigne l’arithmétique, la géométrie, l’astronomie, l’optique, la mécanique et même la musique. Il donne aussi des conférences fort appréciées par le Tout-paris des secrétaires d’État, des conseillers du Parlement et autres officiers de la Chambre des Comptes.
Les chaires du Collège royal étant renouvelables tous les 3 ans, il se représente au concours pendant 41 ans, c’est-à-dire jusqu’à sa mort. Pour conserver un avantage sur ses concurrents au concours, il taira toute sa vie le résultat de ses recherches, ne les publiant que rarement.
Il participe activement aux débats scientifiques, parfois virulents, avec ses contemporains, Descartes, Fermat, Pascal. Mais son caractère emporté, ainsi que ses origines très modestes, ses manières rustiques et ses difficultés d’élocution, le desservent.
En revanche, il choisit parfois de s’adresser directement aux ouvriers et artisans, voire aux apprentis, dans un langage très simple, comme dans son Traité de mécanique et spécialement de la conduite et élévation des eaux, ce qui démontre une certaine intention sociale.
Il fait partie en 1666 des 7 savants qui fondent l’Académie royale des sciences [8]. Il intervient souvent dans les débats de l’Académie sur ses spécialités, la pesanteur, l’astronomie et la mécanique.
Ce n’est que le 21 août 1669 qu’il fait connaître à l’Académie son projet de balance qui le rendra célèbre. Cette balance, enfermée dans une caisse de bois d’où sortent 2 tiges supportant des plateaux, est basée sur le principe d’un parallélogramme déformable grâce à ses articulations, les plateaux restant toujours horizontaux. Roberval a l’ingénieuse idée de placer les plateaux au-dessus du fléau, alors que depuis des millénaires, ils étaient placés en dessous.
Outre sa balance, il apporta une contribution importante aux sciences physiques. Ses idées sur la mécanique furent reprises par Newton. Il définit précisément le mot force, démontra la règle de composition des forces, et corrigea la définition de la notion de centre de gravité. Mais c’est dans le domaine expérimental que Roberval fit preuve d’une extraordinaire habileté.
En 1647, il aurait réalisé le premier l’expérience décisive qui prouve l’existence de la pression et de la pesanteur de l’air.
En 1637, ayant réussi la quadrature d’une arche de la cycloïde, il inventa la sinusoïde. Reliant la détermination des tangentes au calcul des aires, il aurait découvert les quadratrices en 1645.
Il eut aussi la volonté de démocratiser la science en s’adressant aux ouvriers, ce qui en fait un précurseur.
Il meurt le 27 septembre 1675, à l’âge de 73 ans, en son domicile du collège de Maistre Gervais. Il est inhumé dans le chœur de l’église Saint Séverin [9], à Paris. Célibataire, il laisse tous ses écrits à l’Académie des Sciences, qui en publia une partie en 1693.