Edmond Beaufort (1406-1455)
Comte et duc de Somerset-Comte de Dorset
Il fut l’un des grands capitaines anglais de la fin de la guerre de Cent Ans [1] et du début de la Guerre des Deux Roses [2]. Troisième fils de Jean Beaufort 1er comte de Somerset et de Marguerite Holland , neveu de Henri Beaufort, évêque de Winchester [3] et régent d’Angleterre.
Entré très jeune comme commandant dans l’armée anglaise, il est capturé lors de la bataille de Baugé [4] en 1421 et restera prisonnier de Charles VII pendant 10 ans. Libéré en 1431 en échange de Charles d’Artois , comte d’Eu [5], il retourne en Angleterre où il se met au service de Henri Beaufort, en lutte contre Humphrey de Lancastre pour le poste de régent. En 1435, il épousa Éléonore Beauchamp
En 1436,Henri Beaufort envoie Edmond seconder John Talbot en Normandie contre l’armée du roi de France, en train de reconquérir le comté. En 1440, il parvient tout de même à s’emparer de Harfleur [6], que les Français venaient de prendre, et à ralentir l’offensive française.
En 1444, William de la Pole , comte de Suffolk [7], négocie une trêve à Tours sur la base du statu quo. Il devient comte de Somerset [8] à la mort de son frère en 1445, est nommé lieutenant de France. Il devient duc de Somerset en 1448.
La trêve avec Charles VII est rompue en 1449. Lieutenant du roi d’Angleterre en Normandie, il attaque Fougères [9] en 1449, et envoie depuis Caen [10] des troupes renforcer Thomas Kyriell . Mais en quelques mois, il perd tout le comté et doit rentrer en Angleterre.
Le Parlement et le Conseil du roi ne pardonnent pas la défaite à Suffolk qui est arrêté puis assassiné. En avril 1450, Edmond Beaufort prend sa place comme conseiller du roi et favori de la reine Marguerite d’Anjou. Cette nomination est cependant contestée par Richard d’York, qui commence à s’aviser que ses droits à la Couronne d’Angleterre sont mieux fondés que ceux de Henri VI et qui se pose de plus en plus en rival. Le conflit entre les deux branches, les Lancastre et les York, est retardé par l’offensive de Charles VII en Guyenne qui se termine par une victoire française en 1453.
Le 10 août 1453, lors d’un accident, Henri VI devient fou, incapable d’assumer ses fonctions. Richard d’York passe alors à l’action. En février 1454, il convoque un Parlement qui le nomme Lord Protecteur [11]. Beaufort est envoyé à la Tour de Londres [12] où il végète un an. Au début de 1455, partiellement guéri, Henri VI reprend le pouvoir et libère son ancien lieutenant.
Celui-ci, appuyé par la reine, convoque aussitôt un grand conseil. Se sentant menacé, le duc d’York lève une armée et marche sur Londres. Le 22 mai 1455, les troupes royales, commandées par Somerset, sont battues à la Première bataille de Saint Albans [13], qui est également la première bataille de la Guerre des Deux Roses. Edmond Beaufort est tué pendant le combat et le roi, blessé, est fait prisonnier.
Notes
[1] La guerre de Cent Ans est un conflit entrecoupé de trêves plus ou moins longues, opposant, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêt à celle des Valois et, à travers elles, le royaume d’Angleterre et celui de France. Le terme même de « guerre de Cent Ans » est une construction historiographique établie au 19ème siècle, pour regrouper cette succession de conflits.
[2] La guerre des Deux-Roses désigne un ensemble d’affrontements, constituant globalement une guerre civile discontinue, qui eut lieu en Angleterre entre la maison royale de Lancastre et la maison royale d’York. Elle est appelée ainsi en référence aux emblèmes des deux maisons, la rose rouge de Lancastre et la rose blanche d’York ; cette référence ne se fait pour autant qu’a posteriori, la rose de Lancastre n’ayant été utilisée comme emblème pour cette maison qu’à partir de 1485, à la dernière bataille du conflit. Cette guerre des roses est liée aux droits de succession de la couronne d’Angleterre. Elle débute en 1455 et prend fin en 1485, quand le dernier des rois de la maison d’York, Richard III, meurt sur le champ de bataille et que Henri Tudor devient roi sous le nom d’Henri VII, fondant la dynastie des Tudor. Il réunit ainsi les deux maisons royales issues de la même branche en se mariant à Élisabeth d’York, et permet la fin de la guerre entre les maisons de Lancastre et d’York ; il choisit également pour emblème la rose Tudor, qui fusionne les deux autres.
[3] L’évêque de Winchester est à la tête du diocèse anglican de Winchester, dans la province de Cantorbéry. Il s’agit d’un des sièges épiscopaux les plus anciens et les plus prestigieux d’Angleterre, et son titulaire est automatiquement membre de la Chambre des Lords. Il est aussi prélat de l’Ordre de la Jarretière.
[4] Le 22 mars 1421, la bataille de Baugé voit la défaite de l’armée anglaise du duc de Clarence (environ 3 000 hommes) face à l’armée franco-écossaise de Motier de la Fayette et du comte écossais John Stuart de Buchan. Cette bataille est la première défaite anglaise en bataille rangée depuis 1415.
[5] Le comté d’Eu était l’un des comtés constitutifs du duché de Normandie.
[6] Harfleur est une commune française située dans le département de la Seine-Maritime. Cette commune limitrophe du Havre est située sur la rive droite de la Seine, dans le canton du Havre-2.
[7] Le Suffolk a des frontières au nord avec le Norfolk, à l’ouest avec le Cambridgeshire et au sud avec l’Essex. Il est bordé à l’est par la mer du Nord. La capitale du comté est Ipswich et les autres villes importantes sont Lowestoft et Bury St Edmunds. La ville de Felixstowe est, quant à elle, l’un des plus grands ports de containers d’Europe.
[8] Les titres de comte et duc de Somerset ont été créés plusieurs fois dans la pairie d’Angleterre. Ils sont relatifs au comté de Somerset, et ont été liés à deux familles, les Beaufort et les Seymour. Le seul titre subsidiaire du duc est baron Seymour, qui est utilisé comme titre de courtoisie par son fils aîné.
[9] Fougères est une commune française sous-préfecture d’Ille-et-Vilaine. Fougères est située dans les Marches de Bretagne, au nord-est du département d’Ille-et-Vilaine. La ville fortifiée s’est développée initialement sur le plateau de la rive gauche du Nançon, un affluent de rive droite du fleuve côtier Couesnon, seuls des faubourgs s’étaient développés de manière limitée sur l’autre rive.
[10] Caen est une commune française du Nord-Ouest4 de la France en Normandie. Préfecture du département du Calvados. En 1417, la ville de Caen oppose à nouveau une résistance héroïque à l’envahisseur anglais qui massacre 2 000 bourgeois, pille et traite les survivants en rebelles à « leur » roi. La région de Caen sera le lieu d’une très vive résistance à l’occupant anglais qui y procédera à un grand nombre d’exécutions de résistants entre 1418 et 1450. La fondation, en 1432, de l’université de Caen fait partie des mesures du duc de Bedford, régent de Normandie, afin de tenter de se concilier la population caennaise. La fin de l’année 1434 voit un soulèvement commandé par Jean de Chantepie. Caen est reprise par les Français le 1er juillet 1450. La Normandie redevenue française, Charles VII la récompensera de sa « fidélité et loyauté » en confirmant tous ses privilèges et libertés en 1458 (confirmation de la Charte aux Normands).
[11] En Angleterre, Lord Protecteur est un titre qui désignait le « chef du gouvernement ». De fait, le titre a connu deux significations différentes à deux moments différents. Il désigna d’abord la personne chargée de la régence au moyen age. Au 17ème siècle, il fut équivalent à celui de roi et a été utilisé durant la brève période de la république (ou « Commonwealth ») en Grande-Bretagne. Oliver Cromwell, puis son fils Richard Cromwell furent les lords protecteurs d’Angleterre, Écosse et Irlande de 1653 à 1659.
[12] La tour de Londres est une forteresse historique située sur la rive nord de la Tamise à Londres en Angleterre à côté de Tower bridge. La tour se trouve dans le district londonien de Tower Hamlets situé à l’est de la Cité de Londres dans un espace appelé Tower Hill. Sa construction commença vers la fin de l’année 1066 dans le cadre de la conquête normande de l’Angleterre. La tour Blanche qui donna son nom à l’ensemble du château, fut construite sur l’ordre de Guillaume le Conquérant en 1078 et fut considérée comme un symbole de l’oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès 1100. Il servait également de grand palais et de résidence royale.
[13] La première bataille de St Albans se déroule le 22 mai 1455. C’est le premier affrontement de la guerre des Deux-Roses, et elle se solde par une victoire du parti yorkiste.