Fils d’un pelletier [1] de la ville de Bourges [2]. En 1418 l’établissement de la Cour du futur Charles VII à Bourges va lui offrir une ascension remarquable. En 1420 il épouse Macée de Léodepart, petite fille du maître des monnaies de la ville. Il est ainsi introduit dans le milieu financier. Il voyage en Méditerranée où il repère autant les possibilités de commerce que les voies que celui-ci doit emprunter. En quelques années, il ouvre des entreprises et des comptoirs à Nice, à Marseille, il arme des navires, et ses comptoirs tiennent lieu de banque, de bureau de change, expédient ou reçoivent de la laine, de la soie, des céréales, des épices.
En 1429, nommé fermier des monnaies, il profite de son titre pour émettre 300 marcs d’argent au-dessous du titre et garder la différence pour lui. Condamné, le roi qui voit en lui quelqu’un d’exceptionnel le gracie au prix d’une lourde amende et lui offre sa confiance.
En 1433 il est nommé maître de la Monnaie à Bourges, puis en 1435 grand argentier du roi. C’est lui qui fournira tous les fonds nécessaires au roi pour mener à bien ses guerres.
Anobli en 1441, nommé commissaire royal, il est chargé par le roi de collecter les gabelles dans le Languedoc et de mettre en place le parlement de Toulouse. Remarquablement intelligent, il se lance dans des entreprises industrielles et commerciales. Il donne aussi une vive impulsion à l’exploitation des mines du Beaujolais et du Lyonnais. Toutes ces entreprises lui apportent une fortune colossale, qui lui permet de se faire construire des maisons dans presque toutes les grandes villes du royaume.
Les fêtes qu’il offre sont somptueuses, royales...
Le roi ferme les yeux sur tous les trafics de Jacques Coeur pour la bonne et unique raison que ce dernier a mis à sa disposition sa fortune pour hâter la conquête de la Normandie sur les Anglais.
En effet, après la bataille de Formigny [3], en avril 1450, la Basse Normandie avait été reprise par les Français. Toute ? Non ! Une petite place aux mains d’irréductibles Anglais résistait encore et toujours : Cherbourg. Le siège commencé en juillet 1450 promettait de durer. Charles VII y envoya Jacques Coeur négocier avec Thomas Gower, gouverneur anglais.
L’accord se fit d’autant plus rapidement que le fils du gouverneur était prisonnier des Français. 2.000 écus seraient donnés à la garnison, ses dépenses payées jusqu’au jour de son rembarquement ; le fils de Gower serait libéré ; la rançon de quelques prisonniers Anglais serait payée ; quelques chevaliers et gentilshommes dChios ou Chio est une île et municipalité grecque de la mer Égée, proche de la Turquie dont elle est séparée par un détroit de 8 kilomètres seulement. Avec l’île de Psara, elle forme le district régional de Chios, dont la capitale est également appelée Chios ou Chorau parti anglais seraient défrayés secrètement de leur passage en Angleterre. Au total : 40.000 écus. Mais le Trésor royal était vide... Jacques Coeur les prêta au roi, et le 14 août 1450, les Anglais quittèrent Cherbourg.
Les Grands du royaume ainsi que le roi doivent à Jacques Coeur des sommes astronomiques. Ce dernier prend bien soin de tout noter sur ses registres. La noblesse endettée cherche donc à le perdre en l’accusant de racheter pour rien des terres à ceux que la guerre a ruinés. Les moines pensent qu’il vend des armes à l’Egypte et les bourgeois affirment qu’il a fait main basse sur toutes les marchandises. Pour couronner le tout, il est accusé d’être l’amant d’Agnès Sorel la favorite du roi.
Charles VII qui s’est montré particulièrement ingrat avec Jeanne d’Arc, va en faire autant avec Jacques Coeur en le faisant arrêter le 31 juillet 1451. Agnès Sorel étant morte l’année précédente, Jacques Coeur est accusé de l’avoir empoisonné. Ce dernier va vite prouver qu’il n’y est pour rien. Qu’à cela ne tienne, on va le poursuivre pour détournement de fonds.
Malgré la torture, il n’avouera rien ! Enfermé au château de Poitiers, il est condamné le 29 mai 1453 à verser la somme astronomique de 400 000 écus. Le roi en profite pour lui confisquer tous ses biens. En 1454, Jacques Coeur s’évade et trouve refuge auprès du pape Nicolas V.
A la tête d’une flotte qui lui est confiée par Calixte III successeur de Nicolas V, Jacques Coeur part combattre les turcs. Il trouve la mort au cours de cette expédition en 1456, vraisemblablement dans l’île de Chio [4].