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Georges de Cappadoce

vendredi 24 septembre 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 11 août 2012).

Georges de Cappadoce (mort en 361)

Évêque d’Alexandrie des ariens de février 356 à sa mort

La cathédrale de l'Annonciation d'Alexandrie siège du patriarcat orthodoxe d'AlexandrieEn 355, un concile tenu à Milan [1] à l’instigation de l’empereur arien [2] Constance II avait une nouvelle fois condamné l’évêque Athanase d’Alexandrie, chef de file des partisans du concile de Nicée [3]. Dans la nuit du 8 au 9 février 356, une troupe de 5000 soldats commandée par le général Syrianus tenta d’appréhender l’évêque dans l’église Saint-Théonas d’Alexandrie [4], mais il parvint à fuir avec l’aide du clergé et des fidèles.

Il resta quelques jours dans les environs de la ville, puis il dut se réfugier en Cyrénaïque [5], et fut ensuite dans la clandestinité pendant 6 ans. Ce coup de force fut suivi de plusieurs mois de violence à Alexandrie. Georges de Cappadoce était le remplaçant désigné, connu peu après la fuite d’Athanase.

Selon Sozomène, Georges, homme très énergique et plein de zèle pour la cause arienne, se signala par de cruelles persécutions dirigées tant contre les païens que contre les chrétiens qui n’étaient pas de sa tendance. Il était également détesté par les hauts responsables de l’État parce qu’il les méprisait et donnait directement des ordres à leurs subordonnés. Il fit entrer le “Dux Ægypti” dans Alexandrie à la tête de ses troupes pour détruire les ornements des temples païens et les statues des dieux.

Déjà du vivant de Constance II, il eut à affronter des troubles populaires qui faillirent lui coûter la vie. Le 29 août 358, attaqué dans l’église Saint-Denys par une foule, il fut sauvé à grand-peine à l’issue d’une violente bataille ; le 2 octobre suivant, il dut quitter la ville à la suite d’une émeute, et les chrétiens partisans d’Athanase reprirent le contrôle des églises le 11 octobre, jusqu’au retour en ville des troupes du “Dux” Sébastien le 24 décembre.

Constance II mourut en Cilicie [6] le 3 novembre 361. La nouvelle de sa mort, et de son remplacement par son cousin païen Julien, fut annoncée à Alexandrie le 30 par le préfet Gérontius.

Georges, de retour d’un voyage le 26, fut alors saisi par une foule, enchaîné et incarcéré. Le 24 décembre, sa prison fut envahie et il en fut extrait et mis à mort.

Entre 358 et 361, son nom apparaît dans les signataires des conciles ariens ou arianisants de Sirmium [7] en 359, Séleucie en 359, Constantinople [8] en 360 et probablement aussi d’Antioche en 360.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Timothy David Barnes, Athanasius and Constantius : Theology and Politics in the Constantinian Empire, Harvard University Press, 1993

Notes

[1] Milan est une ville d’Italie située au nord de la péninsule, à proximité des Alpes. Chef-lieu de la région Lombardie, située au milieu de la plaine du Pô.

[2] Hérésie chrétienne qui a cours du 4ème au 6ème siècle sur l’instigation d’Arius, condamné par l’Eglise en 325 et en 381. Cette doctrine niant la consubstantialité du Fils avec le Père , c’est-à-dire niant l’essence divine de Jésus, se scinde ensuite en plusieurs tendances qui rencontrent un vaste écho dans l’Empire et hors de celui-ci.

[3] Le premier concile œcuménique se tint à Nicée, de la fin mai au 25 juillet 325. Il eut pour objectif principal de définir l’orthodoxie de la foi, à la suite de la controverse soulevée par Arius sur la nature du Christ.

[4] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.

[5] La Cyrénaïque est une région traditionnelle de Libye dont le nom provient de la Cyrénaïque antique, province romaine située autour de l’ancienne cité grecque de Cyrène. Ce territoire fait aujourd’hui partie de la Libye.

[6] La Cilicie est une région historique d’Anatolie méridionale et une ancienne province romaine située aujourd’hui en Turquie. Elle était bordée au nord par la Cappadoce et la Lycaonie, à l’ouest par la Pisidie et la Pamphylie, au sud par la mer Méditerranée et au sud-est par la Syrie. Elle correspond approximativement aujourd’hui à la province turque d’Adana, une région comprise entre les monts Taurus, les monts Amanos et la Méditerranée.

[7] Dans le christianisme ancien du 4ème siècle, on distingue quatre conciles de Sirmium (ou synodes de Sirmium) et quatre symboles de Sirmium (ou formules de Sirmium) du nom de la ville impériale de Sirmium en Pannonie. Ces différentes réunions et professions de foi ont pris place sous le règne de Constance II, durant la crise arienne qui divisait le christianisme et marquent l’apogée de l’arianisme.

[8] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.