Après des études à Pavie [1], en particulier de droit canonique, il quitte sa patrie pour la France. En 1039, il devient professeur à Avranches [2] et vers 1042, il entre à l’abbaye du Bec [3], en Normandie, fondée en 1034 par Herluin qui le nomme prieur 3 ans plus tard. Il fonde alors l’école abbatiale, qui acquiert rapidement une réputation et attire des élèves comme Yves de Chartres, le futur pape Alexandre II et Anselme de Cantorbéry.
Parallèlement, il se consacre à l’exégèse [4] et à l’édition des textes des Pères de l’Église. Il compose des commentaires sur “le Psautier, la Cité de Dieu d’Augustin d’Hippone et les Morales de Job de Grégoire le Grand”.
En 1049, il prend également part à la controverse eucharistique, il s’oppose à Béranger de Tours, qui soutient que la présence du Christ est purement symbolique. Lui-même est partisan de ce qui deviendra la doctrine de la transsubstantiation [5]. Il est l’un des premiers à recourir aux catégories aristotéliciennes pour distinguer l’apparence du pain et du vin de leur essence ou substance, qui selon lui est changée lors de la consécration. En 1050, il assiste au concile de Rome et fait condamner Béranger. Il est également présent aux conciles de Vercelli la même année et de Tours en 1055, où il continue à croiser le fer avec Béranger. En 1059, la "présence réelle" est adoptée par l’Église catholique lors d’un autre concile tenu à Rome. Béranger est de nouveau condamné et doit lire une rétractation.
Vers 1063, Lanfranc rédige le "De corpore et sanguine Domini" en réponse au "Scripta contra synodum" de Béranger, rétractation de sa rétractation de Rome.
En 1063, Lanfranc est choisi comme abbé de Saint-Étienne de Caen [6], abbaye nouvellement créée sur l’initiative de Guillaume le Conquérant, qui entend faire de Caen le centre du pouvoir en Normandie. Après son couronnement en 1066, celui-ci entreprend la réforme de l’Église d’Angleterre. En 1070, Guillaume fait déposer l’archevêque de Cantorbéry, Stigand, par le concile de Winchester [7], sous le prétexte de simonie [8].
Ce dernier est remplacé par Lanfranc, qui reçoit le pallium [9] en 1071 des mains de son ancien élève, Alexandre II. Son épiscopat est marqué par le compromis dans la lutte de pouvoir entre princes et papauté ainsi que par la concurrence de l’archevêché d’York, qui prétend également à la primatie.
En 1075, il rend au Conquérant son plus grand service politique. Il lui révèle une conspiration formée par Raoul de Gaël, le comte de Norfolk [10], etRoger de Breteuil, comte d’Hereford [11]. Waltheof, comte de Huntingdon [12], Northampton et Northumbrie qui avait fait serment de silence, le lui avait confessé. Lanfranc pressa Roger de Breteuil de faire de nouveau allégeance, et finalement l’excommunia lui et ses complices. Il prévient ensuite Guillaume, qui était en Normandie.
Il intercéda pour la vie de Waltheof, qui était probablement innocent, ne voulant pas qu’il fût exécuté pour la faute des autres, mais il échoua à convaincre Guillaume.