Chevalier à la cour de Brionne et bénédictin, fondateur de l’abbaye Notre-Dame du Bec.
Né à Bonneville-Aptot, il appartient par sa naissance à la première noblesse de Normandie. Ansgot ou Angot, son père, était un conquérant viking danois, tandis que sa mère, Héloïse, était unie par des liens de parenté aux comtes de Flandre. Il fut élevé sous le toit du comte Gilbert de Brionne.
Il se montra d’abord un vaillant soldat à qui le duc Robert lui-même accorda plus d’une marque d’estime. Plus tard, se trouvant mal payé de ses services par Gislbert, il commença à prendre le métier des armes en dégoût. Un jour de 1034, au milieu d’une affreuse mêlée où il n’avait plus guère aucun espoir de salut, il fit le vœu de déposer le glaive, de quitter le siècle, et de revêtir l’habit des moines, s’il échappait à un aussi grand péril.
C’est pour remplir ce vœu que, peu de temps après, il se retira comme ermite pour s’installer dans un de ses domaines, autrefois nommé Burneville, et plus tard Bonneville.
Rapidement rejoint par plusieurs compagnons, il jeta les fondements d’un monastère. Alors âgé de 40 ans, il n’ignorait pas moins les lettres sacrées que les lettres profanes, cependant, comme sa piété était ardente, sa générosité exemplaire, Herbert, évêque de Lisieux, dédicace le 25 mars 1034 la chapelle construite par Herluin, le reçoit moine, l’ordonne prêtre et le bénit à la tête de la petite communauté. Il donne en 1034/1035, avec l’accord du duc, des biens lui appartenant. Il édifie le cloître et les bâtiments monastiques et la règle de Saint-Benoît est adoptée.
Bonneville était cependant un lieu d’un abord difficile, et manquant d’eau. Herluin et ses frères résolurent de le quitter, et, vers 1039, descendant la vallée du Bec pour aller s’établir à quelques milles plus loin, au confluent du Bec et de la Risle à Pont-Authou. La nouvelle église, où ils demeurent près de vingt ans, qui prit le nom de l’un de ces ruisseaux, fut consacrée le 24 février 1041 et autour d’elle s’élève bientôt une des plus célèbres écoles abbatiales du Moyen Âge, où enseignent tour à tour, du temps même d’Herluin, Lanfranc et saint Anselme, futurs archevêques de Cantorbéry.
Le monastère connaît alors un essor important qui oblige les moines à se déplacer vers un emplacement beaucoup plus vaste. Cette fois, l’emplacement sera définitif et un village, qui porte son nom, se formera autour de l’abbaye. Le Bec-Hellouin, signifiant tout simplement « ruisseau d’Herluin ». Une seconde église y sera fondée.
Il commence la rédaction des coutumes du Bec au moment où Lanfranc devient prieur en 1045. Sous son abbatiat, 136 moines font profession au Bec. Il envoie des moines à Saint-Évroult, qui seront relevés de son autorité par le duc Guillaume en 1050. Il voit l’achèvement en 1073 de l’abbatiale du Bec dédicacée le 23 octobre 1077 par Lanfranc, archevêque de Cantorbéry. Guillaume le Conquérant donne à cette occasion une charte de confirmation générale à l’abbaye ;
De l’académie du Bec, sortirent le pape Alexandre II, Thibaut du Bec, archevêque de Cantorbéry, Guillaume Bonne-Âme, archevêque de Rouen, Guitmond, évêque d’Aversa et célèbre contradicteur de Bérenger de Tours, Arnost, Gundulf, Ernulf, évêques de Rochester, Turold de Brémoy, évêque de Bayeux, Yves, évêque de Chartres, Foulques de Dammartin, évêque de Beauvais, Gilbert Crispin, abbé de Westminster, etc.
Il meurt le 26 août 1078 avec à ses côtés Roger, abbé de Lessay. Ses funérailles sont présidées par Gilbert Fitz Osbern, évêque d’Évreux. Il est enterré dans la salle capitulaire. On conserve quelques manuscrits écrits au Bec du temps de l’abbé Herluin.