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Félix évêque d’Urgel

samedi 15 juin 2019, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 26 septembre 2011).

Félix évêque d’Urgel (vers750-818)

Clerc-lettré et théologien du 8ème siècle

Il vécut au monastère Sant Sadurní de Tabernoles [1], au pied des Pyrénées.

Vers 790, son enseignement est critiqué par Benoît d’Aniane et par Alcuin. Il est en effet avec Elipand, archevêque de Tolède [2], le meneur du mouvement adoptianiste [3]. Il s’appuie pour cela sur des passages bibliques et, comme Abélard 3 siècles plus tard, sur l’usage de la dialectique.

Le concile de Francfort [4] de 794 condamne ces idées comme une hérésie. Les motivations politiques de la controverse ne peuvent être niés, Tolède échappant à l’influence impériale et Urgel se situant dans la marche d’Espagne, conquise si difficilement par Charlemagne et Roland en 778.

Privé de son siège épiscopal à partir de 799, il finit par se rétracter, et fut exilé à Lyon sous la surveillance de Leidrade.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de France-spiritualités/religions-fois-philosophie/christianisme/biographies-portraits/F/Felix-d’Urgel

Notes

[1] Le monastère Saint-Saturnin de Tabérnolas est un monastère roman situé dans la commune de Les Valls de Valira (comarque de l’Alt Urgell, province de Lérida, Catalogne). Le monastère pourrait être une fondation épiscopale de l’époque wisigothique ; l’évêque d’Urgell était parfois abbé de Saint-Saturnin. Néanmoins, ses origines ne sont pas clairement établies, dans la mesure où il est certain qu’après la réforme bénédictine, survenue vers l’an 800, les moines ont produit de faux documents afin d’obtenir des bénéfices, notamment une bulle soi-disant émise par le pape Léon III. Félix d’Urgell y a étudié, est devenu abbé du monastère en 776, puis évêque d’Urgell en 782, charges qu’il a conservées jusqu’à sa déposition en 799 pour hérésie (le félicianisme, considéré comme une variante de l’adoptianisme, et condamné lors du concile de Francfort, en 794). En 815, le monastère reçoit des donations de la part du comte d’Urgell et de Cerdagne.

[2] L’archidiocèse de Tolède est une église particulière de l’Église catholique en Espagne. Son siège est la cathédrale Santa María de Tolède.

[3] L’adoptianisme est une doctrine religieuse selon laquelle Jésus ne serait devenu le fils de Dieu que par adoption à la suite de son baptême dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Elle est apparue dès le iie siècle chez Théodote de Byzance dont le souci était de revenir à un monothéisme plus étayé. Paul de Samosate, évêque d’Antioche la reprend en 268, puis, au viiie siècle, en Espagne, l’archevêque Elipand de Tolède, et l’évêque d’Urgell, Félix d’Urgel. Cette doctrine est régulièrement condamnée au nom de l’orthodoxie : d’abord par le pape Adrien Ier, puis par le concile de Francfort que convoque en 794 Charlemagne (conseillé par Paulin d’Aquilée, Alcuin, Benoît d’Aniane et Leidrade de Lyon), et enfin par le synode de Rome en 799. Félix d’Urgel abjure sous la pression au concile de Ratisbonne en 792 en Bavière puis est arrêté et condamné comme relaps par le pape Léon III. Il meurt en prison à Lyon en 818. Ce n’est cependant qu’au xiie siècle que le pape Alexandre III vient enfin à bout de l’adoptianisme qui est considéré définitivement comme hérésie. Cette question doctrinale est toutefois de nouveau soulevée par les anabaptistes.

[4] Le synode ou concile de Francfort est une réunion des évêques de l’Empire carolingien convoqué par Charlemagne, ouverte le 1er juin 794 à Francfort dont c’est la première mention. Le synode est réuni en réponse au deuxième concile de Nicée organisé par l’impératrice byzantine Irène pour résoudre la controverse iconoclaste en 787, où aucun représentant de l’Église franque n’avait été convié. Le synode condamne également l’adoptianisme, une hérésie espagnole propagée par Félix d’Urgel et Elipand de Tolède. Il envisage la possibilité de prier en langue vernaculaire.