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Coluccio Salutati Stignano ou Lino Coluccio dit Coluccio Salutati

jeudi 15 septembre 2022, par lucien jallamion

Coluccio Salutati Stignano ou Lino Coluccio dit Coluccio Salutati (1331-1406)

Humaniste-Chancelier de la République florentine

Il est considéré comme une figure de référence de la Renaissance culturelle florentine.

Coluccio Salutati a consenti des efforts importants pour défendre l“es studia humanitatis”. Avec son cercle d’amis lettrés, dont Leonardo Bruni, Poggio Bracciolini et Niccolò Niccoli, il a étudié et discuté des œuvres de Pétrarque et de Boccace. C’est grâce à lui que fut créée la première chaire d’enseignement du grec à Florence [1].

Il fit venir en 1397 le savant byzantin Manuel Chrysoloras , qui enseigna le grec jusqu’en 1400 pour un salaire élevé. Ses cours devaient être ouverts à tous et gratuits. Leonardo Bruni, Pier Paolo Vergerio l’ancien , Palla Strozzi firent partie de ses élèves.

Il fit connaître la version des Lettres à Atticus [2] de Cicéron, conservée dans un manuscrit découvert en 1345 dans la bibliothèque capitulaire de Vérone [3], dont il se fit faire une copie. Cette copie fut utilisée pour les éditions importantes de cette œuvre comme celle de Paolo Manuzio dit Paul Manuce au 16ème siècle.

Salutati est né à Stignano, une petite commune près de Buggiano [4]. Après des études à Bologne [5], où son père vivait en exil après la prise de pouvoir des Gibelins [6] à Buggiano, la famille retourne à Buggiano alors que la ville est devenue partie intégrante de la République florentine [7].

Il y travaille comme notaire et poursuit ses études littéraires, en entrant en contact avec les humanistes florentins Boccace et Francesco Nelli . Son latin classique raffiné et ses lettres qui impressionnèrent les érudits florentins lui valurent le surnom admiratif de Singe de Cicéron. En 1367 Coluccio Salutati est nommé chancelier de Todi [8], dans les États pontificaux. De 1368 à 1370, le secrétaire papal Francesco Bruni l’emmène à Rome comme assistant à la curie papale [9] d’Urbain V récemment rentré d’Avignon. En 1370, grâce à ses relations à la curie, il devient chancelier de la puissante ville toscane de Lucques [10], un poste qu’il perd rapidement à cause de luttes intestines.

En 1374, Coluccio Salutati est nommé à Florence et l’année suivante il en devient chancelier, la position la plus importante dans la bureaucratie de la République florentine. À ce poste il est responsable des correspondances officielles, largement échangées à l’époque avec d’autres États, ainsi que de la rédaction confidentielle des instructions pour les ambassadeurs, en vue d’exercer la diplomatie et de négocier les traités.

Ses capacités d’homme d’État ont été testées lorsque Florence dut faire immédiatement face à la guerre avec la papauté.

Salutati s’est efforcé de convaincre Grégoire XI en lui assurant que Florence avait toujours été un membre loyal du parti guelfe [11].

Bien qu’il n’ait pas su éviter la guerre avec la papauté, Salutati devint rapidement le plus célèbre chancelier d’Italie et un maître de la lettre officielle.

Ennemi principal de Florence au cours de son mandat, Jean Galéas Visconti, duc de Milan [12], estimait qu’une des lettres de Salutati pourrait causer plus de dégâts qu’un millier de cavaliers florentins.

Au cours de sa vie, il vit Florence faire 2 fois la guerre contre son puissant rival du Nord, Jean Galéas Visconti.

Son traité De tyranno [13] publié en 1400, a été très probablement inspiré du personnage de Visconti. Quoique Salutati soit républicain, il reste partisan du monarque universel providentiel décrit par Dante.

À l’occasion, ses lettres ont des conséquences inattendues. Lorsqu’il écrit aux gens d’Ancône [14] en 1376, les incitant au nom de leur liberté à se révolter contre le gouverneur imposé par le pape, il rappelle que les maux de l’Italie proviennent de France. Ayant blessé par cette lettre le roi de France, Salutati rédigea pour celui-ci une lettre plus conciliante, assurant le roi qu’il ne voulait pas lui causer préjudice et que Florence serait toujours une amie de la France.

En témoignage de son service comme chancelier, Florence paya 250 florins pour ses funérailles en 1406.

Le travail culturel de Coluccio Salutati est probablement encore plus important que son travail politique. Pour son métier d’écrivain et d’orateur, il s’inspire de la tradition classique et développe un style de prose puissant, fondé sur le latin de Virgile et de Cicéron.

Admirateur de Pétrarque, il consacre une grande partie de son salaire à constituer une collection de 800 livres, qui constitue la plus grande bibliothèque florentine de l’époque. Il recherche également les manuscrits classiques, fait un certain nombre de découvertes importantes la plus marquante étant les lettres de Cicéron à ses amis Epistulae ad familiares, qui infirment la conception médiévale de l’homme d’État romain.

Coluccio Salutati a également fait des études importantes d’histoire, liant l’origine de Florence à la République romaine et non à l’Empire romain. De son vivant, l’étude de la littérature laïque, notamment la littérature païenne, étant découragée par l’Église catholique romaine, il joue un rôle important dans le changement de ces perspectives, engageant souvent des débats théologiques sur le fond de la littérature païenne avec les représentants de l’Église.

Coluccio Salutati a ajouté 2 signes nouveaux à la ponctuation : le point d’exclamation et les parenthèses

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Laurent Baggioni, La « forteresse de la raison ». Lectures de l’humanisme politique florentin d’après l’Epistolario de Coluccio Salutati (1331-1406), Lyon, École normale supérieure de Lyon (thèse d’Études italiennes), 2011

Notes

[1] Florence est la huitième ville d’Italie par sa population, capitale de la région de Toscane et siège de la ville métropolitaine de Florence. Berceau de la Renaissance en Italie, capitale du royaume d’Italie entre 1865 et 1870

[2] Le recueil Epistulae ad Atticum comporte 16 livres, et a été publié avant 661 par l’éditeur et homme d’affaires romain Atticus, destinataire de cette correspondance de Cicéron dont il fut l’ami fidèle et le confident. « Plus que de tous les autres, Atticus a été aimé de Cicéron qui n’eut pas même pour son frère Quintus une affection plus vive et plus étroite » dit Cornélius Népos son collaborateur et biographe. De cette amitié quotidienne, il reste 454 lettres à Atticus (sur les 813 lettres de Cicéron qui nous sont parvenues) qui tiennent du journal intime et concernent les questions les plus diverses. Cornélius Népos déclara que Atticus avait rassemblé la correspondance en 11 livres

[3] La Biblioteca capitolare di Verona (en français « bibliothèque du chapitre de Vérone ») est une bibliothèque universitaire publique italienne, autrefois bibliothèque du chapitre des chanoines de la cathédrale, célèbre pour l’ancienneté et la richesse de ses collections d’ouvrages ecclésiastiques. Elle est considérée comme une des plus anciennes bibliothèques d’Europe.

[4] qui fait aujourd’hui partie de la province de Pistoia en Toscane

[5] Bologne est une ville italienne située dans le nord-est du pays, entre le Pô et les Apennins. C’est le chef-lieu de la région d’Émilie-Romagne (plaine du Pô) et de la province de même nom et l’une des principales villes d’Italie. Elle est considérée comme le siège de la plus ancienne université du monde occidental puisqu’elle a été fondée en 1088. Plus de 900 ans après sa fondation, l’université est encore aujourd’hui le cœur de la ville

[6] Les gibelins (la pars gebellina), soutiennent la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.

[7] La république de Florence, aussi connue sous le nom de République florentine, est un ancien État italien, prenant place autour de la ville de Florence en Toscane. Fondée après la révolte du peuple contre la marche de Toscane après la mort de Mathilde de Toscane, en 1115, la Commune est dirigée par la seigneurie de Florence, mais est régulièrement confrontée aux guerres d’influences entre les différentes factions, clans et familles florentines cherchant à prendre le pouvoir sur la cité. La notion de république de Florence concerne plusieurs périodes distinctes de gouvernement républicain à Florence, en Italie, commençant en 1115 et s’achevant en 1532.

[8] Todi est une commune italienne, située dans la vallée du Tibre, dans la province de Pérouse, dans la région Ombrie, en Italie centrale.

[9] La curie romaine est l’ensemble des dicastères et autres organismes du Saint-siège qui assistent le pape dans sa mission de pasteur suprême de l’Église catholique. « La Curie romaine dont le Pontife suprême se sert habituellement pour traiter les affaires de l’Église tout entière, et qui accomplit sa fonction en son nom et sous son autorité pour le bien et le service des Églises, comprend la Secrétairerie d’État ou Secrétariat du Pape, le Conseil pour les affaires publiques de l’Église, les Congrégations, Tribunaux et autres Instituts ; leur constitution et compétence sont définies par la loi particulière ».

[10] Lucques Lucca en italien, est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom, située en Toscane. Elle fut autrefois, avant la réalisation de l’unité italienne, une ville libre puis la capitale de la principauté souveraine puis duché de Lucques (1815-1847). Elle se trouve non loin de la mer Tyrrhénienne, plus exactement à une vingtaine de kilomètres de la côte ligure (mer Ligure). C’est une ville fortifiée avec un grand nombre de monuments historiques, principalement des églises, mais aussi des villas et des palais comme le palais Pfanner et son célèbre jardin.

[11] Les guelfes et les gibelins sont deux factions (parti ou, plus souvent, brigate ou sette) médiévales qui s’opposèrent militairement, politiquement et culturellement dans l’Italie des Duecento et Trecento. À l’origine, elles soutenaient respectivement deux dynasties qui se disputaient le trône du Saint Empire : la pars Guelfa appuyait les prétentions de la dynastie des « Welf » et de la papauté, puis de la maison d’Anjou, la pars Gebellina, celles des Hohenstaufen, et au-delà celles du Saint Empire. Conflit en apparence limité au Saint Empire, l’opposition entre Guelfes et Gibelins va se transporter dans diverses parties d’Europe, principalement dans les villes de la péninsule italienne. Dans cette bipolarisation, parfois surestimée, les allégeances dynastiques sont parfois secondaires, les adhésions fluctuantes, et il faut attendre le règne de Frédéric II pour que papauté et empire deviennent des symboles forts de ralliement et que se construise une véritable division antithétique. Ce clivage trouve des manifestations dans le domaine civique et religieux et cristallise les tensions entre les villes italiennes, au sein de leurs élites et parfois entre la ville et son contado. L’écho du conflit se manifeste à des époques ultérieures, en revêtant de nouveaux caractères et en stigmatisant des oppositions idéologiques nouvelles.

[12] Le duché de Milan était un État dans le nord de la péninsule italienne de 1395 à 1796. En principe fief du Saint Empire romain germanique, il était initialement de facto indépendant. Il passe cependant sous domination française au début du 16ème siècle puis fait partie des possessions des Habsbourg d’Espagne (1535-1706) puis d’Autriche (1706-1796). Les frontières du duché ont varié au cours des siècles, il couvrait surtout la Lombardie incluant Milan et Pavie, les centres traditionnels du vieux royaume d’Italie. Il se situait au centre de l’Italie du Nord, de chaque côté de la partie médiane de la vallée du Pô, bordé, au nord, par les massifs méridionaux des Alpes, les Alpes lépontines, et, au sud, par les hauteurs occidentales des Apennins, les Alpes apuanes.

[13] sur le tyran

[14] Ancône est une capitale des Marches et chef-lieu de la province d’Ancône en Italie. Ancienne ville fortifiée d’Italie centrale au riche passé gréco-romain et religieux médiéval, Ancône est une ville d’art et une station balnéaire et possède un port très actif sur la mer Adriatique.