Inge 1er de Norvège ou Inge 1er Krokrygg c’est-à-dire le Bossu (1135-1161)
Roi de Norvège qui régna de 1136 à 1161
Inge 1er était le fils d’ Harald IV de Norvège et de son épouse la princesse suédoise Ingrid Rögnvaldsdotter. Il était le seul considéré par l’église comme fils légitime du roi.
Proclamé roi à un an avec son demi-frère illégitime aîné Sigurd II de Norvège après le meurtre de leur père, il règne sous le contrôle des nobles. En 1142, les 2 jeunes rois doivent s’adjoindre 2 autres fils illégitimes de Harald IV de Norvège, Eystein II de Norvège et Magnus Haraldsson soutenus par des partis de nobles qui voulaient leur part de pouvoir.
Les partisans d’Inge se recrutaient dans la haute aristocratie et dans l’église. Après la mort au combat de son frère Sigurd II en 1155 et celle de son autre frère Eystein II en 1157, il doit faire face à son neveu Håkon Herdibreid dit Håkon II de Norvège autour duquel se sont rassemblés ses opposants. Le magnat Grégorius Dagsson chef du parti qui soutenait le roi Inge 1er bat à Konungahella en 1158 et 1159 le nouveau prétendant, mais il est tué dans une escarmouche le 7 janvier 1161 dans le Bohuslän [1] près d’Uddevalla [2].
Le roi Inge 1er doit affronter lui-même avec une armée de 4 000 hommes son neveu sur la glace du fjord [3] près d’Oslo [4]. Selon la Saga il confie une des ailes de son armée à Godfred le Noir le fils aîné de Olaf 1er de Man venu rendre l’hommage en Norvège pour le compte de son défunt père, et à un certain Jon Sveinsson, petit-fils de Bergthor Bulk.
Dès le début de la bataille Gudrod abandonne le combat avec 1 500 hommes pendant que Jon passe directement dans le camp d’Håkon avec ses hommes. Le roi Inge 1er est tué le 4 février 1161 avec ses fidèles Simon Skaalp et Halvard Hirke pendant que son demi-frère, Orm Kongbroder s’enfuit en Suède.
Ses partisans rassemblés par Erling Skakke refusent de reconnaître Håkon II de Norvège et soutiennent la candidature de Magnus Erlingsson. Les sagas royales louent la prudence d’Inge ainsi que son caractère, loyal et noble.
C’est sous le règne du roi Inge 1er que le Pape Eugène III envoie comme Légat [5] le Cardinal anglais Nicolas Breakspear avec pour mission d’organiser les églises des royaumes scandinaves en créant des archevêchés en Norvège et en Suède.
En 1152 l’évêché de Trondheim [6] est promu Archidiocèse de Nidaros dont Jon Birgersson évêque de Stavanger [7] devient le premier titulaire. La nouvelle entité comprend cinq diocèses de Norvège.
Selon le nouveau règlement institué un collège de prêtres sera organisé dans chaque diocèse. Les membres de ce Chapitre de chanoines [8] constitueront le conseil de l’évêque ; ils devront l’aider dans sa charge et à sa mort élire son successeur sans interférences des autorités politiques.
L’archevêque sera choisi par le Chapitre du diocèse de Trondheim mais consacré par le Pape de qui il recevra le pallium [9]. Les diocèses des territoires d’outremer n’auront pas de chapitre et les évêques seront nommés par le chapitre de Trondheim. Le denier de Saint-Pierre [10] sera enfin introduit et payé par les fidèles à l’église.
C’est également sous le règne de Inge 1er que sont établis les premiers établissements cisterciens du pays : Lyse (Vallis Lucida) près de Bergen [11] en 1146 et Hovedö à Oslo en 1147. Ils sont fondés par des moines anglais en provenance dans le premier cas de Foutain près d’York [12] et dans l’autre de Kirkstead dans le Lincolnshire [13].
Inge 1er mourut à 26 ans célibataire et sans descendance
Notes
[1] Le Bohuslän est une des 25 provinces historiques (landskap) de la Suède sur la côte occidentale du pays, s’étendant du nord de Göteborg à la Norvège. Sa principale ville est Uddevalla. Aujourd’hui, la province de Bohuslän est comprise dans le comté de Götaland de l’ouest
[2] Uddevalla est l’agglomération principale de la commune d’Uddevalla, en Suède, dans le comté de Västra Götaland, au centre de la province historique de Bohuslän, la plus occidentale des 25 provinces historiques de la Suède. Fondée en 1498 sous le nom d’Oddevold par le roi danois Hans, la ville d’Uddevalla devint suédoise en 1658 lorsque la province est cédée par le Danemark à la Suède au traité de Roskilde pour connaître un essor au 18ème siècle grâce à son port et à la pêche au hareng.
[3] Un fjord ou fiord est une vallée unique érodée par un glacier avançant de la montagne à la mer qui a été envahie par la mer depuis le retrait de la glace. L’aspect typique d’un fjord est celui d’un bras de mer étroit, plus ou moins ramifié, aux côtés très escarpés, à la bathymétrie élevée et qui s’avance dans les terres sur plusieurs kilomètres, parfois jusqu’à plusieurs dizaines de kilomètres.
[4] Oslo est la capitale d’État de la Norvège. La ville s’est appelée Christiania de 1624 à 1924. Oslo a affirmé son rôle de capitale à partir du règne de Håkon V Magnusson, qui y établit sa résidence permanente et commence la construction de la citadelle d’Akershus. Un siècle plus tard, la Norvège passe sous domination danoise, et Oslo est réduite au rang de simple chef-lieu de province, tandis que le roi en titre réside à Copenhague.
[5] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.
[6] l’ancienne Nidarós
[7] Stavanger est une ville portuaire située dans le Rogaland, dans le sud-ouest de la Norvège. Stavanger est l’une des plus anciennes villes de Norvège.
[8] Dans les traditions catholique et anglicane, un chapitre de chanoines est un collège de clercs appelés chanoines, attachés à une église cathédrale ou collégiale. Leur mission est d’une part d’assurer collectivement le chant de l’office divin aux heures canoniales de la journée et d’être le conseil du curé ou de l’évêque, d’autre part d’accomplir individuellement une fonction attachée à leur canonicat comme la liturgie, les écoles, la construction ou l’entretien des bâtiments, le secours des pauvres, l’administration des biens de la paroisse, la conservation des manuscrits, la défense militaire, etc.
[9] Le pallium est un ornement liturgique catholique dont le port, sur la chasuble, est réservé au pape, aux primats, aux archevêques métropolitains et à quelques rares évêques, pendant la célébration de la messe. Il vient du latin pallium qui signifie manteau.
[10] Le denier de Saint-Pierre est d’abord un tribut annuel versé par l’Angleterre du 8ème siècle à 1534 au Saint-Siège. Sous le pontificat de Pie IX, le nom est repris pour désigner une contribution volontaire des fidèles à la papauté.
[11] Bergen est une ville du Sud-ouest de la Norvège, capitale du comté de Hordaland. Bergen est la deuxième ville du pays. C’est également une ville portuaire, une ville universitaire, et un évêché.
[12] York est une ville du nord de l’Angleterre. Située à la confluence de deux rivières, l’Ouse et la Foss, elle donne son nom au comté du Yorkshire. Fondée par les Romains sous le nom d’Eboracum, elle est l’une des villes majeures du royaume anglo-saxon de Northumbrie, puis la capitale du royaume viking de Jórvík. Elle est également le siège d’un archevêché de l’Église d’Angleterre. Après l’arrivée des Anglo-Saxons, York devint l’une des principales villes du royaume de Northumbrie sous le nom vieil anglais Eoforwic. Le roi Edwin y fut baptisé en 627. Elle devint le siège d’un évêché, puis d’un archevêché en 735. Tombée aux mains de la Grande Armée en 866, elle fut la capitale d’un royaume viking de 876 à 954 sous le nom de Jórvík, date de sa conquête définitive par le royaume d’Angleterre. Le 20 septembre 1066, Harald Hardrada s’empara de la ville, mais fut tué cinq jours plus tard par le roi Harold Godwinson à la bataille de Stamford Bridge, vainqueur qui devait périr à son tour à la bataille de Hastings peu de temps après. En 1190, Richard de Malbis et d’autres nobles d’York qui envisageaient de se joindre à Richard dans la troisième croisade profitèrent d’un incendie qui avait éclaté en ville pour faire courir une rumeur contre les Juifs. Les maisons de Benoît et Joce furent attaquées et ce dernier obtint la permission du gardien du château d’York d’y évacuer sa famille et l’ensemble des Juifs, probablement dans la tour de Clifford. Assaillis par la foule, les Juifs prirent peur et ne laissèrent pas rentrer le gardien qui avait quitté la tour. Il en appela au shérif, qui fit venir la milice du Comté. La tour de Clifford fut assiégée plusieurs jours. Un moine fit la cérémonie de sacrement chaque matin autour des murs comme pour sacraliser la lutte. Il fut écrasé d’une pierre jetée par les Juifs assiégés ; la colère de la foule devint alors une folie forcenée. Quand les Juifs de la tour de Clifford virent qu’ils n’avaient aucune alternative autre que de se soumettre au baptême ou périr aux mains de la foule, Yom-Tob ben Isaac de Joigny, tossafiste français et nouveau chef de la communauté, les exhorta à se tuer eux-mêmes plutôt que de succomber à la cruauté de leurs ennemis. Ceux qui étaient en désaccord furent autorisés à se retirer. Les autres se donnèrent la mort, après avoir mis le feu à leurs vêtements et marchandises pour éviter que ceux-ci ne tombent dans les mains de la foule.
[13] Le Lincolnshire est un comté d’Angleterre situé sur le littoral de la mer du Nord. Il a pour voisins, du nord au sud, les comtés du Yorkshire de l’Est, du Yorkshire du Sud, du Nottinghamshire, du Leicestershire, du Rutland, du Cambridgeshire et du Norfolk. Son chef-lieu est la ville de Lincoln.