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L’histoire pour le plaisir

Hmayeak Mamikonian

samedi 25 septembre 2021, par ljallamion

Hmayeak Mamikonian (mort en 451)

Général arménien de la famille des Mamikonian

Fils de Hamazasp 1er Mamikonian et de Sahakanoysh, de la famille des Grégorides [1]. Cette ascendance place la famille Mamikonian au premier plan de la noblesse arménienne. Il est également frère de Vardan II et de Hamazaspian Mamikonian

Dès son avènement, le roi sassanide [2] Yazdgard II entreprend de convertir l’Arménie au mazdéisme [3]. Vers 449, il promulgue un édit mettant les Arméniens en demeure d’abjurer leur foi. En retour, la noblesse et le clergé envoient un manifeste dans lequel ils assurent de leur obéissance absolue, mais refusent toute idée d’apostasie [4] et dénient au roi perse le droit d’intervenir dans les affaires religieuses.

Le roi convoque alors les principaux nakhararq [5] et leur intime de choisir entre la conversion ou la mort. Ils s’exécutent, certains dont Vardan II avec réticence, mais usent d’un subterfuge consistant à accomplir les prosternations rituelles devant le soleil tout en adressant leurs prières à Dieu.

Les nakhararq reviennent en Arménie, accompagnés de prêtres mazdéistes qui entreprennent de fermer les églises et de construire des temples. Les nobles, ayant tout de même apostasié même si la cérémonie était factice, réagissent mollement au mécontentement, et c’est le clergé qui entraîne le peuple dans les émeutes.

Vardan Mamikonian, mal à l’aise vis-à-vis du simulacre de conversion auquel il a dû se résoudre et ne voulant pas prendre les armes contre le roi, qui restait son suzerain, envisage de se réfugier dans l’Empire d’Orient. Le marzban [6] Vasak de Siounie, inquiet de la défection d’un clan aussi puissant, lui dépêche des messagers qui réussissent à lui faire renoncer à son projet. Vardan prend alors la tête de l’insurrection contre les Perses et rallie la plus grande partie de la noblesse arménienne. Pour ne pas rester isolé, Vasak de Siounie n’a pas d’autre choix que de rejoindre l’insurrection, malgré sa fidélité sans faille envers le Sassanide.

Conscient de son infériorité numérique, il envoie une ambassade à Constantinople [7], composée de son frère Hmayeak, d’Atom Gnouni [8], de Vardan Amatouni et de Meroujan Arçrouni [9]. L’empereur Théodose II les reçoit favorablement, mais meurt en 450. Son gendre et successeur, Marcien préfère maintenir la paix avec les Perses, pour pouvoir combattre Attila qui occupe la Pannonie [10] et menace Constantinople.

En mai 451, Yazdgard II envoie en Arménie une armée qui écrase celle de Vardan Mamikonian le 2 juin 451 à Avarayr [11]. Vardan Mamikonian est tué dans l’affrontement, et Vasak de Siounie fait sa soumission au roi, lui assurant qu’il n’avait rejoint l’insurrection que contraint. Cependant, la guérilla contre les Perses continue et Hmayeak, revenu de Constantinople, en prend la tête et occupe le Taïq [12] avec deux compagnons. Vasak de Siounie se rend dans la région avec une armée pour l’affronter et finit par le vaincre et le tuer lors d’une échauffourée, près d’Artanoudji [13].

Dzoyk Arçrouni avait une sœur, Anouyshvram Arçrouni, mariée à Aršouša de Gogarène, qui fut emmené en captivité en Perse avec de nombreux nobles, dont les fils de Hmayeak, après la révolte de 451. En 455, il réussit à obtenir sa libération et celle de ses neveux, et les éleva avec ses propres enfants

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Éd. Privat, 2007 (1re éd. 1982) (ISBN 978-2-7089-6874-5).

Notes

[1] issue de Grégoire 1er l’Illuminateur, l’évangélisateur de l’Arménie)

[2] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[3] Le mazdéisme est une religion iranienne qui doit son nom à son dieu principal, Ahura Mazda. Le livre sacré du mazdéisme est l’Avesta. Le zoroastrisme, du nom de Zoroastre/Zarathoustra, est une réforme du mazdéisme. Le zoroastrisme est la forme monothéiste sous laquelle s’est répandue cette religion, qui existe toujours.

[4] L’apostasie (du grec ancien (apostasis), « se tenir loin de ») est l’attitude d’une personne, appelée apostat, qui renonce publiquement à une doctrine ou une religion.

[5] Le nakharar est un satrape héréditaire en Arménie. Ce titre est de premier ordre au sein de la noblesse arménienne antique et médiévale. Durant cette période, l’Arménie est divisée en larges domaines, propriétés d’une famille noble et gouvernés par l’un de ses membres, auquel les titres nahapet (« chef de famille ») ou tanuter (« maître de maison ») sont donnés. Les autres membres d’une famille de nakharar gouvernent à leur tour des portions plus petites du domaine familial. Les ’nakharark’ jouissant d’une grande autorité sont reconnus comme ishkhans (princes).

[6] Le marzpanat ou marzbanat est le système de gouvernement instauré par les Sassanides en Arménie, en vigueur de 428 à 646. À sa tête est installé un marzpan ou marzban (« gouverneur »).

[7] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[8] La famille Gnouni est une famille de la noblesse arménienne, prétendant descendre des rois d’Urartu. Selon l’historien arménien Moïse de Khorène, ils descendraient d’anciens rois d’Assyrie, prétention qu’ils partagent avec la famille Arçrouni. À la cour des rois d’Arménie, ils possèdent la charge héréditaire de hazarapet (« sénéchal »)

[9] Les Arçrouni, Artsrouni ou Ardzrouni sont les membres d’une famille de la noblesse arménienne, qui prend de l’importance au 8ème siècle avant d’accéder à la royauté au Vaspourakan de 908 à 1021.

[10] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc.

[11] La bataille d’Avarayr ou d’Avaraïr, aussi connue sous le nom de bataille de Vartanantz, est une des grandes batailles de l’histoire de l’Arménie. Elle oppose le 26 mai 451 les rebelles arméniens menés par Vardan Mamikonian et leurs suzerains sassanides. Bien que les Perses soient victorieux, les Arméniens réussissent à assurer leur indépendance religieuse.

[12] Dans les textes relatifs à l’histoire de l’Arménie, le nom Tayk ou Tayk’ est souvent utilisé en tant que pars pro toto pour la région nord-ouest de l’Arménie historique, aujourd’hui située dans le nord-est de la Turquie.

[13] Ardanuç est une ville et un district de la province d’Artvin dans la région de la mer Noire en Turquie.