Nous ne saurions rien de l’histoire des Mérovingienssans saint Grégoire. Il est, en effet, le premier historiographe de la royauté que la France ait jamais eu, même si lui-même parle de 2 de ses devanciers, Renatus Frigeridus et Sulpicius Alexander, dont la postérité n’a gardé aucune trace.
Issu par son père de la noblesse bourguignonne, il est né à Clermont en Auvergne [1]. Le fait que sa famille compte déjà plusieurs saints évêques à son actif, Saint Nizier évêque de Lyon, Saint Grégoire évêque de Langres, le destinait tout naturellement, dès l’enfance, à la prêtrise. Il fut ordonné Diacre [2] en 563 et se rendit presque aussitôt auprès d’un parent éloigné, Euphronius, évêque de Tours [3].
Quand ce dernier décède, c’est Grégoire qui lui succéda dans la prestigieuse basilique Saint-Martin [4] où se trouve le tombeau du grand saint de la Gaule, ce qui en fait un haut lieu de pèlerinage. Le jeune évêque de 35 ans qu’est Gregorius [5] se montre dès le début de son apostolat un courageux défenseur, diplomate mais très ferme, des droits de l’église. Il saura tenir tête au roi Chilpéric 1er quand ce dernier viendra lui ordonner de lui livrer son fils, venu se réfugier dans la basilique.
Il n’hésitera pas à défendre l’évêque Prétextat, toujours contre le roi, et c’est lui encore qui aura le courage d’accuser la très cruelle reine Frédégonde du meurtre de son concubin Chilpéric 1er et de celui de Prétextat. Toute sa vie, il servira de médiateur entre les divers rois Francs qui se partageaient la Gaule et qui ne cessaient, de manière sanguinaire, de se faire la guerre. Malgré son action politique et les devoirs de sa charge épiscopale, Grégoire voyagea beaucoup et, même s’il se dit ignorant et médiocre latiniste, il n’en écrit pas moins quantité de traités d’exégèse, de dogmatique et de liturgie, comme les sept livres des Miracles ou encore des œuvres Hagiographie [6] comme sur les vertus de saint Martin. Mais c’est surtout à travers la rédaction en 10 tomes de son Histoire des Francs (Historia francorum), commencée apparemment vers 575-576 et achevée en 592, qui nous apporte des informations précieuses sur les premiers rois de la Gaule, un témoignage unique sur les mœurs et la vie des Mérovingiens et qui fait de lui le père de l’histoire de France.